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25 décembre 2024

Entretien avec Christophe Oberlin, renvoyé devant le conseil de l’ordre sous la pression l’Association des Médecins Israélites de France


Entretien avec Christophe Oberlin, renvoyé devant le conseil de l’ordre sous la pression l’Association des Médecins Israélites de France

oberlin-visuel-600Christophe Oberlin, chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, fait aujourd’hui l’objet d’une procédure enclenchée par la chambre disciplinaire du conseil de l’ordre des médecins. Accusé notamment d’avoir tenu des propos antisémites dans une vidéo de soutien à l’humoriste Dieudonné suite à la condamnation de ce dernier par le conseil d’état en décembre 2014, Christophe Oberlin a fait appel de la décision du conseil de l’ordre, qui requiert un blâme à son encontre. Nous avons souhaité lui donner la parole.

Il y a trois ans, le CRIF, sous la plume d’Hélène Keller-Lind, avait également publié une tribune à son encontre. Il lui était violemment reproché d’avoir intégré à une question d’examen posée à ses élèves, une étude de cas prenant le conflit israélo-palestinien pour contexte. Le Cercle des Volontaires avait alors interrogé Christophe Oberlin à ce propos, ce qui l’avait déjà entraîné dans la polémique. Engagé depuis près d’une trentaine d’années en faveur la cause humanitaire, aussi bien au Maghreb qu’en Afrique Subsaharienne, en Asie comme au Moyen-Orient, le professeur Oberlin reprenait là une thématique abordée plus tôt dans l’année dans le cadre de son cours, relatant son expérience personnelle, sans qu’aucun élève ne s’en soit offusqué.

A la suite de cette question d’examen, Michaël Benzaki, délégué des étudiants au conseil de l’université, a néanmoins jugé bon d’informer le président de l’établissement Vincent Berger de l’intitulé du sujet proposé par le professeur Oberlin, en se plaignant de son contenu. Monsieur Berger s’était alors fendu d’un troublant communiqué de presse aussi tôt relayé sur le site du CRIF, dans lequel il évoquait une « atteinte à la laïcité » de la part du professeur Oberlin …

Tandis que l’université lançait une enquête administrative concernant le docteur Oberlin ( enquête dont elle jugeait que la motivation serait déterminée a posteriori par le résultat de l’enquête …), le professeur Robert Haïat, président de l’Association des Médecins Israélites de France (AMIF), se chargeait pour sa part d’envoyer un courrier de doléance au conseil de l’ordre des médecins. Sans surprise, on constate  malheureusement que l’AMIF se situe dans l’étroite ligne du CRIF. Restée sans effet pendant deux ans, la lettre de Monsieur Haïat a finalement resurgit des archives du Conseil dans le flux de la guerre de Gaza de 2014.

Irène Kahn-Bensaude, présidente de la chambre disciplinaire du conseil de l’ordre, avait alors envoyé un courrier au défenseur des droits. Il avait jugé que ni la vidéo de soutien à Dieudonné, ni l’intitulé du sujet d’examen en question ne permettaient de porter grief à l’encontre du docteur Oberlin.

L’acharnement concerté du CRIF, de l’AMIF et de Madame Kahn-Bensaude porta néanmoins ses fruits, puisque la chambre disciplinaire du Conseil de l’Ordre présidé par cette dernière jugea bon de sanctionner Christophe Oberlin par un blâme en mai 2015. Le docteur Oberlin et ses avocats ont fait appel de cette décision. Ils sont désormais dans l’attente du déroulement de l’affaire. Il y ont donné suite non pas pour laver l’honneur du professeur Oberlin qui n’a pas été atteint, mais pour signifier que ce type de manœuvre procédurière systématique visant à l’intimidation politique devait demeurer  sans effet. La nature suspensive de leur recours en appel vis-à-vis de la décision du conseil de l’ordre opère donc d’ores et déjà comme un acte de résistance.

Par ailleurs, il pousse à s’interroger sur la déontologie d’une chambre disciplinaire que le manque de contrôle pousse parfois à de graves abus de pouvoir. Le plus notable de ceux-ci parut peut-être au grand jour lorsqu’Irène Kahn-Bensaude décida sciemment d’ignorer les plaintes que lui envoyèrent plusieurs femmes, alors qu’elle était vice-présidente de la chambre disciplinaire du Conseil de l’Ordre des médecins. De 1985 à 2005, elles lui confiaient dans leurs courriers que le gynécologue André Hazout les avait violées durant leurs consultations. Irène Kahn-Bensaude n’a jamais jugé utile de donner suite à ces appels de détresse. Lorsque la femme d’un confrère se fit à son tour abuser par le docteur Hazout, Irène Kahn-Bensaude ne fut plus en mesure de nier les faits. Plutôt que d’instruire une procédure contre le docteur Hazout, elle décida de porter plainte contre le plaignant pour diffamation et le fit condamner à 400 euros d’amande et un blâme. La culpabilité d’André Hazout fut reconnue par la suite. Mis en examen en octobre 2007, il fut condamné à 8 ans de prison par la justice française en février 2014. Irène Kahn-Bensaude ne fut jamais inquiétée pour avoir couvert du sceau du silence les témoignages des femmes sur lesquelles André Hazout avait commis ses crimes. Ces faits, parmi tant d’autres manquements à la déontologie la plus élémentaire imputables au Conseil de l’Ordre, sont relatés dans l’ouvrage de René Chiche, Enquête sur les mandarins de la médecine (éditions du moment, 2013)

Il semblerait donc que certains membres de la chambre disciplinaire du conseil de l’ordre des médecins, influencés par des organes politiques tels que l’AMIF ou le CRIF, disposent de leur propre échelle de valeur quant à l’application du principe de justice. Il est à déplorer que cette échelle si singulière les élève avec tant de légèreté au-dessus des lois, de l’état de droit et des principes élémentaires de la démocratie, auxquels on ne saurait en aucune manière reprocher à Christophe Oberlin de contrevenir.

L’acharnement de l’AMIF et du CRIF à l’égard de Christophe Oberlin s’explique en partie par l’engagement personnel dont il a témoigné dans plusieurs ouvrages, parmi lesquels Survivre à Gaza, avec Mohamed al-Rantissi (éditions Kutoubia, 2009),  Chroniques de Gaza -2001-2011 ( Demi-Lune, 2011), La vallée des Fleurs, avec Samer Mohdad (éditions Erick Bonnier, 2013), Le chemin de la Cour – Les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale (Erick Bonnier, 2014), ou encore Quelle et la blancheur de vos blancs et la noirceur de vos noirs ? Pour en finir avec les « races humaines » (Edilivre, 2014).

Galil Agar.

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