Celui qui a perdu le Pakistan par les urnes ne peut pas gagner le Venezuela par un assassinat
9 août 2018
MondeNasser KandilMercredi 8 août 2018 Décrire le comportement de l’Administration américaine pourrait se résumer à parler d’un état de « nervosité confuse » encore plus remarquable que l’humeur fluctuante, l’inconséquence ou la confusion qui caractériseraient le comportement de Donald Trump, lequel finit même par paraître comme « le plus équilibré » des décideurs politiques au sein de l’équipe dirigeante actuelle à Washington. En effet, lors de sa campagne électorale, il avait sonné le glas de l’Amérique en tant que superpuissance et gendarme du monde, pour appeler à la reconstruction de l’Amérique délabrée, selon sa propre description, et à la résurrection de la « Grande Amérique » telle qu’il la concevait. Mais il a vite reculé sous la pression des institutions militaires et sécuritaires. Ainsi, il a été empêché de conclure l’entente globale avec Moscou, pour laquelle il avait plaidé, et même lorsqu’il s’est rendu à Helsinki avec l’idée de modifier les équilibres internationaux après plusieurs tentatives infructueuses, il a eu à subir toutes sortes d’attaques suspicieuses ayant mené au gel des effets de sa rencontre avec le président Vladimir Poutine. Et globalement, Washington n’aura réussi aucune percée sérieuse dans aucun des grands dossiers du moment :
Ce climat d’échec engendre ses propres effets dans les zones tendues et politiquement hésitantes. Il les pousse à virer dans le sens des courants contraires à Washington, tandis que les courants déjà opposés à Washington passent de la défense à l’attaque. C’est ce qu’a démontré le Pakistan devant les résultats de tous les conflits menés par Washington dans la région :
Et c’est parce que le Pakistan est l’un des États musulmans les plus importants, et un État nucléaire, que sa perte est un coup supplémentaire porté à l’Administration américaine déjà frappée par des coups successifs jusqu’à en perdre l’équilibre. Quant à la tentative d’assassinat du président du Venezuela, nul besoin des empreintes des criminels pour pointer des doigts accusateurs sur Washington, en notant au passage que si les Américains avaient pu espérer gagner le Venezuela par la voie des urnes, ils n’auraient pas eu recours à l’assassinat ; les assassinats politiques et présidentiels étant une technique américaine bien connue et largement documentée. Or, le succès comme l’échec de cette tentative ouvriront la porte à un affrontement majeur en Amérique latine. Ceux qui écarteraient la possibilité d’un début de basculement des dominos là où des gouvernements sont impliqués dans cette tentative, pour le compte du protecteur américain, seraient dans l’erreur. Ce qui nous amène à ce que la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, a déclaré en décrivant l’effondrement de l’Empire soviétique : « Lorsque les grands empires accumulent les raisons de leur chute, ils ne vous préviennent pas qu’ils vont tomber, ils tombent sans prévenir, comme les tremblements de terre et les inondations ! ». C’est le cas de l’Amérique, aujourd’hui. Nasser Kandil Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal Source : Les points sur les « i » / Top News Nasser kandil
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