« Pour combattre le terrorisme, éteignons le feu en Syrie ». L a Belgique s’ engage dans la guerre occidentale en SYRIE et cont ribue ainsi à l’ étendre. Qui va payer la note, …. ?
14 mai 2016
13/05/2016
La BELGIQUE: 53e États ricains entre en guerre d’ agression en SYRIE, à des centaines de kms de ses frontières et sans être attaquée, sur ordre d’ Obama et de l’ Otan, … Qui va payer la note ???
Le PTB contre les bombardements en Syrie : « Cela va alimenter la spirale de violence »
Le PTB s’oppose à la décision du gouvernement belge de bombarder la Syrie, après avoir déjà bombardé l’Irak. Les attentats de Bruxelles du 22 mars dernier montrent qu’intervenir en Syrie est une très mauvaise idée.
« Pour combattre le terrorisme, éteignons le feu en Syrie »
Homs, Syrie. Photo Flickr, pan_chaoyue
Marc Botenga
Le gouvernement belge envisage d’étendre ses bombardements, actuellement limités à l’Irak, à la Syrie. Après les attentats de Bruxelles, ce serait le pire chemin à prendre. Staffan de Mistura, envoyé spécial des Nations Unies en Syrie : « La tragédie de Bruxelles nous rappelle que nous n’avons plus de temps à perdre. Nous devons éteindre le feu de la guerre en Syrie. Pour combattre le terrorisme, la meilleure formule est de trouver une solution politique en Syrie. »
Daech a pu grandir grâce au chaos en Syrie. Afin d’éradiquer le terrorisme en Syrie, une solution politique pour la longue guerre qui ravage le pays est donc une condition sine qua non. Or, le 18 janvier, Staffan de Mistura a révélé dans un rapport secret au Conseil de Sécurité des Nations Unies que ce sont des groupes armés soutenus par l’Occident et l’Arabie saoudite qui empêchent une solution politique pour le conflit en Syrie. Ce n’est pas un détail. Empêcher une telle solution signifie contribuer à la prolifération du terrorisme.
Nos alliés en Syrie ont d’autres priorités que Daesh
Depuis le début de la guerre en Syrie, les alliés occidentaux sur le terrain, regroupés maintenant pour la plupart dans le « Haut comité pour les négociations » (HCN), trouvent une série d’excuses pour ne pas négocier. D’abord, il fallait que le président syrien Bachar Al-Assad démissionne avant toute négociation. Exiger de son ennemi qu’il capitule avant de négocier est absurde et contreproductif. Mais ce n’est pas tout. L’opposition pro-occidentale voulait aussi être la seule représentante officielle de l’opposition aux négociations, en excluant de nombreuses autres forces sur le terrain.
Comment est-il possible d’encore poser des conditions à des négociations ? C’est une question de priorités. Mohammed Alloush, principal négociateur du Haut Comité pour les Négociations, et son Armée de l’Islam, veulent – tout comme Daesh – installer un état islamique. L’Armée de la Conquête et Ahrar-Ash-Sham ont des objectifs semblables. Le groupe Al Nosra partage l’agenda d’Al Qaeda. L’objectif premier des groupes que l’Occident soutient n’est pas la lutte contre Daesh. Ils veulent surtout renverser le régime, même si l’armée syrienne avance sur le terrain contre Daesh.
En 2013, Didier Reynders (MR), alors ministre des Affaires étrangères, rêvait qu’un jour, un monument à la gloire des jeunes belges partis se battre en Syrie avec l’un ou l’autre groupe « modéré » serait érigé.1 Le temps des rêves est révolu. Les armes que nos pays ont livré à ces groupes « modérés » ont été directement dans les mains de terroristes. De Mistura a raison : il faut maintenant négocier une solution politique. Cela voudra dire mettre la pression sur nos supposés alliés en Syrie pour qu’ils s’asseyent autour de la table en leur coupant l’oxygène : l’argent et les armes. La Belgique a bien convoqué une réunion d’urgence des ministres européens sur les failles sécuritaires européennes, elle doit maintenant exiger d’urgence un arrêt de tout soutien européen à ces groupes.
Arrêter notre collaboration avec des États liés aux groupes terroristes
Mais ces groupes reçoivent aussi un soutien de nos dits alliés régionaux. Avec l’Arabie saoudite en tête du peloton. Certes, le pays fait aujourd’hui officiellement partie de la coalition contre Daech, mais sa priorité reste le départ d’Assad dans l’espoir de prendre le contrôle de la Syrie.
Le jugement de l’ancien sénateur démocrate américain Bob Graham, qui a codirigé la commission d’enquête du Congrès sur les attentats du 11 Septembre 2001, est sans appel : « L’Arabie saoudite n’a jamais mis fin à sa volonté de répandre le wahhabisme (mouvement fondamentaliste de l’Islam, NdlR) extrême. Il y a un lien direct entre la diffusion de cette idéologie et la création de Daesh. Daesh est un produit des idéaux saoudiens, de l’argent saoudien et du soutien organisationnel saoudien, bien que ce pays prétende actuellement être très anti-Daesh. Ils sont comme des parents qui ne veulent plus rien avoir à faire avec un enfant qu’ils ne contrôlent plus. »
Le Parlement européen a d’ailleurs appelé, en raison de la guerre saoudienne au Yémen, à un embargo européen sur les exportations d’armes vers l’Arabie saoudite. Mais, pendant que les Pays-Bas et la Suède ont arrêté le commerce d’armes avec l’Arabie saoudite, notre gouvernement refuse toujours de défendre un embargo au niveau européen. En France, tout récemment, le neveu du roi et ministre saoudien de l’Intérieur a, au contraire, reçu la légion d’honneur pour ses bons et loyaux services. Si on veut combattre le terrorisme, il faut maintenant mettre la pression sur l’Arabie saoudite, qui finance, par exemple, toujours des entités religieuses en Belgique.
Nos bombes fabriquent des terroristes
Ne doit-on pas tout simplement aller bombarder demandent certains ? C’est ce que le gouvernement entend faire. Mais c’est depuis 2001 que nos gouvernements mènent une « guerre contre le terrorisme ». A coup de bombes, les pays occidentaux n’ont fait qu’apporter de la destruction et du chaos en Afghanistan, Irak, Libye et Syrie. Depuis, la situation n’a fait que s’empirer. Aujourd’hui l’experte italienne Loretta Napoleoni confirme que pour Daesh, « les bombes occidentales sont la meilleure formule pour consolider leur pouvoir et attirer de nouvelles recrues. »
Au Parlement, le député PTB Raoul Hedebouw avait, en septembre 2014 déjà, mis en garde contre l’impact potentiel d’une intervention belge en Irak : « Quel sera le bilan d’une nouvelle intervention en Irak ? Selon Phyllis Bennis, de l’Institute for Policy Studies, cela devrait être désormais très clair : “Chaque bombe leur amène davantage de partisans.” Logique, puisque tout conflit entraîne des dommages collatéraux, fait des victimes innocentes dans des familles, dans des fêtes de mariage, et touche des cibles civiles imprévues. Chacune de ces personnes brutalement frappées ont soudainement une raison de haïr l’Occident. » Jacques Baud, ancien officier des Services de renseignements suisses, note : « Les revendications des terroristes de Daesh ont systématiquement parlé de ces victimes civiles. Nous les ignorons complètement. » Il constate qu’« après les attentats de Madrid en 2004, le nouveau gouvernement (espagnol, NdlR) a décidé de se retirer de la coalition. L’Espagne est totalement sortie de la menace terroriste et ils n’ont plus eu d’attentat depuis. »
L’action militaire belge opaque au Moyen-Orient
Quelques mois de bombardements russes auraient fait des centaines de morts civils, selon la presse. Le journal britannique The Independent comptait au moins 1 000 civils tués par des bombes occidentales début mars. D’autres experts parlent de 2 000 à 4 000 morts innocents. Des milliers de familles, des milliers de vies détruites. La veille des attentats à Bruxelles, des avions de chasse de la coalition internationale, dont fait partie la Belgique, bombardaient encore l’université de la ville de Mosoul, en Irak. Officiellement, il s’agissait de s’en prendre à Daesh. Selon une académicienne irakienne, ces bombes américaines auraient, en deux jours, tué plus de 200 civils et fait 600 blessés.
Selon l’armée belge elle-même, la Belgique ne fait pas de victimes civiles. Mais est-ce crédible ? Déjà en octobre 2014, le député PTB Marco Van Hees avait interrogé le ministre de la Défense N-VA Steven Vandeput sur la mission belge en Irak. Vandeput avait simplement refusé de répondre à toute question pertinente. En mars 2015, Van Hees a reposé la question. Réponse du ministre : ces chiffres restent derrière le huis clos. Le collectif d’investigation « Airwars », qui suit les actions militaires pour combattre Daesh, a dressé un tableau comparatif de la transparence et de la responsabilité des pays dans leur intervention. Il s’avère que la Belgique fait partie des pires élèves en matière de transparence. Notre pays se situe au même niveau que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Jordanie. Combien de victimes l’opération belge a-t-elle causées ? Pourquoi notre gouvernement refuse-t-il de répondre ? Qu’a-t-il à cacher ? Que nos bombes fabriquent des terroristes au quotidien?
Le gouvernement belge ne veut néanmoins investir des milliards dans de nouveaux avions de chasse. C’est un non-sens. Il faut arrêter nos interventions et l’achat de ces avions.
Principes pour une politique étrangère anti-terroriste
Il n’existe pas de solutions faciles dans la lutte contre le terrorisme. Mais on ne peut pas se battre contre le terrorisme sans changer fondamentalement de politique étrangère.
Aujourd’hui, on ne peut plus tergiverser. Il faut tirer toutes les conclusions de la faillite de nos ingérences dans d’autres pays. Près de quinze années de « guerre contre le terrorisme » n’ont fait qu’étendre le terrorisme, de la Libye jusqu’au Pakistan. L’approche militaire qui peut se résumer en « Bombardons les tous » s’est avérée contreproductive. Plus de bombes belges et occidentales signifie plus de terroristes. La Belgique a aussi œuvré en faveur d’un changement de régime en Libye et en Syrie. Qu’un tel changement soit désirable ou non, il est maintenant clair que s’il est soutenu par l’étranger, il mène au désastre. Aujourd’hui en Syrie, les gouvernements européens se trouvent ainsi alliés de groupes violents voulant instaurer un état islamique. Nos gouvernements doivent arrêter de se mêler des affaires intérieures d’autres pays mais soutenir une solution locale négociée comme de Mistura essaie de faciliter.
En septembre 2015 déjà, le PTB avait proposé son « Plan pour une politique active de paix », basé sur trois piliers : assécher financièrement Daech, s’en prendre aux ressources humaines de Daech notamment en Irak, et investir dans la diplomatie, pas dans les bombes. Cela implique de couper les liens militaires avec l’Arabie saoudite et d’exiger un contrôle strict des flux d’argent en provenance de cet État pétrolier. Et de mettre la pression sur la Turquie pour qu’elle ferme sa frontière avec la Syrie et n’y intervienne plus. Le gouvernement belge a fait la sourde oreille. On collabore toujours et encore avec une série d’États qui créent un terreau fertile pour des groupes terroristes. L’Europe doit arrêter la vente d’armes à l’Arabie saoudite et doit d’urgence faire pression sur toutes les autres monarchies du Golfe et la Turquie pour qu’elles facilitent les négociations et abandonnent toute ingérence en Syrie.
- Didier Reynders veut « suivre à la trace » les Belges revenus de Syrie, Belga, 26 avril 2013