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22 décembre 2024

LES GROSSES ORCHADES, LES AMPLES THALAMÈGES


 

 

 

 

 

Le Saker et l’économiste

 

Interview de Michael Hudson par Le Saker sur le Venezuela – 7 février 2019

 

 

Introduction : La controverse fait rage sur le point de savoir quel est l’état réel de l’économie vénézuélienne et si les réformes et la politique d’Hugo Chavez et de Nicolas Maduro ont été décisives pour le peuple vénézuélien ou s’ils se sont fourvoyés et sont responsables de la crise actuelle. Tout le monde semble avoir des opinions très arrêtées sur la question. Mais moi je n’en ai pas, tout simplement parce que je manque des compétences qu’il faudrait pour en avoir. C’est pourquoi je me suis décidé à interroger un des économistes indépendants les plus considérés, Michael Hudson, pour qui j’ai un immense respect, et dont les analyses (y compris celles qu’il a écrites en collaboration avec Paul Craig Roberts) semblent les plus crédibles et les plus honnêtes qu’on puisse trouver. En fait, Paul Craig Roberts tient Hudson pour « le meilleur économiste au monde » ! Je suis très reconnaissant à Michael Hudson de ses réponses, qui contribueront, je l’espère, à permettre une compréhension honnête et objective de ce qui est en train de se passer au Venezuela.

Le Saker

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Saker : Pourriez-vous résumer l’état dans lequel se trouvait l’économie vénézuélienne quand Chavez est arrivé au pouvoir ?

Michael Hudson : Le Venezuela était un pays à monoculture pétrolière. Ses recettes provenant de l’exportation servaient majoritairement à importer des denrées alimentaires et autres marchandises de première nécessité qui n’auraient pu être produites dans le pays. Il commerçait surtout avec les États-Unis. Par conséquent, malgré sa richesse en pétrole, il a accumulé une dette extérieure

Dès l’origine, les compagnies pétrolières US ont craint que le Venezuela puisse, un jour, utiliser ses revenus pétroliers au bénéfice de sa population, au lieu de laisser l’industrie pétrolière US et son aristocratie nationale « compradore » siphonner ses richesses à leur gré. Donc, l’industrie du pétrole,  soutenue par la diplomatie US, a pris le Venezuela en otage de deux manières.

 

 

Pays classés par grandeur des réserves pétrolières prouvées.

 

 

Avant tout, il faut savoir que les raffineries de pétrole n’ont pas été construites au Venezuela, mais à Trinidad et sur les côtes US du Golfe du Mexique. Cela a permis aux compagnies pétrolières – ou au gouvernement US – de laisser le Venezuela sans aucun moyen de faire cavalier seul et de se doter d’une politique pétrolière indépendante, puisqu’il a besoin de faire raffiner son pétrole au dehors pour qu’il soit utilisable.

Deuxièmement, les banquiers centraux du Venezuela ont été persuadés de donner en gage leurs réserves de pétrole et tous les actifs de l’État dans le secteur pétrolier, y compris CITGO [Citgo Petroleum Corporation, ndt], comme caution financière pour garantir le remboursement de la dette extérieure. Ceci signifie que, si le Venezuela fait faillite (ou est poussé à la faillite par le refus des banques US d’effectuer dans les délais prévus les paiements nécessaires au remboursement de sa dette extérieure) les actionnaires et les principales compagnies pétrolières US ont la possibilité de prendre possession des actifs pétroliers vénézuéliens.

Cette politique pro-US a fait du Venezuela une oligarchie latino-américaine typiquement polarisée. Quoique le Venezuela soit nominalement très riche en réserves de pétrole, sa richesse a été concentrée dans les mains d’une oligarchie pro-US qui a laissé le soin de son développement national à la Banque Mondiale et au FMI. La population indigène, en particulier sa minorité raciale rurale et sa sous-classe urbaine, a été exclue du partage des richesses pétrolières du pays. Le refus arrogant de l’oligarchie de partager ces richesses ou même de rendre le Venezuela auto-suffisant en produits de première nécessité a fait de l’élection d’Hugo Chavez une issue naturelle.

Le Saker : Pourriez-vous esquisser les grandes lignes des diverses réformes et changements apportés par Hugo Chavez ? Qu’a-t-il fait de bien et qu’a-t-il fait de mal ?

Michael Hudson : Chavez a essayé de restaurer une économie mixte au Venezuela en se servant des revenus du gouvernement – principalement ceux du pétrole, bien sûr – pour développer les infrastructures et pour consacrer les dépenses intérieures à la santé publique, à l’éducation et à l’emploi, pour élever le niveau de vie et la productivité de son électorat.

Ce qu’il n’a pas été en mesure de faire, c’est assainir la pratique profondément enracinée des détournements de fonds et des pots-de-vin dans le secteur pétrolier. Et il n’a pas été capable d’endiguer l’évasion des capitaux par l’oligarchie qui a transporté ses richesses et elle-même à l’étranger.

Ce n’est pas quelque chose qu’il a « mal fait ». Parce qu’il faut très longtemps pour redresser la mise en coupe réglée d’une économie, alors que les USA usent d’une foule de « sanctions » et de sales tours pour en saboter le processus.

Le Saker : Quelles sont, à votre avis, les causes de la crise économique actuelle au Venezuela ? Celle-ci est-elle principalement due aux erreurs de Chavez et de Maduro ou au sabotage, à la subversion et aux « sanctions » US ?

Michael Hudson : Il était totalement hors de question que Chavez et Maduro pussent poursuivre une politique pro-vénézuélienne visant à atteindre l’indépendance économique sans provoquer la fureur, la subversion et les « sanctions » des États-Unis. La politique étrangère de l’Amérique reste aussi focalisée sur le pétrole qu’elle l’était quand elle a envahi l’Irak sous le régime de Dick Cheney. La politique US consiste à traiter le Venezuela comme une simple extension de l’économie US avec un excédent commercial en pétrole à dépenser aux États-Unis ou une épargne à transférer dans les banques US. En imposant des « sanctions » qui empêchent le Venezuela  d’avoir accès à ses dépôts bancaires aux États-Unis et aux actifs de  CITCO, propriété d’État, les USA font en sorte que le Venezuela soit dans l’incapacité de rembourser sa dette extérieure. C’est le contraindre de force à une faillite, que les diplomates US espèrent utiliser comme excuse pour mettre la main sur les ressources pétrolières du Venezuela et pour saisir ses actifs à l’étranger, tout à fait comme les fonds spéculatifs de Paul Singer ont tenté de le faire avec les actifs à l’étranger de l’Argentine.

Comme la politique US sous Kissinger était de « faire hurler l’économie » du Chili, elle fait de même aujourd’hui avec le Venezuela. Les USA se servent de ce pays comme d’un exemple pour avertir les autres pays de ce qu’il pourra leur en coûter s’ils ne laissent pas siphonner leurs excédents économiques par les investisseurs US.

Le Saker :À votre avis, que devrait faire Maduro maintenant (à supposer qu’il reste au pouvoir et que les USA ne le renversent pas), pour sauver l’économie vénézuélienne ?

Michael Hudson : Je ne vois rien que le président Maduro devrait faire qu’il ne fasse pas déjà. Au mieux, il doit rechercher des soutiens à l’étranger et, ainsi, démontrer au monde entier la nécessité d’un système économique et financier international alternatif.

Il a d’ailleurs commencé à le faire en essayant de retirer l’or du Venezuela de la Banque d’Angleterre et de la Réserve Fédérale américaine. Ceci est en train de tourner à la « guerre asymétrique », avec la menace de dé-sanctifier l’étalon-dollar dans la finance internationale. Le refus de l’Angleterre et des États-Unis de laisser un gouvernement élu contrôler ses actifs à l’étranger a pour but de faire savoir au reste du monde que, seuls, les diplomates et les Cours US peuvent contrôler et contrôleront les pays étrangers comme s’ils étaient de simples extensions du nationalisme US.

Le prix à payer pour l’attaque économique US contre le Venezuela est donc la fracture du système monétaire international. La manœuvre défensive de Maduro montre aux autres pays la nécessité de se protéger pour ne pas devenir « un autre Venezuela », en se trouvant d’autres refuges et d’autres agents payeurs pour leur or, leurs réserves de change et le financement de leur dette extérieure, loin des zones dollar, sterling ou euro.

La seule manière, pour Maduro, de se battre avec succès est de le faire au niveau institutionnel, de mettre la barre encore plus haut en portant la lutte « hors du cadre et des sentiers battus ». Son plan – et bien entendu c’est un plan de longue haleine – doit être d’aider à catalyser un nouvel ordre économique international, indépendant du dollar-étalon US. Il ne peut marcher à brève échéance que si les États-Unis croient pouvoir émerger de cette lutte en honnête intermédiaire financier, en système bancaire honnête et en  honnête soutien des régimes démocratiquement élus. L’administration Trump est occupée à détruire toute illusion de ce genre plus totalement que ne pourrait le faire n’importe quel critique anti-impérialiste ou rival économique !

À plus longue échéance, Maduro doit développer l’agriculture vénézuélienne, plus ou moins comme les USA ont protégé et développé leur agriculture par la législation du New Deal dans les années 1930 – services d’assistance à l’extension agricole, caisses de crédit rurales, conseils en semences, organisations de marketing d’État pour l’achat des récoltes et la fourniture d’outillage mécanique, et le même genre de soutien des prix qui a été longtemps utilisé aux États-Unis pour subventionner les investissements au niveau des exploitations et augmenter la productivité.

Le Saker : Qu’en est-il du plan pour l’introduction d’une crypto-monnaie ? Est-ce que ce sera une alternative efficace au bolivar vénézuélien mourant ?

Michael Hudson : Seul un gouvernement national peut émettre une monnaie. Une « crypto » monnaie liée au prix du pétrole deviendrait un véhicule spéculatif, sujet à manipulations et à fluctuations considérables des prix, sous l’action des vendeurs et des acheteurs à terme. Une monnaie nationale doit se baser sur la capacité de lever l’impôt, et la source d’impôts principale du Venezuela, qui est le pétrole, est actuellement bloquée par les États-Unis. Ce qui fait que la situation présente du Venezuela est identique à celle de l’Allemagne sortant de son hyper-inflation des années 1920. La seule solution possible implique un soutien à la balance des paiements. Il semble bien qu’un tel soutien ne viendra que du dehors de la sphère « dollar ».

La solution à une hyperinflation doit être négociée diplomatiquement et être soutenue par d’autres gouvernements. Mon histoire du commerce international et ma théorie financière Trade, Development and Foreign Debt (« Commerce, développement et dette extérieure ») décrit le problème des réparations allemandes et montre comment l’hyperinflation de l’Allemagne a été résolue par le Rentenmark.

L’impôt sur la rente économique du Venezuela frapperait nécessairement le pétrole, les sites immobiliers de luxe, les prix monopolistiques et les hauts revenus (surtout les revenus financiers et ceux des monopoles [souvent multinationaux, ndt]). La charpente d’une telle taxe et d’une politique financière adéquate requiert une logique. Il y a un demi-siècle que j’essaie d’expliquer comment s’y prendre pour atteindre l’indépendance monétaire, donc politique. La Chine est en train d’appliquer cette politique avec beaucoup d’efficacité. Elle est capable de le faire parce que son économie est vaste et auto-suffisante en produits de première nécessité et qu’elle possède suffisamment de surplus à l’exportation pour payer ses importations alimentaires. Le Venezuela n’est pas du tout dans une situation de ce genre. C’est pourquoi il se tourne vers la Chine dont il espère un soutien.

Le Saker : Quelle aide lui apportent la Chine, la Russie et l’Iran, et dans quelle mesure ces pays peuvent-ils l’aider ? Croyez-vous que l’aide conjointe de ces trois pays peut réussir à neutraliser les sabotages, la subversion et les « sanctions » US ?

Michael Hudson : Aucun de ces trois pays ne possède en ce moment la capacité de raffiner le pétrole vénézuélien. Il leur est donc très difficile d’accepter d’être payés en pétrole vénézuélien. Seul un contrat de fourniture à long terme (payé à l’avance) serait réalisable. Et même dans ce cas, que feraient la Chine et la Russie, si les États-Unis s’emparaient tout simplement de leurs biens au Venezuela ou refusaient par exemple de laisser les compagnies pétrolières russes prendre possession de CITCO ? La seule réponse, dans ce cas, serait de saisir les investissements US dans leurs propres pays, en guise de compensation.

La Chine et la Russie sont au moins capables de fournir un mécanisme de compensation interbancaire autre que le SWIFT, de sorte que le Venezuela puisse contourner le système financier US et empêcher les autorités et les actionnaires US de s’emparer à volonté de ses avoirs. Et, bien entendu, elles peuvent offrir des abris sûrs où conserver ce que le Venezuela réussirait à arracher de son or à New York et à Londres.

Par conséquent, si on se tourne vers l’avenir, il est nécessaire que la Chine, la Russie, l’Iran et d’autres pays se mettent d’accord pour instituer une nouvelle Cour internationale apte à émettre des jugements dans la crise diplomatique en cours, ses conséquences financières et militaires. Il faut qu’une telle Cour – et sa banque internationale associée, en remplacement du FMI et de la Banque Mondiale contrôlés pars les USA – ait une idéologie claire, pour encadrer un jeu de principes relatifs aux droits nationaux et internationaux, avec pouvoir d’imposer et d’appliquer ses jugements.

Ceci mettrait les stratèges financiers US devant le seul choix (s’ils continuaient à traiter le FMI, la Banque Mondiale, l’ITO et l’OTAN  comme des extensions de la politique extérieure de plus en plus agressive des USA) d’isoler les États-Unis. L’Europe devra choisir soit de rester un satellite économique et militaire des USA, soit d’unir son destin à l’Eurasie.

Cependant, Daniel Yergin rapporte dans le Wall Street Journal du 7 février que la Chine serait en train de tenter d’assurer ses arrières en ouvrant des négociations en coulisses avec le groupe de Guaido, dans le but, apparemment, d’obtenir le même marché qu’elle a obtenu du gouvernement Maduro. Mais un marché de ce genre aurait peu de chances de se voir honorer dans la pratique, étant donnée l’animosité US envers la Chine et la totale sujétion de Guaido au soutien secret US.

Le Saker : Le Venezuela a gardé beaucoup de son or en Angleterre et de ses fonds aux USA. Comment Chavez et Maduro ont-ils pu faire confiance à ces pays ou est-ce qu’ils n’avaient pas d’autre choix ? Y a-t-il des alternatives en remplacement de New York et de Londres, ou ces deux places sont-elles la seule possibilité qui existe pour les Banques Centrales du monde ?

 

 

Tableau des voix obtenues aux élections présidentielles – en %

[Tiens, il n’y a pas Poutine ! ndt]

 

 

Michael Hudson : Il n’y a jamais eu aucune confiance dans la Banque d’Angleterre ou dans la Réserve Fédérale, mais il paraissait impensable qu’elles refuseraient un jour de laisser un dépositaire officiel retirer l’or qui lui appartient. La devise courante est « Faire confiance et vérifier ». Mais la mauvaise volonté (ou l’incapacité) de la Banque d’Angleterre à vérifier signifie que l’impensable est arrivé. Ces banques centrales ont-elles vendu cet or à terme dans le Pool de l’Or post-Londonien et les marchés en matières premières qui lui ont succédé, en essayant de maintenir les prix de l’or au plus bas, pour tenter de sauvegarder l’apparence d’un  dollar-étalon solvable ?

Paul Craig Roberts a expliqué comment ce système fonctionne. Il y a des marchés à terme pour les monnaies, les actions et les obligations. La Réserve Fédérale peut offrir d’acheter des actions à trois mois, à, disons 10% au-dessus du prix courant. Des spéculateurs achèteront ces actions en enchérissant sur le prix, de façon à tirer parti de la promesse des « marchés » de les acheter. Si bien qu’au bout de trois mois, le prix aura monté. C’est en grande partie comment le « Plunge Protection Team » US a soutenu jusqu’ici le marché boursier américain.

Ce système fonctionne en sens inverse pour maintenir les prix de l’or au plus bas. Les banques centrales qui détiennent de l’or peuvent s’entendre pour vendre de l’or à trois mois à bas prix. « Le marché » se rendra compte que, si on vend l’or à bas prix, il n’y a aucun intérêt à acheter de l’or et donc à en faire monter le prix. C’est ainsi que le marché des règlements à terme façonne le marché d’aujourd’hui.

La question qui se pose est : les acquéreurs d’or (comme les gouvernements de la Russie et de la Chine) ont-ils acheté tellement d’or que la Réserve Fédérale et la Banque d’Angleterre aient été obligées de réellement exécuter leurs ventes à terme et d’épuiser ainsi progressivement leur or ? Dans ce cas, elles auraient « vécu au jour le jour », maintenant les prix de l’or au plus bas aussi longtemps que possible, en sachant qu’une fois que le monde reviendrait au taux de change de l’or d’avant 1971 pour les règlements inter-gouvernementaux des déficits en balance des paiements, les USA se retrouveraient à court d’or et seraient incapables de maintenir leurs dépenses militaires d’outremer (sans parler de leur déficit commercial et des désinvestissements étrangers dans les marchés boursiers et obligataires US).

Le refus de l’Angleterre et des États-Unis de payer ce qu’ils doivent au Venezuela signifie que les réserves d’or d’autres pays peuvent aussi être prises en otage par la politique américaine, et même que des jugements, par des Cours US, peuvent adjuger leur or à des créditeurs étrangers ou à quiconque introduirait une action en justice contre eux devant les lois US.

Cette prise d’otages transforme en urgence pour les autres pays la nécessité de déveloper une alternative viable, surtout à l’heure où le monde dé-dollarise et où un étalon de change-or reste la seule possibilité d’imposer des limites au déficit de balance des paiements d’origine militaire des USA ou à celui de n’importe quel pays se lançant dans une attaque militaire. Un empire militaire est très coûteux – et l’or est une contrainte « pacifique » apte à imposer des limites aux déficits de paiements d’origine militaire. (J’explique clairement les détails de tout ceci dans mon Super Imperialism : The Economic Strategy of American Empire  Super Impérialisme : la stratégie économique de l’empire américain ») de 1972, mis à jour en allemand sous le titre Finanzimperium en 2017.

Les USA ont trop présumé en détruisant l’ordre financier mondial centré sur le dollar. Cet ordre a permis aux États-Unis de devenir « la nation exceptionnelle » capable de gérer le déficit de leur balance-des-paiements et une dette extérieure qu’ils n’ont aucune intention (ou aucune possibilité) de rembourser, en prétendant que les dollars semés à tout vent dans leurs dépenses militaires lointaines « fournissent » aux autres pays les réserves de leurs banques centrales (réserves détenues sous forme de prêts – en actions et obligations – du Trésor US) pour financer le déficit du budget US et ses dépenses militaires, de même d’ailleurs que le déficit, très largement militaire,  de la balance-des-paiements US.

Étant donné que l’U.E. agit comme une succursale de l’OTAN et du système bancaire US, cette alternative serait de s’associer à l’Organisation de coopération de Shanghaï et que l’or soit mis en sécurité en Russie ou en Chine.

Le Saker : Que peuvent faire les autres pays d’Amérique Latine tels que la Bolivie, le Nicaragua, Cuba et peut-être l’Uruguay et le Mexique, pour aider le Venezuela ?

Michael Hudson : La meilleur chose que puissent faire les pays voisins est de s’associer pour participer à la création d’un véhicule dont le but soit de promouvoir la dé-dollarisation et, dans la foulée, à celle d’une institution internationale dont la tâche soit de surveiller l’apurement des dettes qui dépassent les capacités de remboursement des pays, sans leur imposer des programmes d’austérité qui détruisent automatiquement leurs économies.

On a grand besoin aussi d’une alternative à la Banque Mondiale, qui accorderait des prêts en monnaies nationales, surtout pour subventionner les investissements dans la production intérieure de produits alimentaires, de manière à protéger les économies des « sanctions » étrangères, équivalent actuel des sièges militaires qui forçaient jadis une place à se rendre en affamant sa population. Cette Banque Mondiale pour l’Accélération Économique mettrait en tête de ses objectifs le développement de l’auto-suffisance de ses membres, au lieu de promouvoir la concurrence à l’exportation qui, en accablant les emprunteurs d’une dette extérieure, les expose au chantage financier dont le Venezuela est aujourd’hui victime.

En sa qualité de pays catholique romain, le Venezuela pourrait faire appel à un soutien papal pour obtenir l’effacement de sa dette extérieure, mais aussi pour la création d’une institution internationale chargée de surveiller la capacité de remboursement des pays débiteurs, sans que leur soient imposées l’austérité, l’émigration, la dépopulation et la privatisation forcée de leurs domaines publics..

Deux principes internationaux sont nécessaires.

Le premier – Aucun pays ne devrait être forcé de rembourser sa dette extérieure dans une monnaie (comme le dollar ou ses satellites) dont le système bancaire agit pour en empêcher le remboursement.

Le second – Aucun pays ne devrait être obligé de rembourser une dette extérieure qui lui fasse perdre son autonomie en tant qu’État : le droit de déterminer sa propre politique étrangère, de lever l’impôt et d’émettre sa propre monnaie, et celui de ne pas avoir à privatiser ses actifs publics pour rembourser des créditeurs étrangers.

Le Saker :  Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !

 

Source : https://thesaker.is/saker-interview-with-michael-hudson-on-venezuela-february-7-2019/

Source d’origine : http://www.unz.com/tsaker/saker-interview-with-michael-hudson-on-venezuela/

Traduction : c.l pour Les Grosses Orchades

 

 

 

 

 

 

 

GILETS

 

 

Là-bas si j’y suis…

 

D’ordinaire, la violence est utilisée pour discréditer un mouvement. Mais voilà, ça ne prend plus, et depuis treize semaines, une petite musique monte : « QUI NE CASSE RIEN N’A RIEN ! »

« Le mouvement s’essouffle [1]. » Chaque semaine, les experts sont unanimes, « le mouvement s’essouffle ». Et chaque semaine, le nombre de manifestants est en baisse, selon le chiffre du ministère de l’Intérieur – une « source »que les journalistes oublient souvent d’indiquer. Ajoutez l’hostilité assumée de la plupart des médias et les accusations permanentes contre les « gilets jaunes » : homophobie, xénophobie, insultes raciales, infiltration par « les extrêmes » et même antisémitisme, suite à un tag découvert sur une vitrine alors qu’absolument aucun manifestant n’était présent dans ce quartier et que le tag – selon le commerçant lui-même – a été fait durant la nuit précédente [2] !

Bref, ce mouvement devrait être à l’agonie et rejeté depuis longtemps. Or – et c’est un chiffre moins cité par les hauts parleurs médiatiques – entre 55 % et 64 % des Français continuent de soutenir le mouvement [3]. Et ceci, malgré la violence ! D’ordinaire, au contraire, c’est la violence qui est instrumentalisée pour discréditer les revendications de la rue. Vieille ficelle policière, il suffit de laisser les casseurs casser, de laisser les journalistes filmer les casseurs pour le 20 Heures, et le tour est joué. Depuis le regretté Roger Gicquel, le 20 Heures sait faire peur à la France.

Or là, non, voilà treize semaines que les Français tolèrent cette violence. Est-ce qu’ils l’approuvent pour autant ? C’est moins certain, même si un slogan se fait entendre en manif : « QUI NE CASSE RIEN N’A RIEN ! »

 

 

 

La casse, ce samedi, c’est à nouveau une main arrachée devant l’Assemblée nationale. Sébastien M., plombier, originaire d’Argenteuil, a été visé par une grenade de désencerclement GLI-F4, qui a explosé à mi-hauteur et a réduit sa main droite en charpie. La scène a été filmé en direct par plusieurs caméras. Il devient difficile de tromper le petit peuple.

Chiffres, répression, manœuvres diverses, on finit par ne plus entendre les « gilets jaunes » écrasés sous une masse d’analyses savantes et des commentaires péremptoires de ceux qui « l’avaient toujours dit ». Surveillants et gardiens, désarçonnés par ce peuple qui leur a échappé, ne savent plus comment faire rentrer le troupeau à l’étable, sinon par la force. Walter Lippmann, l’un des grands penseurs du capitalisme américain, évoquait déjà ce peuple et sa « partialité bornée », avec « ses mugissements et ses piétinements de troupeau affolé [4] ».

Dans la manif, une pancarte disait : « ARRÊTEZ DE NOUS EXPLIQUER, ON A TOUT COMPRIS ».

 

Daniel Mermet

 

 

 

 

Folies hexagonales

 

 

Un nouveau chevalier de la légion du déshonneur au ministère des Zarzélettres… qui serait directeur du Festival d’Avignon. Tu te fous de nous ? Non, non, c’est vrai. Et en plus il chante.

Rendors-toi, Vilar, c’est pas un spectacle pour des macchabées convenables.

:

Ne parlez pas d’amour

 

 

Ben, à le voir et l’entendre, on n’en a pas envie.

On dira ce qu’on voudra, mais Michou en Marlène, c’était quand même autre chose !

 

DIAPORAMA

de la remise du machin au récipiendaire.

 

Source : https://www.delitdimages.org/marcronella-sous-le-charme-dolivier-py-video/

 

 

 

 

Mis en ligne le 12 février 2019

 

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