Après les lumières d’Oslo et les douceurs de Dar Edhiafa , nous voilà de retour à Batha Mohammed Ali pour retrouver les décors et les tensions d’un 26 janvier.
Après les lumières d’Oslo et les douceurs de Dar Edhiafa , nous voilà de retour à Batha(Place) Mohammed Ali pour retrouver les décors et les tensions d’un 26 janvier. A l’époque, il y avait deux forces, je dirais même deux puissances, deux chefs d’état, Habib Achour face à Bourguiba, pour qui la grève générale de l’UGTT était assimilé à un coup d’état.L’UGTT présentait un état dans l’état, et si pour Bourguiba c’était un coup d’état, pour nous jeunes opposants de gauche c’était une révolution, Je me suis présenté à la Batha à la tête de la fédération clandestine de la fac de droit vers 6H30 du matin, avant que les forces du Ministre de l’intérieur(Bob) ne ferment les frontières entre la place Mohammed Ali et l’avenue Bourguiba. Que reste-t-il aujourd’hui de ces deux monstres sacrés de l’histoire politiques et sociale de la Tunisie moderne ? que pèsent-ils en rapport de force et de pouvoir ? Mais, « Qu’est-ce que le pouvoir ? » demandait Michel Foucault ; je résume : Le pouvoir est une force qui se définit elle-même par son pouvoir d’affecter d’autres forces, des forces en rapport et c’est dans la crise de leurs déséquilibres réciproques, en tant que forces réelles et rationnelles que se trouve la possibilité d’un gouvernement (souverain et non pas vassale). Or, la Tunisie d’aujourd’hui a perdu tout autonomie économique et politique. Même la légitimité démocratique des dirigeants élus est sujette aux soupçons des financements malpropres et les suspicions alimentées par la trahison des promesses électorales Au milieu d’un guet-apens géopolitique, la Tunisie n’est maintenue en survie financière que le temps d’un moratoire avant l’ouverture des flux sur la Libye et l’Algérie et le reste de l’Afrique subsaharienne.
La géopolitique agissante par l’intermédiaire de son vassal islamiste virulent a pris le temps nécessaire pour briser les forces progressistes vives et leurs structures en lutte contre l’obscurantisme et les conservatismes depuis Tahar Haddad et Mohammed Ali. La géopolitique a réussi la destruction de la Tunisie libre, le tout auréolé par la couronne ou les cornes du prix Nobel de la paix En attendant, la situation se dirige vers le pourrissement, les projets des investissements et de la croissance se convertissent en plans d’une grande braderie, de démantèlements des entreprises publiques et pertes de l’emploi.
Ce qui se passe depuis les élections de 2014, ce n’est certainement pas de la gouvernance digne d’un système démocratique dans une Tunisie souveraine. C’est un spectacle d’une grande agitation pour meubler le temps de notre histoire devenue dérisoire et le tragique comique de la situation est que les gouvernants de droit comme ceux de fait, faute de pouvoir souverain, faute de solutions économiques et sociales, ils gouvernent les tunisiens par le bluff et les fausses promesses, dont le Président élu est devenu le maître incontesté en concert avec son partenaire le chef islamiste Ghannouchi. La mascarade est finie.
C’est l’éternel retour à la guerre comme à la guerre entre le gouvernement et l’UGTT. Certes, il n’existe aucun doute sur la force réelle de la centrale syndicale, si ce n’est la seule force historiquement structurée avec une capacité de mobilisation décisive sur l’avenir du pays, mais la posture de neutralité, position impossible, dans une Tunisie divisée depuis un siècle entre conservateurs et progressiste modernistes, l’UGTT de par sa neutralité a perdu son autonomie. La coque dit le « Chkaf » navigant ouvert à tous les vents au milieu des courants marins a pris de l’eau, sans boussole, sans vision, un bateau ivre, à la merci des torrents. L’histoire de la Tunisie n’est pas l’histoire de la France des grands partis politiques historiques qui ont créé les syndicats professionnels en prolongement de leurs influences dans les entreprises, en Tunisie c’est le syndicalisme de Tahar Haddad, Mohammed Ali et Farhat Hached qui ont créé le parti du progrès et de la révolution et non pas les partis. Ce qui est déterminant historiquement c’est la force créatrice en rapport d’évaluation et non pas sa forme, une vérité principe de la philosophie de l’histoire qui a été comprise par Al Fârâbî et Ibn Khaldoun avant Nietzsche, Marx et Foucault. La finance internationale demande la « SOUMISSION » du peuple tunisien.
Le gouvernement va-t-il pouvoir organiser la répression, l’UGTT va-t-il pouvoir organiser la résistance ? En l’état personne n’est plus crédible, les forces mafiosi ont encore des beaux jours devant eux pour « organiser » le désordre et le désolation.(Mohamed Hafayedh)
Fin de la discussion
Mohamed Hafayedh