Ronnie Kasrils: «Opposez-vous aux tentatives d’interdiction du BDS »
24 juin 2016
Publié par Gilles Munier
24 Juin 2016,Le vétéran de la lutte contre l’apartheid sud-africain, Ronnie Kasrils, estime que les tentatives d’interdiction du militantisme pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) contre Israël sont « absolument grotesques » et que les militants doivent s’opposer à de tels efforts. Le mois dernier, j’ai eu un entretien avec Kasrils à propos de ce qu’il pensait du BDS et de l’apartheid, lors de sa venue à Amsterdam.
« Il a œuvré brillamment », s’empresse de répondre Kasrils à ma question si le BDS contre le régime d’apartheid sud-africain avait eu un impact.
Kasrils dit qu’il soutient le militantisme du BDS contre Israël à cent pour cent. Et il ajoute qu’il faut s’opposer aux tentatives visant à rendre illégal le BDS aux États-Unis, au Canada, en France et au Royaume-Uni.
Kasrils s’est rendu en Israël et en Palestine à plusieurs reprises. Quand je l’ai interrogé sur ses expériences, il a répondu : « Il existe de façon certaine des similitudes ». En 1984, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a approuvé la définition qu’avait adoptée l’Assemblée générale en 1966, selon laquelle l’apartheid constitue un crime contre l’humanité. La Convention de l’Apartheid ne dit pas « l’apartheid sud-africain », elle est plus large, observe Kasrils.
Beaucoup de gens doutent qu’Israël changera et qu’il respectera les droits du peuple palestinien.
Par Adri Nieuwhof – Article 1 Collective (revue de presse : bdsfrance.org – 10/6/16)*
Le vétéran de la lutte contre l’apartheid sud-africain, Ronnie Kasrils, estime que les tentatives d’interdiction du militantisme pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) contre Israël sont « absolument grotesques » et que les militants doivent s’opposer à de tels efforts.
Ronni Kasrils, au Tribunal Russel
Le vétéran de la lutte contre l’apartheid sud-africain, Ronnie Kasrils, estime que les tentatives d’interdiction du militantisme pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) contre Israël sont « absolument grotesques » et que les militants doivent s’opposer à de tels efforts. Le mois dernier, j’ai eu un entretien avec Kasrils à propos de ce qu’il pensait du BDS et de l’apartheid, lors de sa venue à Amsterdam.
Pendant des décennies, Kasrils a lutté contre l’apartheid en tant que membre du Congrès national africain (ANC) et du Parti communiste. Il a participé à des opérations de la branche militaire de l’ANC, Umkhonto we Sizwe (Fer de lance de la nation). Après la chute de l’apartheid, il a servi comme vice-ministre dans plusieurs gouvernements.
Kasrils est né à Johannesburg en 1938, petit-fils d’immigrants juifs de Lituanie et de Lettonie qui ont fui les pogroms tsaristes pour l’Afrique du Sud à la fin du 19e siècle.
Le BDS a contribué au changement
« Il a œuvré brillamment », s’empresse de répondre Kasrils à ma question si le BDS contre le régime d’apartheid sud-africain avait eu un impact.
« Le BDS a rendu les Blancs en Afrique du Sud vraiment furieux. Mais vous les avez épuisés avec le BDS. Il est arrivé un moment où ils ne pouvaient plus le supporter, et ils ont voulu que ça change ».
Un membre du Parti national au pouvoir a dit à Kasrils que la décision de la banque britannique Barclays de se retirer d’Afrique du Sud en 1988, – après une présence de plus de 150 ans –, « a été la dernière goutte qui a fait déborder le vase ». Il rappelle que le militantisme international pour le BDS a commencé par un boycott des fruits par les consommateurs, comme les oranges, les raisons et les pommes Outspan. Dans les années 1970, Peter Hain en Grande-Bretagne a commencé à perturber les jeux de sport. Avec un groupe, il est descendu sur un court de tennis à Bristol et il a bloqué l’équipe d’Afrique du Sud. « Cela s’est propagé comme une traînée de poudre et est parvenu à d’autres pays ». Le boycott était ouvert à une interprétation créatrice et il est devenu un moyen important pour toucher et attirer les populations.
Puis, des régimes de retraite d’Églises et des syndicats à travers le monde en sont venus à se désinvestir d’entreprises sud-africaines ou d’entreprises qui avaient investi en Afrique du Sud. Ce qui a eu un gros impact.
En 1985, en Amérique, les travailleurs de Kodak ont pris conscience de l’ampleur de la souffrance imposée aux Sud-Africains noirs. Le peuple afro-américain a été pour beaucoup dans la mobilisation anti-apartheid. Grâce à ses sénateurs et représentants au Congrès, le lobby noir a commencé à faire peser une pression énorme sur les entreprises et les banques. La Chase Manhattan a été la première banque à rompre ses liens avec l’Afrique du Sud.
Interdire le BDS est grotesque
Kasrils dit qu’il soutient le militantisme du BDS contre Israël à cent pour cent. Et il ajoute qu’il faut s’opposer aux tentatives visant à rendre illégal le BDS aux États-Unis, au Canada, en France et au Royaume-Uni.
« Il est absolument grotesque que des gouvernements doivent utiliser une loi pour mettre fin au droit à la liberté d’expression des populations pour lesquelles le BDS constitue un moyen pacifique pour apporter de l’aide et une solidarité au peuple palestinien.
« Ces gouvernements doivent aider le processus dans son ensemble. Et ensuite, il y aura plus de calme et de paix pour la population de Palestine et d’Israël, et de tout le Moyen-Orient. Israël est une puissance nucléaire avec un nombre considérable d’armes nucléaires, et des gens de l’extrême droite qui le gouvernent. La population demande du sang, pas seulement le sang des Palestiniens, mais aussi celui des peuples de la région, et de gens comme Omar Barghouti qui simplement parlent du droit au BDS ».
« Israël est un pays qui présente les pires formes d’injustice, de meurtres, qu’on a vues depuis très longtemps. Il est de ces pays qui, à propos, sont souvent désignés comme fascistes ».
Pire que l’apartheid