Attentat du Drugstore Publicis : Carlos jugé devant les assises en mars
25 janvier 2017
Il a fait trembler la France, l’Europe et le monde dans les années 70. Illich Ramirez Sanchez, plus connu sous le nom de Carlos, va bientôt refaire surface pour un crime commis il y a un peu plus de quarante-deux ans. Le dimanche 15 septembre 1974, à 17h10 : l’attentat du drugstore Publicis, boulevard Saint-Germain à Paris. Une grenade lancée depuis la mezzanine du restaurant. Bilan : deux morts (deux hommes de 27 et 55 ans) et 34 blessés, parmi lesquels quatre enfants. Une ombre qui s’enfuit. Il faudra des années pour que la justice identifie enfin cette silhouette comme étant celle du terroriste Carlos.
L’homme comparaîtra du 13 au 31 mars devant la cour d’assises spéciale de Paris. Un rendez-vous qui s’annonce exceptionnel. Tout d’abord au regard de l’ancienneté des faits. C’est presque de l’archéologie judiciaire. Beaucoup de témoins ont disparu. Les policiers ne sont plus là. La dernière juge à avoir traité le dossier est à la retraite. Le drugstore Saint-Germain n’existe plus.
Mais surtout, ce procès sera la dernière grande sortie publique de Carlos. Son ultime tour de piste. Âgé de 67 ans, il a déjà condamné deux fois à perpétuité. Redoute-t-il cette comparution ? « Il n’a peur de rien, il considère que sa vie est un exemple, et qu’être en prison ou pas ne change pas grand chose », répond son avocate et compagne, Isabelle Coutant-Peyre. « Dans ce dossier, il n’y a rien. C’est un dossier totalement fabriqué », accuse-t-elle.
Pour Ilich Ramirez Sanchez, être en prison ou pas ne change pas grand chose
Isabelle Coutant-Peyre, avocate et compagne de Carlos
Les années passent, et Carlos reste Carlos. Quant à ce qu’il va dire au cours de cette dernière audience, là aussi, malgré l’âge, la prison, la lassitude et l’oubli, il est bien décidé à ne faire que du Carlos. « Il dit qu’il n’est pas concerné, il ne comprend pas du tout, il n’a rien à voir avec tout cela. Aucun des témoins qui étaient sur place au Drugstore Saint-Germain n’a décrit une personne qui ressemble à Ilich Ramirez Sanchez (…) Ce n’est pas lui », martèle Isabelle Coutant-Peyre.
Les victimes, soutenues par des associations (par Françoise Rudetzki notamment), ne se font guère d’illusion sur l’accusé. Mais elles ont tout fait pour que ce procès ait lieu. C’est la famille de David Grunberg, l’un des deux morts du Drugstore, qui, avec un pourvoi en cassation, avait enfin permis d’accrocher le terroriste. L’ombre du « Chacal », comme on le surnomme encore, va donc une toute dernière fois se profiler dans les couloirs du palais de justice de Paris.