NDDL – L’opération d’expulsion des occupants illégaux de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a débuté ce lundi 9 avril à 6h, près de trois mois après l’abandon du projet d’aéroport, a annoncé le ministère de l’Intérieur.
Sur place, environ 2500 gendarmes doivent être mobilisés sur plusieurs jours face à quelque 250 zadistes. Durant la nuit, la gendarmerie avait déjà procédé à des opérations de maintien de l’ordre sur la « route des chicanes » où des barricades ont été incendiées, ont constaté des journalistes AFP.
Cette opération d’évacuation vise à déloger « une centaine » de personnes, a annoncé dans la matinée Gérard Collomb au micro d’Europe 1, assurant qu’il n’y avait pas d’arrestations prévues, « sauf en cas d’actes de rébellion ». « Nous allons détruire ces édifices mais nous allons proposer un relogement à chacun, il n’y aura pas de gens à la rue », a assuré le ministre de l’Intérieur.
Ce dernier a par ailleurs promis que le gouvernement maintiendrait « tant que nécessaire des forces de l’ordre pour qu’il n’y ait pas de nouvelles occupations ». « Nous nous donnons les moyens que la loi soit respectée sur tout le territoire. »
« Expulsion des occupants les plus radicaux »
« A partir de 6h ce matin, sous l’autorité de la préfète de Loire-Atlantique, la gendarmerie nationale débutera une opération d’expulsion des occupants illégaux des terrains de la zone de Notre-Dame-des-Landes », a annoncé le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.
« L’opération (…) vient mettre à exécution des décisions de justice pour procéder à l’expulsion des occupants les plus radicaux », précise le ministère.
Les gendarmes mobiles déployés sur place ont tiré des grenades lacrymogènes ainsi que des grenades assourdissantes en réponse à des tirs de projectiles au lieu-dit « Les fosses noires », à l’ouest de l’ex-route des chicanes, où se concentrent les forces de gendarmerie Un individu y a d’ailleurs été arrêté et placé en garde à vue pour avoir lancé des projectiles sur un agent des forces publiques.
La gendarmerie a par ailleurs annoncé qu’un gendarme avait été blessé à l’œil lors de l’opération d’expulsion. Selon Franceinfo, ce militaire souffre d’un décollement de la rétine après avoir été touché par un tir d’artifice, probablement une fusée artisanale, et a été transporté au CHU de Nantes.
Un très important dispositif de gendarmes mobiles a été mobilisé, avec des files de camions stationnés sur un côté de la route, feux allumés sous le brouillard.
« Ces expulsions sont illégales »
« Ces expulsions sont illégales », a déclaré une occupante de la ZAD se faisant appeler « Camille » à l’AFP. « C’est inacceptable que l’état chasse les gens de chez eux. On appelle tous les gens à résister nous soutenir et rejoindre les rassemblements locaux. On était dans un cadre de négociation apaisé avec la préfecture à la recherche de solutions collectives ».
L’opération prévoit d’expulser toute personne n’ayant pas régularisé sa situation, en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuels, et à démanteler certains des 97 squats recensés par les autorités. La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l’ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles. Le 17 janvier, en mettant fin à ce projet vieux de cinquante ans, le gouvernement avait promis de mettre fin à la « zone de non droit » sur la ZAD.
Invité sur RTL, l’ancien Premier ministre Manuel Valls a rappelé qu’il était favorable à « l’expulsion des zadistes les plus radicaux » et estimait qu’il fallait « mettre le paquet (…) pour rétablir l’État de droit ».
« Ouragan gouvernemental »
Selon une source parlementaire de la majorité ayant requis l’anonymat et évoquant cette évacuation à venir, « ils (le gouvernement) sont sur l’option maximaliste ».
Face à ce qu’ils appellent un « ouragan gouvernemental », les occupants de la ZAD ont prévenu qu’ils mèneraient une « résistance physique et déterminée ». Des appels aux renforts ont été lancés ces derniers jours pour monter des barricades, organiser le ravitaillement en soins et en nourriture, une « force hybride » revendiquée par le mouvement d’occupation.
Des pneus et divers obstacles avaient déjà été placés dimanche soir en divers lieux, en amont de l’arrivée des gendarmes mobiles. Les occupants de la ZAD ont appelé leurs soutiens à converger sur la « zone à défendre » dès 04H00 du matin, pour rejoindre ensuite les points de blocages.
Des agriculteurs seront également « sur place avec des tracteurs », a indiqué Vincent Delabouglise, membre de Copain 44, collectif d’organisations agricoles. « Le gouvernement vient mettre le feu sur un territoire où les choses commençaient à s’apaiser », a-t-il déploré, disant « craindre le pire ».
« On ne refera pas César »
L’Acipa, principale association d’opposants à l’ex-projet d’aéroport, a appelé l’État « à ne pas enclencher le processus des expulsions et de la violence » et à privilégier « le dialogue », tout en réaffirmant son opposition à d’éventuels blocages des axes routiers par les zadistes.
Ces derniers appellent également à des rassemblements à 18H00 à Nantes et Rennes et à converger dimanche sur la ZAD pour reconstruire les habitats détruits.
L’opération démarrée lundi est la première d’ampleur depuis l’automne 2012. Cette dernière tentative d’évacuation massive des occupants, baptisée « opération César », avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d’un millier de gendarmes et policiers.
« On ne refera pas César, ça c’est sûr », avait assuré en mars la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein.
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