Par Philippe Prévost
1917 fut une année pleine de révolutions, de fureur et de sang. On comprend donc facilement que la lettre d’apparence anodine envoyée par lord Balfour, secrétaire d’Etat au Foreign Office, à Lord Rothschild, le 2 novembre de cette même année, soit passée pratiquement inaperçue, en France tout au moins.
Les diplomates et les hommes politiques français qui en eurent connaissance, ne virent pas la novation considérable qu’elle apportait au Proche-Orient. Ils crurent naïvement qu’elle s’inscrivait dans le cadre des accords Sykes-Picot alors qu’elle en était la négation au moins en ce qui concerne la Palestine.
Il faut dire à leur décharge que la lettre en question était un chef d’oeuvre d’ambiguïté mais les Anglais et les sionistes ne seraient pas arrivés à leurs fins sans la complicité de Clémenceau.
C’est cette histoire passionnante qui oppose deux nationalismes, le Juif et le Palestinien, ainsi que deux grandes puissances alliées en Europe mais rivales au Proche-Orient que tente de faire découvrir ce livre.
Philippe Prévost est docteur ès -Lettres. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « La France et l’origine de la tragédie palestinienne », « L’Église et le Ralliement » ainsi que de « La Condamnation de l ‘Action française 1926-1939 ».
*Editions Erick Bonnier – 248 pages – 22 €
Extrait de la recension de l’Académie des sciences d’outre-mer :
…(…)… Le mérite du livre c’est de montrer avec habileté qu’ « en Terre-Sainte, l’éviction de la France est allée de pair avec celle des Palestiniens». La France, par le jeu des Capitulations, avait bénéficié d’un important rôle pour la protection des minorités chrétiennes de l’Empire ottoman. La cause de la guerre de Crimée est à trouver en Palestine où la France soutenait les religieux de rite latin du Saint-Sépulcre et les Russes les religieux orthodoxes. En 1888, dans l’Empire ottoman, 95 0000 élèves fréquentaient les écoles religieuses françaises et 6000 la Mission Laïque française. Mais en 1918,la politique anticléricale du gouvernement français depuis les années 1870, la rupture avec le Vatican en 1904, l’absence de la France du Proche-Orient sur le terrain militaire, l’abolition par le général Allenby des Capitulations en pénétrant à Jérusalem sans que la France proteste handicapèrent notre pays pour conserver sa place traditionnelle dans les Lieux Saints . Ce fut une autre défaite pour la France: la perte du protectorat catholique en Palestine…(…)…