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24 novembre 2024

Les intérêts français dans le conflit Syrien


Les intérêts français dans le conflit Syrien

jeudi 7 janvier 2016

Qui a fourni le FAMAS, fusil d’assaut français, tenu par l’islamiste de Daesh sur cette photo ? Notre président, chef de guerre contre le terrorisme. Laissez-moi vous narrer la belle histoire des intérêts français en Syrie.

Notre pays a été le plus en pointe en occident pour réclamer le départ d’Assad du pouvoir en Syrie. Que ce soit Sarkozy, dès 2011 puis par la voix de Fabius et de Hollande. En 2012, au mépris de l’embargo sur les armes décrété par l’Union Européenne, François Hollande a fait livrer des armes aux rebelles syriens. Des armes qui ne sont pas toujours restées entre de bonnes mains. Et puis on se rappelle tous l’insistance d’Hollande à vouloir bombarder la Syrie, basée sur un rapport peu crédible. Même à l’époque, les experts étaient peu convaincus. Cameron et Obama n’ont pas donné suite et nous nous sommes ridiculisés… Selon le Washington Post, la France voudrait paraître une grande puissance et serait si belliqueuse pour se distinguer des Etats-Unis, plutôt réticents à intervenir vraiment dans le conflit syrien.

Mais pourquoi donc nos gouvernants persistent à réclamer le départ d’Assad en Syrie, sachant que les potentiels remplaçants ne sont vraiment plus séduisants ?

Une des raisons serait que le gouvernement français ne veut pas rater le train de l’histoire. Et persuadée qu’Assad allait tomber rapidement, la France a tout misé sur l’opposition, menée en bateau par le conseil National Syrien, noyauté par les Frères Musulmans. Les campagnes de presse parisiennes sur la nécessité de changer de régime n’ont pas été étrangères à ce positionnement.

Mais tout le monde sait que ce ne sont pas les grands sentiments qui font agir nos gouvernants. En fait, la France n’a pas de grands intérêts économiques en Syrie. Le montant des échanges était de 405 millions d’Euros d’importation (82e rang) et 322 millions d’Euros d’exportation (79e rang). En plus, Bachar n’a pas attribué les gros contrats espérés par le rapprochement intié par Sarkozy (l’aéroport de Damas et le métro de la capitale). Il a déçu notre ancien président, qui a condamné Assad dès les premières manifestations, pourtant déjà infiltrées par les frères musulmans. Ces manifestations vont très rapidement devenir violentes, les frères musulmans utilisant la violence pour installer une société islamiste.

Mais, par contre, nous avons d’importants liens économiques avec les ennemis mortels de Bachar. La France courtise l’Arabie Saoudite pour remplacer Washington, qui s’est mis Riyad à dos par sa volonté de négocier avec Téhéran. Une des raisons qui guiderait le mantra « Assad doit partir » serait répété pour gagner la sympathie des puissances sunnites, Arabie Saoudite en tête et s’opposer à l’Iran.. Rappelez-vous la position très dure de Paris dans les négociations sur le nucléaire iranien. Cela semble marcher car la France négocie actuellement des contrats de plusieurs dizaines de milliards d’Euros avec la riante démocratie saoudienne.

La diplomatie française va devoir faire le grand écart, car la France aimerait bien commercer aussi avec l’Iran. Mais comme Riyad dépense cinq fois plus pour son armement que Téhéran, nous préfèrons dorloter les Saouds un peu plus que les Perses.

Bien sûr, qui dit Arabie Saoudite, dit Qatar et Turquie. Ces pays sont les fournisseurs majeurs d’armes aux rebelles syriens, faisant transiter de l’armement à travers la frontière turque. Le Qatar est devenu ennemi de la Syrie après le refus d’Assad de laisser passer un pipeline permettant d’exporter le gaz qatari à travers son pays, lui préférant un pipeline russe. Et comme la France a décidé de sous traiter sa diplomatie moyen oriental au qatar et que la classe politique française est achetée par le Qatar, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la France est tellement engagée contre Assad. Les Qataris sont équipés à 80% d’armes françaises et ont récemment acheté 24 rafales…

Pour finir, je tiens à signaler qu’une grande partie des informations contenues dans ce billet provient du livre « Les Chemins de Damas » de George Malbrunot et Christian Chesnot. Je vous le conseille chaudement, il est écrit par des vrais journalistes qui connaissent leur métier et qui allient richesse des sources à une connaissance profonde de la région. Les grands médias n’en ont pas parlé (comme d’habitude…). Pourtant il est bourré de révélations. Il raconte par exemple comment, dès les premières semaines, les manifestations pacifiques ont été infiltrées par des hommes en armes à la soldes des frères musulmans qui s’en sont pris violemment aux forces de sécurité.

Et il contient une information explosive, pas reprise par les médias : La France aurait commandité l’explosion du siège du Parti Baas à Damas, le 29 novembre 1981.

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