Macron au dîner du CRIF, tiraillé entre les juifs français et les enjeux israéliens
10 mars 2018
ActualitéLouis Doutrebente© Sputnik. Alexei Vitvitsky Vendredi 9 mars 2018 Source : Sputnik Antisémitisme en France, Jérusalem capitale d’Israël et boycott des produits israéliens, Emmanuel Macron a réaffirmé ses positions lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France. Un exercice d’équilibriste entre les enjeux des juifs français et ceux de l’État d’Israël, tous deux défendus par le CRIF.«Tribunal dînatoire où les membres du gouvernement français comparaissent devant un procureur communautaire» ou simple tribune offerte aux pouvoirs publics et plus particulièrement au Président de la République? Alain Finkielkraut avait mis les pieds dans le plat en 2005: le dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) suscite toujours la polémique. Quoi qu’il en soit, l’événement est devenu incontournable pour les chefs d’État depuis Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron n’a pas dérogé à la règle. Jérusalem: Trump sème le vent, la France récolte la tempête?Sur le plan national, le sujet prioritaire abordé durant ce dîner est l’antisémitisme, «le contraire de la République» et «le déshonneur de la France». Emmanuel Macron a rappelé qu’il maintiendrait, durant toute la durée de son quinquennat, l’aide allouée à la sécurité des personnes et les sites de la communauté juive: «l’État assurera sans faiblir son devoir de protection des personnes, lieux de culte, écoles et crèches.» Outre la lutte contre l’antisémitisme, qui vise régulièrement certaines banlieues particulièrement touchées, le Président a annoncé la mise en place d’une nouvelle structure pour lutter contre la «cyberhaine». Cette mission sera confiée par le gouvernement à un membre de la société civile, l’écrivain franco-algérien Karim Amellal et au vice-président du CRIF, Gil Taïeb. Cette annonce d’Emmanuel Macron intervient à la suite de celle de Francis Kalifat, président du CRIF, qui a confirmé que son instance allait mettre en place un «observatoire de la haine sur le net». Cependant, cette structure agira seulement pour dénoncer et lutter contre l’antisémitisme et pas contre toutes les «pho (b) ismes», du moins dans un premier temps, a précisé Francis Kalifat: «lorsque notre outil aura fait ses preuves, nous pourrons l’élargir au racisme, à la xénophobie, à l’homophobie, à la haine des musulmans et, aussi, à la haine de la France». Une position qui peut interloquer les Français puisque la République ne reconnaît en théorie aucune communauté, donc aucune hiérarchie dans la haine envers ces communautés. L’attention portée à l’antisémitisme s’explique peut-être parce que «les juifs de France sont plus que jamais les Français à l’avant-garde de la République», comme le soulignait l’ex-ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, lors du rassemblement, organisé par le CRIF, deux années après les tueries de Toulouse et de Montauban. Les violences antisémites en baisse en 2016, la France championneBien que l’actualité, comme la requalification en acte à caractère antisémite du meurtre de Sarah Halimi, la réédition très controversée des écrits de Céline, ou encore la pas si nette agression à caractère antisémite d’un écolier portant une kippa par deux jeunes de Sarcelles, justifie ce type d’intervention sur le plan national, Emmanuel Macron s’est aussi exprimé sur les volets internationaux. Sommé de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël par le président d’une association qui défend parfois plus les intérêts du gouvernement israélien que celui des juifs de France, selon l’Union des Juifs de France pour la Paix, Emmanuel Macron a réaffirmé la position de la France sur cette question, qui a enflammé les territoires palestiniens en décembre 2017: «À un moment donné du processus, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine adviendra, mais cela doit venir au bon moment du processus, dans un jeu équilibré, qui avancera.» Cette demande du CRIF au Président Macron n’est pas la première. En effet, rappelons que dès l’annonce de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël, le 6 décembre 2017, le CRIF avait réclamé qu’Emmanuel Macron en fasse de même. Best of 2017: Jérusalem, capitale d’Israël met le feu aux poudres… |
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