
Les vidéos de propagande d’Al Quaida financées par le Pentagone ?
6 octobre 2016
Boulevard Voltaire
Au fait, les actuels clips de Daech, c’est qui ? Woody Allen ou Luc Besson ? Nous sommes légitimement en droit de nous poser la question.
Il n’y a pas si longtemps, sur ce site, étaient évoqués ces “attentats islamiques” d’autant plus facilement déjoués par le FBI que la majeure partie d’entre eux avait été fomentée par le même… FBI. Il n’y avait là rien de bien “complotiste”, ces informations étant tout ce qu’il y a de plus officielles, puisque venant de la très sérieuse association Human Rights Watch, puis reprises par de nombreux médias américains avant de l’être par leurs homologues français, sans avoir jamais été démenties, tel qu’il se doit.
Pourquoi de telles manipulations ? À cela, deux raisons au moins. La première, c’est qu’à l’instar de toute administration envahissante, le FBI peut être amené à surestimer le danger qu’il entend combattre, juste histoire de conserver, voire de faire augmenter son budget annuel et ainsi de justifier son utilité. La seconde, moins triviale, consiste pour Washington à consolider son éternel rôle de « gendarme de la planète » et de « garant du monde libre ». Durant la Guerre froide, c’est ainsi que la Maison blanche en fit sciemment des caisses et des bidons hollywoodiens sur le « péril rouge », ce qui lui permit au passage de tisser sa toile et de pousser ses pions en installant partout des bases militaires dans ce même « monde libre ».
Aujourd’hui, la même histoire recommence. Reprenant les informations du Bureau Of Investigative Journalism, Le Monde révèle que le Pentagone, de 2006 à 2011, aurait versé plus de 540 millions de dollars à la société de relations publiques anglaise Bell Pottinger (l’une des plus en vue du Royaume uni et connue pour avoir amélioré l’image de Margaret Thatcher) afin que cette dernière tourne de fausses vidéos de propagande signées Al-Quaida…
De son côté, le site Atlantico qui, tel que l’indique son nom, ne professe pas foncièrement un anti-américanisme primaire, ajoute que le travail de Bell Pottinger comportait trois volets. L’un consistait à fabriquer des clips anti-Al Quaida, vidéos de bonne facture, destinées à promouvoir des « élections démocratiques » en Irak.
Le deuxième était une déclinaison du premier, mais tourné en basse définition, afin que le résultat puisse passer pour « une production de pays arabes ». Bravo les clichés et la condescendance ! Mais c’est le troisième, la production de faux films de propagande d’Al Quaida qui paraît autrement plus inquiétant. Atlantico, toujours, relaye les propos de Martin Wells, sorte de “repenti” de Bell Pottinger : « On me donnait des instructions précises. Nous devions faire ce style de vidéo et nous devions utiliser des images d’Al Quaida. Cela devait durer dix minutes et il fallait ce type de fichier il devait être encodé de telle manière. »Mieux, et ce toujours à en croire Atlantico : « Les marines américains prenaient les CD lors de leurs missions et les abandonnaient dans les décombres quand ils attaquaient leurs cibles. Wells ajoute : “S’ils faisaient une descente dans une maison, ils laissaient beaucoup de désordre et ils devaient déposer un CD au passage.” »
Jusque-là, rien que de la propagande classique, quoiqu’un peu tordue. Mais Le Monde assure à son tour, à propos de ces fausses vidéos : « Le but était de tracer les personnes qui visionnaient ces vidéos. Les CD sur lesquels étaient gravées ces vidéos étaient encodés afin que l’armée américaine puisse localiser l’ordinateur de l’utilisateur grâce à son adresse IP. » Pour ensuite pousser certains esprits faibles à sombrer dans la lutte armée ou le terrorisme amateur ?
Et c’est là que la boucle se boucle : sans méchant emblématique, quid de la légitimité du gentil Oncle Sam ? Et quand de véritable méchant il n’y a pas, il est toujours possible de rendre encore un peu plus méchant le méchant qui ne l’est pas encore vraiment.
Au fait, les actuels clips de Daech, c’est qui ? Woody Allen ou Luc Besson ? On avouera que nous sommes légitimement en droit de nous poser la question.