Exclusif: l’Occident savait que Kadhafi comptait quitter le pouvoir
16 avril 2016
Mouammar Kadhafi était prêt à lâcher le pouvoir, a déclaré Robert Dulas, ex-conseiller spécial chargé des Affaires étrangères auprès de la Présidence de la république. Riche d’une expérience de 40 ans en Afrique, ce dernier dirigeait une société de sécurité privée à l’époque de l’action militaire en Libye.
« J’ai rencontré personnellement le colonel Kadhafi et il était décidé à laisser le pouvoir », déclare-t-il dans un entretien à Rachel Marsden qui sera bientôt disponible sur le site de Sputnik.
Et de préciser que le message était passé: « On a fait passer le message en disant qu’il était prêt à laisser le pouvoir et lui-même avait dit +je suis prêt à me transformer en reine d’Angleterre pour inaugurer les chrysanthèmes+ ».
Robert Dulas explique que Mouammar Kadhafi voulait rester une icône dans son pays, laisser pendant les six mois qui suivaient le pouvoir à son fils en attendant de préparer des élections transparentes, démocratiques.
« Je lui ai demandé s’il était prêt à communiquer là-dessus. Il a dit oui. Et Delphine Minoui qui travaillait à l’époque pour Le Figaro, pour le New York Times et pour TFI m’a rejoint à Tripoli et je l’ai introduite auprès du guide (de la révolution libyenne, ndlr). Elle l’a donc interviewé et dans la fin de l’enregistrement télévisé le guide disait +Je suis prêt à me retirer+. L’enregistrement est passé mais la fin de l’enregistrement n’a jamais été diffusée sur les antennes », explique-t-il.
A la question de savoir pourquoi une opération militaire avait été montée pour enlever quelqu’un qui avait l’intention de partir, M. Dulas a répondu que Mouammar Kadhafi lui-même ne comprenait pas les raisons de ce brusque changement d’attitude et avouait que « le contact avec notre pouvoir (la France, ndlr) de l’époque était excellent: il est venu planter sa tente dans les jardins de l’Elysée », mais « quelques mois après il ne comprenait pas pourquoi cette attitude ».
Robert Dulas pense qu’il y avait certainement des choses qui ennuyaient le gouvernement de l’époque. « Ce n’est pas par hasard si les juges aujourd’hui essaient de savoir comment a eu lieu le financement de la campagne (électorale de Nicolas Sarkozy, ndlr) et je pense qu’il a des liens directs avec cette opération. Il y a aussi certainement des liens directs avec les puits de pétrole sur la région de Benghazi qui intéressaient du monde. Donc le fait de dégager Kadhafi ouvrait la porte à certaines choses et supprimait peut-être un témoin gênant », conclut-il.
Robert Dulas est auteur du livre « Mort pour la Françafrique », qui décrit un incident mystérieux où un de ses amis fut « froidement exécuté ».Une révolte dirigée contre le dirigeant Mouammar Kadhafi a éclaté en Libye à la mi-février 2011. Les rebelles ont formé un Conseil national de transition (CNT) soutenu par l’Otan qui s’est impliqué dans le conflit aux côtés des insurgés.
Le 17 mars, le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté une résolution permettant le recours à la force pour instaurer une zone d’exclusion aérienne. Après 42 ans de pouvoir et 8 mois de révolte, le colonel Kadhafi a été capturé et violemment assassiné par des insurgés près de sa ville natale de Syrte le 20 octobre 2011.
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