Libye: Le maréchal Haftar est « incapable de parler ni même de comprendre », a déclaré un diplomate européen
22 avril 2018
Le commandant militaire de l’est de la Libye, Khalifa Haftar, est dans un état presque végétatif et « ne retrouvera jamais son état normal » à cause de ses problèmes de santé, a déclaré une source bien informée au journal Anglais Middle East Eye. Haftar souffre d’un cancer du poumon qui s’est métastasé dans son cerveau, selon un diplomate européen.
« Il est incapable de parler, ni même de comprendre pleinement. Il ne peut même pas s’asseoir ou se lever », a déclaré la source, qui a souhaité rester anonyme.
« Le médecin qui le soigne affirme que même s’il répond partiellement au traitement, ce ne sera que temporaire et il ne retrouvera jamais son état normal. »
Le diplomate a ajouté que les assistants de Haftar avaient essayé d’organiser une apparition dans les médias pour qu’il puisse dissiper les rumeurs quant à sa santé défaillante, mais que cet arrangement avait été annulé en raison de sa « très mauvaise forme ».
Des informations contradictoires circulent autour de la santé de Haftar depuis que l’on a rapporté plus tôt ce mois-ci qu’il recevait un traitement à Paris pour une maladie grave. Des responsables au sein de l’Armée nationale libyenne (ANL), qu’il dirige, ont insisté à plusieurs reprises sur le fait que Haftar était en bonne santé et ne faisait que passer des examens médicaux de routine en France.
Selon un médecin qui a souhaité garder l’anonymat, l’état de Haftar s’apparente à un accident vasculaire cérébral et est irréversible.
« Il existe des médicaments qui peuvent être administrés pour réduire le gonflement dans le cerveau, ce qui pourrait redonner à Haftar la capacité de parler, par exemple, mais ces effets seraient temporaires », a expliqué l’expert médical.
Âgé de 75 ans, le Général Khalifa Haftar a repris la majorité de l’est de la Libye à des combattants et des militants islamistes. Il s’est également engagé dans une lutte pour le pouvoir à l’échelle nationale et a misé sur la présidence alors que des élections sont prévues plus tard cette année.
Ses forces sont alignées avec les autorités de l’est du pays, opposées au gouvernement reconnu par la Communauté Internationale et basé à Tripoli.
Des médias libyens ont rapporté la semaine dernière la mort de Haftar. La Mission d’appui des Nations unies en Libye a néanmoins infirmé les rumeurs en indiquant que l’envoyé spécial en Libye, Ghassan Salamé, s’était entretenu par téléphone avec le maréchal en personne.
Le journal « Middle East Eye » estime que la conversation entre Salamé et Haftar n’était pas très cohérente dans la mesure où le commandant libyen n’était pas lucide.
Le diplomate a déclaré à MEE que Salamé avait reçu des pressions de l’Italie, de la France et des Émirats arabes unis pour confirmer que Haftar était bel et bien vivant.
Les soutiens étrangers de l’Armée Nationale Libyenne (ANL) étaient soucieux de ne pas déclencher une « guerre de succession » dans l’est de la Libye, où de nombreuses personnes seraient en lice pour hériter du pouvoir de Haftar, dont son fils.
Des analystes ont prédit que la santé défaillante du maréchal déclenherait une lutte de pouvoir au sein de l’ANL. Haftar s’est présenté comme la réponse aux groupes militants et a adopté une position dure contre les Frères musulmans.
Les détracteurs de Khalifa Haftar l’accusent cependant d’être un intermédiaire de l’Égypte et des Émirats arabes unis qui alimente les conflits armés et se livre à des violations des droits de l’homme. Pour eux, Haftar mène une contre-révolution contre le soulèvement, soutenu par l’OTAN, qui a renversé Mouammar Kadhafi en octobre 2011.
Mercredi, Abdel-Razeq Nathuri, le chef d’état-major militaire de Haftar, a survécu à une tentative d’assassinat à la voiture piégée qui a tué une personne dans son convoi près de Benghazi.