Aller à…
RSS Feed

17 décembre 2024

En Libye, la course pour la bataille contre l’EI lancée par les forces rivales


Al Manar 15 mai 2016Libya_Protests_520733y
Les autorités rivales en Libye accélèrent les préparatifs pour lancer en premier l’offensive visant à chasser le groupe wahhabite Daech (EI) de Syrte, au risque d’éloigner davantage toute perspective de réconciliation et de mettre en péril les efforts antiterroristes.Alors que le gouvernement d’union nationale soutenu par la communauté
internationale et les autorités parallèles de l’Est se focalisent, chacun de
son côté, sur « la bataille de Syrte », l’EI a gagné du terrain en s’emparant
d’une nouvelle localité de l’ouest du pays miné par les luttes de pouvoir et
les violences.

Le gouvernement d’union, installé dans la capitale Tripoli depuis fin mars,
a réussi à rallier les forces et milices présentes dans l’Ouest, tandis que le
gouvernement parallèle dans l’Est compte sur les forces commandées par le
général controversé Khalifa Haftar.

Craignant que ce dernier ne lance une offensive unilatérale contre l’EI à
Syrte, ville de l’ouest libyen aux mains des terroristes depuis juin 2015, le
gouvernement d’union a créé vendredi une cellule spéciale chargée de coordonner
les efforts de lutte contre les terroristes dans une région allant de Misrata à
Syrte, villes distantes d’environ 150 km.

Selon un responsable au sein de cette cellule, « les préparatifs ont été mis
en place pour reprendre Syrte et d’autres secteurs, et le lancement des
opérations militaires est très proche ».

La cellule a dans le même temps exhorté les Libyens, « civils et militaires,
à rejeter la division, à resserrer les rangs et à être prêts à défendre la
patrie ».

 L’EI étend son influence

Dans le camp adverse, un porte-parole des forces du général Haftar a
affirmé à l’AFP que « la décision de libérer Syrte a été prise et les plans
militaires sont déjà prêts ».

Selon lui, les forces partiront de la ville d’Al-Bamba (est) où les ont
déjà rejointes des forces venues du sud. « Nous avons la capacité et les
équipements (nécessaires pour la bataille). Nous ne pouvons dévoiler l’heure H
ni les effectifs qui participeront à l’offensive impliquant les armées de l’air
et de terre et la marine ».

Mais entretemps, l’EI s’est emparé de la localité d’Abou Grein, à une
centaine de km à l’ouest de Syrte, après des attaques contre les forces
progouvernementales. C’est la première fois que le groupe extrémiste réussit à
étendre son contrôle à un secteur à l’ouest de Syrte. L’EI contrôle de petites
localités à l’est de ce fief.

« L’organisation terroriste a renforcé son contrôle dans la région,
notamment à Abou Grein », a confirmé un responsable de la cellule
opérationnelle.

Environ 20.000 personnes ont fui Syrte et Abou Grein et ont trouvé refuge
dans les écoles et les bâtiments publics à Bani Walid, selon Abderrahmane
al-Hmeyl, chef du comité chargé des déplacés, appelant à l’aide le gouvernement
d’union pour pouvoir gérer ce fardeau.

« Nous avions toujours peur qu’ils ne viennent chez nous
depuis Syrte », a dit Raja Souleiman, une jeune fille installée dans une salle
de classe de Bani Walid avec sa mère et ses trois soeurs. « Lorsque les gens ont
commencé à fuir, nous avons décidé de partir aussi ».

La solution politique s’éloigne

Pour Mattia Toaldo, spécialiste de la Libye au groupe de réflexion Conseil
européen des relations internationales, « la division en Libye est non seulement
un problème politique qui entrave la mise en place d’un pouvoir uni, mais elle
complique également la situation militaire ».

Si ces deux campagnes militaires « étaient lancées sans coordination », l’EI
se retrouverait dans une position idéale pour riposter, dit-il à l’AFP.

« Une opération militaire pour libérer Syrte nécessite une plus grande
coordination des forces de sécurité pour des raisons à la fois tactiques et
politiques », estime pour sa part Claudia Gazzini, analyste à Crisis Group.

Or « la course pour Syrte éloigne davantage la perspective d’une solution de
compromis politique entre les deux camps », selon elle.

Alors que le gouvernement d’union réclame de l’armement à la communauté
internationale, des responsables et diplomates ont indiqué que les Etats-Unis
étaient prêts à assouplir l’embargo de l’ONU sur les armes pour aider le
gouvernement d’union à lutter contre l’EI.

Partager

Plus d’histoires deLibye