L’administration Obama a manifestement décidé de relancer la guerre en Syrie. Elle a acheté et livré des milliers de tonnes d’armes nouvelles aux djihadistes, dont des MANPAD anti-aériens de fabrication étasunienne (texte intégral) et chinoise. La moitié des armes livrées par les sponsors à leurs mercenaires « rebelles » finissent régulièrement dans les mains d’Al-Qaïda en Syrie. On ne sera pas surpris d’apprendre, dans quelques semaines, qu’un avion civil a été abattu en Turquie ou ailleurs.
Il y a deux semaines, les « rebelles » soutenus par l’étranger, ont déjà violé le cessez-le-feu en prenant part à une grande attaque d’Al-Qaïda, au sud de la ville d’Alep. Plusieurs attaques « rebelles » ont eu lieu contre le quartier kurde de la ville d’Alep, faisant plus d’une centaine de morts parmi les civils. D’autres attaques ont eu lieu dans la province de Latakia, au nord.
Aujourd’hui, les « rebelles » annoncent qu’ils reprennent ouvertement les combats et ils ont ouvert de nouveaux fronts, y compris dans le nord de la province de Hama où des djihadistes « turkmènes » ouïgours ont envoyé deux kamikazes contre les positions du gouvernement syrien.
Les pourparlers de Genève parrainés par l’ONU n’ont abouti à rien et le camp des « rebelles » les a maintenant suspendus pour reprendre les combats. Aujourd’hui, il ne restait plus que trois hommes dans l’équipe de négociation « rebelle » chapeautée par l’Arabie Saoudite. Ils continuent de poser la déchéance du président syrien comme condition à la poursuite des pourparlers sur un gouvernement d’unité, bien qu’une telle déchéance soit inconstitutionnelle.
L’armée syrienne a suspendu son offensive en cours contre l’État islamique. Elle avait projeté d’aller de Palmyre, récemment libérée, à Deir Ezzor, à l’est, qui est contrôlée par l’État islamique. Les troupes ont été rappelées pour protéger le peuple syrien contre la reprise des attaques des « rebelles » dans l’ouest de la Syrie. Cela correspond sans doute, aux projets qu’ont les Etats-Unis pour leur drôle de guerre contre ISIS.
Il y aura bientôt des rapports sur le retrait de l’armée syrienne de telle ou telle ville ou colline. N’y faites pas trop attention. Depuis l’intervention russe de l’année dernière, les troupes syriennes ont ordre de se retirer quand la pression devient trop forte. Pour limiter les pertes en hommes. Dès que l’ennemi prendra position, l’artillerie et l’armée de l’air s’en occuperont. Puis, quand l’ennemi aura été assez affaibli, l’armée syrienne et leurs alliés sur le terrain viendront réoccuper la position et si possible lancer une contre-attaque.
Suleiman, le général de la Garde révolutionnaire iranienne, est allé à Moscou, la semaine dernière. C’est après sa première visite, l’été dernier, que l’intervention russe a été planifiée et exécutée. Elle a conduit les « rebelles » au bord de la défaite. Leurs sponsors ont alors convenu d’un cessez-le feu et organisé des pourparlers à Genève. Le temps qui s’est écoulé depuis l’annonce du cessez-le-feu, le 27 février, a été utilisé par les Etats-Unis pour réarmer et repositionner les forces « rebelles ».
Il semble qu’on va assister à un nouveau cycle de combats. L’Iran a déployé au sol, en Syrie, des troupes régulières qui, même si elles n’ont pas encore reçu le baptême du feu, auront un effet certain. L’armée de l’air syrienne a été rééquipée et ses avions les plus anciens ont été rénovés. Les hélicoptères russes sont actifs sur le front syrien, et on y a vu récemment des nouveaux missiles balistiques « Iskander » de courte portée (200 km). La force aérienne russe peut en outre affréter des avions qui arriveront de Russie en quelques heures pour frapper des cibles fixes en Syrie. Des navires russes équipés de missiles de croisière croisent le long de la côte syrienne.
Il est ridicule de penser que les MANPADS et les systèmes anti-tanks TOW pourront modifier la situation sur le terrain de manière décisive. Je pense qu’il y aura quelques semaines de violents combats, après quoi les « rebelles » n’en pourront plus et seront à nouveau au bord de la défaite.
Traduction : Dominique Muselet