Dans le temps et hors du temps
Dans le dégel d’avril quand se déplissent
Les pétales froissées de sommeil
Dans la soif des midis brûlants
Où s’exaspèrent les murs
Qui ne se prolongent d’aucune ombre
Sur les places égayées d’ormes dansant
Dans les ruelles poussiéreuses et escarpées
A la terrasse d’un café méditerranéen
Assaillie de moustiques
Et de puissants arômes de café
Dans le bus bondé encombrée de parapluies
Et d’un sac alourdi de livres inutiles
Sous l’auvent d’une boutique
Abritée d’une pluie battante
Dans le murmure chuintant des sous-bois
A l’automne rougeoyant les frondaisons
Dans le silence de la pierre
Dans le cri du fer
Dans le hululement déchirant de la chouette
Et le pépiement du passereau amoureux d’une comète
Dans le fruit juteux aux joues rebondies
Dans la solitude teintée d’un peu d’encre
Dans la nuit écartelée entre deux cimes
Dans le creux d’une main calleuse mais fière
Dans la branche inclinée vers l’extrémité de ses bourgeons
Dans le pain absent de la table et la carafe vide
Dans le regard blanchi par l’attente des disparus
Se prépare un chant pour l’Aimée
Le poème sera prêt à son réveil, il a mille puits et mille vers
Alors, la vie ne prendra pas le visage de l’ennemi
Elle a la douceur du dattier et la générosité de l’olivier
L’ampleur du désert et l’immensité céleste
Elle, l’assoupie, son nom est une rose blanche
Trempée dans la sobre essence de la liberté
Ses quatre couleurs se portent aux boutonnières
Parée de sa raison antique
Elle sait les leçons de la mer et des collines
Elle est Palestine.