Les contradictions internes du bloc américano-occidental : la Belgique maillon faible de l’Otan et de l’UE ?
28 mars 2018
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILYLuc MichelMercredi 28 mars 2018 LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/ « « J’ai toujours défendu l’idée qu’il fallait maintenir les lignes ouvertes, tout en gardant une position ferme sur les sujets qui fâchent », explique Didier Reynders dans la droite ligne de la doctrine Harmel » « La Belgique a une position beaucoup plus aimable » « Votre pays joue un rôle actif et pragmatique pour améliorer les relations entre la Russie et l’Union européenne » « La Russie sera toujours un grand voisin de l’Union européenne » Vous savez que je n’ai aucune indulgence pour la Belgique, monstruosité géopolitique créée en 1815 dans la foulée de Waterloo (1) par l’impérialisme anglo-saxon. La Belgique a été de toutes les aventures coloniales et impérialistes, de la Conférence De Berlin en 1885 (qui donna libre cours au génocide congolais de Léopold II) (2) à la Syrie de 2018. Et au pillage de l’Afrique, et spécialement des Grands-Lacs, par les Réseaux libéraux du MR (3). Mais l’héritage de 1815 a amené au pouvoir à Bruxelles les Républicains flamands. Et fait de Bruxelles le maillon faible de l’Union Européenne avec la Question catalane ! L’actualité du jour, nous montre que la Belgique est aussi le maillon faible de l’OTAN sur la Question russe. Alors, ironie, que Bruxelles abrite à la fois le siège de l’UE et celui de l’OTAN ! Les réticences belges à expulser des diplomates russes, que l’OTAN doit aller jusqu’à lui exiger (voir Partie III de cette analyse), montre aussi une faille au sein du Bloc américano-occidental. Une partie de l’élite ouest-européenne, humiliée par les diktats américains et réaliste quand à la guerre commerciale USA-UE (depuis le début des Années ’80), doublée de la guerre financière Dollar-Euro (depuis 2000), voudrait une collaboration avec la Russie et la fin des sanctions anti-russes qui pénalisent l’UE au profit des USA. La Belgique, durement frappée par ces sanctions anti-russes et les contre-sanctions de Moscou (notamment au niveau de son agriculture), est le poisson-pilote de cette politique. Voir aussi les positions de Federica Mogherini, patrone de la Diplomatie de l’UE, sur l’Iran, le maintien des accords de Genève, et le refus de nouvelles sanctions anti-iraniennes, à la grande colère du « Parti américain » de l’UE (Macron, Le Drian, Merkel, May et cie) … On se souviendra alors de la « Doctrine Harmel », le premier ministre belge de 1965, puis minstre des affaires étrangères de 1966 à 1973. Dont le « Rapport Harmel » rédigé en 1967 continue d’inspirer la « posture » des dirigeants de l’UE qui veulent une entente avec Moscou. (4). il élabore notamment ce qui restera comme « la doctrine Harmel ». « Il propose, en 1967, de sortir de la logique du monde bipolaire, divisé entre Américains et Soviétiques, afin de favoriser la détente. Il appelle l’Europe à prendre son sort en main (…) On estime généralement que la visite du chancelier allemand Willy Brandt à Varsovie, en 1970, mais aussi la signature des accords d’Helsinki, en 1975, furent les fruits de cette doctrine ». Des analystes diront que Jean Thiriart, le géopoliticien de la Grande-Europe de Vladivostok à Reykjavik (5), était le « poisson-pilote ». Lui qui avait rencontré Ceaucescu et Chou En Lai à Bucarest en 1967, puis les dirigeants est-allemands à Leipzig … I – « Qui a vu les images d’hier, aurait cru à une dictature sud-américaine dans les années 70. Mais c’est bien l’Espagne en 2017 » Les médias de l’UE (qui sont ceux de l’OTAN) nous disent inlassablement, depuis octobre 2017 et le Référendum catalan, que « le gouvernement catalan est isolé ». C’était oublier que l’UE avait sous cet angle un maillon faible : le gouvernement fédéral belge. Avec Charles Michel, un premier ministre libéral francophone. Mais une majorité où le grand parti dominant est la N-VA … nationaliste flamande et indépendantiste (qui arbore le drapeau catalan sur son siège). Une N-VA à qui le premier ministre doit tout, à commencer par ses ambitions de réélection (6) (7). Je renvoie mon lecteur à mes nombreuses analyses sur ce sujet … * Lire en particulier mon analyse sur : Le référendum en Catalogne, remporté à 90% par les séparatistes selon les autorités de la communauté autonome, a engendré d’autres victimes collatérales que celles brutalisées par la police : la démocratie et l’Europe, s’accordent à penser les éditorialistes belges francophones, au lendemain du scrutin. Tous dénoncent le recours à la « force indigne » par le gouvernement de Mariano Rajoy, perdant « borné » du scrutin qui « pourrait ne pas survivre ». Reflet à la fois du rapport des forces politiques en Belgique, mais aussi de l’état d’esprit des populations. II – « La Belgique, cheval de Troie de la Russie pour casser la solidarité européenne ? », interrogeait ‘Le Vif-L’Expess’ (hebdo russophobe), le 26 février dernier : « Didier Reynders chez Lavrov après Charles Michel chez Poutine : les relations se réchauffent. De quoi accentuer l’ingérence russe au coeur de l’Europe ? La Belgique préfère parler de convergence d’intérêts ». « INGERENCE RUSSE AU COEUR DE L’EUROPE » OU « CONVERGENCE D’INTERETS » ? Que dénonce ‘Le Vif’ : Que veulent les dirigeants belges : DIPLOMATIE ECONOMIQUE Dans tout cela pèsent les intérêts économiques belges : DIPLOMATIE SPORTIVE : « Enfin, rapelle ‘Le Vif’, c’est l’année de la diplomatie sportive, avec les Diables Rouges qui feront peut-être des flammes dans la toundra. En guise de préambule, Lavrov et Reynders se sont échangé des ballons de foot… Et ce dernier a déjà annoncé qu’il compte assister, le 23 juin prochain, au match Belgique-Tunisie, qui se jouera dans le stade du Spartak de Moscou, le club dont le plus ardent supporter est… Sergueï Lavrov. » J’espère qu’on reviendra souvent en juin et juillet, cela voudra dire que cela marche pour l’équipe belge « , a répété un Didier Reynders fort enthousiaste sur le sujet. Une présence royale ne serait pas exclue non plus. » LA BELGIQUE « CHEVAL DE TROIE » RUSSE AU SEIN DE L’UE ? Le très russophobe ‘Le Vif-L’Express’ – pour qui les « réseaux pro-russes dans l’UE », dont les miens, sont une obsession – posent les questions qui dérangent : Dans ces manœuvres diplomatiques, la Belgique joue un rôle de poisson-pilote. « La Belgique n’avance pas seule, d’autres pays de l’Union retrouvent le chemin de Moscou, et nous n’avons d’autre vocation que de chercher des solutions pacifiques par la voie du compromis », dit le ministre belge Reynders. On comprend mieux aussi le rôle que joue la provocation « Skipral » pour resserrer les rangs de l’UE et de l’OTAN et mettre au pas les dissidents de l’Ordre américain en Europe occidentale … III – « Quinze pays européens expulsent des diplomates russes mais pas (encore ?) la Belgique », titrait hier matin ‘La Libre Belgique’ (Bruxelles) : « Le gouvernement belge se réunit en kern (Ndla : réunion ministérielle restreinte), ce mardi, afin de décider s’il suivra un mouvement auquel participent, entre autres, la France, l’Allemagne, la Pologne, l’Italie, le Canada et les Etats-Unis. Lors du sommet des 22 et 23 mars, les Etats membres de l’Union européenne avaient unanimement pointé la responsabilité « hautement probable » de la Russie dans l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille, par un produit neurotoxique à Salisbury, au Royaume-Uni le 4 mars dernier. Ils ont également approuvé le rappel par la Haut représentante Mogherini du chef de la délégation de l’UE à Moscou pour consultations. Voilà pour la réaction commune sur laquelle s’étaient entendus les leaders partisans d’une approche ferme vis-à-vis de Moscou et ceux soucieux de ne pas prendre le Kremlin de front ». Dont la Belgique, pour le moins réticente … C’est contraint et forcé, à la fois par l’UE et l’OTAN, que le gouvernement belge finira plus tard dans la journée par expluser … un et un seul diplomate russe. Difficile de montrer l’opposition belge aux nouvelles sanctions anti-russes initiées par la provocation britannique ! UNE BELGIQUE CONTRAINTE AUX SANCTIONS Les autorités belges ont donc finalement décidé, à leur tour et sous une lourde pression, de procéder au renvoi d’un membre du personnel diplomatique russe accrédité auprès du royaume. La décision a été prise lors d’une réunion des membres du Comité ministériel restreint mardi en fin de journée, en réponse à l’empoisonnement de l’ex-agent double Sergueï Skripal en Grande-Bretagne. « Cette décision sera signifiée à l’ambassadeur russe dans les 48 heures. La personne concernée aura 14 jours pour quitter le territoire ». « Dans le même temps, la Belgique continue à plaider pour le maintien d’un dialogue franc et ouvert avec Moscou sur les sujets d’intérêts communs.La Russie sera toujours un grand voisin de l’Union européenne », a rappelé Charles Michel devant le Comité d’avis sur les questions européennes du Parlement. CONTRAIREMENT A CE QUE DISENT LES MEDIAS DE L’OTAN : L’U.E. EN ORDRE DISPERSE FACE A MOSCOU ! Neuf des vingt-huit Etats membres ont en revanche décidé de ne pas embrayer ! Quant à l’Autriche, elle entend « jouer un rôle de médiateur » dans la crise opposant les pays occidentaux au Kremlin, un « pont entre l’Est et l’Ouest », comme l’ont expliqué le chancelier Sebastian Kurz et la ministre des Affaires étrangères Karin Kneissl. C’est Vienne qui, il y a huit ans, avait mis son aéroport à disposition pour un échange d’espions entre Américains et Russes. Parmi ceux venus d’outre-Atlantique, la célèbre Anna Chapman. Et parmi ceux arrivés de Moscou, Sergueï Skripal. Aux pays qui ont opté pour les expulsions, dont les Etats-Unis, Moscou a promis mardi une riposte, « n’en doutez pas ! » a lancé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, depuis Tachkent où il effectuait une visite officielle. « Parce que personne ne souhaite tolérer une telle muflerie et nous n’allons pas le faire » ! NOTES : (1) La Belgique est un monstre géopolitique artificiel érigé au service des intérêts géopolitiques britanniques en 1830 : (2) « Jusqu’à l’apparition de HITLER, Léopold II était un des hommes les plus cruels d’Europe », dit Adam HOCHSCHILD dans « Les fantômes du Roi Léopold – Un holocauste oublié ». « A l’époque, les actes commis au nom de Léopold II ont défini la norme absolue de cruauté, comme cela allait être le cas avec HITLER, un demi-siècle plus tard », dit Peter BATE. Simplement les nazis sont aujourd’hui honnis en Allemagne, mais la famille de Léopold II, ces Saxe-Cobourg-Gotha venus d’Allemagne, règne toujours en Belgique … (3) Les réseaux libéraux du MR, une version belge de la Françafrique : (4) Sur la Doctrine Harmel, au cœur de la Diplomatie parallèle des Années ‘60, un de ses biographes dira : « Pour ce qui est des réactions à l’Est, il convient d’être nuancé. Certes les autorités (soviétiques) portent publiquement le document en dérision en disant qu’il masque la politique «agressive» de l’Otan. En avril 1967, Leonid Brejnev qualifie l’exercice Harmel d’effort «pour sauver la «sainte Alliance» (sic) (…) à peu de frais». Mais des diplomates de l’ambassade soviétique à Washington sont venus s’enquérir «off the record» auprès du Département d’État du contenu du plan dès le début du mois de décembre 1967. De même, à la veille de l’adoption du rapport par le Conseil, l’ambassadeur de Pologne en poste à Washington est venu en personne demander des précisions au Département d’Etat, tout en précisant que Rapacki, le ministre polonais des Affaires étrangères (Ndla : qui propsa aussi un « plan Rapacki »), avait discuté récemment avec Harmel de la question et que les Polonais marquaient un grand intérêt à ses idées. On verra que des dirigeants de l’Est auront l’occasion de dire eux-mêmes à Harmel ce qu’ils pensent du document. (…). (5) Au début des Années 80, THIRIART fonde avec José QUADRADO COSTA et moi-même l’« Ecole de géopolitique euro-soviétique » où nous prônons une unification continentale de Vladivostok à Reykjavik sur le thème de « l’Empire euro-soviétique » et sur base de critères géopolitiques. Théoricien de l’Europe unitaire, THIRIART prône dès 1964 une « Europe de Reykjavik à Vladivostok », idée à la base du Néoeurasisme actuel. Il a été largement étudié aux Etats-Unis, où des institutions universitaires comme le « Hoover Institute » ou l’ « Ambassador College » (Pasadena) disposent de fonds d’archives le concernant. Ce sont ses thèses antiaméricaines « retournées » que reprend largement BRZEZINSKI, définissant au bénéfice des USA ce que THIRIART concevait pour l’unité continentale eurasienne. Cfr. Luc MICHEL, « CONCEPTIONS GEOPOLITIQUES DE JEAN THIRIART : LE THEORICIEN DE LA NOUVELLE ROME », Bruxelles, 2003, (6) Voir sur EODE/ OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/ (7) Voir sur EODE/ OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/ (Sources : Le Vif-L’Espress – Knack – Gazetvan Antwerpen – lucmichel. net – pcn-ncp. info (Site archive 1995-2012 du PCN- НОП) – La Libre Belgique – EODE Think-Tank) Photos : LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE * Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique : * Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :
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