Terreur, faim et violence »: témoignage d’un enfant yézidi rescapé d’un camp de Daech
7 avril 2016
© Sputnik.
04.04.2016
Comme des milliers d’autres Yézidis de la ville irakienne de Sinjar, la famille d’Ayman Charaf Khaji a été capturée par les extrémistes de Daech le 3 août 2015. De quoi se souvient ce garçon de 11 ans qui a réussi à prendre la fuite après avoir passé huit mois dans un camp islamiste? Les hommes y ont été réduits en esclavage, les femmes régulièrement violées, quant aux enfants, ils ont été envoyés dans un camp d’entraînement, confie le jeune garçon rescapé dans un entretien exclusif à Sputnik.
« La terreur, la faim et la violence étaient mon quotidien. Les combattants de Daech m’ont appris à tirer avec un fusil d’assaut. Ils nous disaient qu’une fois l’entrainement fini, nous serons envoyés à Sinjar pour tuer les Yézidis. Ils nous qualifiaient de kafers (mécréants) sans religion », confie l’enfant.
Ayman passait son temps à monter et à démonter le fusil d’assaut Kalachnikov. Mais l’entraînement dans ledit camp d’Achbal Al Khilafat (les lionceaux du califat) destiné à former des enfants guerriers ne se limitait pas à une simple préparation technique: le lavage de cerveau idéologique faisait partie du programme de formation de ces jeunes destinés aux opérations-suicides. »Dans le camp, nous étions une centaine d’enfants. Il était situé à Tal Afar (près de la frontière syro-irakienne). Un jour, Abou Azzam, responsable de notre entraînement, m’a demandé de lire le Coran. Je lui ai répondu que je ne savais pas encore lire. Alors, avec un autre garçon, nous avons été conduits chez Mohammad, un chef de guerre très gros qui nous a enfermés dans une armoire. Peu de temps après, quatre autres garçons ont été enfermés dans une armoire voisine. Ils sont tous morts par étouffement », se rappelle Ayman.
Par la suite, le jeune Ayman a été jeté dans la prison de Badoch, située à l’ouest de Mossoul. Selon le garçon, il n’y avait que des femmes, des enfants et des vieillards.
« Nous vivions dans des conditions sanitaires terribles. Il n’y avait rien à manger. On suppliait les combattants d’apporter du lait au moins pour les bébés affamés qui pleuraient sans cesse », raconte Ayaman.
Ensuite, la famille du garçon s’est retrouvée dans le village de Kazl Kiu, près de Tal Afar. « Nous avons tenté de fuir à trois reprises. Nous étions 34 personnes. Mais à chaque fois à mi-chemin un bébé se mettait à pleurer, et nous rentrions par crainte d’être attrapés. Mais nous avons fini par réussir à fuir. Nous avons passé une journée entière dans un champ de blé sans nourriture, ni eau. Ensuite, après la tombée de la nuit, nous avons poursuivi notre chemin. Dans la province de Dahuk, nous avons été accueillis