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Au départ : un article de notre coordination antinucléaire du sud-est (publié le juillet 2014) qui critique la position des élus EELV d’Avignon lors d’un « don » du nucléariste Areva à la ville d’Avignon. Cet article dénonce l’achat des consciences et la passivité complice des élus face aux comportements du lobby nucléaire qui, pendant qu’il alloue un peu partout de l’argent, continue d’exploiter, de rendre malade et tuer un peu partout dans le monde : les ouvriers africains dans ses mines d’uranium comme au Niger ou en France des salariés et habitants par les rejets mortels gazeux et liquides radioactifs de ses installations.
Avignon : les élus EELV se couchent devant Areva
Cet article de juillet 2014 fait suite à l’approbation par le Conseil municipal avignonnais – socialiste-eelv-front de gauche-ump-centriste-front national (à l’exception du PG) – d’une convention avec le nucléariste qui comporte des contre-parties incroyables : mise à disposition d’Areva de personnel communal, mise à disposition de locaux, engagement à ne pas critiquer Areva et même à le valoriser, obligation de citer Areva dans des publications municipales,…
Don d’Areva à la ville d’Avignon : il y avait bien des contres-parties. Les pièces à conviction.
Cet article (le 600ème publié par notre sire internet depuis 2011) s’inscrit dans les multiples actions et critiques développées par la CAN-SE et les collectifs antinucléaires contre le lobby atomiste qui a assujetti notre pays et transformé le sud de la France en la région la plus nucléarisée d’Europe. Les propos ne sont pas nouveaux : le nucléaire tue, il n’y a pas de dose de radioactivité inoffensive, l’arrêt immédiat du nucléaire est une urgence de santé publique. Propos présentés de longue date dans la « Charte » relayée par notre site internet ou dans l’Edito et lors d’occupation d’administration et d’espaces publics, marches antinucléaires, rassemblements devant les sites atomiques du Tricastin (EDF, Areva, CEA) de Cadarache (CEA, Areva) de Cruas-Meyss (EDF) de Marcoule (CEA, Areva, EDF) ou encore dans les communiqués de presse, interviews radio et télé, tracts, expositions,…
Areva porte plainte pour diffamation vers la fin du mois de juillet 2014 . Sans que nous le sachions, suite à cet article, Areva a déposé une plainte en diffamation auprès du Procureur de la République. Très rapidement ce dernier, placé sous les ordres du gouvernement, nomme un juge d’instruction pour instruire la plainte qui relèvera de la chambre des délits de Presse du TGI de Paris (17ème chambre).
Sans que nous le sachions à l’époque, une enquête policière et judiciaire se déroule contre les militants antinucléaires notamment Jean. Les connexions téléphoniques et de la ligne internet à partir de laquelle l’article a été publié sont ciblés et la juge d’instruction se fait remettre des documents par l’hébergeur de notre site internet (OVH) et par l’opérateur téléphonique/fournisseur d’accès internet (Orange) : le détail minute par minute des appels et connexions, l’adresse IP à partir de laquelle l’article a été mis en ligne en juillet et à qui correspond cette adresse IP.
Du jour au lendemain, la vie de Jean va basculer. Un officier de police judiciaire lui téléphone pour lui faire avouer qu’il est le « directeur de la publication » du site internet, puis ce sont des mails avec questionnaire, puis un huissier se présente au domicile de notre compagnon avec une convocation, à 800km de là, dans le bureau d’un juge parisien.
Première comparution devant la juge d’instruction à Paris le Mercredi 10 juin 2015 : Jean est placé comme « témoin assisté ». Après plusieurs fouilles et portiques de « sécurité » à l’entrée et à chaque étage Jean pénètre au bout d’un étroit couloir et après maints dédales dans le bureau du Juge d’Instruction. Son avocat qui l’a précédé de quelques minutes n’a pu jeter, debout et sans pouvoir s’asseoir, qu’un vague coup d’oeil sur le dossier épais déposé sur un coin de table. D’entrée de jeu la juge cherche à tout prix à trouver un coupable et fait de Jean un « bouc émissaire ». Le fond du crime nucléaire n’est pas abordé, seule le formel compte à ce stade de la procédure. Notre compagnon explique que la Coordination antinucléaire du sud-est est un collectif informel, sans chef ni structure et que le site internet est collaboratif et sans « Directeur de la publication » formel, plusieurs personnes y mettent en ligne et publient des articles et compte-rendus des actions engagées régulièrement contre le crime atomique. Donc impossible de dire quoi que ce soit de plus. Notre compagnon qui n’a fait que déposer le « nom de domaine » auprès d’un hébergeur précise qu’une adresse IP n’est pas un humain, tout au plus un élément immatériel. La box identifiée par l’enquête de police est un objet dont l’accès est public par ses voix WiFi ouvertes. Qui plus est : l’abonnement internet y correspondant n’est pas au nom de notre compagnon ni à celle de la CAN-SE. Donc rien ne conduit vers une « personne physique » (notre compagnon ou quelqu’un d’autre), tout au plus à une « personne morale » (titulaire de l’abonnement internet) qui n’a aucun lien organique avec le site internet de la coordination ni avec l’article incriminé dans la plainte ni avec son auteur putatif. Les éléments à charge sont si faibles que la juge ne parvient pas à inculpé notre ami ni comme auteur ni comme Directeur de la publication. D’autant que des militant-es antinucléaires du sud-est ont déjà confirmé par courriel à l’OPJ ce qu’il en est. Mais, pour l’appareil judiciaire, ce n’est que partie remise… Pas question de lâcher la proie. Les mois qui suivent vont le démontrer.
La solidarité s’organise : Face à l’attaque d’Areva qui vise à museler la Coordination antinucléaire du sud-est et, au-delà, toute expression critique, trois scientifiques spécialistes du nucléaire et ancien du C.EA et de la médecine (Polytechnicien, Physicien, Docteur en médecine et Professeur de Faculté) ainsi qu’un travailleur du nucléaire (sous-traitant « viande à rems ») et deux élus (celui qui a refusé d’approuver la convention entre Areva et la municipalité d’Avignon et un ancien député européen) nous apportent leurs témoignages en octobre 2015… Du palpable. Implacable! Oui le nucléaire tue et Areva y est pour quelque chose. La meilleure riposte pour les antinucléaires est donc de poursuivre la lutte et de briser l’omerta, ce mur du silence : l’émission « trous noirs » consacre plus d’une heure au coup tordu du nucléaire tout comme « Radio Zinzine« , des actions régionales ont lieu devant l’hôtel de ville d’Avignon lors de plusieurs conseils municipaux pour dénoncer l’argent sale d’Areva, de nouveaux articles démontrent et dénoncent les eaux troubles du militarisme atomiste, un appel à signer une protestation en direction du Pdg d’Areva et des 1er ministre et ministre de la santé est lancé, le CEA est ciblé comme le véritable patron de l’opération, dès le mois de mars une première soirée de solidarité est organisée suivit d’une autre au « Théâtre du Chêne Noir » d’Avignon,…
Seconde convocation le 18 novembre 2015 et mise en examen de Jean Revest par la juge d’instruction. Cette seconde convocation du 18 novembre 2015 devant la vice-présidente du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris est pliée d’avance. N’a-t-elle pas déjà mis en examen un blogueur qui avait osé relayer un lien vers l’article initial ? L’instruction menée par la juge d’instruction Aïda Traoré, depuis le début de la procédure, a répondu aux vœux d’Areva et du pouvoir : la Coordination antinucléaire du sud-est est « mise en examen » pour diffamation dans l’article de dénonciation du financement par Areva de la municipalité d’Avignon. Alors que lors de la précédente comparution la juge avait vainement tenté par ses questions de faire avouer à notre compagnon Jean qu’il était, contre la vérité, le Directeur de la publication de notre site internet, cette fois-ci elle indique abandonner cette piste pour avancer la thèse qu’il est l’auteur de l’article (ce qu’elle n’était pas parvenu a démontrer non-plus lors de la première comparution). Au terme de l’audition et sans plus d’éléments probants, la juge inculpe notre ami en tant que finalement … Directeur de la publication (ce qu’il n’est pas évidemment).
Procès fixé au 30 août à Paris Dans le cadre de la plainte de Areva contre la Coordination antinucléaire du Sud-est le procès est fixé au 30 août à Paris. 2 ans après le dépôt de la plainte d’Areva pour bâillonner la liberté d’expression des antinucléaires la date du procès devant le Tribunal Correctionnel vient d’être fixée. Du rififi en perspective au moment ou le nucléaire tricolore et son ex-fleuron Areva est en déconfiture avec EDF qui lui emboîte le pas.
L’audience du 30 août 2016 au cours de laquelle devait être traitée la plainte d’Areva contre la CAN-Se, accusée de diffamation par le fleuron en décrépitude de la destruction atomique – c’est le monde à l’envers -, est reportée à une date ultérieure. Pour cause d’engorgement de la 17ème chambre du Tribunal parisien. Le procès n’aura lieu finalement que dans un an, le 12 septembre 2017 ! Notre avocat insiste pour que suffisamment de temps soit consacré à ce procès hors norme. Trois heures de procès sont donc programmées.
Le 12 septembre 2017 à 13h s’ouvrira l’audience qui verra s’affronter le pot de terre et le pot de fer (1). Le dossier que défendra notre compagnon Jean est solide, argumenté et accusateur. La Coordination antinucléaire du sud-est entend se saisir de cette opportunité pour faire le procès du crime nucléaire. Et permettre qu’en France on puisse continuer à penser librement, à réfléchir, à critiquer et combattre pour un monde débarrassé à tout jamais et sans attendre de la domination et de la terreur atomique.
Le rendez-vous de soutien à Jean pour sa relaxe et de défense de nos libertés est fixé à partir de 11h30 face au Palais de Justice de Paris (île de la cité, métro Saint-Michel et Notre Dame). Il faudra y faire du bruit !
(1) tout soutien financier pour couvrir les frais d’avocat et de justice est le bienvenu (à adresser au CAN, 180 chemin de la Parisienne 84740 Velleron – France) ou clic sur ce bouton :