Hannibal Kadhafi: «J’ai été arrêté car j’étais le fils de Mouammar Kadhafi»
4 février 2019
Hannibal Kadhafi: «J’ai été arrêté car j’étais le fils de Mouammar Kadhafi»
Pour la première fois depuis le début de sa détention, Hannibal Kadhafi a révélé dans un entretien exclusif avec RIA Novosti, comment et à cause de quoi il avait été kidnappé. Le fils de l’ancien homme d’État libyen s’est également confié sur sa santé, les conditions de sa détention, ainsi que sur le rôle de la Russie dans son affaire.
Le scandale de la profanation du drapeau libyen à Beyrouth et du refus de la Libye de participer au sommet de la Ligue arabe au Liban a provoqué une crise dans les relations entre les deux pays. L’influent parti chiite Amal ne veut voir aucun représentant officiel libyen à Beyrouth sans avoir reçu des informations sur l’enlèvement de l’imam Musa al-Sadr et de ses deux compagnons disparus il y a plusieurs décennies à Tripoli, et dont est accusé l’un des fils de l’ancien dirigeant libyen Hannibal Kadhafi.
Pour la première fois depuis sa détention en 2015 dans une prison libanaise, Hannibal Kaddafi a révélé dans un entretien exclusif avec RIA Novosti, comment il avait été kidnappé et ce qu’il savait sur l’affaire al-Sadr.Les questions adressées à Hannibal Kadhafi, ainsi que ses réponses, ont été reçues par l’intermédiaire de son représentant autorisé Reem al-Debri.
Causes de l’enlèvement de Hannibal Kadhafi
Comme l’a confié à RIA Novosti Hannibal Kadhafi, il a été enlevé en Syrie en 2015 et transporté dans une prison libanaise, où il a été «torturé physiquement et mentalement afin de le forcer à divulguer des informations concernant la disparition de Musa al-Sadr et de ses deux compagnons». Selon Hannibal Kadhafi, c’est le fils d’un de ses compagnons, à savoir, de Muhammad Yacoub, qui avait préparé l’opération de son enlèvement.
«En 1978, lors d’une visite en Libye, Musa Al-Sadr disparaît avec ses deux compagnons, Muhammad Yacoub et le journaliste Abbas Badruddin. En 1982, le cas de leur disparition a été renvoyé devant le Conseil judiciaire libanais. En 2008, mon père Mouammar Kadhafi a été accusé d’avoir enlevé Musa al-Sadr et ses compagnons. Cependant, depuis 1981, je n’ai jamais été mêlé à cette affaire, je n’ai été ni suspect, ni témoin, ni accusé. C’est-à-dire qu’il s’avère que la raison de mon arrestation n’a rien à voir avec ce procès. J’ai été arrêté uniquement parce que j’étais le fils de Mouammar Kadhafi», a-t-il raconté, tout en précisant qu’en 1978 il n’avait que deux ans.
Après avoir dit au juge enquêtant sur la disparition de Musa al-Sadr, qu’il n’avait aucune information à ce propos, Hannibal Kadhafi a été accusé d’avoir dissimulé des informations.
Sans médias, ni aide de l’Onu
Quatre ans de prison ont déjà eu un effet néfaste sur la santé d’Hannibal Kadhafi. Selon lui, il souffre de douleurs à la poitrine, d’insuffisance respiratoire, de douleurs dans le bas du dos, de problèmes de peau dus au manque de lumière solaire. Il a également un nez cassé et un hématome à la tête.«Je demande aux Nations unies d’envoyer un groupe de médecins au Liban pour me rendre visite en prison, afin de rédiger un rapport médical sur mon état (…). Les conditions de détention ne sont pas satisfaisantes. De plus, je ne peux pas contacter les médias, et ceux qui me rendent visite se verront interdire d’entrer pour la prochaine fois au Liban».
Projets politiques et rôle de la Russie
Quant à ses projets politiques après sa libération, Hannibal Kadhafi reste discret, rappelant que pendant les années durant lesquelles il a travaillé en Libye, il n’a jamais occupé de poste dans les services de sécurité: «Je n’étais qu’un conseiller dans le domaine du fret maritime».
Cependant, le fils de Mouammar Kadhafi apprécie les efforts que la Russie déploie pour sa libération.
«Nous comptons sur le rôle important de la Russie, en tant que grand État, dans ce genre de cas de volonté. Je la remercie pour les efforts qu’elle déploie pour ma libération».
L’instabilité règne en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, chassé du pouvoir par une insurrection soutenue par une coalition militaire internationale à l’initiative de la France et appuyée par l’Otan. Depuis, le pays est partagé entre deux centres de pouvoir, situés à Tripoli et à Tobrouk. L’absence de pouvoir central a transformé le pays en plaque tournante de la contrebande et du transit des migrants entre l’Afrique et l’Europe.