Michel Raimbaud est un vétéran français du milieu diplomatique, ayant servi comme Ambassadeur de France en Mauritanie, au Soudan et au Zimbabwe pendant des années. Désormais retiré du corps diplomatique il se consacre à des travaux académiques en lien avec son domaine d’expertise, nommément le monde arabo-musulman en général. Auteur du livre remarqué « Tempête sur le Grand Moyen-Orient » paru en 2015 qui traite des menées néo-impérialistes occidentales dans cette région du monde, il a accepté de nous recevoir à son domicile dans la campagne française pour évoquer le drame libyen où l’Occident est entré comme un voleur et un boucher en 2011, pour n’y laisser que des ruines et des abîmes de malheur.
La Libye du « Guide », le Colonel Mouammar Kadhafi, était le pays d’Afrique doté du revenu par habitant le plus élevé grâce à la gestion saine de la manne pétrolière libyenne par le gouvernement institué par Kadhafi en 1969, à la suite du renversement du Roi Idriss Ier qui vampirisait les ressources du pays au profit des cartels pétroliers européens. L’éducation scolaire y était gratuite pour tous comme les soins médicaux, l’essence largement abordable (non surtaxée) et le pays connaissait un taux de développement humain inédit depuis très longtemps dans cette portion de l’Afrique du Nord.
Le Colonel Kadhafi avait refondu l’OUA en « Union Africaine » tout court, qui devait être étayée par l’introduction d’un « dinar or » appuyé sur les réserves d’or libyennes que Kadhafi avait sagement amassées au fil des ans grâce aux énormes bénéfices issus de la vente des produits pétroliers dont le pays était, et demeure si riche. Ayant prévu le besoin de diversification de l’économie libyenne il l’avait préparée par une diplomatie de coopération de type « gagnant-gagnant » idoine à celle dont se vante la Chine par l’investissement direct dans les économies vivantes de ses voisins, faisant de lui l’un des hommes les plus populaires de l’histoire africaine récente, et à juste titre.
Ce fut une telle aventure de réussites et de succès que vint fracasser la cabale occidentale emmenée par les USA, les bras serviles de l’OTAN, la politique étrangère israélienne profonde et les chiens de guerre takfiris déchaînés par le régime wahhabite aliéné d’Arabie Saoudite et ses complices du Golfe Persique. Comme si les maîtres dégénérés et consanguins des anciennes cours européennes, recyclés outre-Atlantique et outre-Méditerranée (en Palestine…) en « démocraties d’apparat », jaloux de voir la réussite sur le lit de leurs échecs, n’avaient pu, su et/ou voulu se retenir d’y déverser leur haine atavique par un flot de bombes, de meurtres et de rapines. Heureusement la vie est résiliente et l’esprit humain aussi et, malgré six ans de tortures quotidiennes la nation libyenne oeuvre à se relever de ses cendres, par de nouvelle évolutions politiques encore aujourd’hui axées autour de plusieurs autorités distinctes, un gouvernement militaire dirigé par le Maréchal Haftar, un gouvernement civil issu du « CNT » libyen dirigé par Fayez el-Sarraj et, dans les zones désertiques du sud avec il est vrai, beaucoup moins de visibilité politique et diplomatique, le conseil des tribus libyennes dont la tête de proue n’est nul autre que le fils du Colonel Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam.
Depuis l’enregistrement de cette interview, de nombreuses révélations ont atteint le grand public concernant les immondes trafics d’êtres humains qui ont eu cours en Libye depuis 2011, dont la majorité des victimes ont été des Africains sub-sahariens que le Guide avait conviés en Libye, alors qu’il était encore au pouvoir, pour participer à l’essor de son pays et par rebond à celui de leurs pays voisins d’origine. Ces ignominies sont également à mettre à la charge des faiseurs de guerre occidentaux qui ont détruit la Libye voici six ans pour en faire une terre sans foi ni loi. Il convient de donner son soutien au peuple libyen qui se débat dans les affres des douleurs où l’Occident criminel l’a plongé, et d’en faire écho à nos gouvernements.