Par l’Institut scandinave des droits de l’homme
Une étude interne de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR) sur Le Mouvement islamique «Ahrar Al Sham» «Les hommes libres du Levant).
Adaptation en version française par René Naba, directeur du site www.madaniya.info
Pour le locuteur arabophone, la version arabe est située en fin de texte
Note de la Rédaction
Ahrar Al Sham, le groupe axial du Front Islamique et l’allié privilégié du mouvement Jabhat An Nosra, la filiale syrienne d’Al Qaida, figure sur la liste des groupements sélectionnés par l’Arabie Saoudite pour constituer la délégation de l’opposition syrienne pro-wahhabite en vue des pourparlers de paix avec le régime baasiste.
Retour sur de groupement qui figure dans une délégation qui doit théoriquement négocier l’avenir de la Syrie, qui se doit d’être, selon le mandat de la Conférence de Vienne (Novembre 2015) un état «laïc et démocratique».
Ahrar Al Sham s’est distingué par une action d’éclat lors de la conférence de l’opposition syrienne pro-monarchiste de Riyad le 13 décembre 2015, se livrant à une valse hésitation en souscrivant à la séance à huis clos au document final avant de se rétracter publiquement en signe de protestation contre l’absence de mention du «peuple musulman de Syrie», gommant d’un trait les composantes de la mosaïque humaine syrienne, présente dans le pays depuis des millénaires (Sunnites, Alaouites, Chrétiens, Arabes, Kurdes etc..).
Pancarte à l’entrée de la zone contrôlée par le mouvement Ahrar Al Sham : «La démocratie relève de l’idolâtrie» -Ahrar Al Sham-
Table des matières
I – Le Mouvement islamique Ahrar Al Sham: Les réseaux de liaisons et de ruptures
II- Le rôle pivot des Saoudiens au sein d’Ahrar Al Sham
- A – Cheikh Osmane Al Nazeh, Al Bitar Al Najdi, Abou Mansour Al Jazraoui et Obeida Al Jazraoui.
- B – Cheikh Abdallah Al Mouheyssine et les camps d’entraînement des Saoudiens en Syrie
III- Le FRONT ISLAMIQUE (observations à propos de ce front).
IV- La charte du Front Islamique: La gouvernance de Dieu (Hakimyat Allah)
V- Le Front Islamique et ses alliances
- A – Chafi Al Ajami Al Koweiti, un des principaux bailleurs de fonds d’Ahrar Al Sham
- B – La présence des combattants étrangers (Les djihadistes migrants).
- C – Abou Khaked Al Soury, en coordination avec le journaliste d’Al Jazira le syrien Tayssir Allouni pour le compte d’Al Qaida
- D – Des rapports avec Al Qaida:
- E- La proportion des opérations conjointes Jabhat an Nosra et Jaych Al Islam est de l’ordre de 80 pour cent.
VI- De quelques liaisons entre Al Qaida et Ahrar Al Sham
- A- Abou Khaled Al Soury – Mohamad Bahaya (1963-2014)
- B- Abou Mouss’ab Al Soury – Moustapha Sit Maryam Al Rifai
- C – D’Abou Khaled Al Soury à Abou Omeir Al Chami
- D – Abou Hassan Al Tobouki ou la filière tchétchène et la connexion turque.
- E – Abou Abbas Al Chami alias Ayman Abou Toute: Le résident de Turquie
Epilogue
Le Mouvement Islamique Ahrar Al Sham est sans doute l’un des mouvements les plus mystérieux et secrets de la galaxie djihadiste, au point de payer un lourd tribut à sa clandestinité avec l’élimination de ses principaux dirigeants, dont son fondateur et Émir, Hassan Abboud (Abou Abdallah Al Hamawi).
Ascétique sur le plan de la vie matérielle et financière, pleinement engagé dans le fonctionnement de son organisation, Hassan Abboud se distinguait de ses collègues à la prison militaire de Saydnayah (périphérie de Damas) par la singularité de sa pensée intellectuelle.
Selon le témoignage d’un de ses compagnons de détention -qui est demeuré en contact avec lui jusqu’à la veille de l’opération qui lui a coûté la vie, «Abou Abdallah» possédait une culture salafiste djihadiste, doublée d’un esprit d’organisation.
Il était animé d’un sentiment de supériorité à l’égard de ses collègues qui l’habilitait à servir de guide à ce courant, le prescripteur de sa ligne politique, le maître d’œuvre de ses opérations militaires».
Son commentaire sur les rapports entre Ahrar Al Sham, Jabhat An Nosra, Abou Bakr Al Baghdadi et l’Armée Syrienne Libre (ASL) demeure dans les mémoires :
«Nous nous sommes organisés avant ce qu’il est convenu d’appeler l’Armée Syrienne libre; Nous avons engagé le djihad avec Al Qaida; l’ASL est sous les ordres de deux centres de commandement, l’un à l’échelon international, l’autre au niveau régional. Jabhat An Nosra a été mise sur pied sur les instructions de Baghadi. Elle a fait scission pour rallier Zawahiri, le successeur d’Oussama Ben Laden, à la tête d’Al Qaida. Nous, nous bénéficions de l’allégeance des peuples du Levant et de leurs sympathisants des divers coins de la planète. Nous, n’avons besoin d’aucun parapluie protecteur».
Ce mépris affiché à l’égard des autres groupements a conduit Al Qaida, par précaution, à mandater nombre de ses cadres à s’incruster dans Ahrar Al Sham. Il a réussi dans cette approche en dépit du fait qu’onze des plus importants dirigeants de ce dernier mouvement aient été tués, notamment :
- Hassan Abboud, le chef du mouvement,
- Mohieddine Al Shami, son adjoint
- Abou Ayman Ben Hamdane, le chef militaire du mouvement
- Abou Yazan Al Shami
- Abou Tahhan Al Makhzoumi
- Abou Abdel Malek Al Charq
- Abou Hani,
- Abou Ayman Al Hamawi,
- Abou Youssef Bench
- Talal Al Ahmad Tamam
- Abou Zoubeir Al Hamad