Ils en ont assez des « privilèges » et l’affaire d’emplois fictifs présumés touchant François Fillon les exaspère : plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à Paris pour dénoncer la « corruption des élus », a constaté une journaliste de l’AFP.
Répondant à un appel lancé sur les réseaux sociaux sur le modèle de Nuit debout – ces rassemblements citoyens organisés au printemps dernier —, les manifestants considèrent qu’« il n’est plus tolérable d’être gouvernés par un corps élu qui a la possibilité de pratiquer l’inverse de ce qu’il défend », comme l’affirme le texte de l’appel.
« Fillon en prison, la corruption est un poison », « Il n’y a pas d’exemplarité sans exemplarité : Fillon 18 novembre 2016 », « Touche pas au grisbi Pénélope » : de nombreuses pancartes brandies dans la foule visent le candidat de la droite à la présidentielle empêtré dans une affaire d’emplois fictifs présumés accordés à sa femme et deux de ses enfants.
Annie, 71 ans, qui se définit comme une électrice de gauche, a fabriqué une petite pancarte pour prévenir François Fillon : « Si tu es au second tour on ne se déplacera pas ».
« On ne peut pas élire un escroc. J’ai voté Chirac mais si c’est Fillon-Le Pen, ils se démerderont sans moi », explique cette dame au regard vert et à la chevelure bouclée.
Patrice Roblet, retraité de 66 ans venu du Val d’Oise, reproche à François Fillon de « faire la morale aux autres ».Et sa désillusion vis-à-vis des élus est grande. « Ils votent leurs lois et leurs privilèges, on ne s’en est pas sorti en fin de compte depuis la révolution », regrette-t-il, brandissant une pancarte sur laquelle on peut lire « abolition des privilèges et de la monarchie ».
De nombreuses pancartes font référence à la Révolution française, évoquant « Paris debout pour l’abolition des privilèges » ou « 1789, à bas les privilèges ».
Outre François Fillon, la candidate FN à la présidentielle Marine Le Pen est elle aussi confrontée à des soupçons d’emploi fictif de son garde du corps comme assistant au Parlement européen.
Mais, « au-delà d’eux, c’est un problème de système », observe l’écrivain Alexandre Jardin, présent dans la foule, pour qui il faudrait « a minima un contrôle par la cour des comptes » de « l’argent de nos élus ». « C’est bien parce que ce minimum n’est pas fait que les colères montent », juge-t-il.