Par Maurice Buttin, président du CVPR PO (mars 2017)*
Qui est donc Donald Trump, le nouveau président des Etats-Unis, ce richissime homme d’affaire, commerçant dans l’âme avant tout ?
Son style politique représente une rupture brutale par rapport à celle de ses prédécesseurs. Il vit et délivre ses décisions, ses critiques, voire ses oukazes, par son compte Twiter ! Il exagère, ment sans vergogne. C’est constamment un show à distraire ses admirateurs, ses électeurs. D’où la question, l’homme le plus puissant du monde est-il surtout un amuseur ? Ou un égocentrique incorrigible ?
Certains avaient pensé – et espéré – que Donald Trump élu deviendrait tout autre que le candidat aux multiples bévues (sexisme à l’égard des femmes, hostilité aux migrants, menaces sur la liberté de la presse,etc.). Il n’en est rien, ou presque. Un peu d’eau dans son vin, certes, mais très peu. Trump n’a pas trompé son monde ! Il semble tenir fermement ses promesses.
Et, que sait sur l’Histoire le nouvel hôte de la Maison-Blanche ? Nous ne savons pas ce qu’il va décider ou faire, face à tel ou tel problème à caractère mondial (accord climatique – politique internationale envers l’Iran, la Russie, le Proche-Orient..). Mais, le sait-il lui même ? D’aucuns vont jusqu’à penser qu’il n’est absolument pas qualifié pour diriger le pays.
Quel est son entourage ?
Au premier chef, son gendre Jared Kushner, qui a dirigé sa campagne. Un juif, homme d’affaire comme son beau-père, né riche comme celui-ci. Agé de 36 ans, il est désormais son principal conseiller. Pour mon propos, beaucoup plus inquiétant, Kushner est un ardent sioniste, qui va, bien sûr, soutenir les plus ardents sionistes étasuniens, juifs ou chrétiens sionistes.
N’est-ce pas lui qui aurait conseillé à Donald Trump de nommer comme nouvel ambassadeur des Etats-Unis en Israël, un autre juif également très riche, l’avocat David Friedman. « Un fanatique sioniste de droite, impliqué personnellement dans une colonie, celle de Beit El (« Maison de Dieu »), l’une des colonies les plus à droite de Cisjordanie. Certains le qualifieraient de fascistes » écrit Uri Avnery sur le site du Gush Shalom (1)
Donald Trump et la Palestine
Plus tôt, dans la campagne, l’homme du Queens avait insisté pour dire qu’il serait impartial dans ses relations avec les Israéliens et les Palestiniens. Mais élu, il a rapidement fait volte-face. Deux jours après son entrée à la Maison-Blanche, Donald Tromp a eu un échange téléphonique avec le Premier ministre israélien, son ami, Benyamin Netanyahou. Fait édifiant, immédiatement après, celui-ci a annoncé l’autorisation de bâtir près de 600 nouveaux édifices, en Cisjordanie ou Jérusalem-Est, au permis de construction «gelés » en décembre jusqu’au 20 janvier, comme par hasard…
Et Netanyahou de s’écrier ce même jour : « Nous sommes en face d’une chance formidable pour la sécurité (bien sûr !) et l’avenir d’Israël ». Loin, très loin, de la dénonciation quelques que semaines auparavant, du « coup anti-israélien honteux » (ndlr : du président Obama), lorsque, le 23 décembre 2016, les Etats-Unis se sont abstenus, lors du vote de la résolution 2234 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a exhorté Israël « à stopper immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est ».
A priori, désormais, « feu vert » absolu, encouragement de D. Trump à Israël, pour de nouvelles constructions sans fin. Déjà, en trente années le nombre de colons a été multiplié par trois : 620 000 en 2015, dont 214 000 à Jérusalem-Est. 190 000 en 1988.
Trump et Nentayahou se sont rencontrés le 15 février à Washington. Le Premier ministre israélien a trouvé un partenaire à la fois ignorant de la situation et décidé à adhérer totalement au projet colonial sioniste. Ainsi, D. Trump n’a cours de la solution à deux Etats « vivant côte à côte et en sécurité », position traditionnelle des Etats-Unis, et qui reste celle des Nations Unies depuis le partage de 1947 : « Deux Etats, un Etat, si Israël et les Palestiniens sont contents, je suis content avec la solution qu’ils préfèrent. Les deux me conviennent » ! Et d’ajouter tout de même : « Les Etats-Unis favoriseront la paix et un véritable accord de paix »,, mais….sans donner aucune précision.
Seul recul, si l’on peut dire, un relatif revirement sur le transfert de l’ambassade étasunienne de Tel Aviv à Jérusalem, comme annoncé par Trump avant les élections. « Ce n’est plus de la priorité des Etats-Unis », dit-il.
Pour autant, soyons bien clair, dans un court terme, les facilités accordées à Netanyahou par son ami « Donald » créent un état de fait qui compromet définitivement la solution à deux Etats – même si le Premier ministre israélien veut laisser croire aux Occidentaux qu’il est toujours pour « deux Etats ». Plus franc, Naftali Bennet, le ministre israélien de l’Education (le futur Premier ministre ?) a déclaré : « La victoire de Trump est une opportunité pour Israël de retirer l’idée d’un Etat palestinien au centre du pays, qui nuirait à notre sécurité et à notre juste cause ».
Ainsi, le centenaire de la « déclaration Balfour – 2 novembre 1917 – va apparemment marquer la « disparition » de la Palestine… avant sa renaissance totale, dans un seul Etat désormais palestinien, doté de droits démocratiques égaux pour tous, dans quelques décades.
(1) Le 21 janvier 2017
* Editorial du n°64 du Bulletin du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO)