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14 novembre 2024

Trump, le Pentagone et le Moyen-Orient


Publié par Gilles Munier sur 18 Août 2017,

Catégories : #Trump, #CIA, #Pentagone

Caleb Maupin

Par Caleb Maupin (revue de presse : New Eastern Outlook – Extrait – 2/8/17)*

Avant même que Trump n’accède au pouvoir, une subtile hostilité envers la CIA transparaissait dans sa campagne présidentielle. Il s’en prenait aux résultats de la politique étrangère nationale particulièrement celle suivit en Syrie et en Libye à laquelle la CIA avait contribué. Au cours de son débat avec Hilary Clinton, il avait critiqué le financement des rebelles syriens et répété que la politique d’Obama et de H. Clinton avait engendré l’Etat islamique.

Trump avait mis au goût du jour ce qui avait la cote avec les militaires. Son  mot-clé était  « force » car l’idée récurrente, au sein de l’élite militaire US, qu’un gros budget militaire et des interventions armées directes donneraient des Etats-Unis l’image d’un pays plus fort à l’inverse des partisans d’une influence diffuse et d’un pouvoir plus « soft ».

Par  moments, Trump lui-même a semblé se contredire en matière de politique étrangère. Ce n’est pas un secret qu’au sein des soldats du rang, de la classe ouvrière blanche, des communautés rurales dont ils sont souvent originaires, les sentiments isolationnistes de la  droite sont très répandus. Trump avait joué sur ses affinités lorsqu’il évoquait les mauvais résultats du « changement de régime » et lançait son slogan « l’Amérique d’abord ».

Au même moment, il incitait le Pentagone à la force disant que la « ligne rouge » d’Obama à propos des armes chimiques ne « représentait rien ». Critiquer un président qui ne donnait pas suite à ses menaces d’attaques contre un pays semblait à l’opposé de ses efforts pour flatter l’isolationnisme mais cela servait ses appels du pied aux militaires. Parallèlement à ses critiques sur la politique étrangère et ses diatribes isolationnistes, il réclamait une augmentation des dépenses militaires. Sa rhétorique garantissait l’isolationnisme des soldats de base, la soif de pouvoir des généraux et les ambitions du complexe militaro-industriel pour de plus amples profits.

La prise de bec de Trump avec la CIA est publique et largement reconnue même dans les principaux médias US. Les agences de renseignements continuent de répéter- sans apporter de preuves- que « l’intervention des Russes » pendant les élections de 2016 a aidé Trump. Une série de fuites en provenance de l’administration a fait route vers la presse.

L’administration Trump a répondu en handicapant dramatiquement les opérations de la CIA au Moyen-Orient. Le décret présidentiel d’interdire les voyages à partir de six pays a vite été «  appelé» le «  Muslim ban» (décret anti-immigration musulmane) dans la presse US. Mais en réalité, il visait tous les citoyens de sept pays au départ, l’Irak ayant, pas la suite, été retiré de la liste.

Le Soudan, l’Iran, la Syrie, le Yémen, la Libye et la Somalie sont tous, actuellement,  le siège de conflits et dans chacun de ceux-ci, les agences de renseignement US cherchent à influencer certaines forces et à les coordonner. Comme remarqué sur Fox News par un opposant à l’ « interdiction », celle-ci empêche la CIA de récompenser ceux qui accomplissent leur mission grâce à des visas. Un pot-de-vin  principal de ce « pouvoir soft » a ainsi été enlevé à la CIA pour ses opérations au Moyen-Orient. Enfin Trump a fermé le programme de formation en Syrie des rebelles gouvernementaux de la CIA (Timber Sycamore) selon certains rapports. Il a accusé Obama de l’avoir mis sur écoute pendant la campagne présidentielle.  Trump a aussi voulu inscrire sur la liste des organisations terroristes les Frères Musulmans, qui travaillent en étroite collaboration avec la CIA à travers le monde. Cette organisation a été le socle de la lutte contre le socialisme arabe pour le miner et le combattre pendant la guerre froide et plus récemment, elle a été essentielle dans les manipulations de la CIA du printemps arabe et dans le chaos créé en Syrie et en Libye.

Le gouvernement turc qui tire son soutien des Frères musulmans penche beaucoup moins vers les Etats-Unis qu’il n’y a quelques années. Le différend entre l’Arabie saoudite et le Qatar, partisan des Frères musulmans reflète peut-être les divergences dans la structure du pouvoir à propos des relations avec cette organisation et son utilisation dans la lutte contre des gouvernements indépendants.

Tout en se présentant comme isolationniste, Trump fait exactement ce qu’Obama avait refusé de faire, à savoir lancer des attaques directes contre le gouvernement syrien.  Nombreux dans sa base sont furieux et des faucons de longue date, comme Ann Coulter, ont dénoncé son initiative même si des membres de renom du parti républicain ont loué ce bombardement,  en employant le mot favori des militaires, une « démonstration de force ».

Même si Trump reste président des Etats-Unis, la presse lui est cependant fermement opposée. Cela ne doit pas surprendre dans la mesure où la CIA, et non le Pentagone, est en relation étroite avec les médias influentes. Depuis les jours du « Projet Mockingbird » (Oiseau moqueur) à aujourd’hui, la CIA a œuvré âprement à forger l’opinion publique, particulièrement en matière de politique étrangère. Le volume de « fuites anonymes » de l’agence de renseignement vers la presse traduit la relation permanente entre ces agences et les médias.

Caleb Maupin est un militant politique, journaliste et analyste américain membre du Parti mondial des travailleurs (WWP).

 

Traduction et Synthèse : Xavière Jardez

*Source:  New Eastern Outlook

Du même auteur:

Silence médiatique: Une mission humanitaire au secours du peuple yéménite

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