Libye, sept ans de malheur Otan
21 mars 2018
L’art de la guerreManlio Dinucci
Mardi 20 mars 2018 Il y a sept ans, le 19 mars 2011, commençait la guerre contre la Libye, dirigée par les Etats-Unis d’abord par l’intermédiaire du Commandement Africa, puis par l’Otan sous commandement USA. En sept mois, étaient effectuées environ 10 000 missions d’attaque aérienne avec des dizaines de milliers de bombes et missiles. À cette guerre participait l’Italie avec des chasseurs-bombardiers et des bases aériennes, déchirant le Traité d’amitié et de coopération entre les deux pays. Avant l’attaque aéronavale déjà, avaient été financés et armés en Libye des secteurs tribaux et groupes islamistes hostiles au gouvernement, et infiltrées des forces spéciales, notamment qataries. Ainsi était démoli cet Etat qui, sur la rive sud de la Méditerranée, enregistrait “de hauts niveaux de croissance économique et des indicateurs élevés de développement humain” (comme documentait en 2010 la Banque Mondiale même). Environ deux millions d’immigrés, le plus souvent africains, y trouvaient du travail. USA et France -comme le prouvent les emails de la secrétaire d’état Hillary Clinton- se mirent d’accord pour bloquer tout d’abord le plan de Kadhafi de créer une monnaie africaine, alternative au dollar et au franc Cfa imposé par la France à 14 ex colonies africaines. En Libye les recettes fiscales de l’export énergétique, descendus de 47 milliards de dollars en 2010 à 14 en 2017, se trouvent partagés entre groupes de pouvoir et multinationales ; le dinar, qui auparavant valait 3 dollars, est aujourd’hui changé à un taux de 9 dinars par dollar, tandis que les biens de consommation courante doivent être importés en les payant en dollars, avec une inflation annuelle consécutive de 30%. La Libye est devenue la principale voie de transit, aux mains de trafiquants d’êtres humains, d’un chaotique flux migratoire vers l’Europe qui, lors de la traversée de la Méditerranée, provoque chaque année plus de victimes que les bombardements Otan de 2011. Edition de mardi 20 mars 2018 de il manifesto Le sommaire de Manlio Dinucci |
Source : Marie-Ange Patrizio |