« On fabrique des produits ultra-modernes dans des conditions proches du Moyen-Age », résume Arnaud Faucon, secrétaire national d’Indécosa, l’association de défense des consommateurs de la CGT. Aux côtés de l’ONG Sherpa, son association a déposé une citation directe à comparaître visant Samsung Electronics France et Samsung Monde. Leur angle d’attaque ? Le « grand écart inacceptable entre les engagements affichés et les pratiques du groupe », précise Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux chez Sherpa. Samsung n’est donc pas poursuivi pour violation des droits humains mais pour « pratiques commerciales trompeuses ». « Dans le cadre de cette procédure, les victimes sont les consommateurs, précise Marie-Laure Guislain. Nous attendons de la décision du tribunal de Bobigny qu’elle leur donne plus de droits pour que, lorsqu’ils lisent des engagements éthiques, ils puissent être assurés de leur fiabilité. »
Plaider au nom du consommateur plutôt qu’en celui de l’ouvrier exploité ? A l’heure actuelle, cette stratégie est la seule à la portée des ONG. « Ce type de cas traduit un vide juridique : les échanges commerciaux à l’échelle planétaire n’ont cessé d’augmenter sans que les besoins de régulations soient pris en compte », déplore Laetitia Liebert, directrice générale de Sherpa. Pour pallier ce manque, une proposition de loi sur le « devoir de vigilance des multinationales » fait la navette au parlement français. Après un rejet par le sénat le 18 novembre, elle devrait repasser à l’Assemblée nationale au début de l’année 2016. « Les pressions sont fortes pour amoindrir la porté du texte, précise Laetitia Liebert. Mais on a bon espoir que la raison l’emporte. »
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