Chlordécone, le dossier: qui empoisonne qui –
17 juin 2018
Publié le 16/06/2018
Monsieur Hulot aux Caraïbes : il est passé à côté du scandale absolu!
https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/scandale-du-chlordecone-dossier-oublie-visite-ministerielle-599107.html
Grâce à l’interminable et criminelle complaisance française sur le chlordécone, les Antilles ont le plus fort taux de cancer de la prostate AU MONDE… A droite, ça ne dérange personne. A gauche, guère moins. Explication : le lobby béké, anciennement esclavagiste, est fort bien implanté des deux côtés, en métropole, en tant que groupe de pression sioniste et bien pensant, et aux Antilles, avec 80% de la production de bananes. Dominique Voynet est l’une des ministres qui avait choisi de fermer les yeux. Eh oui, le pognon d’abord, et si ça tue plein de nègres, c’est une excellente nouvelle pour certains. Un hasard que le chlordécone soit un puissant facteur de stérilité, outre cancers, malformations etc? Oui, la France reste un Etat colonial qui se dépense pour mater les êtres inférieurs et néanmoins lucides. Les « patriotes » et autres « populistes » n’en ont rien à foutre, tant que les blancs sont protégés, ou se croient protégés.
– Bizarrement bizarre:
Beaucoup de rage chez les militants guadeloupéens pour la justice et la vérité : depuis l’incendie très grave du CHU de P à P en Guadeloupe. En effet il existait dans un service spécifique une unité de chercheurs Guadeloupéens de haut niveau qui avait merveilleusement investigué à la fois sur les causes et les conséquences de la chlordécone sur les humains, les végétaux et les animaux… Depuis la catastrophe provoquée par l’incendie le 27 novembre 2017 et compte tenu du contexte de vétusté très avancée de ce CHU ce genre de service a soit disparu soit ne peut plus fonctionner convenablement… Et bien sûr la *** Buzyn se propose, stimulée par la catastrophe, de mettre en place un nouveau système de santé comportant dégraissages, délocalisations, privatisations et réduction de l’offre de services. Les syndicats sont mobilisés.
– Les nègres, comme d’habitude, avaient soulevé le lièvre les premiers, avec force, et un brandissant à raison le concept fondamental, celui des REPARATIONS incontournables. C’est peu de dire qu’ils n’ont pas été entendus. Et pourtant c’était clair, net et précis, dès 2007:
A.R.M.A.D.A
Agir pour les Réparations Maintenant pour les Africains et Descendants d’Africains
assoc.armada@yahoo.fr
Empoisonnement, Corruption, Pillage
Noirs des Antilles et d’Afrique :
Ensemble Obligeons-les à Réparer !
Pour la métropole coloniale : rappel. Octobre 2002, une tonne et demie de patates douces sont saisies par les agents de la Direction Générale de la Concurrence et de la Répression des Fraudes sur le port de Dunkerque, en provenance de la Martinique et contenant des quantités importantes de chlordécone. Cet insecticide extrêmement toxique, utilisé sur les exploitations de bananes, est interdit depuis 1993 en France mais depuis 1976 aux USA, son pays d’origine…
Guadeloupe : un rapport accablant. 5 Juillet 2001 un « Rapport sur la présence de pesticides dans les eaux de consommation humaine en Guadeloupe » est remis à Dominique Voynet, ministre de l’environnement, et à Dominique Gillot, secrétaire d’état à la santé, par le docteur Henri Bonan de l’Inspection Générale des Affaires Sociales et Jean-Louis Prime de l’Inspection Générale de l’Environnement. Ce travail faisait suite à une campagne renforcée de contrôle des teneurs en pesticides dans l’eau, menée par la DDASS de Guadeloupe, qui avait montré des taux très élevés de pesticides organochlorés (Chlordécone, Dieldrine et β-hexachlorocyclohexane (HCHβ)) dans l’eau distribuée et même dans l’eau embouteillée. Pourtant ces produits, utilisés sur les cultures de bananes, étaient interdits depuis de nombreuses années. Depuis 1977, quatre rapports indiquaient déjà l’existence d’une pollution dans les sols et les milieux aquatiques environnants par les insecticides organochlorés. Malgré ces alertes, la recherche des pesticides n’a été effective, en Guadeloupe, qu’à partir de 1998… Le résultat était édifiant : dans l’eau, 45% des prélèvements dépassaient la norme de dieldrine avec un pic de 11 fois la norme, 80% des prélèvements dépassaient la norme de HCHβ avec un pic de 20 fois la norme, 100% des prélèvements dépassaient la norme de chlordécone avec un pic de 100 fois la norme…
En Martinique également. Un rapport établi en mars 2003 par Eric Godard, ingénieur du génie sanitaire à la Direction de la Santé et du Développement Social (DSDS) de la Martinique, éclaire sur la pollution par le chlordécone. L’eau est contaminée mais le rapport s’attache surtout à montrer la présence du pesticide dans les aliments. Des patates douces présentent 19 000 fois la dose maximale de chlordécone admise pour l’eau. Les poissons peuvent en contenir près de 4000 fois la dose maximale admise. La répression des fraudes de Martinique a détecté plus de 40% de lots de « légumes racines » contaminés. La population ayant été exposée à cette contamination pendant plus de trente ans, le rapport de la DSDS estime que «la mesure de l’imprégnation des cobayes humains» serait un bon indicateur du niveau de la pollution générale de l’environnement…
Un MétalEurop agricole. Cette contamination rappelle des exemples de pollution industrielle comme Seveso (contamination des sols par la dioxine) ou MétalEurop (par le plomb). Cette dernière « pollution » ainsi que l’accident de AZF ont inspiré la loi du 30 juillet 2003 relative à la « prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages provoqués dans l’environnement ». Désormais une usine polluante devra remettre en état les sols qu’elle aura pollués. Dans le cas des pesticides utilisés dans les départements d’outremer, la responsabilité des fabricants et marchands d’engrais et celle de l’État devraient être établies et un véritable plan de décontamination mis en place. Il est impensable de laisser les sols dans cet état durant encore des dizaines voire des centaines d’années !
ARMADA constate une volonté d’occultation de la part de l’Etat colonial français
au profit des békés, les héritiers des maîtres esclavagistes
Dès 2004, l’UPG (Union des Paysans Guadeloupéens), exigeait des mesures énergiques de santé publique contre les méfaits des pesticides, dont le chlordécone, en interdisant la culture sur les terres empoisonnées et en indemnisant justement les agriculteurs concernés afin de protéger les populations.
Début 2007, parution du livre de Raphaël Confiant et Louis Boutrin «Chronique d’un empoisonnement annoncé» aux Editions L’Harmattan, dévoilant l’odieux scandale. Immédiatement nous avons enclenché la mobilisation en mettant à disposition rapide des auteurs l’ouvrage lui-même en l’expédiant par chronopost afin qu’ils puissent tenir leur première réunion de présentation en Martinique le 24 février, le livre n’entrant dans les circuits de distribution que furtivement. En appelant à la conférence de presse à l’Assemblée Nationale le 16 mars, en diffusant massivement des textes d’appels à la mobilsation des originaires d’Outre Mer vivant dans l’Hexagone, en criant sur les toits qu’il s’agissait d’un empoisonnement massif des Antillais par le lobby béké de la banane, ARMADA n’a ménagé aucun effort.
Malgré la gravité de la situation nous avons constaté un silence général suspect de l’ensemble des associations noires antillaises et africaines…probablement préoccupées par la négociation de telle ou telle place future issue de l’élection présidentielle… Alors que les pouvoirs publics n’avaient même pas mis en place un système de filtration de l’eau, comme cela se fait sur tout le territoire européen dès constatation d’une présence de polluant, en 2007 il a fallu attendre 6 mois après la parution du livre de Confiant et Boutrin pour qu’un cancérologue célèbre (blanc), le Professeur Dominique Belpomme, soit enfin entendu par une partie des autorités gouvernementales… Cet homme courageux vient de déposer les conclusions de son dernier rapport explosif où il indique très clairement un empoisonnement général des populations et de la nature dans une affaire plus grave que celle du sang contaminé des années 80… En plus du chlordécone il pointe un autre pesticide encore plus dangereux : le paraquat ! Sa mission ne fait que commencer : il faut l’encourager dans la voie de la vérité ! Il faut lui montrer que la Guadeloupe et la Martinique ne se résument pas aux intérêts des très influents békés (1% de la population totale) mais sont une grande masse debout, constituée de tous ces hommes, femmes et enfants gravement contaminés (stérilités, cancers, malformations) par cet empoisonnement criminel programmé !
Nous exigeons la décontamination de l’eau, de la terre, et la reconversion immédiate de l’agriculture antillaise, avec l’abandon de la production industrielle de bananes pour l’exportation, ruineuse pour l’Etat français et les contribuables, et tueuse pour la population antillaise. Cette production, ainsi que l’empoisonnement de la population et des terres de la Guadeloupe et de la Martinique, n’a qu’un bénéficiaire : un lobby puissant, héritier des capitaux, de l’expérience et des méthodes du lobby sucrier esclavagiste ; l’autre branche de ce lobby s’était reconvertie dans la prospection des ressources de l’Afrique et l’exploitation des Africains en Afrique et en Europe.
Déportation, Esclavage, Colonisation, Empoisonnement :
le mégacrime contre l’humanité continue !
Nicolas Sarkozy prend le relais, ses propos négrophobes négationnistes
tenus au Sénégal en juillet 2007 l’ont clairement annoncé !
En Afrique, le maintien artificiel du CFA et le commerce entièrement déséquilibré au profit dela Franceparticipent de la même logique, et rapportent des profits criminels aux mêmes familles. Cela n’est possible que par l’implantation de la corruption à double sens : les industriels corrompent la classe politique africaine comme ils corrompent la classe politique française.
Il s’agit d’extorsion des richesses locales, comme au Niger pour l’uranium, au Congo et au Nigéria pour le pétrole, dans la région de Centre Afrique au Congo pour les métaux rares servant à la technologie de pointe, au profit de mafias, qui arrosent. Après que les noirs aient généreusement versé leur sang pourla France, dans les deux guerres mondiales, De Gaulle redoutait que tous les ressortissants des anciennes colonies françaises finissent par obtenir la citoyenneté française, avec tous les droits dont jouissent les Français européens. Voilà pourquoi il avait choisi de détourner les projets d’indépendance des Africains, de livrer leurs pays à des mafias, et de s’en laver les mains…
Mais aujourd’hui ses successeurs machiavéliques, politiciens et décideurs économiques, sont dans une impasse grave : la Guadeloupeet la Martiniquesont bien françaises, au rabais certes mais françaises ! Ensemble, nous imposerons par le rapport de forces l’application des mêmes mesures qui sont exécutées sur le territoire européen de la France lors d’affaires semblables de contamination mortelle de la nature et des hommes.
Pour la Guadeloupe et la Martinique nous exigeons un «Plan d’Urgence Sanitaire» comprenant :
– des mesures immédiates d’identification précise de toutes les terres contaminées
– l’interdiction de culture sur les parcelles empoisonnées
– l’interdiction des ventes et le contrôle de la commercialisation de tous les produits alimentaires
– le contrôle de toutes les installations de fournitures d’eau du robinet, de source et minérale et la répression pour non conformité aux obligations de filtrage des pesticides
– la décontamination industrielle de tous les sols, plages et mangroves empoisonnés
– l’arrêt de toute culture industrielle de la banane utilisant des pesticides et la réorientation de l’agriculture antillaise vers la pluri-disciplinarité avec une grande place aux cultures vivrières, en privilégiant généralement l’agriculture biologique et au moins dans un premier temps l’agriculture raisonnée.
Noirs d’Afrique et des Antilles, avec les Français gaulois :
nous bloquerons leur logique criminelle
par l’information et l’action.
Maintenant, c’est aux Empoisonneurs de Réparer !
Paris 22 septembre 2007
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– Une vidéo de 2012 reprend en termes aussi mesurés que radicaux , par l’avocat martiniquais de l’ASSAUPAMAR (en français, quoique par un détour aux fournisseurs d’accès US, parce que youtube censure la version française d’origine)
****************************************************************************************************************************Maintenant, en 2018 la presse a l’air de s’être réveillée, sur le sujet:
Chlordécone : le poison des Antilles – Franceinfo
https://www.francetvinfo.fr › Eco / Conso › Emploi › Métiers › Agriculture
Il y a 2 jours – Aux Antilles, le chlordécone, utilisé pour traiter les charançons du bananier, touche la majorité de la population et provoque cancers et …
Chlordécone : les Antilles empoisonnées pour des générations
https://www.lemonde.fr/…/chlordecone-les-antilles-empoisonnees-pour-sept-siecles_531…
6 juin 2018 – Il a vu ses collègues tomber malades et mourir tour à tour sans comprendre. « Cancer,cancer, cancer… C’est devenu notre quotidien.
Scandale du chlordécone aux Antilles : « l’Etat a fait en sorte d’en dire …
https://www.lemonde.fr/…/scandale-sanitaire-aux-antilles-posez-vos-questions_5311216…
7 juin 2018 – Les Antilles sont contaminées pour des siècles, jusqu’à sept cents ans … les cancers de la prostate et du sein) du chlordécone sur les Antillais …
Cancers, bébés prématurés : les Antillais massivement empoisonnés …
https://www.pourquoidocteur.fr › Question d’actu
6 juin 2018 – Classé « comme cancérogène possible » dès 1979 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le chlordécone, un pesticide ultra-toxique, …
Scandale sanitaire : plus de neuf Antillais sur dix contaminés à la …
www.leparisien.fr/…/scandale-sanitaire-plus-de-neuf-antillais-sur-dix-contamines-a-la-ch…
7 juin 2018 – Les bananes empoisonnent les Antilles. … La chlordécone est aussi suspectée de générer de nombreux cancers de la prostate – la Martinique …
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– Mais en 2007 on savait déjà tout ça parfaitement! Ci-dessous, une collection des articles les plus sérieux publiés à l’époque, sans effet.
Aux Antilles, l’usage intensif de pesticides aurait occasionné un « désastre sanitaire »
LE MONDE | 18.09.07 | 17h13 • Mis à jour le 18.09.07 | 17h14
e cancérologue Dominique Belpomme, initiateur de l’Appel de Paris sur les dangers de la pollution, a rendu public, mardi 18 septembre, un rapport annonçant un « désastre économique et sanitaire » dans les Antilles françaises. Selon M. Belpomme, qui a enquêté une semaine en Martinique à la demande d’une association locale, la pollution liée à l’usage intensif de pesticides sur de petits territoires a « empoisonné » la Martinique et la Guadeloupe.
Le professeur met en cause la contamination des îles par le chlordécone, un insecticide persistant utilisé entre 1981 et 1993 pour détruire les charançons du bananier. Il appelle à « ne pas refaire l’erreur du chlordécone » avec le paraquat, un herbicide très toxique, omettant de signaler que l’usage de cette molécule est interdit dans l’Union européenne depuis juillet.
« INFERTILISATION PROGRESSIVE »
Au total, une centaine de pesticides sont présents dans les sols, l’eau et les produits alimentaires dans les Antilles, affirme le cancérologue. « La poursuite de la pollution de l’île ne peut conduire à terme qu’à l’infertilisation progressive des sols, donc à une baisse des rendements agricoles et finalement au dépérissement de la population », prévient-il.
A propos des liens entre cette pollution et les problèmes de santé publique rencontrés aux Antilles, le cancérologue pose de nombreuses questions, mais n’apporte pas de réponses. La Martinique rencontre « trois types de problèmes : l’augmentation du nombre des cancers de la prostate et du sein, une baisse de la fécondité et la possibilité d’une augmentation d’incidence des malformations congénitales et de troubles du développement chez les enfants », énumère-t-il. Contestant l’efficacité des études épidémiologiques en cours, il réclame des études toxicologiques qui permettraient selon lui de mettre en évidence le lien avec les pesticides. « Nous ne cessons d’interpeller les autorités, mais nous n’obtenons aucune réponse, affirme la députée Jeanny Marc (divers gauche, Guadeloupe). Le professeur Belpomme ne peut pas apporter de conclusions, car son temps d’étude n’a pas été assez long. Mais nous voulons connaître la vérité. L’inquiétude de la population est à son comble. »
« Les inquiétudes du professeur Belpomme, que je partage, ont besoin d’être confirmées par des études scientifiques de haute qualité », a réagi, lundi 17 septembre, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, tout en recommandant de ne pas consommer plus de deux fois par semaine les produits du jardin ou l’eau de source.
Le ministre de l’agriculture, Michel Barnier, a affirmé de son côté que la situation aux Antilles est « très grave ». Le député (PS, Guadeloupe) Victorin Lurel a demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur cette pollution, une demande accueillie favorablement par le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Christian Estrosi.
Gaëlle Dupont
Article paru dans l’édition du 19.09.07.
Cancers aux Antilles : publication
du rapport Belpomme
NOUVELOBS.COM | 19.09.2007 | 10:15
Le taux de cancers de la prostate est « majeur » en Martinique et en Guadeloupe où le sol et l’eau sont « empoisonnés » par les pesticides.
Le rapport Belpomme sur la situation sanitaire aux Antilles, rendu public mardi 18 septembre, affirme que la Martinique et la Guadeloupe sont « empoisonnées » par les pesticides.
« Les expertises scientifiques que nous avons menées sur les pesticides conduisent au constat d’un désastre sanitaire aux Antilles », estime le professeur à l’hôpital George-Pompidou, qui dénonce « un véritable empoisonnement de la Martinique et de la Guadeloupe ». Le contenu du rapport du cancérologue avait été en partie dévoilé lundi par Aujourd’hui en France/Le Parisien.
Un produit interdit en métropole
D’après Dominique Belpomme, qui a conduit récemment une mission scientifique dans ces deux départements d’Outre-mer pour mesurer les conséquences de l’usage massif de pesticides par l’agriculture antillaise, « l’empoisonnement concerne le sol et l’eau ».
Parmi les produits incriminés figurent « le chlordécone, le paraquat (interdit très récemment) et plusieurs dizaines d’autres pesticides utilisés dans des conditions opaques ».
Le professeur a notamment constaté que le taux des cancers de la prostate est « majeur » aux Antilles mais que les scientifiques n’ont « pas encore la preuve épidémiologique » qu’ils sont « liés au chlordécone », un produit que « la France a interdit en 1990 sur son territoire, sauf… aux Antilles », a-t-il précisé.
Barnier évoque une gestion dans le passé
Lundi matin, le ministre de l’Agriculture Michel Barnier a estimé sur Europe 1 que le problème était « très grave ». Il a expliqué que cette situation était imputable à une gestion dans le passé qui a « des conséquences sanitaires aujourd’hui », notamment sur la « qualité des terres ».
« Nous traiterons la question du chlordécone, en ce qui nous concerne, avec la plus grande transparence », a encore assuré Michel Barnier. Il a fait valoir qu’après le désastre du cyclone Dean, qui a ravagé en août de multiples plantations de bananes, l’occasion se présentait de replanter « avec peu ou pas de pesticide, d’aller vers la banane zéro pesticide ».
PESTICIDES AUX ANTILLES
« Aucun lien démontré »
selon l’InVS
NOUVELOBS.COM | 19.09.2007 | 08:26
« La plus grande fréquence absolue du cancer de la prostate aux Antilles par rapport à la métropole peut être expliquée par l’origine ethnique de la population », estime l’Institut de veille sanitaire.
L’Institut de veille sanitaire (InVS) a relevé, mardi 18 septembre, « qu’à ce jour, aucun lien n’a été démontré » entre l’usage des pesticides aux Antilles et la santé des habitants, mais va renforcer sa surveillance pour détecter « toute conséquence potentielle » de la présence des pesticides organochlorés.
« La plus grande fréquence absolue du cancer de la prostate aux Antilles par rapport à la métropole peut être expliquée par l’origine ethnique de la population », déclare l’InVS dans un communiqué, en faisant référence à des travaux conduits aux Etats-Unis (sur des populations afro-américaines).
Quant à la diminution du nombre d’enfants par femme, elle « relève de bien d’autres causes que d’un impact sanitaire sur la biologie de la reproduction », ajoute l’InVS.
Seulement 3,3% des Martiniquais touchés selon une étude
Les résultats de recherches effectuées chez l’animal, mais aussi, dans le cas du chlordécone, chez l’homme, « dans une cohorte de personnes exposées massivement à la suite d’un accident industriel survenu aux Etats-Unis, ont révélé une toxicité principalement hépatique, neurologique et sur la reproduction ». Mais il s’agissait « d’expositions beaucoup plus importantes que celles enregistrées aux Antilles », relève l’InVS.
L’Institut rappelle qu’il a publié en 2004 un rapport faisant le point des connaissances sur les dangers potentiels des insecticides organochlorés toujours présents dans les sols aux Antilles -bien que leur usage y soit maintenant interdit-, suivis de plusieurs analyses complémentaires en 2005 et 2006.
D’après les études menées, 3,3% de la population martiniquaise, soit environ 12.000 personnes, seraient « du fait de leurs habitudes alimentaires, au delà de la dose journalière admissible permettant de garantir l’absence d’effets sanitaires », résumait l’InVS dans un éditorial du Bulletin d’alerte et de surveillance Antilles Guyane de juillet 2006.
De nouvelles études sont en cours
De nouvelles études (Ti Moun et Karuprostate) coordonnées par l’Unité 625 de l’Inserm sont en cours, dont les résultats seront connus en 2008.
La première repose sur le suivi de 1.200 femmes enceintes du sixième mois de grossesse à l’accouchement et celui de 200 bébés jusqu’à l’âge de 18 mois. La deuxième s’intéresse aux facteurs de risque du cancer de la prostate. Une autre étude concerne la répartition spatio-temporelle des cancers en Martinique.
Pesticides aux Antilles :
« l’Etat n’a rien à cacher »
NOUVELOBS.COM | 19.09.2007 | 08:
Christian Estrosi, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, se dit favorable à la consitution d’une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des pesticides utilisés aux Antilles.
Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Christian Estrosi, s’est dit « tout à fait favorable » à la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation des pesticides dans l’agriculture antillaise, dans un communiqué diffusé lundi 17 septembre.
Christian Estrosi, qui se rendra mercredi aux Antilles, ajoute qu’il est « pleinement conscient des inquiétudes des populations de la Martinique et de la Guadeloupe, consécutives à la réalisation de certaines expertises sur l’utilisation des pesticides ».
Il tient « toutefois, à préciser que ces expertises demandent à être vérifiées scientifiquement sur la base d’analyses sérieuses déjà en cours ».
« Rien à cacher »
« Si les faits relatifs à l’utilisation des pesticides sont avérés, les conséquences en sont controversées », souligne le secrétaire d’Etat qui assure que « l’Etat n’a rien à cacher sur ce dossier ».
« Il le gère dans la plus grande transparence et prendra les décisions adéquates afin de ne pas exposer les populations à des risques sur leur santé », affirme-t-il.
Christian Estrosi est « tout à fait favorable à la demande de création d’une commission d’enquête formulée par Victorin Lurel, Secrétaire national du PS à l’Outre-mer, député et président du conseil régional de Guadeloupe, et dont les travaux contribueront à évaluer la réalité des risques ».
Le cancérologue Dominique Belpomme affirme dans un rapport qui doit être rendu public mardi que la Martinique et la Guadeloupe ont été « empoisonnées » par des pesticides menant à un « désastre sanitaire ».
« C’est une situation très grave », a déclaré lundi matin le ministre de l’Agriculture Michel Barnier.
CRISE SANITAIRE AUX ANTILLES
Qu’est-ce que le chlordécone ?
NOUVELOBS.COM | 19.09.2007 | 10:17
Utilisé par les babaniers antillais entre 1981 et 1993, le chlordécone est un insecticide de la même famille que le DDT ou le lindane. Tous comme ces deux pesticides organochlorés, il reste très longtemps dans les eaux et dans les sols, et peut être très toxique.
Mise au point en 1952, la molécule a dans un premier temps été distribuée aux Etats-Unis sous le nom de Képone. Il était utilisé sur les bananes, les agrumes ou encore le tabas, avant d’être interdit aux Etats-Unis en 1976.
Son arrivée en France, en 1980, coïncide avec une crise des agriculteurs antillais que devaient faire face à une invasion de parasites consécutive aux passages des cyclones Allen en 1979 et David en 1980.
En Guadeloupe et en Martinique, le Curlone a été utilisé de 1981 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier, un des principaux fléaux de la plante.
Le chlordécone a été interdit en France en 1990 (avec une mise en application en 1992), en raison des risques potentiels qu’il présentait pour la santé humaine. Les producteurs antillais ont obtenu un délai jusqu’en 1993.
Relativement peu soluble dans l’eau, le chlordécone, molécule organique fortement chlorée, se fixe dans les sols pour de nombreuses années.
L’exposition au chlordécone peut avoir lieu en consommant des aliments contaminés, principalement les produits végétaux, mais aussi, dans une moindre mesure, les produits d’origine animale, les animaux ayant pu aussi être eux-mêmes contaminés en consommant des végétaux. Les produits de la pêche peuvent être également contaminés s’ils vivent dans des zones où le chlordécone a pu s’accumuler (sédiments). L’eau de boisson peut aussi contribuer à cette exposition si elle provient d’une source contaminée et si elle n’a pas été traitée.
LA CRISE SANITAIRE AUX ANTILLES
« La métropole a autorisé
l’usage du chlordécone dans les îles »
NOUVELOBS.COM | 19.09.2007 | 10:25
par Philippe Irigaray,
coordinateur de recherches scientifiques de l’Artac (Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse)
Qui a commandé cette étude et comment l’avez-vous financée ? Quelles recherches avez-vous effectuées ?
– L’association Puma (Pour une Martinique autrement), dirigée par Florent Grabin, a invité le professeur Dominique Belpomme à effectuer des recherches. Ce dernier dirige notre association, l’ARTAC (Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse), dont l’activité dépend uniquement de dons des particuliers. Son étude s’est déroulée d’avril à juin. Il a constaté la présence de molécules, notamment du chlordécone, et du paraquat dans le sol et l’eau, qui ont été récemment retirés du marché mais dont on trouve encore des traces dans l’eau. Ces recherches ont consisté à dresser la synthèse des données épidémiologiques et toxicogénomiques.
Une partie provient de publications scientifiques sur les pesticides, par exemple, celle de Claude Reiss sur la toxicité et les effets dans l’ADN humain du paraquat. Dominique Belpomme a également épluché les registres du cancer, et analysé les cas de malformation.
Il faut rappeler que la Martinique est le deuxième territoire au monde, après les Etats-Unis, en terme d’incidence des cancers de la prostate. D’autres investigations seraient donc nécessaires pour étudier l’impact des pesticides sur la santé des Antillais. Notamment par la réalisation d’un biomonitoring spécifique (la recherche de molécules chimiques dans le corps humain) pour les cancers de la prostate. Ces recherches s’effectueraient en collaboration avec des hôpitaux sur place et différents laboratoires de recherche métropolitains. Une étude spécifique aux cancers du sein serait également nécessaire.
Est-ce pour tirer la sonnette d’alarme et se faire entendre en métropole que l’association Puma a fait appel à Dominique Belpomme ? L’Etat a-t-il négligé les Antilles ?
– Florent Grabin souhaitait probablement faire remonter l’information en métropole pour que les responsables locaux prennent conscience de l’importance de la pollution. La métropole a autorisé le chlordécone dans les îles, durant trois ans, après son interdiction dans l’hexagone en 1990. Mais les responsables locaux ont laissé faire également. Ils n’ont pas empêché l’usage du paraquat, alors qu’ils connaissaient la toxicité de ce désherbant cancérigène. Cette attitude s’explique en raison d’intérêts financiers. De la même manière, seule la France a autorisé l’usage de l’amiante pendant vingt-cinq ans, en dépit de son interdiction dans tous les pays du monde.
Selon un rapport de l’Académie de Médecine, rendu public le 13 septembre, la proportion des cancers dus à l’environnement ne représenterait pas plus de 1% des cas. Pourquoi faites-vous le lien entre les nombreux cas de cancers et l’usage des pesticides ?
– Parce que les données toxicologiques et épidémiologiques le prouvent. A travers le monde, les scientifiques condamnent unanimement ce rapport. L’Académie de Médecine s’est basée uniquement sur des données épidémiologiques sans prendre en compte les données toxicologiques. Elle est partie du principe que les pesticides, notamment utilisés dans l’agriculture, et les dioxines, qui se dégagent des incinérateurs, n’étaient pas cancérigènes. Or un cancer se déclare en deux étapes. La première, celle de la mutation, repose sur une prédisposition génétique ou sur une pré-exposition physique, chimique ou biologique. La seconde est celle de la promotion, par les dioxines par exemple. Si les scientifiques étudient l’effet des dioxines sur une population lambda, ils n’observeront pas de conséquences directes. Au contraire, le lien s’établit avec une population prédisposée ou pré-exposée. Le rapport de l’Académie de médecine conclut d’ailleurs qu’il n’est pas en mesure d’expliquer plus d’un cancer sur deux…
Propos recueillis par Alain Roux
(le lundi 17 septembre 2007)
POLLUTION AUX ANTILLES
Petit lexique pour mieux comprendre
NOUVELOBS.COM | 19.09.2007 | 10:17
Selon le rapport du cancérologue Dominique Belpomme, le sol et l’eau de la Martinique et la Guadeloupe sont « empoisonnés » par les pesticides. Voici quelques explications.
Qu’est-ce que le chlordécone ?
Le Chlordécone est un insecticide de la famille des organochlorés à base d’atomes de carbone et de chlore. Comme le lindane ou le DDT, il est l’un des « douze salopards », ces polluants organiques persistants particulièrement toxiques pour l’homme et l’environnement. Il a comme particularité d’être extrêmement rémanent, c’est-à-dire que sa molécule est pratiquement indestructible.
Pourquoi et comment a-t-il été utilisé aux Antilles ?
Ce pesticide a été utilisé de 1972 à 1993 aux Antilles pour lutter contre un insecte coléoptère, le charançon noir, l’un des principaux ravageurs du bananier, massivement cultivé en Guadeloupe et en Martinique. On estime qu’entre 1972 et 1993, 6000 tonnes de ce pesticide ont été épandues dans les bananeraies en Martinique.
Ses effets étaient-ils connus ?
Oui, ses effets étaient connus des scientifiques puisqu’en 1976, ce pesticide avait été interdit aux Etats-Unis en raison de sa toxicité pour l’homme et l’environnement. Or, malgré plusieurs rapports de l’INRA en 1977 et 1979 qui préconisaient des mesures d’urgence pour protéger les sols et les eaux aux Antilles, il a fallu attendre vingt ans pour que le Chlordécone soit interdit aux Antilles.
Quelles sont les conséquences sanitaires ?
De nombreuses études réalisées chez l’animal de laboratoire ont montré que le Chlordécone est cancérigène chez l’animal et qu’il présente une activité hormonale de type oestrogène. Plusieurs études sont en cours en Guadeloupe pour rechercher le lien entre le fort taux de cancers de la prostate observé aux Antilles (plus de 255 nouveaux cas par an en Martinique) et le Chlordécone. Là-bas, la pollution aux pesticides est maintenant connue depuis plusieurs années et des mesures d’urgence ont été prises pour interdire la consommation d’aliments contaminés.
Marie Vaton
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– En fait, on fermait les yeux depuis 1964, époque des premières inquiétudes sur l’eau, en métropole seulement, bien sûr
DOM-TOM : Les oubliés des lois sur l’eau.
Même si on sait, à présent, que le problème de la pollution des eaux par les nitrates et les pesticides est général sur l’ensemble du territoire français où plus des 3/4 des ressources sont contaminées à des degrés divers, la Bretagne reste un modèle du genre. Pourtant c’est à des milliers de kilomètres de l’hexagone qu’il faut aller chercher les exemples les plus dramatiques de territoires contaminés : dans les paradis ensoleillés de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane ou de la Réunion. Mobilisés pour lutter contre la pollution ici, nous sommes solidaires des autres régions aussi lointaines soient-elles. Cela commence par l’information.
Une cargaison de patates douces a alerté la métropole en Octobre 2002 quand les fonctionnaires de la Direction Générale de la Concurrence et de la Répression des Fraudes ont arrêté, sur le port de Dunkerque, une tonne et demie de patates douces en provenance de la Martinique et contenant des quantités importantes de Chlordécone. Cet insecticide extrêmement toxique utilisé sur les exploitations de bananes est interdit depuis 1993.
Pourtant cette pollution était déjà bien connue. Le 5 Juillet 2001 un « Rapport sur la présence de pesticides dans les eaux de consommation humaine en Guadeloupe » avait été remis à Dominique Voynet, ministre de l’environnement, et à Dominique Gillot, secrétaire d’état à la santé par le docteur Henri Bonan de l’Inspection Générale des Affaires Sociales et Jean-Louis Prime de l’Inspection Générale de l’Environnement.
Guadeloupe : un rapport explosif.
Ce travail faisait suite aux résultats d’une campagne renforcée de contrôle des teneurs en pesticides dans l’eau, menée par le DDASS de Guadeloupe qui avait montré des taux très élevés de pesticides organochlorés (Chlordécone, Dieldrine et β-hexachlorocyclohexane (HCHβ)) dans l’eau distribuée et même dans l’eau embouteillée. Pourtant ces produits, utilisés sur les cultures de bananes, étaient interdits d’usage depuis de nombreuses années. Depuis 1977, quatre rapports indiquaient déjà l’existence d’une pollution dans les sols des bananeraies et des milieux aquatiques environnants par les insecticides organochlorés. Pourtant, malgré ces alertes, la recherche des pesticides n’a été effective, en Guadeloupe, qu’à partir de 1998.
Les méthodes d’analyses des pesticides sont difficiles à mettre en œuvre et coûteuses (entre 500 et 1000 euros pour une seule analyse complète). Parmi les 900 molécules homologuées sur le territoire français, seulement 60 représentant 80% des utilisations, sont systématiquement recherchées. Dans la liste on a oublié celles utilisées aux Antilles dont la virulence est pourtant bien connue. Mais de toutes façons ces départements d’outremer n’auraient eu aucun moyen d’en effectuer les analyses. Quand, en 1998, la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN) de Guadeloupe a décidé de lancer une première étude, il n’existait pas, aux Antilles, de laboratoire adapté. Une première série de prélèvements confiée à des laboratoires métropolitains avait d’autre part révélé l’incapacité de ceux-ci à en rechercher la plupart. Le seul laboratoire capable d’analyser le Chlordécone a été le Laboratoire Départemental de la Drôme.
Le résultat des mesures était édifiant. Dans l’eau, 45% des prélèvements dépassaient la norme de dieldrine avec un pic de 11 fois la norme, 80% des prélèvements dépassaient la norme de HCHβ avec un pic de 20 fois la norme, 100% des prélèvements dépassaient la norme de chlordécone avec un pic de 100 fois la norme.
Des effets inquiétants pour la santé
Les effets d’une intoxication aiguë par les organochlorés sont connus par la littérature médicale : tremblements, contractures musculaires, troubles du rythme cardiaque, hypertension, troubles visuels, troubles de la coordination, atteinte des fonctions sexuelles. Des convulsions sévères pouvant même entraîner la mort sont décrites. En métropole, la surveillance médicale des travailleurs agricoles est assurée par la Mutuelle Sociale Agricole (MSA). Mais les travailleurs agricoles des départements d’outre-mer ne relèvent pas de la MSA. On ne sait donc rien de la fréquence et des effets des intoxications aiguës dans les Antilles.
Les effets d’une intoxication chronique sont plus difficiles à cerner mais la question se pose du rôle des pesticides dans le fort taux de cancers de la prostate en Guadeloupe (220 à 240 cas nouveaux par an), ou encore d’une forme atypique de la maladie de Parkinson (on a trouvé une proportion plus forte de chlordécone dans le cerveau des personnes décédées). C’est dans le domaine des troubles de reproduction, et plus précisément de l’infécondité masculine qu’il existe le plus de signes du rôle néfaste des pesticides. Faut-il être optimiste quand le rapport Bonan/Prime estime que « La Guadeloupe constitue un lieu privilégié pour poursuivre un certain nombre d’études épidémiologiques sur les effets des pesticides sur la santé humaine ».
En Martinique aussi.
Nous avons noté que c’est de Martinique qu’est venue l’alerte en métropole. Un rapport établi en mars 2003 par Eric Godard, ingénieur du génie sanitaire à la Direction de la Santé et du Développement Social (DSDS) de la Martinique, éclaire sur la pollution par le chlordécone.
L’eau, naturellement, est contaminée mais le rapport s’attache surtout à montrer la présence du pesticide dans les aliments. Des patates douces présentent 19 000 fois la dose maximale de chlordécone admise pour l’eau. Les poissons peuvent en contenir près de 4000 fois la dose maximale admise. Les services de la répression des fraudes de la Martinique, dans le cadre d’un plan de contrôle renforcé, ont détecté plus de 40% de lots de « légumes racines » non conformes. La population ayant été exposée à cette pollution pendant plus de trente ans, le rapport de la DSDS estime que la mesure de l’imprégnation des « cobayes humains » serait un bon indicateur du niveau de la pollution générale de l’environnement.
Principe de Précaution ou de Ponce Pilate ?
Réaction tardive à tous ces rapports : une mission parlementaire s’est rendue en Martinique et Guadeloupe début 2005. Son rapport, rendu public au milieu du mois de Juillet, n’a recueilli que la plus totale indifférence. S’il reprend les informations déjà connues, il s’emploie surtout à dédouaner l’Etat et les pouvoirs publics. Principe de précaution : l’Etat se couvre. S’il faut des responsables, ce seront les agriculteurs.
Les préfets de Guadeloupe et de Martinique ont pris des arrêtés pour imposer à tout producteur de légumes à risque un autocontrôle de sa production. Il doit déclarer la mise en culture (ou l’intention de cultiver) ses sols à la Chambre d’Agriculture. Celle-ci prélève alors un échantillon de sol, fait effectuer une analyse par un laboratoire agréé (coût : 240€ par échantillon, pris en charge par des fonds publics). Si le sol est contaminé et que l’exploitant décide, malgré tout, d’y poursuivre sa culture, il doit obligatoirement faire analyser sa récolte, à ses frais, avant commercialisation (120 € par analyse). Si sa récolte est contaminée il a alors l’obligation de la faire détruire.
Les parlementaires devaient constater l’impossible mise en œuvre de ce programme. Seulement 28% des agriculteurs de Martinique avaient appliqué la procédure en 2004. Il est vrai que la sanction prévue est loin d’être dissuasive : une amende de 39 euros ! Sanction d’autant moins dissuasive qu’il est impossible de mettre en œuvre un contrôle efficace. Le coût, pour l’administration, de l’analyse de seulement 10 échantillons prélevés à l’aveugle sur un marché coûterait plus de 1000 euros, sans compter le salaire des fonctionnaires !
Face à cette situation les propositions de la mission parlementaire ne peuvent sembler que dérisoires :
1998Créer un label pour les produits provenant d’un sol non contaminé. Mais un label n’a aucun sens s’il ne s’accompagne pas d’un organisme de contrôle vigilant et doté de moyens. Les agriculteurs bios en savent quelque chose.
1999″Décourager » la vente de produits le long des routes. Mais qui pourra empêcher le petit producteur de proposer sa production à la vente. Faudra-t-il aussi interdire la consommation des produits du jardin sous peine d’amende ? Et pourquoi limiter cette mesure aux marchés d’outremer. Est-on certain que les légumes vendus sur les marchés métropolitains sont exempts de pesticides ou de métaux lourds ?
Plus inquiétant : alors que la loi interdit clairement toute trace de pesticides non autorisés dans les végétaux (arrêté du 5 août 1992), il est prévu, avant la fin 2005, d’instaurer une LMR (limite maximale de résidus) pour le chlordécone. L’objectif étant de permettre la poursuite de la culture et de la vente des tubercules contaminés. Chacun sait que les limites admissibles ne répondent à aucun critère de santé. Dans le cas présent, la méthode de détermination, serait édifiante :
« Afin de fixer les LMR, il importe de cerner avec précision l’exposition des populations au chlordécone par voie alimentaire. En d’autres termes si la population consomme beaucoup de patates douces, la LMR pour ce légume sera faible, si elle consomme peu, la LMR pourra être plus élevée » (rapport parlementaire page 50).
Transposée en Bretagne, ou dans d’autres régions particulièrement polluées, une telle méthode amènerait à constater que, pour cause de pollution par les nitrates et les pesticides, la population bretonne consommant peu d’eau du robinet, on pourrait donc élever les normes de potabilité (par exemple jusqu’à 100mg/l pour les nitrates), comme le demandent certains représentants des professions agricoles. […]
Les cas de la Guadeloupe et de la Martinique sont les mieux connus mais les pollutions par les pesticides existent aussi à la Réunion. En Guyane, c’est la pollution des rivières par le mercure utilisé par les orpailleurs qui domine. Mais tous ces milieux fragiles doivent subir une autre source majeure de pollution : l’absence ou le mauvais fonctionnement de l’assainissement urbain ou individuel. Dans des régions où la population est concentrée près du littoral la pollution organique et bactérienne est redoutable. Sur les 15 stations existant à la Réunion, par exemple, seules trois fonctionnent à peu près normalement et plusieurs communes en sont même totalement dépourvues.
Devant un tableau aussi désespérant une question se pose : comment en sommes nous arrivés là ?
1964 une grande loi sur l’eau… pour la métropole.
La loi du 16 décembre 1964 » est la grande loi française sur l’eau ». Dès le début des années 60, le constat a été fait d’une dégradation accélérée de la qualité de l’eau consécutive à la période de croissance de l’après-guerre. Des programmes d’investissement pour prévenir la pollution s’imposent, d’autant plus que les besoins en eau, prévisibles pour les années à venir, s’annoncent sans commune mesure avec ceux du passé. Originalité : la loi propose une politique de décentralisation avant la lettre en divisant la France en six bassins hydrographiques organisés autour des principaux fleuves de l’hexagone : Adour-Garonne, Artois-Picardie, Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, Rhône-Méditerranée-Corse, Seine-Normandie. Dans chaque bassin il est créé un « comité de bassin » composé de représentants des collectivités locales, de représentants d’usagers et de représentants désignés par l’état. A ces Comités de Bassin sont accolées six « agences financières de bassin », établissements publics administratifs dotés de la personnalité civile et de l’autonomie financière. L’agence a le pouvoir d’établir et de percevoir des »redevances » qui sont redistribuées aux entreprises et collectivités qui souhaitent mettre en place des outils de dépollution. Le pactole ainsi récolté atteint 10 milliards d’euros au niveau national par an en 2004.
Un oubli manifeste : les départements et territoires d’outre-mer. Il faut attendre trente ans (loi sur l’eau de1992), pour que les comités de bassin apparaissent dans les DOM/TOM. Le premier n’est créé qu’en 1996 en Martinique. Le dernier, celui de Mayotte, n’est pas encore en place. Mais un « comité de bassin » n’a qu’un rôle essentiellement consultatif. La réalité des pouvoirs et des moyens techniques et financiers se trouvent entre les mains des Agences de l’Eau. Or rien de tel outre-mer. Ce n’est qu’en décembre 2000 que la loi d’orientation pour l’Outre-mer décide, dans chaque département d’Outre-mer, de la création d’un Office de l’Eau, rattaché à chaque département et seulement depuis 2003, que ces offices sont autorisés à prélever des redevances. Auront-ils la volonté et les moyens de le faire ?
La montée en puissance des agences de l’eau métropolitaines a été lente. Il a fallu attendre 1990 pour constater la brutale accélération qui aujourd’hui amène le niveau des taxes et redevance à une moyenne de 20% de la facture d’eau. Afin de rattraper le retard pris dans les DOM/TOM, le niveau des redevances devrait atteindre un niveau au moins équivalent à celui de la métropole. Les consommateurs accepteront-ils de payer 20% plus cher une eau dont ils savent qu’elle est gravement polluée ? Quarante ans de retard ne se rattraperont pas aussi facilement.
Les DOM/TOM font-ils partie du territoire français ? Dans le rapport annuel de L’IFEN (Institut Français de l’Environnement) sur l’état de l’environnement en France rien ne manque : pollution de l’air, de l’eau, des sols jusqu’à même la pollution radioactive résultant de l’explosion de Tchernobyl. Tout, oui, concernant le territoire métropolitain mais très peu, sur les îles et territoires lointains qui mériteraient pourtant plusieurs chapitres à eux tous seuls.
Les DOM/TOM font-ils partie de la communauté européenne ? Dans le cadre de la mise en œuvre de la directive cadre européenne visant à un retour au « bon état écologique » de l’eau pour 2015, une synthèse des états des lieux des différents bassins du territoire français était présentée au Comité National de l’Eau du 23 juin 2005. Si l’état des six bassins continentaux était détaillé celui des départements et territoires d’outre-mer était à peine abordé.
Un constat s’impose : les départements et territoires d’outremer ont été totalement laissés en marge de la politique de l’eau menée par la France.
Un devoir de réparation :
Personne ne peut imaginer que, livrés à leurs seuls moyens techniques et financiers, les comités de bassin, les offices de l’eau qui se mettent en place dans les DOM/TOM puissent redresser quarante ans de laisser-faire. Ces biotopes particulièrement riches, ces milieux fragiles, auraient dû faire l’objet d’une attention particulière. On les a, tout au contraire, laissés se dégrader pour des intérêts à court terme. L’état français a un devoir de réparation vis-à-vis de ces départements et territoires qui font partie du patrimoine mondial.
La directive cadre européenne exige le retour à un bon état écologique des milieux aquatiques de l’ensemble du territoire Français pour 2015. Une priorité s’impose : la remise en état des sols et des milieux aquatiques des territoires et départements d’outremer.
Gérard Borvon
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