Syrie : de la part des Alépins aussi : ALEP ces jours terrorisée
27 avril 2016
Et donc nos proches, amis et familles, déjà sans eau et sans électricité se terrent dans leurs maisons et sont terrorisés : les bombes tombent à quelques dizaines de mètres de chez eux, et un peu partout, tout près de la mosquée Raouda ou à Mogambo, rue (Chare) Faysal, Sulimaniyé et Chare al N il, rue Baron aussi et etc et sans détails pour les victimes et les dégâts tant ils sont enfermés mais sans se sentir d’ailleurs à l’abri !
Quel soulagement quand au matin nous les avons au téléphone, et quelle anxiété quand le téléphone sonne dans le vide et que les proches ne peuvent nous dire ce qui se passe dans l’autre quartier…
et comme ni le Monde ni libé ni les télés vous feront entendre cette voix alépine si pareille à ce que nous disent nos proches de « l’ouest » et comme elles, venue d’une Syrienne d’Alep presque emmurée je vous fais partager ce nouveau cri de colère mais si courageux, : ce témoignage qui n’arrivera pas non plus dans nos ministères ou à L’Elysée
Alep : Tu parles d’une trêve !
Par Mouna Alno-Nakhal
mardi 26 avril 2016, par Comité Valmy
Alep : Tu parles d’une trêve !
« Je t’écris ces quelques lignes pour te dire où nous en sommes. Contrairement à ce que soutiennent De Mistura et vos médias menteurs, la trêve s’est traduite, pour nous, par encore plus de sang et de larmes sans, je te le répète, que je ne songe un seul instant à quitter. Pas question ! Il y a quelques jours, je te confiais mon bonheur d’avoir enfin pu profiter d’un bain chaud. La lumière et l’eau nous étaient revenues me confortant dans l’idée que Poutine et surtout Obama avaient vraiment la volonté d’en finir avec ces têtes de boucs de Saoudiens. La grande bataille d’Alep, que nous attendons depuis deux ans, ne serait donc pas aussi meurtrière que nous le craignions ? En réalité : tu parles d’une trêve ! Depuis 3 jours, ça barde. Mardi [19 avril] trois roquettes, expédiées par les monstres hollywoodiens, sont tombés sur ton quartier à 200 mètres de là où j’habite maintenant. Nous n’y comprenons plus rien. Nous guettons les explications de nos politiciens à la télévision mais, mis à part leur certitude qu’Alep ne sera pas sacrifiée sur l’autel des intérêts bien compris de tous les gouvernements étrangers qui nous sont tombés dessus, aucun d’entre eux ne répond à nos questions. Sans doute parce qu’eux non plus ne comprennent pas grand-chose à ce qui se joue dans l’ombre contre notre ville. Une ville qui revit la folie meurtrière de notre voisin du nord… ». KS |
……:texte complet Comité Valmy….
« Ces dernières 24 heures, Alep a déploré 15 morts, 120 blessés, 300 tirs sur l’ensemble des quartiers de la ville sans aucune exception dont 7 mosquées au moment même de la prière du midi ; 60 magasins et 80 maisons ont été totalement détruits [en plus de deux écoles juste avant les examens de fin d’année]. Nous nous battons pour notre existence, car notre résistance en Syrie et plus particulièrement à Alep est la première ligne de défense contre le plus féroce de nos ennemis : l’ennemi ottoman qui voudrait nous faire revivre les événements de 1916 quand Sélim 1er est entré dans notre région. La chute d’Alep signifie la chute de la Syrie. Par conséquent, nous ne défendons pas uniquement notre ville ; nous défendons notre identité, notre vie, notre avenir, notre pays et toute l’humanité. D’où le prix exorbitant que nous sommes en train de payer » [4].
La journée d’hier a été tout aussi sanglante. Cette fois-ci, elle a plus particulièrement semé la mort dans le quartier majoritairement arménien de Sleimaniyeh. Supportez la vue de ce dernier carnage en visionnant la vidéo de la journaliste syrienne Kinana Allouche [5] et mettez un voile sur vos consciences en éteignant les lumières de vos monuments en commémoration du génocide des Arméniens [6]. Vous n’empêcherez pas ces les Syriens arméniens de dénoncer l’hypocrisie d’un monde occidental qui se prétend plus humain que leurs bourreaux. Continuez à « verser du sel » sur leurs blessures d’hier et aujourd’hui tout autant que sur les plaies ouvertes de tous leurs compatriotes syriens. Écoutez-les hurler leur colère et leur souffrance. Écoutez cet Arménien crier sa détermination :
« Nous sommes des Arméniens, cela suffit. Ils veulent continuer à nous exterminer. Ils veulent que nous quittions cette terre. Nous ne quitterons pas ! C’est assez ! Assez ! J’en appelle à notre Armée et à notre Président. Exterminez-les tous ! Président Bachar, débarrassez-nous de cette vermine. Accrochez-moi à une bombe et envoyez-moi les éliminer tous ! »
Écoutez tous ceux qui l’entourent vous dire qu’ils résisteront encore et encore, tout en avouant leur détresse :
« C’est parce qu’Alep leur résiste qu’ils veulent la détruire. Nous faisons tous partie de notre armée. Assez de destructions ! Khalass ! Khalass ! Nos enfants meurent. Nos maisons, nos magasins, tout ce que nous possédons est détruit. Nous voulons que le gouvernement prenne la décision d’en finir avec eux. Il ne le fait pas. Il nous rendra des comptes. Alep est oubliée ! Oubliée ! »
Voilà le résultat des mensonges des gouvernements et des médias occidentaux qui ont pactisé avec ceux qui seraient plus méprisables qu’ils ne le sont : les dictateurs turcs, saoudiens, qataris et israéliens, ces derniers n’attendant que la chute d’Alep pour annexer illégitimement le Golan occupé et ainsi boucler la ceinture de misère, de terreur et d’horreur du nord au sud de la Syrie.
Quant à Obama qui aurait la volonté d’en finir avec les Saoudiens, l’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, l’administration américaine depuis le début de cette guerre internationale contre la Syrie nous a habitués à une duplicité dite pragmatique. Elle prétend diriger les pourparlers de Genève vers une solution politique en partenariat avec la Russie, mais en même temps elle pérennise la guerre en Syrie et la souffrance des Syriens, fermant les yeux sur l’entrée récente de milliers de terroristes armés via la Turquie, couvrant la fourniture de tonnes de munitions, d’armes, avec désormais des missiles sol-air et, par conséquent, étranglant Alep. Les témoignages à ce sujet dans la presse US ne manquent pas [7].
Monsieur Chehabi a sans doute raison. Alep est désormais à la croisée des chemins : soit elle tombe entre les mains des prétendus opposants soutenus d’une manière ou d’une autre par le bloc Otan-Israël-Arabie saoudite-Qatar, alors la Syrie tombera et la région entrera dans un tunnel obscur qui finira par atteindre les États amis et ennemis, sans pour autant éviter une guerre contre le terrorisme par les grandes et petites puissances, lesquelles se précipiteront pour se partager son corps démembré ; soit elle reste debout malgré ses plaies sanguinolentes, alors la Syrie restera debout et sa résistance aura raison de tous ceux, terroristes compris, qui ont juré de ramener les pays de la région à l’âge de pierre par un jeu d’alliances improbables et d’intérêts mal pensés. Tous les pays de la région sauf un, pour prétendument se faire pardonner leur crime du passé. Mais que de crimes ont-ils commis depuis !
Puissent la Résistance des gens d’Alep et l’Armée syrienne triompher, pour le bien de la Syrie et de toute l’humanité.
Mouna Alno-Nakhal
26/04/2016