AGRESSIONS. Un groupuscule, inconnu jusqu’ici, a revendiqué six attaques au marteau commises à Dijon (Côte-d’Or) et Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
Ils signent leurs communiqués d’un « Vive la France ! ». Un mystérieux groupe d’ultra-droite, inconnu jusqu’alors et baptisé Commando de défense du peuple et de la patrie française (CDPPF), a revendiqué six agressions commises au marteau à Dijon (Côte-d’Or) et à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) en septembre.
Les premières attaques collent mal — en apparence du moins — avec une motivation raciste. L’acte I se joue à la mi-septembre. Le 13, à proximité de l’université de Dijon-Bourgogne, un étudiant est agressé à coups de bocal en verre. Le 15, en fin de matinée, à Chalon-sur-Saône, à 70 km plus au sud, deux femmes d’origine européenne sont attaquées, la première en pleine rue, la seconde dans un parc. Cette pharmacienne et cette nourrice, légèrement blessées à la tête, restent très choquées. L’agresseur s’enfuit au cri d’« Allahou akbar ! ».
Une enquête a, depuis, été ouverte pour tentative d’homicide, sans lien avec le terrorisme. Sur les images de vidéosurveillance obtenues par « le Journal de Saône-et-Loire », on voit un homme svelte susceptible d’être l’auteur des faits. Le portrait-robot d’un jeune homme blanc aux traits fins et à la chevelure bouclée est par ailleurs diffusé.
Le deuxième épisode se noue le 26 septembre. Cette fois, les victimes sont de couleur. Un inconnu au visage dissimulé agresse trois personnes, dont une femme voilée et un livreur d’origine africaine, de nouveau à coups de marteau et à proximité de l’université de Dijon.
Le troisième acte a lieu plus d’un mois plus tard lorsque, jeudi puis vendredi derniers, des revendications sont envoyées aux quotidiens « le Bien public » et « le Journal de Saône-et-Loire », sur des messageries distinctes, créées spécifiquement. Le CDPPF endosse la paternité des attaques de Chalon-sur-Saône et de Dijon.
Mais pourquoi ce groupe ouvertement anti-maghrébin aurait-il visé des victimes européennes ? Il évoque deux raisons à cela. La première : un « test de nos techniques de fuite ». La seconde : « Aiguiller les enquêteurs sur une fausse piste »…
Une Référence au tueur norvégien Anders Breivik
Le groupe, qui menace de commettre d’autres actions, met en avant son athéisme tout en reconnaissant « le passé chrétien de la France ». Il entend s’en prendre à des femmes voilées, à des mosquées, à des élus de gauche, revendiquant au passage son admiration pour Anders Breivik, ce néonazi responsable de l’assassinat de 77 personnes en Norvège en 2011. Le premier communiqué est d’ailleurs accompagné d’un texte audio contenant des appels au meurtre, lus par une voix féminine artificielle.
Malgré la grande confusion idéologique des messages du commando, la police judiciaire de Dijon prend l’affaire très au sérieux. Les communiqués contiennent en effet des descriptions connues des seuls agresseurs, victimes et enquêteurs. Si bien que le parquet général de Dijon réfléchit à une éventuelle jonction entre les procédures chalonnaise et dijonnaise.
« A-t-on affaire à un individu isolé qui se fait mousser ou à un véritable embryon d’organisation d’extrême droite ? s’interroge une source proche du dossier. Difficile de le dire aujourd’hui. » L’existence d’un groupe constitué renforcerait les craintes des services de renseignement. L’année dernière, devant la commission d’enquête sur les moyens de l’Etat face au terrorisme, l’ancien patron du renseignement intérieur, Patrick Calvar, pointait la nécessité de lutter contre la « radicalisation de la société », estimant « inéluctable » une « confrontation entre l’ultradroite et le monde musulman ».
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