Par Ali Abunimah (revue de presse AURDIP – 4/7/17)*
Les militants saluent cette décision des législateurs d’Espagne où ils reconnaissent que le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions en faveur des droits des Palestiniens est protégé par les lois qui garantissent la liberté d’expression.
Le 27 juin, la Commission de coopération internationale du Congrès des députés, la Chambre basse d’Espagne, a adopté à l’unanimité une résolution demandant au gouvernement « de reconnaître et défendre le droit des militants des droits de l’homme, de Palestine, d’Israël et des autres pays, de prendre part à des activités légales et pacifiques protégées par le droit à la liberté d’expression et à la liberté de réunion, telle que promouvoir les campagnes de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) ».
Podemos, parti de gauche dont les législateurs ont proposé la motion, a déclaré que cette approbation signifie que le gouvernement « doit faire respecter ces droits et agir contre le harcèlement des militants, en Espagne et dans beaucoup d’autres pays, engagés dans des campagnes pacifiques, légales et légitimes contre la violation des droits humains en Palestine ».
Lutter contre la répression
Podemos relevait des incidents inquiétants de répression apparente de personnes impliquées dans la défense et l’information des droits des Palestiniens, tels que l’annulation d’une initiative en janvier, à l’Institut du monde arabe à Madrid, sur la résistance non violente palestinienne contre l’occupation et l’apartheid israéliens.
Les lobbys israéliens en Espagne ont porté plainte en pénal contre les militants individuels qui avaient appelé au boycott.
Ils ont aussi intenté des procès en justice pour s’opposer au nombre de plus en plus grand de municipalités espagnoles – la plus importante étant la ville de Barcelone – qui se sont déclarées libérées de l’apartheid israélien.
« C’est une victoire pour toutes celles et ceux qui agissent selon leur conscience en participant au mouvement BDS pour les droits de l’homme des Palestiniens », a déclaré Ana Sanchez, responsable des campagnes internationales avec le Comité national palestinien du BDS (BNC), en parlant de l’action des législateurs.
Sanchez ajoute que les campagnes BDS « continuent de se développer dans le monde » et que « les institutions des États en Europe, aux États-Unis et au-delà, confirment de plus en plus le droit de leurs citoyens à participer au mouvement BDS pour faire avancer l’accès des Palestiniens aux droits de l’homme ».
Le BNC a souligné que cette motion parlementaire « est la deuxième sur une courte période où les institutions de l’État espagnol affirment le droit au boycott ».
Fin avril, le ministre des Affaires étrangères, Alfonso Dastis, a écrit au sénateur Podemos, Pablo Bustinduy, que « le gouvernement respecte totalement les activités et les campagnes menées par la société civile dans le cadre de la liberté d’expression garantie dans notre système politique ».
En octobre dernier, l’Union européenne a déclaré que le plaidoyer BDS constitue une liberté d’expression et une liberté de réunion, qui sont protégées, dans l’ensemble des 28 États membres, conformément à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Précédemment, des États membres de l’UE, à savoir l’Irlande, les Pays-Bas et la Suède, avaient rejeté la pression d’Israël et de ses substituts et affirmé le droit de leurs citoyens à défendre le BDS, comme outil pour faire progresser les droits du peuple palestinien.
Défendre la liberté d’expression
Le mois dernier, le BNC a salué la récente décision du parlement suisse de bloquer une mesure qui voulait interdire au gouvernement de financer les groupes qui soutiennent le BDS.
Lors des débats à la Chambre haute de la Suisse, le ministre des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, a fait valoir que la mesure anti-BDS serait antidémocratique car elle annihilerait la capacité de la société civile à critiquer les gouvernements.
Cette mesure était défendue par le Parti du Peuple, parti de droite, qui oeuvrait de concert avec l’ONG Monitor, une organisation israélienne spécialisée dans la diffamation de celles et ceux, Israéliens, Palestiniens et internationaux, qui défendent les droits des êtres humains.
Au cours des dernières années, Israël et ses substituts ont redoublé d’efforts pour diaboliser et mettre hors la loi le militantisme de solidarité avec la Palestine, particulièrement en tentant de brouiller la distinction entre la critique d’Israël et de l’idéologie de son État sioniste d’une part, et l’antisémitisme – sectarisme contre les juifs -, d’autre part.
Sur d’autres fronts, des responsables de l’UE agissant de concert avec le gouvernement israélien, déploient des efforts pour censurer la critique d’Israël sous la bannière de la lutte contre l’antisémitisme.
Les militants pour les droits des Palestiniens ripostent avec des campagnes d’envergure pour défendre la liberté d’expression.
Il perdure cependant une séparation nette avec certains gouvernements, en particulier ceux de la France et du Royaume-Uni, qui sont toujours engagés dans la suppression de la liberté d’expression quand il s’agit de la Palestine.
Mais, même au Royaume-Uni, des tribunaux ont contribué à faire reculer la censure : en juin, la Haute Cour de Londres a rejeté la réglementation du gouvernement qui visait à empêcher les municipalités de prendre des mesures en soutien aux droits des Palestiniens.
Une victoire BDS au Chili
Le mois dernier, le BNC a salué la décision prise par des universités du Chili d’annuler deux initiatives coparrainées par l’ambassade israélienne.
Un responsable de l’Autorité des antiquités d’Israël devait prendre la parole à l’Université Alberto Hurtado et à l’Université du Chili, mais les militants étudiants ont objecté le rôle de son organisme dans la destruction et le vol du patrimoine culturel palestinien qui se poursuivent.
BDS Chili a décrit ces annulations comme une preuve de la détermination des étudiants chiliens à « travailler pour que cessent les liens de nos universités avec les institutions complices de l’apartheid israélien ».
Source : AURDIP – Traduction : JPP pour l’AURDIP
Version originale : The Electronic Intifada