E-mails d’Hillary Clinton: Les USA ont soutenu les crimes de guerre en Libye.
7 janvier 2016
Sources : Levant Report ; traduit par Le Blog Sam La Touche 07-01-2016 |
The New Year’s Eve a révélé plus de 3000 nouveaux courriels d’Hillary Clinton du Département d’Etat passés à la trappe par CNN sous forme de ragots, conversations sans intérêt…
Mais les historiens de la guerre de l’OTAN en Libye en 2011 ne manqueront pas de remarquer des confirmations vraiment explosives contenues dans les nouveaux e-mails : légitimation des crimes de guerre rebelles, opérations spéciales à l’intérieur de la Libye dès le début des manifestations, intégration des terroristes d’Al-Qaïda au sein de l’opposition soutenue par les États-Unis, tandis que les pays occidentaux se bousculaient pour l’accès au pétrole libyen…
Escadrons de la mort d’Hillary
… Les informations recueillis par Sidney Blumenthal pour Hillary Clinton, contiennent des preuves claires de crimes de guerre de la part des rebelles soutenus par l’OTAN. Citant une source de commandant rebelle « parlant en toute confidentialité » Blumenthal rapporte à Hillary :
…Prenant la parole sous la plus stricte confidentialité, un commandant rebelle a déclaré que ses troupes continuent à exécuter sommairement tous les mercenaires étrangers capturés dans les combats …
Alors que l’illégalité des exécutions extra-judiciaires est facile à reconnaître (groupes impliqués dans ces crimes sont classiquement appelés des « escadrons de la mort »), la sinistre réalité derrière les «mercenaires étrangers» (fait allusion aux combattants d’origine subsaharienne et en fait aux civils noirs) …
Il y a une abondante documentation par des journalistes, des universitaires, et des groupes de défense des droits de l’homme démontrant que les civils noirs libyens et les travailleurs contractuels sub-sahariens, une population favorisée par Kadhafi dans ses politiques de l’Union en faveur de l’Afrique, étaient des cibles du « nettoyage ethnique » effectué par des rebelles qui ont vu les Libyens noirs comme étroitement liés avec le régime…
Les libyens noirs étaient souvent stigmatisés comme des «mercenaires étrangers» par l’opposition rebelle pour leur fidélité générale perçue envers Kadhafi en tant que communauté et furent soumis à la torture, aux exécutions, et leurs villes furent « libérées » par le nettoyage ethnique. Ceci est démontré dans l’exemple le plus documenté de Tawergha, une ville entière de 30 000 Libyens noirs ou « à la peau sombre » qui disparut en août 2011 après sa prise par des rebelles soutenus par l’OTAN: les brigades de Misrata.
Ces attaques sont bien connues et se sont poursuivies jusqu’en 2012 et furent souvent filmées, comme cet article du Telegraph le confirme :
Après que Mouammar Kadhafi a été tué, des centaines de travailleurs migrants en provenance des Etats voisins ont été emprisonnés par des combattants alliés aux nouvelles autorités intérimaires. Ils accusèrent les Africains noirs d’avoir été des mercenaires pour l’ancien dirigeant. Des milliers d’Africains noirs ont été regroupés depuis la mort de Kadhaffi..
Il semble que Clinton ait été personnellement informée sur les crimes de guerre de ses combattants anti-Kadhafi bien avant qu’ils commettent les pires crimes de génocide.
Al-Qaïda et les forces spéciales occidentales en Libye
Le même e-mail de renseignement de Sydney Blumenthal confirme également ce qui est devenu un thème bien connu des insurrections soutenues par l’Occident au Moyen-Orient : le côté paradoxal de ces forces spéciales formant des milices qui sont simultanément soupçonnées de liens avec Al-Qaïda.
Blumenthal rapporte qu’ « une source extrêmement sensible », a confirmé que des unités spéciales britanniques, françaises et égyptiennes ont formé des miliciens libyens le long de la frontière égypto-libyenne, ainsi que dans la banlieue de Benghazi.
Alors que les analystes ont longtemps spéculé sur la présence des troupes occidentales au sol dans la guerre libyenne, ce message constitue une preuve définitive que les forces spéciales étaient sur le terrain dans le mois qui a connu les premières manifestations qui ont éclaté vers la fin de février 2011 à Benghazi.
Le 27 mars dans ce qui était communément supposé un simple «soulèvement populaire », des agents spéciaux externes «supervisaient le transfert d’armes et de fournitures pour les rebelles, y compris « un approvisionnement apparemment inépuisable de fusils AK47 et de munitions d’assaut. »
Pourtant, seulement quelques paragraphes après cet aveu, la prudence est exprimée sur les milices que les forces spéciales occidentales sont en train de former en raison des préoccupations que des « groupes radicaux / terroristes tels que les groupes de combattants libyens et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) infiltrent le NLC et son commandement militaire ».
Les menaces que constituent le pétrole et l’or libyens face aux intérêts français
Bien que la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies proposée par la France selon la zone d’interdiction de vol mis en œuvre sur la Libye prétendait protéger les civils, un e-mail envoyé à Hillary Clinton en avril 2011 avec pour objet « les clients de la France et l’or de Kadhafi » révèle des ambitions beaucoup moins nobles.
L’e-mail identifie le président français Nicolas Sarkozy en tant que leader de l’attaque sur la Libye avec cinq objectifs précis en tête : obtenir le pétrole libyen, assurer l’influence française dans la région, accroître la réputation de Sarkozy au niveau national, affirmer la puissance militaire française, et éviter l’influence de Kadhafi dans ce qui est considéré comme « l’Afrique francophone. »
Le plus étonnant est la longue section relatant l’énorme menace que l’or et l’argent des réserves de Kadhafi, estimées à « 143 tonnes d’or, et un montant similaire en argent » pourraient poser au « franc français » (CFA) en circulation comme monnaie africaine en Afrique francophone.
En lieu et place de la noble « responsabilité de protéger » (R2P), il y a cette explication «confidentielle» de ce qui a été le véritable moteur de la guerre : cet or a été accumulé avant la rébellion et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar libyen or. Ce plan a été conçu pour fournir aux pays africains francophones une alternative au franc (CFA).
(Commentaire : selon des personnes bien informées, cette quantité d’or et d’argent fut évaluée à plus de 7 milliards $, des officiers de renseignement français ont découvert ce plan peu après que la rébellion ait commencé, et ce fut l’un des facteurs qui ont influencé la décision du président Nicolas Sarkozy pour la soutenir)…
Sources : Levant Report ; traduit par Le Blog Sam La Touche