Aller à…
RSS Feed

9 novembre 2024

Bouthaïna Châabane: Les détenues arabes et les infirmières Bulgares


INSTITUT TUNISIEN DES RELATIONS NTERNATIONALES

Publié par Candide le dans Chroniques

 2 Votes

 

 

Les détenues arabes et les infirmières Bulgares
Bouthaïna Châabane
18/06/07
Traduit de l’arabe par Ahmed Manai
22 août 2007

 

Les détenues arabes et les infirmières Bulgares
Bouthaïna Châabane
18/06/07

Nous évoquons depuis des années et à chaque fois que l’occasion se présente, les souffrances des centaines de femmes arabes, arrachées à leurs foyers et à leurs enfants par les services secrets de l’occupant israélien de la Palestine, et embastillées dans ses geôles lugubres. Ce que font par ailleurs les forces américaines à l’encontre des femmes irakiennes depuis l’occupation de l’Irak.
Nombre d’hommes de lettres et d’activistes associatifs des droits humains ont essayé de convaincre des parlementaires et des officiels européens et américains d’adopter le cas de ces détenues, d’autant qu’elles n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque inculpation. Vainement !
Certaines de ces femmes ont accouché en prison, enchaînées des pieds et des mains, alors qu’elles n’avaient jamais pris des armes auparavant. Elles continuent à végéter dans les prisons, dans les pires conditions, en compagnie de leurs enfants, privés du droit à l’enfance, à la liberté et à une vie digne.
Prenons acte que les israéliens et les américains ont des enfants et des nourrissons dans leurs prisons respectives et que ces derniers détiennent même le record d’avoir le plus jeune détenu au monde.
Ce qu’a écrit récemment Manel Naji Mahmoud Ghanem, la mère de l’enfant Nour, a dû interpeller tous les lecteurs et toutes les consciences sensibles à la dignité humaine.
A l’opposé, le président américain Georges Bush a réitéré récemment en Bulgarie, sa demande de libération des infirmières Bulgares, condamnées à mort suite à un procès dans lequel elles ont été accusées d’avoir inoculé 426 enfants libyens du virus du sida dans les années 1990. Ces derniers ont été ignorés par le président Bush, certainement parce qu’ils étaient arabes, lui qui n’a jamais condamné un jour, ni même regretté le meurtre d’un enfant arabe.
Les choses ne se sont pas arrêtées là, puisqu’une délégation de l’Union Européenne, comprenant la Commissaire Européenne aux affaires étrangères Bénita Ferrero-Waldner et le ministre des affaires étrangères allemand Frank Walter Steinemer, dont le pays préside actuellement l’Union Européenne, s’est déplacée en Libye dans le but de presser les autorités d’infléchir la décision du tribunal et de libérer les infirmières Bulgares.
Indépendamment de l’aspect juridique de cette affaire et bien que l’Union Européenne ait promis une contribution financière permettant de soigner certains enfants, ce qui constitue un aveu implicite du crime commis contre les enfants libyens…la question qui se pose est la suivante : pourquoi l’occident démocratique, défenseur des droits de l’homme, s’active tant à faire libérer des infirmières bulgares européennes alors qu’il n’a jamais bougé le petit doigt pour faire libérer les femmes palestiniennes, détenues depuis de nombreuses années dans les prisons israéliennes, dans des conditions inhumaines, elles qui n’ont commis aucun crime autre que celui d’être nées palestiniennes, sur la terre de Palestine occupée et vidée de sa population par les israéliens ?
Il est clair que la politique européenne distingue d’une manière flagrante entre les détenues, selon leur origine et non pas selon le crime qu’elles auraient commis ou la nature de l’accusation. Si les détenues Palestiniennes avaient la nationalité Bulgare et qu’elles subissaient ce qu’elles subissent dans les prisons de l’occupation israélienne, la « communauté internationale civilisée » aurait eu une position différente.
En écrivant ceci, il me vient à l’esprit le cas de cette jeune fille américaine, Rachel CORRI, écrasée par un Bulldozer israélien et qui n’avait nullement ému le monde. Elle était venue en Palestine pour protéger les maisons palestiniennes de la destruction et les enfants palestiniens d’être tués par les tireurs d’élite de l’armée israélienne. Elle l’a payé de sa vie, victime de ces mêmes soldats israéliens, bien que de nationalité américaine. Il y a là deux faits marquants : le premier est que le porteur d’une nationalité arabe ne peut prétendre à être défendu par les politiques et les médias occidentaux malgré toutes leurs déclarations tonitruantes sur « les droits de l’homme », « la liberté » et « la démocratie »*.
Le deuxième est que tout ce que fait Israël et tous ses crimes contre les arabes et l’humanité toute entière, ne peuvent être critiqués ou condamnés, sinon ce sont les accusations toutes prêtes de terrorisme et d’antisémitisme qui pleuvent sur tout contestataire !
Le premier point, c’est-à-dire le racisme anti-arabe et le fait que la vie d’un arabe n’est pas jugée égale à celle des autres, a trouvé son illustration dans de nombreuses situations et comportements, tels la torture des irakiennes et irakiens à Abou Ghrib et autres prisons secrètes et publiques américaines, britanniques et israéliennes, ainsi que les détentions à Guantanamo, sans la moindre charge, au meurtre quotidien des enfants et jeunes palestiniens, à la guerre d’agression contre le Liban, et tous les crimes commis à cette occasion contre les civils désarmés, les enfants, les femmes et les vieillards.
Tous les crimes commis par les Israéliens et les Américains contre les civils arabes passent sans la moindre dénonciation ni même l’expression d’un regret et tous les politiques occidentaux les ignorent de même que leurs médias « libres », la liberté étant mise à profit pour l’occultation des crimes contre les arabes et non pour les relater. C’est ainsi que s’exprime aujourd’hui, après le 11 septembre et sous couvert de la lutte contre le terrorisme, le racisme anti-arabe, déjà aussi vieux que l’histoire de la civilisation arabe.
Il nous faut rappeler que l’orient arabe, longtemps foyer incontesté de civilisation, des sciences, de la pensée et de la philosophie est aussi, depuis des siècles, l’objet des convoitises et des agressions des empires coloniaux européens. Ces derniers n’ont eu de cesse de s’attaquer aux fondements de la civilisation arabe, sous les motifs les plus divers, après avoir longtemps profité de ses apports, dans le but manifeste de la détruire. A chaque fois que ces empires coloniaux enregistrent une victoire militaire sur les arabes, se confirme chez eux le complexe de supériorité et le racisme anti- arabe, s’exprimant aux niveaux politique, culturel et médiatique. Le racisme, qui commence par un vague sentiment de supériorité se transforme rapidement en idéologie qui conduit elle-même à des comportements et à des politiques barbares qui bafouent la dignité humaine et le droit à la vie.
Ainsi, longtemps avant l’ère chrétienne, l’empire romain a détruit Palmyre et Alexandrie et décrété la mort de Carthage parce que, selon l’empereur Romain, celle-ci ne pouvait coexister avec Rome, dans le même monde. C’est ainsi que Carthage fut brûlée et c’est ainsi que procèdent actuellement les israéliens à Al Quds et les occupants américains à Babel (Babylone), Bagdad, Fallouja et Samarra.
L’orientalisme viendra plus tard consolider ce sentiment raciste en occident et l’empêcher de reconnaître sa dette envers la civilisation arabe, alors que ces derniers ont toujours clamé haut et fort leurs emprunts aux Perses, aux Grecs, à l’Inde et à la Chine. Ils ont toujours tiré fierté de tout le travail de transfert de savoir et de la traduction, fondamentalement parce que l’Islam s’adresse aux humains dans ces termes « le meilleur d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux ».
Au 20ème siècle, la présence d’une grande puissance socialiste prônant des valeurs nouvelles, a fait reculer les manifestations de racisme en occident et permis d’y promouvoir des valeurs libérales, dans le but de contrecarrer les valeurs socialistes. Après le démantèlement du bloc socialiste, on a assisté au retour des conceptions dominatrices en occident conduisant les dirigeants occidentaux à imposer de nouveau leur diktat aux peuples.
C’est là l’essence du racisme, résumé dans cette formule « celui qui n’est pas avec nous est contre nous ». Ainsi sont apparus les néo-conservateurs et le mouvement politico-religieux, le christianisme sioniste, pour remettre en vigueur les vieux procédés racistes avec des moyens militaires afin d’imposer leurs idées, leurs valeurs et leurs intérêts et détruire la civilisation et les cultures arabe et musulmane. En foi de quoi, un pays européen comme la France ou la Grande Bretagne , ne peut supporter la vue d’une jeune lycéenne portant le foulard, non point parce que ce dernier constitue une arme affûtée mais parce qu’il rappelle une religion et des valeurs autres, longtemps combattues par les occidentaux et parce qu’ils ne peuvent accepter l’autre et qu’ils restent toujours habités par le concept de la supériorité occidentale et du racisme anti-arabe et anti-musulman. C’est pour ces raisons qu’ils n’hésitent pas à détruire les églises, les mosquées, les bibliothèques et les villes qui ont vu naître l’histoire, tel que Babylone, Ninive, Bethléem, la cité qui a vu naître le Christ de la paix, celle qui a vu Al Isr’a wal M’iaraj (le voyage nocturne et l’ascension), Al Kuds. Sans vergogne, ni la moindre hésitation ou sentiment de culpabilité !
C’est aussi pour ces raisons que des politiques, des intellectuels et des journalistes en occident, ne voient aucune gêne à défendre « le droit à la liberté » pour des femmes bulgares, condamnées pour un crime grave et ne bougent pas le petit doigt pour réclamer le « droit à la liberté » pour des femmes arabes, innocentes, détenues dans les prisons israéliennes.
Ainsi, les dirigeants occidentaux parlent de la liberté chez eux et de la dictature au moyen-orient. Ainsi les occidentaux n’accordent aucune importance à la vie et au sort des millions d’arabes, des civils innocents écrasés par la haine et les guerres racistes en Palestine, en Irak et au Liban, conséquence des guerres d’invasion des empires occidentaux contre l’identité des peuples arabes, leur civilisation, leurs valeurs et leur mode de vie.
La question qui se pose actuellement est celle-ci : jusqu’à quand les arabes et particulièrement leurs intellectuels, vont-ils attendre pour assumer pleinement leur identité et leurs valeurs, les défendre avec fierté et s’arrêter de s’entredéchirer et de se compromettre avec des étrangers qui veulent leur perte sous les motifs les plus divers ? Vont-ils enfin se ressaisir et revenir à eux-mêmes, à leur histoire et à leur culture pour agir, d’une seule voix, afin que celle-ci ait le même poids sur la scène internationale que les voix qui viennent de Washington ou de Bruxelles ? C’est seulement à ce moment là, que le monde entendra les plaintes des détenues Palestiniennes et réclamera leur libération et que le monde prendra acte que notre nation revendique la liberté absolue et égale pour tous les hommes.
http://www.asharqalawsat.com/leader.asp?section=3&article=424201&issue=10429/
Traduit de l’arabe par Ahmed Manai : http://www.tunisitri.net/

http://www.tunisitri.net/

 

Partager

Plus d’histoires deLibye