Un an de guerre au Yémen : le monde ne doit pas continuer à ignorer les souffrances humaines
22 avril 2016
Plus de 80% de la population du Yémen a été affectée par le violent conflit armé qui ne cesse de s’aggraver depuis un an. Pourtant, alors que cette crise humanitaire est l’une des plus dévastatrices au monde, elle demeure largement sous-estimée et ignorée par la communauté internationale. Il est temps que les dirigeants mondiaux agissent afin de conclure à un cessez-le-feu permanent et une solution politique durable.
« Il y a cinq ans, lorsque le conflit en Syrie a éclaté, le monde a fermé les yeux. Nous ne pouvons laisser la même chose se répéter au Yémen. Les besoins ne cessent de croître et il est grand temps que le monde s’en rende compte et mette fin à la crise humanitaire dans le pays », a déclaré Daw Mohammed, le directeur pays de CARE au Yémen. « Afin de réduire les souffrances de la population, ce conflit doit prendre fin. Sans cela les acteurs humanitaires demeureront incapables d’atteindre les populations dans le besoin et les Yéménites ne pourront ni se déplacer librement ni reconstruire leur vie. »
Des millions de personnes font face à des défis quotidiens pour survivre aux combats, trouver de quoi se nourrir, accéder à une eau potable, à des soins et à un abri. Le Yémen était déjà le pays le plus pauvre du Moyen-Orient et avec ce conflit les besoins tout comme le nombre de morts augmentent sans cesse. Malgré l’ampleur de la crise, la réponse de la communauté internationale demeure inadaptée : les financements sont insuffisants et les efforts limités pour trouver une solution politique et sécuriser l’accès aux victimes.
Les conséquences humanitaires de la crise
L’insécurité alimentaire est l’une des principales conséquences de la crise. 14,4 millions de personnes ont besoin d’une assistance alimentaire et 7,6 millions de personnes sont en situation de grave insécurité alimentaire.
La situation nutritionnelle des familles en est directement affectée comme l’explique Erin Hutchinson, la directrice des programmes d’Action contre la Faim sur place : « dix gouvernorats sur 21 dans le pays sont en état d’urgence de niveau 4, soit un palier en deçà de l’état de famine. Un enfant sur trois souffre de la forme la plus sévère de malnutrition dans le gouvernorat d’Hodeidah. Les enfants que nous recevons dans les centres de traitement sont dans un état plus grave et sont plus âgés que ceux que nous traitions avant le conflit : c’est un signe clair de la gravité de la situation ».
Oxfam a rapporté le témoignage de Galeeb, un homme de 30 ans qui vit actuellement dans un camp de déplacés de la zone d’Al-Hawban dans le district de Taiz.
« C’est vraiment difficile de rentrer à la maison les mains vides quand votre famille vous attend depuis le matin pour manger. Je préférerais mourir que voir mes enfants affamés. »
Le directeur pays de l’organisation, Sajjad Mohammad Sajid a précisé : « Les moyens de subsistance ont été réduits à néant dans tout le pays en raison des dégâts sur les infrastructures, de l’approvisionnement limité et irrégulier, de l’insécurité et des déplacements massifs. Les gens doivent pouvoir gagner leur vie afin de nourrir leurs familles et retrouver une vie digne ».
Les attaques ininterrompues des parties au conflit sur des structures civiles comme des écoles ou des hôpitaux ont causé la mort de plus de 3000 civils. Les combats et les restrictions d’accès mises en place par les belligérants empêchent les organisations humanitaires de délivrer l’aide aux populations dans le besoin. La situation économique se dégrade rapidement, aggravant encore les souffrances humaines et empêchant la population de faire face au choc causé par la guerre.
Les effets à long terme de la crise
Pour Edward Santiago, directeur pays de Save the Children au Yémen : « douze mois de conflit ont dévasté les vies de millions d’enfants, les privant d’accès à la nourriture, à l’eau potable, à des soins et à l’école. Les combats et les entraves à l’aide mettent en danger les vies de nombreux enfants qui s’ajoutent à une liste déjà inacceptable de plus de 2000 enfants tués ou blessés ».
Si la communauté internationale ne prend pas des mesures concrètes, l’impact sur les civils ne fera que s’aggraver, déstabilisant le pays ainsi que la région pour de longues années. Si le conflit continue, le monde sera témoin d’une nouvelle tragédie humaine qui affectera les générations à venir. Le Forum des ONG Internationales du Yémen appelle la communauté internationale à accroitre les pressions sur les parties au conflit en vue d’un cessez-le-feu permanent et durable ainsi que d’une solution politique inclusive.
Le Forum International des ONG du Yémen a été créé à Sana’a en 2005. Il regroupe 40 ONG internationales et régionales actives au Yémen. Le sous-Forum des ONG Internationales d’Aden a été établi en 2013 afin de faciliter la coordination entre les organisations internationales, les organisations de la société civile yéménite et le gouvernement et assure une approche commune afin de servir les intérêts des personnes dans le besoin.
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