Mezri Haddad fustige le Qatar et « son faux printemps qui a détruit mon pays »
Mezri Haddad, journaliste, écrivain, philosophe et diplomate tunisien.
Paris Match| Publié le 29/06/2017 à 08h53
Jacques Dibona
Un colloque à vision prémonitoire s’est tenu à Paris le 26 juin 2017 sous la houlette de l’ancien diplomate tunisien Mezri Haddad. Il avait pour objet, le Qatar. Prémonitoire puisque l’idée de cet après-midi d’expertise a été lancée bien avant les déboires rencontrés par Doha auprès des pays membres du Conseil de Coopérations du Golfe (CCG).
L’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Koweït et Oman ont publié deux listes. La première contient les identités de personnages qatariens -ou proches de Doha-, accusés d’alimenter les djihadistes en dollars. La seconde est une série de vœux qui devraient être exhaussés si le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme, veut réintégrer le CCG…
Comme un malheur avance toujours accompagné d’un autre, le petit état gazier dirigé par l’émir Tamim Al-Thani doit encaisser une seconde offensive pour lui bien cruelle : la publication d’un rapport établi par la Fédération Internationale de Football et qui est formel : c’est par la corruption que le Qatar a obtenu l’organisation du Mondial de 2022 ! Avant ce coup de Trafalgar, réunis pour faire aussi complètement que possible le bilan de la politique de Doha, les intervenants de ce colloque organisé par le Centre International de Géopolitique et de Prospective Analytique (CIGPA), n’avaient pas imaginé que leurs propos trouveraient une telle justification dans l’immédiate actualité.
Mezri Haddad, ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO, fondateur du CIGPA n’a pas caché « l’hostilité qu’il éprouve pour le Qatar » qui, par son « faux printemps détruit mon pays, la Tunisie ». Ce docteur en philo ajoutant, « mon point de vue ne doit pas entacher la libre expression de ceux qui prendront la parole lors de notre colloque ».
Un pays qui use de tous les moyens pour trouver une place dans le concert des nations
Disons que le Qatar s’est retrouvé mis à nu. Devant l’auditoire regroupé dans la grande salle de la Maison de l’Amérique Latine, les thèmes répartis entre les différents experts ont eu un effet de lance flammes. Les experts réunis ont été unanimes : la politique poursuivie par le Qatar, avec l’islam radical des Frères Musulmans et aussi le wahhabisme comme étendard ou comme épée, est difficilement tolérable pour ses voisins, et pour l’Occident. Sous l’œil malin et intéressé de Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de Mitterrand, et désigné comme « arbitre », se sont succédé, entre autres, Antoine Sfeir, Naoufel Brahimi El Mili, Yves Bonnet ancien patron de la DST, Bérengère Bonte auteure d’une enquête accablante et d’un livre sur le liens unissant une bonne partie du personnel politique français et le Qatar, Eric Chempel coauteur d’une enquête et d’un livre sur le « FifaGate », le scandale qui va conduire à l’attribution du Mondial à Doha, Jacques-Marie Bourget, auteur du « Vilain petit Qatar » étant chargé d’étayer l’accusation de financement du terrorisme qui pèse sur ce pays.
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