La Catastrophe nucléaire de Fukushima
19 février 2019
27 octobre 2018
Le point sur les centrales nucléaires du Japon et autres nouvelles
Articles de HORI Yasuo traduits de l’espéranto par Robert MOLIMARD et Ginette MARTIN.
Sommaire
1 – « Le point sur les centrales nucléaires du Japon », rédigé le 26 juillet 2018
2 – « Le grand danger de la centrale nucléaire de Tomari », rédigé le 23 septembre 2018
3 – « On prévoit un grand séisme », extrait de l’article du 25 juillet 2018 « Le Japon se meurt »
4 – « Energie », extrait de l’article du 5 juillet 2018 « Relations entre le Japon et la Mongolie »
- Le point sur les centrales nucléaires du Japon
Sept ans ont passé depuis que quatre réacteurs nucléaires ont été sérieusement endommagés à Fukushima. Maintenant, qu’en est-il des centrales nucléaires japonaises ?
TEPCO a décidé de démanteler les 10 réacteurs nucléaires de Fukushima
En 2011, avant l’accident, il y avait 10 réacteurs nucléaires à Fukushima, à savoir six dans la centrale nucléaire n°1 [daiichi] et quatre dans la centrale n°2 [daini] (Photo ci-dessous).
Centrale nucléaire de Fukushima Daini
Parmi ceux-ci, quatre dans la centrale n°1 étaient endommagés et sont maintenant en cours de démantèlement. TEPCO a déjà décidé de réformer les deux autres de la centrale n°1, mais concernant les quatre réacteurs de la centrale n°2, la compagnie, qui continuait à ne pas dévoiler son intention, disant que c’était de la responsabilité du gouvernement, a finalement publié le 14 juin qu’elle les réformerait tous les quatre. Ces 10 réacteurs seront démantelés, pour la joie des habitants de Fukushima, et Fukushima deviendra un département dénucléarisé. Félicitations à eux, et à nous !
Pour démanteler les six réacteurs de la centrale n°1, il faudra à TEPCO 280 milliards de yens (2,2 milliards d’euros) et 30 à 40 ans. En remplacement, elle a l’intention de remettre en fonction sept réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Kashiuazaki-Kariua dans le département de Niigata, à l’arrêt depuis le tremblement de terre de Niigata en 2007.
*Ma conclusion : Il semble que TEPCO ait perdu la partie contre les habitants de Fukushima, mais ne cesse d’intriguer pour renverser la situation dans d’autres départements.
La centrale nucléaire n° 2 de Tookai
L’Autorité de Régulation Nucléaire a approuvé la réparation convenable de la centrale nucléaire n°2 de Tookai du département d’Ibaraki (un réacteur). Cette centrale est située dans la métropole et 960 000 personnes habitent dans un rayon de 30 km autour d’elle. Le plan de secours est insuffisant, mais l’Autorité n’est pas responsable des refuges, seulement d’examiner l’adéquation du réacteur aux règles.
Centrale nucléaire de Tookai
Ce réacteur a commencé à fonctionner en 1976, il est donc un réacteur caduc de plus de 40 ans. Car selon la loi, on ne peut utiliser un réacteur plus de 40 ans, mais l’Autorité a déjà approuvé sept réacteurs comme convenablement réparés pour pouvoir fonctionner, et les compagnies d’électricité préparent joyeusement leur remise en route.
*Ma conclusion : Les puissants essaient toujours de trouver une voie détournée.
TEPCO a refusé un accord avec les habitants de Namie
15000 habitants de la ville de Namie dans le département de Fukushima, qui ont dû trouver refuge à cause de l’accident nucléaire, ont demandé une compensation monétaire supplémentaire à TEPCO, au Centre pour la solution des conflits liés à l’accident nucléaire, mais celui-ci a refusé la demande. Pendant ces 5 années, 850 d’entre eux sont morts. Le maire M. Baba Tamotsu a dit en colère que TEPCO n’avait absolument aucun sentiment de faute dans l’accident.
*Ma conclusion : TEPCO semble demander pardon, mais en réalité son seul but est de survivre, même en piétinant ceux qui souffrent.
Travailleurs étrangers dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima
10 000 personnes travaillent chaque jour à la centrale nucléaire n°1. C’est donc 3 650 000 journées de travailleurs dont a besoin TEPCO chaque année. Il lui faudra 40 ans pour terminer le démantèlement de ces réacteurs, donc 146 millions de journées de travail humain. Est-ce qu’elle pourra embaucher autant de personnes ? Aura-t-elle suffisamment d’argent pour cela ? Je crains que non, mais TEPCO est très optimiste.
L’économie japonaise est actuellement prospère, mais le problème est le manque de force de travail. Le Japon se ratatine, avec énormément de vieux et peu de jeunes et d’enfants. Pour cela, le gouvernement invite de jeunes étrangers d’Asie comme « stagiaires ». Ils travaillent dans des compagnies japonaises et « s’entrainent » pour que, retournant dans leur pays, ils utilisent les techniques et les capacités acquises. En fait, beaucoup de compagnies les utilisent comme une main d’œuvre bon marché. On a découvert en mai que six « stagiaires » vietnamiens travaillaient dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima alors que TEPCO avait décidé de ne pas embaucher d’étrangers. Ces six vietnamiens n’étaient pas directement embauchés par TEPCO, mais par un sous-traitant. Le président de cette compagnie a déclaré : « Je connaissais cette décision de TEPCO, mais les compagnies de construction n’existeraient pas sans travailleurs étrangers ». Il n’y a pas de réacteur nucléaire au Vietnam, donc même si ces six ont acquis une expertise de travail à Fukushima, ils ne pourront l’utiliser nulle part dans leur pays.
Le travail dans une centrale nucléaire est dangereux, c’est pourquoi de moins en moins de Japonais veulent y travailler. Je suppose que beaucoup d’étrangers travaillent clandestinement dans les centrales nucléaires de tout le Japon. J’ai peur qu’un jour, sous peu, TEPCO finisse par rejeter sa responsabilité de démanteler ces réacteurs en raison d’un manque de personnel et d’argent.
*Ma conclusion 1 : Les pauvres sont toujours les victimes des riches et des puissants.
*Ma conclusion 2 : Le gouvernement et les grandes compagnies comme TEPCO n’ont pas de vision du futur du Japon.
- Le grand danger de la centrale nucléaire de Tomari
Un grand tremblement de terre est survenu
Le 9 septembre à 3h08, un grand séisme s’est produit dans le sud d’Hokkaido.
Les tremblements de terre sont fréquents au Japon.
Le gouvernement et les experts sismologues recherchent où se trouvent les failles actives et en font la carte, mais ce séisme ne s’est pas produit au niveau des failles connues, mais de fissures inconnues. Cela signifie qu’il y en a beaucoup dans les îles japonaises, et que partout pourront survenir de grands tremblements de terre.
J’ai vu les dégâts à la télévision, et ai été très surpris par le nombre incroyable de glissements de terrain causés par le séisme. Toute la montagne a été quasiment écorchée par des ongles gigantesques (photo ci-dessous). Une cendre volcanique, qui recouvrait la montagne, a glissé à cause des énormes secousses, tuant environ 40 personnes et détruisant leurs maisons.
Glissements de terrain en de nombreux endroits
Ce n’est pas seulement le problème d’Hokkaido, car le Japon est une île volcanique, et la nature du terrain est la même partout.
Une autre surprise fut la formation de boue liquide dans la capitale Sapporo à 50 km de l’épicentre. Là, à cause de la résurgence des eaux souterraines, les rues s’y engloutirent et les maisons s’inclinèrent.
Le séisme a provoqué un autre grave problème, la panne de trois générateurs hydroélectriques de la compagnie d’électricité Hokkaido (en abrégé Hokuden) dans la ville d’Atsuma, sous laquelle il se produisit. Cette centrale fournit la moitié des besoins d’Hokkaido en électricité. La panne a retenti sur d’autres petits générateurs, si bien que toutes les centrales d’Hokuden s’arrêtèrent. Dans la vie moderne, les gens ne peuvent vivre sans électricité. Les usines ne peuvent fonctionner, les éleveurs ne peuvent traire les vaches, et les vaches meurent d’affection mammaire, les hôpitaux ne peuvent soigner les malades, en fait toutes les fonctions se sont arrêtées et l’économie en souffre beaucoup. Même maintenant la fourniture de courant ne suffit pas et est instable, et les habitants vivent dans l’inquiétude.
La centrale nucléaire de Tomari, qui appartient à Hokuden, a aussi souffert, ayant perdu la totalité de l’apport électrique extérieur, devenant dépendante de celui qu’elle produit. Heureusement, ses réacteurs ne fonctionnaient alors pas pour cause de contrôle. S’ils avaient fonctionné, cela aurait provoqué de nouveau une grande catastrophe nucléaire.
La centrale nucléaire de Tomari
Cette centrale contient trois réacteurs nucléaires.
Système | Démarrage | Production | État actuel | |
N°1 | PWA | 22/5/1989 | 579 MW | En contrôle |
N°2 | PWA | 12/4/1991 | 579 MW | En contrôle |
N°3 | PWA | 22/12/2009 | 912 MW | En contrôle |
*PWA : réacteur à eau pressurisée (REP). Tous les réacteurs nucléaires de Fukushima sont des réacteurs d’une autre espèce, à eau bouillante.
Centrale nucléaire de Tomari
Mon amie plaidera au tribunal
Des actions de protestation se manifestent au Japon contre toutes les centrales nucléaires. À Hokkaido également existe un mouvement contre la centrale nucléaire de Tomari, et l’on accuse Hokuden, exigeant l’abandon de cette centrale. Mon amie, Mme Higushi Minako, qui a agi dès le début contre cette centrale, plaidera le 9 octobre devant le tribunal d’Hokkaido. Elle m’en a informé et m’a envoyé le texte de sa plaidoirie. Elle se présente ainsi :
Je m’appelle Higushi Minako. J’ai été responsable de l’information de la « Société agissant pour l’abandon de la centrale de Tomari », de juin 2011 à juin de cette année.
Quand nous avons décidé de porter cette affaire devant le tribunal, nous n’avions pas suffisamment de collaborateurs, donc avec deux autres nous avons travaillé à ce sujet par téléphone et messages par internet. Quand nous avons réussi à réunir 612 plaignants, j’étais très heureuse. Maintenant, nous en avons 1233.
Je n’oublierai jamais la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Même sur le lointain Hokkaido sont tombés des produits nucléaires. Quelques jours après l’accident j’ai mis au monde mon premier bébé. Pour nous protéger, avec quel soin j’ai choisi la nourriture ! Pour diffuser l’information sur le danger de l’accident nucléaire, j’ai commencé à éditer un petit document « Ginga Tsuushin » (Information Galaxie), et c’est cette année son 30e anniversaire.
Je ne suis pas experte pour parler en public, mais comme une de ceux qui ont cette fois fait l’expérience d’une vie sans électricité, tout à fait sans lumière, je parlerai sur le thème « Le tremblement de terre actuel à Hokkaido a rendu plus clair le danger de la centrale nucléaire de Tomari ». Tous pourront assister au jugement. J’attends votre présence.
Texte de sa plaidoirie au tribunal
Le séisme de cette fois-ci à Hokkaido a rendu plus évident le danger de la Centrale nucléaire de Tomari.
Accusatrice: Higuchi Minako
Le 6 septembre au petit matin a eu lieu dans le district oriental d’Iburi un tremblement de terre d’une intensité sismique de 7 (magnitude 6,7), et la compagnie électrique d’Hokkaido (Hokuden) n’a pas pu livrer d’électricité dans la totalité de l’île. Je vis dans la ville d’Ebetsu, à 60 kilomètres de l’épicentre d’Atsuma, mais je n’ai pas eu d’électricité chez moi pendant deux jours. Le trafic était arrêté. Les magasins étaient fermés. Nous ne pouvions pas acheter de nourriture. L’information ne venait que par une radio qui fonctionnait à peine avec une batterie. Pour la première fois, j’ai été terrifiée par des rues complètement obscures et sans panneaux de signalisation. Cette fois, je ne parlerai que de ce que j’ai remarqué lors de ces nuits sombres.
En raison du séisme, les générateurs hydroélectriques de Hokuden, nº 2 (600 MW) et n°4 (700 MW) ont cessé de fonctionner à cause de dommages subis dans les canalisations transportant de la vapeur à très haute température. Et au bout de 17 minutes, le générateur n° 1 (350 MW) a cessé de fonctionner. À cause de cela, la moitié de l’électricité nécessaire à Hokkaido a été perdue, ainsi que l’équilibre entre les autres générateurs, si bien qu’il y a eu une panne complète d’électricité sur toute l’île d’Hokkaido.
* Le générateur n° 3 avait été précédemment mis au rebut.
Les réacteurs nucléaires, alors inactivés, de la centrale nucléaire de Tomari ont été privés d’électricité extérieure pendant 19 heures et demie. Pendant ce temps, des générateurs d’urgence ont fonctionné et refroidi des combustibles nucléaires dans les piscines. Si ces générateurs avaient échoué, ces combustibles auraient pu atteindre un état critique.
Au cours de ce séisme, l’intensité sismique à Tomari était seulement de 2. Hokuden avait peut-être anticipé un séisme éventuel important qui pourrait priver de l’électricité extérieure, mais il n’avait pas prévu qu’à cause d’un tremblement de terre au loin, on devrait manquer d’électricité dans toute l’île, ni que la centrale allait manquer d’électricité pendant de longues d’heures. Hokuden a plaidé devant ce tribunal que la compagnie prend toujours et avait pris tous les moyens de secours contre tous les dangers pour conserver les réacteurs, mais il n’avait pas prévu que l’énergie électrique aurait si facilement été en panne.
Si les réacteurs nucléaires avaient été en fonctionnement, que se serait-il passé ? Le refroidissement des combustibles usagés dans les piscines et celui des réacteurs en fonctionnement ne sont pas la même chose. Il y a sept ans, en raison du grand tsunami à Fukushima, quatre réacteurs avaient perdu les sources d’électricité et s’étaient ensuite détruits, dispersant des poussières nucléaires dans l’est du Japon. Les gens de Fukushima ont perdu leur vie tranquille. Ont-ils retrouvé une vie calme ? L’accident n’est pas encore terminé. Ayant subi l’expérience d’une vie sans électricité, je suis convaincue que nous ne pouvons pas vivre en toute sécurité et tranquillité avec les centrales nucléaires.
La deuxième chose sérieuse lors de ce désastre sismique est qu’il s’est écoulé 17 minutes entre les défaillances des deuxième et quatrième générateurs et celle du premier générateur. De nombreux chercheurs ont mentionné que la compagnie Hokuden aurait pu éviter la panne totale, si elle avait équilibré l’offre et la demande d’électricité, en désactivant les générateurs à d’autres endroits. La compagnie n’était pas prête du tout pour des situations d’urgence. Elle n’est pas capable de sécuriser les centrales nucléaires. C’est devenu clair pour tous, à la lumière du séisme actuel.
La troisième chose majeure est que le séisme actuel a eu lieu dans un endroit imprévu. Il a eu lieu à 37 kilomètres de profondeur et provoqué d’immenses éboulements. Dans la mer à côté de la centrale nucléaire de Tomari, il y a une faille similaire à celle de la ville d’Atsuma. Si un tremblement de terre se produisait à côté de Tomari, celui-ci atteindrait la centrale nucléaire, ce qui causerait de grands dégâts, brisant des canalisations par suite de secousses verticales.
Enfin, je vais lire une partie de mon essai, qui est paru dans le livre « Lettres à Hokuden » il y a 29 ans.
« S’il y a un accident nucléaire à Tomari, les premières victimes seront les enfants. Un tel accident va souiller la mer, l’air et le sol, et la radioactivité s’accumulera dans leurs corps à cause des aliments pollués.
Un jour, j’ai visité le village de Tomari. Il y avait une très belle côte. Pourquoi a-t-on construit la centrale nucléaire là-bas ? Je me suis souvenu du golfe de Shiranui dans le département de Kumamoto. La mer était magnifique et fertile. Dans cette mer, l’usine d’azote a rejeté du mercure toxique. Ce n’est pas visible, ni perceptible à l’odeur, ni radioactif, donc les résidents, inconscients du danger, mangeaient des poissons pollués et ont souffert d’une maladie appelée «maladie de Minamata». Même les bébés sont nés malades. … Vous devez mettre au rebut la centrale nucléaire de Tomari, si vous aimez votre famille ».
Si la centrale nucléaire avait été en service au moment du séisme, il aurait pu se produire un grand accident. Je demande que la centrale nucléaire dangereuse de Tomari soit immédiatement mise au rebut. J’espère que le juge prononcera un verdict juste.
(Fin de la plaidoirie)
Quand j’ai appris que l’électricité extérieure était en panne, j’ai eu très peur. La centrale nucléaire a certainement son propre générateur pour produire de l’électricité, mais l’essence ou le pétrole lourd sont nécessaires. Est-ce que Hokuden a suffisamment de réserves ? Combien de jours pourra-t-il produire de l’électricité?
Et une autre crainte est que les tremblements de terre puissent casser des canalisations dans la centrale. Les réacteurs nucléaires sont reliés par une grande quantité de gros et de petits tuyaux. Si ceux-ci sont cassés, il y aura un désastre. Voir la photo plus bas. Après de grands séismes, il y a souvent de grosses fentes sur le sol. Si une telle craquelure se produit sous la centrale nucléaire, les réacteurs nucléaires ne pourront pas résister. Et ce malheur nous l’avons déjà connu à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dans le département de Niigata en juillet 2007.
Tout le monde craint un éventuel accident nucléaire, mais le gouvernement et le monde industriel continuent d’essayer de remettre en route tous les réacteurs nucléaires. Lorsque de grands tremblements de terre se produisent, la première question dans la tête de nombreuses personnes est la suivante: « La centrale nucléaire n’a-t-elle pas été endommagée ? » Nous ne voulons plus vivre avec cette peur.
Faille dans une rizière causée par le tremblement de terre à Kumamoto en 2016.
Terrain détruit dans la centrale nucléaire de Kashiwaki-Kariwa à Niigata à la suite du tremblement de terre de 2007. TEPCO le répare et tente de remettre en route cette centrale endommagée.
- On prévoit un grand séisme
Extrait de l’article du 25 juillet 2018 « Le Japon se meurt »
Le comité gouvernemental sur les tremblements de terre a publié le 26 juin une carte de probabilités de séismes. Selon le comité, leur probabilité augmentera, avec une force supérieure à 9 dans les 30 prochaines années. Elle sera de 85% autour de la ville de Shiba, de 85% autour de Mito et de 82 % autour de Yokohama. Il est cependant étrange qu’elle ne soit que de 42% autour de Tokyo, parce que le bureau municipal est situé par hasard sur une terrasse solide. Si ce grand séisme se produit dans les deux ans, il ne s’agira pas seulement des olympiades, mais aussi de la disparition du Japon, car Tokyo sera à grande échelle détruit.
- Energie
Extrait de l’article du 5 juillet 2018 « Relations entre le Japon et la Mongolie »
Immédiatement après l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, un article parut dans le journal Mainichi, selon lequel le gouvernement japonais envisageait de conserver en Mongolie des déchets radioactifs. Le gouvernement japonais essaie actuellement de faire fonctionner le plus possible de réacteurs nucléaires, mais toutes les centrales nucléaires sont presque pleines de déchets, et s’il n’a pas de lieux de stockage, elles ne pourront continuer à fonctionner, pourtant il n’y a nulle part au Japon de lieu adéquat pour accueillir ces déchets. La Mongolie convient tout à fait pour ces stockages, car elle est 4 fois plus grande que le Japon, et elle n’a que trois millions d’habitants. Le pays est largement désert, et il se pourrait qu’il y existe des lieux qui conviennent au stockage.
Le gouvernement a immédiatement fait savoir que telle n’était pas son intention, mais tant que se posera le problème des déchets, il explorera certainement secrètement la possibilité de stockage en Mongolie. Les déchets produits au Japon devront-ils aller dans un autre pays ! ? Une idée très honteuse ! Si le Japon ne peut résoudre ce problème chez lui, qu’il cesse de faire fonctionner toutes les centrales nucléaires !
Deux jours avant mon départ pour la Mongolie, j’ai regardé à la télévision un programme sur un projet d’énergie solaire en Mongolie. Une compagnie japonaise a commencé à y construire des centrales solaires, et cela pourra couvrir toute l’énergie électrique utilisée dans toute l’Asie orientale en Mongolie. C’est un excellent projet. Pour cela, la Chine, la Corée, le Japon et d’autres pays devront vivre ensemble et collaborer, s’interconnectant par leur système électrique. De plus, il n’y aura alors plus besoin d’énergie nucléaire. La Mongolie pourra jouer un rôle important de centre énergétique dans toute l’Asie.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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3 février 2018
Décharge, justice et démantèlement
Texte de HORI Yasuo du 31 décembre 2017, traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN avec la collaboration de Robert Molimard
Sommaire :
- Stockage des déchets nucléaires : l’avant-dernier
- Les tribunaux donnent raison aux victimes
- 13 réacteurs sont en démantèlement
- Le tribunal d’Hiroshima a interdit la remise en route d’un réacteur dans la centrale nucléaire d’Ikata
Décharge à Minamisoma en 2012 à côté d’une école primaire (capture d’écran vidéo CBS News)
-oOo-
Stockage des déchets nucléaires : l’avant-dernier
Le 28 octobre, on a commencé à stocker provisoirement les déchets nucléaires sur un site qui devrait être l’avant-dernier (peut-être le dernier et perpétuel), dans les villes d’Ōkuma et de Futaba, où se trouve la centrale nucléaire n°1 de Fukushima.
Le fond d’une large cuvette de stockage a été tapissé de toiles imperméables pour éviter la pollution des nappes souterraines. L’eau de pluie collectée au fond sera purifiée par une machine et rejetée dans les rivières. Ce lieu de stockage a une surface de 16 000 hectares, mais ne constitue que 39% des terrains prévus. Il est difficile d’obtenir l’accord des propriétaires fonciers.
Sur ce terrain, on construira ensuite un incinérateur pour les plantes arrachées et les arbres abattus, et un lieu de stockage pour les cendres fortement radioactives. Selon la loi, le gouvernement a promis qu’au bout de 30 ans (avant 2045) ce stockage devra être déménagé hors du département de Fukushima, mais personne bien sûr ne le croit, parce que nul n’acceptera ces installations dangereuses près de son logis.
A Fukushima, 15,2 millions de mètres cubes de terre contaminée sont stockés temporairement sur des terrains de sport, dans des parkings et même dans des jardins de particuliers. Selon le plan, la plus grande partie de cette terre contaminée sera transportée dans le nouveau site de stockage d’ici 2020.
Les tribunaux donnent raison aux victimes
En 2017, 3 jugements ont été prononcés concernant les souffrances générées par l’accident nucléaire. Le 17 mars, par la Cour de justice de Maebashi (département de Gunma), le 22 septembre par le tribunal de Chiba (département de Chiba), et le 10 octobre par le tribunal de Fukushima.
À Fukushima, 3800 personnes accusent l’État et TEPCO. Le 10 octobre, 1000 personnes se sont réunies devant le tribunal. Elles ont poussé des cris de joie quand le verdict favorable a été prononcé. Le secrétaire général des plaignants a déclaré: «TEPCO a exploité des réacteurs mal entretenus et a provoqué l’accident. Il est coupable.
L’État et TEPCO ont essayé ensemble de cacher leur faute. C’est celle-ci que le tribunal a révélée. »
De ces trois procès, celui de Maebashi était presque une victoire et celui de Fukushima une victoire parfaite pour les plaignants. Dans ces deux procès, on a augmenté les indemnités pécuniaires, mais la somme est restée trop faible. A Maebashi, 39 millions de yens (selon Boursorama 289 000 euros) pour 62 plaignants (630 000 yens en moyenne par plaignant, soit 4661 euros) et à Fukushima, 500 millions de yens ( 3 703 703 euros) pour 2907 plaignants (en moyenne 172 400 yens par personne, soit 1270 euros).
Le verdict de Chiba n’était pas aussi favorable, car il ne reconnaissait pas la faute de l’Etat, mais il approuvait l’indemnité compensatoire à ceux qui souffraient de la perte des conditions de vie basales dans leurs foyers, cela faisait 376 millions de yens ( 2 785 185 euros) pour 42 plaignants (en moyenne 9 millions de yens par plaignant, soit 66 313 euros).
Le tribunal de Fukushima a expliqué la prévisibilité du tsunami de la façon suivante : « Le comité d’Etat sur les risques de tremblements de terre disait dans son rapport de juillet 2002 que, sur la côte pacifique de l’île de Honshu, pourraient survenir de grands tremblements de terre qui pourraient causer de gros tsunamis avec une probabilité de 20% au cours des 30 prochaines années. Si l’Etat avait étudié immédiatement le rapport, il aurait pu anticiper le tsunami de 15,7 mètres qui allait atteindre les réacteurs. Si l’Etat à l’époque avait commandé à TEPCO des mesures adéquates, l’accident aurait été évité. L’État l’a négligé, c’est pourquoi il faut le critiquer. »
13 réacteurs sont en démantèlement
Le 22 décembre, la compagnie d’électricité Kansay a annoncé qu’elle avait décidé de se défaire de deux réacteurs de la centrale nucléaire d’Ōoi dans le département de Fukui. Après l’accident nucléaire de Fukushima, les règles de maintenance des réacteurs sont devenues plus sévères, de sorte que les petits réacteurs, pour lesquels la réparation et l’amélioration coûtent davantage, ne seront pas rentables. Cependant, ces deux derniers sont très puissants, pouvant à l’avenir produire 117,5 kilowatts d’électricité (la plupart des autres réacteurs mis au rebut produisaient environ 50 kilowatts), il semblait donc qu’ils étaient rentables. Cette décision signifie qu’à présent certains réacteurs deviennent non rentables. Une ère de mise au rebut des réacteurs a commencé, mais s’en défaire est très difficile pour les compagnies électriques.
La plus grande difficulté est de savoir que faire des déchets nucléaires. Ils sont classés en trois catégories, et tous seront enterrés. Les plus dangereux seront enfouis à plus de 70 mètres de profondeur pour les 100 000 années futures. Le démantèlement actuel ou à venir des 9 réacteurs produira 80 000 tonnes de ces déchets, mais on ne les a encore pas enterrés. Seule la compagnie d’électricité de Genden a présenté un plan selon lequel elle enterrera des déchets sur son terrain dans une immense cavité de 100 mètres de long, 80 mètres de large sur 4 mètres de hauteur, mais l’Autorité de Régulation Nucléaire l’étudie encore et le département ne l’a pas approuvé.
Le gouvernement a décidé que les déchets émettant moins de 0,01 millisievert par an soient réutilisés, mais jusqu’à présent, seuls quelques-uns ont été réutilisés sur le terrain des compagnies électriques, et jamais ailleurs.
Il faut plus de 30 ans pour démanteler parfaitement un réacteur. Au cours des 5 à 10 premières années, les installations seront examinées et nettoyées, tandis que les 8 à 10 années suivantes on démontera les installations peu contaminées. Pendant les 6 à 9 années qui suivront, on démontera le réacteur. Finalement il faudra encore 4 à 8 ans pour démonter toutes les installations et obtenir un terrain propre. Parmi ces travaux, le plus difficile est le démontage du réacteur, car il est si fortement contaminé que personne ne peut y travailler, les robots font et feront ces travaux, mais cela demande une très haute technicité.
Les difficultés décrites ci-dessus sont expliquées dans les journaux, mais j’ai une autre crainte, qui sera le manque de main-d’œuvre. Les gens ne veulent pas travailler dans cet endroit dangereux, se soumettre constamment à la radioactivité. Selon la loi, les personnes déjà été exposées à plus de 100 millisieverts pendant 5 ans ne peuvent plus travailler dans une centrale nucléaire. L’entreprise doit donc employer de plus en plus de nouveaux ouvriers inexpérimentés. Maintenant, au Japon, il y a un manque général de main-d’œuvre. De nombreuses entreprises dépendent d’ouvriers étrangers asiatiques.
Rien que dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, 10 000 personnes travaillent chaque jour. Pour démanteler 11 réacteurs, il faudra chaque jour au moins 100 000 travailleurs et embaucher davantage de nouveaux ouvriers chaque année. Y aura-t-il assez de force de travail pour cela? Y aura-t-il une main-d’œuvre de qualité suffisante pour cela? Les compagnies d’électricité pourront-elles dépenser autant d’argent? La force économique japonaise durera-t-elle aussi longtemps? En attendant, n’y aura-t-il pas d’autres cataclysmes?
Le tribunal d’Hiroshima a interdit la remise en route d’un réacteur dans la centrale nucléaire d’Ikata
Le 13 décembre, la cour d’appel d’Hiroshima a décidé que le réacteur n°3 de la centrale nucléaire d’Ikata sur l’île de Shikoku ne devait pas être remis en route en raison du danger d’une possible éruption du mont Aso dans l’île de Kjūshū. Ce réacteur est en cours d’examen et on prévoit de le redémarrer en janvier 2018, mais cela pourra être impossible. Pour la première fois devant la cour d’appel, le parti antinucléaire a gagné. C’est très important pour nous.
Un autre point à noter concernant ce jugement est que le tribunal a interdit la remise en route du réacteur selon les règles de l’Autorité de Régulation Nucléaire. Celle-ci avait approuvé cette reprise d’activité, estimant négligeable le danger d’une grande éruption du mont Aso. Mais le tribunal a jugé que la relance de la centrale nucléaire d’Ikata mettait en danger la vie humaine, à cause de l’énorme éruption du volcan Aso à 130 kilomètres de là.
Jusqu’à présent, devant les tribunaux, le principal débat concernait les tremblements de terre, mais devant ce tribunal il s’agissait de volcans et d’éruptions, et la cour a jugé que, selon les règlements édictés par l’Autorité, on doit être plus sévère pour évaluer l’état et les dangers des volcans. Le Japon est un archipel volcanique, donc il y a partout des volcans dangereux. Grâce à cette décision, le camp antinucléaire a acquis une nouvelle arme pour lutter contre le gouvernement et les compagnies d’électricité.
Il y a trois réacteurs dans la centrale nucléaire d’Ikata. L’entreprise a déjà décidé de démanteler le réacteur n°1, n’a encore rien décidé pour le réacteur n°2, et cette fois le tribunal a interdit l’exploitation du réacteur n°3. La politique nucléaire est dans une situation de plus en plus défavorable, mais le gouvernement et le monde industriel s’accrochent au nucléaire.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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19 novembre 2017
Mur de glace, eau contaminée, corium et décharge
Texte de HORI Yasuo du 1er septembre 2017 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN
Texte original en espéranto
Le mur de terre gelée est terminé.
Constamment, venant de la montagne voisine, beaucoup d’eau s’écoule dans le terrain des quatre réacteurs et elle se charge de radioactivité. TEPCO doit pomper et mettre cette eau dans de grandes cuves. Auparavant, sur le terrain de la centrale nucléaire de Fukushima, c’était plein de verdure, mais on y trouve maintenant un millier de grandes cuves à eau. Résoudre ce problème est la chose la plus importante pour TEPCO.
Pour cette raison, TEPCO a commencé à construire un mur de terre gelée de 1,5 kilomètre de long autour des 4 bâtiments des réacteurs. On a enfoncé 1568 tuyaux dans le sol, jusqu’à 30 mètres de profondeur, et à travers ces tubes, on fait circuler un liquide de refroidissement à -30 degrés, de sorte que le sol autour des tubes gèle et forme un mur. Jusqu’en mars 2016, TEPCO a construit 99% du mur et, le 22 août 2017, l’Autorité de sûreté nucléaire lui a permis de fermer la partie restante de 7 mètres de long.
Cependant, l’efficacité de ce mur pour diminuer l’eau polluée est bien incertaine. En outre, TEPCO a besoin de 1500 millions de yens [11 millions d’euros] par an pour maintenir le mur en bon état et, de surcroît, les travailleurs devront être fortement exposés à la radioactivité. Beaucoup de gens craignent que TEPCO ne doive dépenser presque perpétuellement une telle somme sans beaucoup d’efficacité et ils lui recommandent d’explorer d’autres méthodes pour l’eau contaminée.
Le terrain est rempli de grandes cuves déjà depuis 2013. Je suppose que maintenant la forêt que l’on voit au-dessus a disparu.
Comment traiter l’eau conservée
L’eau contaminée conservée en cuves est aussi un problème. TEPCO nettoie l’eau polluée avec la machine appelée ALPS mais, même ensuite, il reste dans cette eau une sorte de déchet radioactif, le tritium. On dit que ce n’est pas dangereux pour la nature et qu’on peut le rejeter à la mer, mais les pêcheurs de Fukushima sont fortement opposés à ce rejet de tritium, car la mauvaise renommée de Fukushima serait à nouveau remise dans l’actualité.
Même si les pêcheurs approuvaient le rejet, pour cela TEPCO devrait d’abord diluer l’eau. Mais cela signifie que cela fera encore plus d’eau. Pour rejeter cette eau diluée, il faudra de nombreuses années.
Si l’on ne peut pas résoudre ce problème d’eau, les grandes cuves seront constamment en augmentation. L’eau contaminée est le problème majeur et le plus important, mais on n’a aucune méthode efficace pour le résoudre.
Eléments fondus
Dans les trois réacteurs détruits, il reste des éléments fondus, mais il est difficile de savoir dans quel état ils sont, car ils sont trop radioactifs et personne ne peut s’approcher des réacteurs. Le 27 juillet, TEPCO a expliqué que des éléments fondus avaient été trouvés au fond du réacteur n°3.
Un robot résistant à l’eau a été utilisé, car ce réacteur est rempli d’eau. Dans les photos qui ont été prises, on voit une masse comme un rocher, des choses qui ressemblent à des pierres et du sable, une grille tombée et des tubes tombés aussi déjà rouillés. Tout cela est fait d’éléments fondus, de matériaux de construction, etc.
On suppose que 360 tonnes d’éléments fondus sont dans le réacteur n°3. TEPCO prévoit d’extraire les produits de fusion de l’un de ces trois réacteurs en 2021.
Un dépôt final de déchets nucléaires sera choisi
Le 28 juillet 2017, le gouvernement a publié la carte pour le stockage final des déchets nucléaires. Jusqu’à présent, il attendait des candidatures volontaires venant des villes, mais une telle option n’a pas fonctionné, c’est pourquoi il a changé sa politique et a fait lui-même une carte des emplacements appropriés et inappropriés pour le dépôt. (Voir la carte plus bas)
Selon l’explication, sont non-compatibles les endroits où :
1. il y a des volcans actifs dans un rayon de 150 kilomètres,
2. il y a des failles à proximité,
3. il y a une érosion ou une élévation de terrain,
4. la température de la terre est élevée,
5. l’eau souterraine est très acide,
6. la terre est molle,
7. on trouve des traces de coulées de lave apparues il y a plus de 10 000 ans,
8. il y a des mines de charbon, des champs de pétrole ou de gaz.
Les 7 premiers endroits non compatibles sont coloriés en orange et le dernier endroit est en gris. Ces sites sont situés principalement le long de l’archipel japonais et en suivant les zones volcaniques.
Sont appropriés les endroits où les conditions mentionnées ci-dessus n’existent pas (couleur vert pâle), et parmi ces emplacements « appropriés », ceux situés le long de la côte sont les plus appropriés pour le transport maritime des déchets nucléaires (couleur verte). Ces endroits compatibles couvrent 60% du pays. Le gouvernement est prêt à donner 2 milliards de yens [15 millions d’euros] aux villes qui acceptent les études sur papier et même 7 milliards de yens [52,5 millions d’euros] aux villes qui accepteront « davantage de recherches ».
Il est prévu de rejeter les déchets nucléaires de la façon suivante :
1. Les déchets nucléaires sont mélangés avec du verre et forment un bloc (500 kg, 1,3 m de haut et 40 cm de diamètre).
2. Le bloc est placé dans une caisse en métal recouverte d’argile sur 70 cm d’épaisseur, et on le met dans le sol à plus de 300 mètres de profondeur.
Selon les explications du gouvernement, ce dépôt souterrain aura une surface de 6 à 10 km2 et il y aura plus de 40 000 blocs de ce genre (mélanges de déchets nucléaires et de verre). Le coût total de la construction sera de 3 000 milliards de yens [22,5 milliards d’euros].
Il est prévu que 20 ans seront nécessaires pour choisir l’endroit et 10 ans pour le construire. En attendant, il y aura certainement un fort mouvement d’opposition et des problèmes imprévisibles. C’est pourquoi plus de 30 ans seront nécessaires, et au minimum 50 ans. En outre, personne ne garantit que d’autres accidents majeurs dans les centrales n’auront pas lieu, ni d’autres cataclysmes, ni des guerres. Les centrales nucléaires présentent un grand danger pour le Japon, mais des politiciens détestables continuent de croire et d’insister auprès des populations que les centrales nucléaires sont sûres et que leur électricité est bon marché.
Vraiment des imbéciles!
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Le 22 juillet dernier, Hori Yasuo avait également rapporté un article sur le 50ème anniversaire du premier essai atomique en Polynésie française. Vous trouverez le texte original et la traduction française ci-dessous.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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25 septembre 2017
L’Humanité ne peut vivre avec le nucléaire
En introduction au nouveau texte de Hori Yasuo sur le pacte d’abolition des armes nucléaires, je voudrais rendre hommage à Paul Signoret dont j’ai appris avec tristesse la disparition cet été, à l’âge de 95 ans. Sensible à la catastrophe nucléaire de Fukushima, il traduisait en français les textes de Yasuo depuis 2012, puis en collaboration avec Ginette Martin. Pour Yasuo, Paul était son père spirituel en espéranto, langue qu’il avait pratiqué activement toute sa vie. Je salue ici le travail d’un homme généreux, humble et rigoureux, qui a facilité une communication directe et de qualité entre le Japon et la francophonie. PF
(photo ci-dessus : Hori Yasuo et Paul Signoret en 2015)
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L’Humanité ne peut vivre avec le nucléaire
Texte de HORI Yasuo du 15 août 2017 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN
Cet été est le premier été mémorable après l’adoption du pacte d’abolition des armes nucléaires par 122 pays le 7 juillet 2017 aux Nations Unies. Le nom officiel de ce pacte est « Pacte pour l’interdiction de l’exploitation, des essais, de la production, du stockage, du transfert, de l’utilisation et de la menace par l’utilisation des armes nucléaires, et pour leur élimination ». Lorsque 50 pays le signeront, il entrera en vigueur 90 jours plus tard.
Le texte original en espéranto
La carte ci-dessus indique quels pays ont approuvé le pacte.
Malheureusement, le Japon ne l’a pas approuvé, ainsi que des pays possédant des armes nucléaires, ni des pays sous le parapluie nucléaire américain.
Chaque année, le 6 août à Hiroshima et le 9 août à Nagasaki, se déroule la Cérémonie pour la Paix. Lors de la cérémonie à Nagasaki, le maire Taue Tomihisa a parlé de la grande importante de ce pacte :
« Jamais plus d’hibakushas (irradiés par les bombes atomiques)! Cette phrase, selon leur désir fervent, signifie que plus personne ne doit souffrir des armes nucléaires. Ce désir fait bouger de nombreux pays dans le monde et a donné naissance à ce pacte. Le pacte sur l’abolition des armes nucléaires a été adopté par 122 pays, plus de 60% des pays membres des Nations Unies. C’est le fruit d’un effort de plusieurs années des hibakushas. J’aimerais appeler ce pacte, le « Pacte d’Hiroshima et Nagasaki ». Et je remercie les pays, les Nations Unies et les ONG qui soutiennent courageusement ce pacte avec une forte volonté d’éliminer les atrocités inhumaines.
Mais ce n’est pas la fin de notre mouvement. Maintenant, il y a 15 000 armes nucléaires dans le monde. La situation politique internationale en ce qui concerne les armes nucléaires est de plus en plus menaçante et maintenant se répand la crainte que, dans un proche avenir, des armes nucléaires ne soient utilisées. En outre, les pays qui possèdent des armes nucléaires s’opposent au pacte, de sorte que notre chemin vers un monde sans nucléaire est obscur. Le moyen de faire vivre le pacte nouveau-né est important pour l’humanité. »
Et ensuite le maire de la ville a fortement critiqué le gouvernement japonais :
Nous voulons dire ceci au gouvernement japonais. Il n’a même pas assisté à la réunion pour le pacte, bien qu’il prétende qu’il jouera le rôle principal d’intermédiaire entre les pays dotés d’armes nucléaires et les pays qui n’en ont pas, afin de créer un monde sans nucléaire. Nous, les villes qui avons reçu des bombes atomiques, nous ne pouvons absolument pas comprendre son attitude. Le gouvernement du Japon, en tant que seul pays ayant reçu des bombes atomiques, doit approuver rapidement le pacte, en modifiant sa politique et ceci indépendamment du parapluie nucléaire américain. La communauté internationale attend cela.
Le devoir du Japon est de promouvoir dans le monde l’idée pacifique de la Constitution japonaise, qui a déclaré que le Japon ne doit plus faire la guerre, doit observer les trois principes* concernant les armes nucléaires, et maintenant étudier la possibilité d’établir une « zone sans nucléaire dans le nord-est de l’Asie » comme l’une des mesures concrètes pour un monde non nucléaire.
* Le Japon ne doit ni posséder, ni produire, ni introduire des armes nucléaires.
Au cours de cette même cérémonie, en tant que représentant des hibakushas, Mr Fukahori Joshitosi a déclaré:
« A ce moment-là, j’étais en fonction dans un bureau à 3,6 km de l’épicentre. A 11h et 2 minutes, un éclair blanc a jailli et un bruit d’explosion s’est fait entendre, et tout de suite je me suis caché sous la table. Dans la soirée, nous avons été autorisés à rentrer chez nous et j’ai atteint le pied du Mont Konpira, et j’ai rencontré des personnes qui descendaient de la ville de Nagasaki. Elles m’ont recommandé de ne pas aller plus loin, parce que toute la ville était en feu. Je me suis arrêté et, le lendemain matin, je me suis dirigé vers la gare de Nagasaki, en longeant la voie ferrée. La gare et ma chère ville avaient complètement disparu, comme si j’étais dans un autre monde. Je suis arrivé à ma maison, mais elle était détruite. Ma sœur aînée était morte à l’intérieur, on aurait dit qu’elle avait essayé de serrer la poutre avec son bras droit. Si j’étais revenu à la maison la veille, j’aurais pu l’aider. Je le regrette beaucoup à présent.
Cette bombe atomique a subitement détruit 74 000 personnes et blessé 75 000 autres. Ceux qui s’étaient à peine enfui du lieu bombardé ont souffert de maladies inconnues et sont bientôt morts.
Je crois que l’humanité ne peut pas vivre avec le nucléaire. En mars 2011, l’accident nucléaire s’est produit dans la centrale nucléaire n ° 1 de Fukushima et, par conséquent, tous les réacteurs nucléaires ont été arrêtés. Nous étions tous terrifiés par tout ce qui était nucléaire, mais même dans cette situation, le gouvernement a remis en route de plus en plus de réacteurs. Dans le Japon qui est un pays sismique, toutes les règles précises et strictes concernant les centrales nucléaires sont insuffisantes face aux tremblements de terre. Je pense que le Japon devrait dépendre davantage des énergies naturelles.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon a évolué grâce à sa constitution pacifique et, de cette façon, le Japon est fiable et hautement estimé par les pays d’Asie et du monde. Ne perdons pas cet héritage. N’oublions pas notre devoir en tant que seul pays bombardé.
En 1979, nous, les 6 survivants de Nagasaki, avons commencé à rassembler des photos de notre ville bombardée et nous avons recueilli et examiné 4 000 photos. Nous croyons à la force de ces photos qui présentent au monde la réalité de la ville bombardée et, grâce à ces photos, nous travaillerons pour un monde pacifique et pour l’abolition des armes nucléaires. »
Après la cérémonie, les représentants des six organisations d’irradiés atomiques ont rencontré le Premier ministre Shinzō Abe. En tant que représentant de ceux-ci, M. Kawano du Centre du Mouvement pour la Paix a déclaré au Premier ministre :
« Nous sommes très heureux que le pacte d’abolition des armes nucléaires ait été adopté. M. Abe, dans quel pays êtes-vous en fonction comme premier ministre ? Allez-vous nous rejeter ? Ou est-ce nous qui allons vous rejeter ? C’est en ce moment que notre pays doit mettre l’accent sur l’abolition des armes nucléaires. «
Le Premier ministre Abe a répondu, sans faire allusion au pacte : « Afin de créer un monde véritablement sans nucléaire, il est important que les pays dotés d’armes nucléaires et ceux qui n’en ont pas travaillent ensemble« .
Après la réunion, M. Kawano a déclaré: « Je lui ai demandé dans quel pays il était en fonction, mais il n’a pas répondu. Il n’a même pas fait allusion au pacte. C’est incroyable. »
Le Premier ministre Abe insiste sur le fait qu’il jouera le rôle d’intermédiaire des deux côtés, mais c’est impossible pour lui. Le 6 août, au large de l’Australie, un avion Osprey s’est crashé et 3 soldats sont morts. Cet Osprey appartient à la base américaine d’Okinawa, et le gouvernement japonais a demandé un arrêt des exercices d’Osprey au Japon jusqu’à ce que le crash soit expliqué, mais les États-Unis ont ignoré cette demande, et le 8 août on a recommencé les exercices à Okinawa, et ensuite le gouvernement a approuvé cela, prétextant que les États-Unis avaient garanti la sécurité. Ainsi, en de telles circonstances, le Japon se contente de faire une demande, puis aussitôt il approuve l’action des États-Unis en fonction des informations fournies par les États-Unis. Le Japon n’a jamais critiqué les États-Unis, ni ne leur a fait aucune recommandation. Nous ne croyons absolument pas qu’un tel gouvernement puisse persuader les États-Unis d’abolir les armes nucléaires. Avec ce Premier ministre, le Japon sera perpétuellement un vassal et un serviteur des États-Unis.
Lorsque les hibakushas ont commencé à agir pour faire adopter le pacte, il semblait à tous que ce n’était pas réalisable, mais après 72 ans, leur rêve a été réalisé. Comparé à cet effort, faire partir le Premier ministre Abe est très facile. Dans peu de temps nous connaîtrons ce jour-là.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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15 décembre 2016
Autour du Mont Shinobu dans la ville de Fukushima
Texte de de HORI Yasuo du 30 novembre 2016 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN et Paul SIGNORET
[pdf] LA 30 AN DE NOVEMBRO 2016
Texte original en espéranto
Le 30 novembre a eu lieu la fête de Zamenhof (événement en l’honneur de l’inventeur de l’espéranto) organisée par le Cercle de Mai dans la station thermale d’Īzaka dans la ville de Fukushima. Profitant de cette occasion, j’ai visité la ville de Fukushima et le mont Shinobu qui s’y trouve.
Comment on nettoie l’environnement dans les villes autour de la centrale nucléaire n°1 endommagée de Fukushima
A trois minutes de marche de la gare de Fukushima se trouve ce qui s’appelle la « Plaza pour obtenir des informations sur le nettoyage » (http://josen-plaza.env.go.jp/). Dans cette Plaza, on distribue diverses informations sur la radioactivité et le nettoyage, donc, lorsque je vais à Fukushima, j’ai l’habitude de m’y rendre. Cependant, je n’ai jamais vu de visiteurs dans ce bureau et chaque fois deux ou trois préposés m’attendaient avec une expression ennuyée. Ce jour-là aussi, la situation était identique.
Je m’intéresse à l’état du nettoyage dans les villes autour de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima. Sur les tableaux blancs on pouvait lire l’état actuel dans ces villes, par exemple celui-ci :
Villes | Transports de déchets dans le lieu de stockage provisoire | Nombre d’ouvriers | Progression du travail de nettoyage |
Minami-Sōma | transporté | 4100 | Maisons 100%, Forêts 100%, Champs 100%, Routes 100% |
Ītate | transporté | 1400 | Maisons 100%, Forêts 99.8%, Champs 99%, Routes 95% |
Namie | transporté | 2300 | Maisons 92%, Forêts 96%, Champs 96%, Routes 87% |
Ōkuma | transporté | 590 | Maisons 100%, Forêts 100%, Champs 100%, Routes 100% |
Tomioka | transporté | 1200 | Maisons 100%, Forêts 100%, Champs 99.9%, Routes 99% |
La centrale nucléaire n°1 est implantée dans les villes d’Ōkuma et Futaba. Namie et Tomioka sont des villes voisines, et Ītate est situé un peu loin de la centrale, mais le nuage nucléaire a flotté vers ce village et l’a fortement contaminé. Dans ces 5 villes et village, les gens ne sont pas autorisés à vivre, mais 9590 personnes en tout y travaillent pour nettoyer la terre. La moitié d’entre eux sont des habitants de Fukushima, l’autre moitié vient d’autres départements pour gagner un salaire.
Selon les informations ci-dessus, presque tous les sites sont déjà nettoyés, mais ici « forêts » signifie « lisière de forêt dans un rayon de 20 mètres autour des maisons. » On ne peut pas nettoyer de très vastes forêts, on a donc décidé de nettoyer juste quelques arbres autour des maisons afin que les habitants puissent vivre dans leur propre maison. Par conséquent, presque toutes les forêts sont encore si radioactives qu’on ne peut y prendre du bois pour cultiver des champignons, ni y cueillir des herbes et champignons comestibles. En outre, l’eau de pluie provenant des forêts peut à nouveau contaminer le sol où sont installées les maisons.
On va construire à présent, on construit, et on a déjà achevé une petite partie de « l’avant-dernier stockage de déchets » ( On construira le stockage final dans 30 ans en dehors du département de Fukushima, et c’est là qu’iront ces déchets, mais personne n’y croit), or de nombreux propriétaires de terrain ne sont pas d’accord pour la vente ou le prêt de leurs terrains à l’État, si bien que la construction est très lente. Selon le tableau, on transporte maintenant les déchets de ces villes dans le lieu de stockage, mais je suppose que la quantité en est très faible. La plupart des déchets se trouvent encore dans ces villes.
Sur les tableaux sont écrits les noms des entreprises qui font ces travaux. Toutes sont de grandes compagnies. Certes, elles en tirent un grand bénéfice, ainsi que de la construction de barrages anti-tsunamis le long de la côte de la région de Tōhoku. Nombreux sont ceux qui souffrent des suites du tsunami et de l’accident nucléaire, mais à l’inverse, ces entreprises rient sous cape de l’immense profit engendré, et je les soupçonne d’espérer que reviennent tsunami et accident nucléaire.
Efforts pour la sécurisation des productions
Encore beaucoup de gens pensent que les produits de Fukushima ne sont pas sûrs, c’est pourquoi le département de Fukushima essaye de dissiper cette mauvaise réputation auprès des gens. Pour cette raison, on fait différents efforts; par exemple, pour le riz on effectue ceci :
- le nettoyage des champs par retournement de la terre de sous-couche pour la mettre en surface, labourage plus profond, grattage de la terre de surface
- la prévention de l’absorption de césium radioactif dans le riz par épandage de grandes quantités de potasse dans les champs, car, lorsque la terre manque de potassium, le riz absorbe davantage de césium.
- l’examen de tous les sacs de riz. La norme maximale de radioactivité autorisée dans les productions est de 100 becquerels / kg. On examine tous les sacs de riz, et seuls les sacs en dessous de cette norme reçoivent l’étiquette « contrôlé » et pourront aller sur le marché. En 2014, 10.968.811 sacs ont été examinés, dont aucun ne dépassait la norme.
Pareillement les fruits, les légumes, le poisson et la viande sont contrôlés puis envoyés sur le marché. Sur la base de ces efforts, le département de Fukushima explique que les productions de Fukushima sont les plus sûres du Japon, mais la sécurité et la paix appartiennent à d’autres catégories. Même si on comprend « la sécurité » dans sa tête, dans son coeur on ne peut pas l’accepter, car maintenant encore les productions de Fukushima ne sont achetées qu’après d’âpres marchandages et les agriculteurs se lamentent.
Au pied du mont Shinobu côté sud
Le pied du mont Shinobu côté sud était un lieu de prédilection pour les habitants. Beaucoup s’y promenaient, mais depuis l’accident nucléaire seulement quelques personnes courageuses y vont. Il est très proche de la gare de Fukushima. J’ai emprunté un vélo gratuit à la gare et je m’y suis rendu.
Au pied de la montagne se trouve le Musée Départemental de l’Art. Entre le musée et la montagne il y a un petit ruisseau. A un endroit, il y a 3 ans, c’était contaminé à 12 microsieverts par heure (la norme maximale est de 0,23). L’an dernier, le nombre était tombé en dessous de 10. Le ruisseau à présent était plein de feuilles mortes. J’ai mesuré sur les feuilles et le chiffre a affiché environ 6 microsieverts. Le chiffre cette fois a diminué de moitié, mais cet endroit est encore trop pollué pour être habitable.
Le pied sud de la montagne était un endroit très agréable pour les habitants, car ils pouvaient profiter d’un beau panorama en direction du mont Azuma-yama, symbole du département. Mais maintenant, à côté de toutes les maisons, on voit des sacs verts contenant de la terre polluée. J’ai mesuré la radioactivité sur ces sacs. Les chiffres étaient d’environ 0,15 donc ici c’est habitable, mais les gens ne veulent pas vivre entourés de sacs verts. Beaucoup de maisons étaient vides. Lorsque cet « avant-dernier lieu de stockage » sera terminé dans Ōkuma et Futaba, ces sacs verts y seront dirigés, mais nous ne savons pas quand cela aura lieu.
Je me suis dirigé ensuite vers l’ouest en longeant la montagne. Il s’y trouve un centre des impôts municipal et national, et à proximité une station émettrice de télévision. Dans ce lieu il y a un énorme stockage temporaire de déchets. Peut-être y avait-il là un parking auparavant.
A côté du stockage se trouve un dosimètre avec l’information suivante:
Cet entrepôt provisoire est une installation pour préserver temporairement et en toute sécurité la terre polluée etc., avant qu’elle soit transportée vers « l’avant-dernier stockage ». A cet effet, l’installation est construite pour contenir les déchets nucléaires, empêcher la radioactivité de se répandre, observer les déchets et tenir les gens à distance.
Afin de maintenir le lieu de stockage sûr et rassurant, nous mesurons la radioactivité chaque semaine et l’eau souterraine chaque mois.
Afin de ne pas endommager le beau paysage du mont Shinobu, nous avons couvert la terre polluée avec une bâche de plastique vert.
Explications tout à fait ridicules ! Le lieu de stockage s’est rapproché des habitants et les inquiète. Est-ce que la couverture verte s’harmonise avec la montagne verte ? Nous ne savons pas quand ce monticule sera transféré à « l’avant-dernier stockage » que l’on construit à côté de la centrale nucléaire endommagée. Certes, beaucoup craignent que le monticule vert ne se dresse ici à jamais.
A côté de ce monticule se trouvent des maisons provisoires pour les réfugiés de la ville de Namie. Ils sont partis de leur ville parce qu’il y a là-bas une radioactivité forte mais invisible, or maintenant ils logent face à une radioactivité visible. Sur quelques fenêtres pendaient des kakis. C’est là un paysage d’automne symbolique du Japon, mais comme ils pendent tristement ici !
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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8 décembre 2016
La politique nucléaire des pays voisins du Japon
Texte de de HORI Yasuo du 17 novembre 2016 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN et Paul SIGNORET
L’Asie nucléaire (source openstreetmap)
[pdf] LA 17AN DE NOVEMBRO 2016
Article original en espéranto
Le Vietnam a retardé la construction de réacteurs nucléaires
Le 6 novembre, on a appris que le Parti communiste du Vietnam avait demandé au gouvernement de retarder la construction des réacteurs nucléaires, car c’est très difficile de dépenser autant d’argent pour cette installation.
En 2010, le Japon a réussi à obtenir une commande de deux réacteurs nucléaires au Vietnam, mais à cause de cette dernière décision, la construction pourra être reportée à beaucoup plus tard, alors ce sera un grave revers pour le Premier ministre japonais Abe, qui a l’intention d’exporter le plus possible de réacteurs japonais à l’étranger pour la prospérité de l’économie japonaise.
Au Vietnam, en mars de cette année, le gouvernement a publié que le premier réacteur commencerait à fonctionner en 2028, mais plusieurs des membres du conseil d’administration nouvellement élus craignent une détérioration de la situation financière du pays en raison de cette construction et craignent aussi le danger de l’énergie nucléaire. Cependant, le responsable du ministère de l’économie a nié la possibilité d’arrêter la construction elle-même.
(Selon le journal Mainichi, du 7 novembre 2016)
Taïwan a décidé de démanteler toutes les centrales nucléaires pour 2025
A Taïwan, en 2015, l’électricité provenant des centrales nucléaires constituait 14,1%, et actuellement ce sont 3 réacteurs qui fonctionnent dans trois centrales. Après l’accident de Fukushima, l’opinion antinucléaire s’est durcie, et en mai Mme Tsai Ing-wen, qui a promis d’abandonner l’énergie nucléaire, a été élue présidente de Taïwan. Tous les réacteurs à Taïwan atteindront 40 années d’âge en 2025. Dans la loi qui sera révisée sur l’industrie de l’électricité, on inscrira clairement l’abandon des projets de restauration, et l’arrêt de tous les réacteurs pour 2025.
Le 23 octobre, dans le journal Asahi a paru une interview avec M. Lee (李世光), le ministre de l’économie de Taïwan, que je traduis ici.
– Pourquoi Taïwan se dirige-t-elle vers l’arrêt des centrales nucléaires ?
M. Lee: Après l’accident de Fukushima, l’opinion publique a beaucoup changé. Le nouveau gouvernement a montré son objectif clair d’abandonner tous les réacteurs et promouvoir l’énergie renouvelable. Lorsque le monde industriel constatera que cet objectif ne va pas vaciller, il investira positivement dans l’énergie renouvelable et il créera un grand changement.
– Il semble que le temps va manquer.
M. Lee: Avant que nous ayons montré clairement notre objectif, on a nous opposé la difficulté de compenser les 14,1% d’électricité que nous allions perdre, et on a manifesté un doute quant à la stabilité de l’énergie renouvelable, et la conclusion a été que dépendre de l’énergie renouvelable serait difficile ; et en ce qui concerne le traitement des combustibles usagés, on a cessé de réfléchir sérieusement et on a évité de conclure. Un tel état d’esprit est le plus grand obstacle pour les énergies renouvelables.
– Comment changerez-vous tout cela ?
M. Lee: Maintenant produire de l’électricité à partir de l’énergie solaire est techniquement assez au point, et les panneaux solaires deviennent bon marché. Pour Taïwan va naître une grande chance. Dans le détroit de Taïwan soufflent des vents forts, donc produire de l’électricité à partir du vent est une solution des plus envisageables. Cependant il manque une technologie suffisante pour Taïwan, donc nous attendons l’aide du Japon.
Aucune source d’électricité renouvelable ne peut, à elle seule, constituer l’énergie de base, mais nous y arriverons si nous combinons diverses sortes d’énergies renouvelables. Pendant ce temps, nous exploiterons la technologie du stockage d’énergie et ferons la promotion des économies d’électricité.
– Cela est-il réalisable?
M. Lee: Alors que nous visons à rejeter les réacteurs nucléaires, nous ne devons pas nous demander si nous pourrons remplacer l’énergie nucléaire par de l’énergie renouvelable, mais nous devons réfléchir à la politique à mener pour que nous ne laissions pas le problème des déchets nucléaires à la génération qui vient.
Taïwan a sagement choisi une nouvelle présidente, et s’est dirigée dans la bonne voie, tandis qu’au Japon, on a élu ce mauvais premier ministre et on lui permet de remettre en fonctionnement toujours davantage de réacteurs nucléaires et on lui permet même d’exporter des réacteurs japonais à l’étranger.
Le Japon et l’Inde se sont mis d’accord sur l’énergie nucléaire
Le 11 novembre, le Premier ministre japonais et le Premier ministre indien ont signé un accord sur l’énergie nucléaire. Grâce à cet accord, le Japon pourra exporter des réacteurs nucléaires en Inde (y compris des produits nucléaires, des machines, des équipements et de la technologie).
Centrales nucléaires en fonctionnement en Inde (Les chiffres indiquent le nombre de réacteurs)
L’Inde a expérimenté une bombe atomique en 1974, et en 1998 elle l’a expérimentée une deuxième fois. Elle n’a pas signé le Pacte de non-prolifération des armes nucléaires (en anglais, Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons: NPT), donc beaucoup craignent que cet accord ne facilite l’exploitation des armes nucléaires en Inde.
Le Japon a souffert, et souffre encore, des deux bombes atomiques larguées sur son sol, il a donc le devoir de proposer l’abolition des armes nucléaires dans le monde, mais le gouvernement actuel fait tout le contraire. M. Sakuma Kunihiko, représentant des victimes des bombes atomiques, a vivement protesté en disant :
« L’Inde n’a pas signé le Pacte. Les équipements nucléaires que nous allons exporter peuvent être utilisés pour produire des armes nucléaires.
L’accord qui vient d’être conclu est contraire à l’objectif du TNP, et en conséquence le Japon pourra se trouver engagé dans la production de davantage d’armes nucléaires en Inde « .
Le 27 novembre, le Japon refuse toujours de signer la résolution sur la tenue d’une session de l’Organisation des Nations Unies pour l’abolition des armes nucléaires. Maintenant, le Japon est devenu un pays qui ne mérite plus le respect du monde.
Tremblement de terre et centrales nucléaires en Corée
Un tremblement de terre d’une magnitude de 5,8 s’est produit le 12 septembre en Corée. Ce séisme a eu lieu à proximité de deux centrales nucléaires: Wolseong (月 城) avec 6 réacteurs et Kori (古 里) avec 6 réacteurs ; et dans un rayon de 30 kilomètres autour de ces centrales vivent 3,8 millions de personnes. Le gouvernement insiste sur le fait que les centrales sont construites assez solidement pour résister aux tremblements de terre, mais les opposants proposent le démantèlement des réacteurs anciens et fragiles face aux séismes, et l’arrêt de la construction des nouveaux réacteurs n ° 5 et 6 dans la centrale nucléaire de Kori.
(Selon le journal Akahata du 20 septembre 2016)
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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25 novembre 2016
Derniers mouvements en date contre la politique nucléaire
Texte de de HORI Yasuo du 1er novembre 2016 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN et Paul SIGNORET
Texte original en espéranto
Les débats au tribunal de ma ville ont pris fin
Le 31 octobre a eu lieu la fermeture des débats au tribunal de Maebashi, dans le département de Gunma. Les magistrats ont annoncé qu’ils rendraient leur verdict le 17 mars 2017. Il s’agissait d’une demande de fonds de compensation de la part des victimes habitant ici en raison de l’accident nucléaire de Fukushima en mars 2011.
Le 11 septembre, le groupe de plaignants constitué de 137 personnes de 45 familles de Fukushima, vivant principalement dans le département de Gunma, a exigé devant le tribunal une indemnisation de TEPCO. Le 25 avril 2014, la première des plaidoiries verbales a eu lieu. Le 15 décembre, tous les 137 plaignants ont présenté leur affaire. En tout 25 séances ont eu lieu et finalement, le 31 octobre 2016, les débats ont été terminés.
Dans ce jugement, le groupe des accusateurs a donné les arguments suivants :
- Les plaignants ont été chassés de leur maison à cause de l’accident de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima. Ils ont perdu leur foyer, base de leur vie et de leur bonheur de vivre. Cinq années plus tard, certains ne peuvent pas encore revenir à Fukushima, certains vivent séparés des membres de leur famille et d’autres vivent seuls ici dans un endroit qui leur est étranger.
- Ils exigent qu’au tribunal on leur explique les causes de l’accident. On pouvait prévoir un tsunami exceptionnel, mais TEPCO n’a rien fait pour prévenir l’accident, et l’État n’a pas donné de consignes à la compagnie. Ils sont tous deux coupables de l’accident.
- Ils demandent que le tribunal fasse rapidement son travail pour sauver au plus tôt les victimes en difficulté.
- Ils exigent 10 millions de yens (86 500 euros) de compensation de TEPCO.
J’ai souvent assisté à l’audience du tribunal, et j’ai senti que la présidente Hara éprouvait de la sympathie pour le groupe de plaignants et avait au contraire une position sévère envers les avocats de TEPCO et de l’État. Elle a écouté sincèrement les plaidoiries des plaignants. Elle a consenti à un verdict rapide comme le demandaient ceux-ci, si bien qu’une audience s’est tenue presque tous les mois, de sorte que le verdict sera le premier sur les 20 procès similaires se déroulant au Japon.
Au sujet de la sincérité de la présidente quelqu’un a écrit ces lignes:
Des 25 audiences, la plus impressionnante a été celle du 25 avril 2014. C’était la première audience et une femme a témoigné. Elle a parlé de la façon dont elle avait fui et atteint le département de Gunma, elle pleurait et tremblait, et pour finir elle s’est écroulée. Tout le monde la regardait avec une grande inquiétude. Elle n’était pas très mal en point, mais elle a dû sortir du palais de justice avec l’aide des responsables du tribunal. Ensuite la présidente a lu le reste de sa plaidoirie jusqu’au bout, et elle a déclaré que cela devait être considéré comme la plaidoirie de cette femme. J’ai été ému par sa sincérité.
Après la fermeture des audiences, est arrivée la réunion de synthèse. On y a fait un rapport sur 5 années de procès et ensuite deux accusatrices ont dit un mot en prenant congé. Je vais traduire les paroles de Mme Tanyi Sugie.
Je vous remercie de tout cœur de votre présence et de votre soutien. Je suis sûre que votre appui constant a encouragé le jury et sera un puissant levier pour une possibilité de verdict équitable.
J’ai perdu deux parents après l’accident nucléaire, c’est pourquoi aujourd’hui je suis venue ici en habit de deuil.
En juillet 2011, je me suis réfugiée dans la ville de Maebashi, laissant derrière moi mes chers amis. Je suis une réfugiée volontaire, non contrainte par le gouvernement, parce que mon mari et moi vivions en dehors de la zone interdite, donc j’ai toujours eu un sentiment de culpabilité depuis. Chaque jour, je me demandais si mon choix avait été juste, et si nous n’aurions pas dû rester là pour lutter ensemble. Aujourd’hui sont venues 15 personnes de la ville où j’habitais, donc je suis d’autant plus heureuse de les voir.
Je suis également reconnaissante aux avocats, qui nous ont soutenus au cours des 3 dernières années. Ils nous ont sincèrement tendu leurs mains secourables. Dans le Gunma, chaque plaideur est pris en charge par son avocat particulier. Tout le monde était venu à la barre des témoins avec beaucoup d’inquiétude et de peur. A ce moment-là les avocats et les sympathisants nous ont soutenus chaleureusement. Nous vous remercions du fond du cœur. Nous avons ainsi marché main dans la main avec une forte confiance.
J’ai plaidé deux fois. J’ai commencé les plaidoiries par ces mots « TEPCO doit compenser nos journées perdues dans la terreur et la solitude » et j’ai fini par ces mots « S’il n’y avait pas eu de centrale nucléaire, s’il n’y avait pas eu cet accident nucléaire, … ». Toutes les victimes ont leurs propres difficultés, mais ce qui les a causées, c’est l’accident nucléaire.
Le jour de l’accident, sans aucune information sur les pollutions aériennes, beaucoup de gens sont restés dans cet endroit dangereux et de nombreux parents ont fait la queue avec leurs enfants sous la pluie et la neige en attendant de l’eau. Ils regrettent d’avoir agi ainsi ce jour-là et ils s’en veulent. Ensuite, le gouvernement a déclaré qu’une radioactivité de 20 ou même de 100 millisieverts/an n’était pas dangereuse, mais peut-on le croire?
Qui peut rassurer les mères qui tremblent et qui pensent qu’une bombe nucléaire installée dans le corps de leurs enfants pourra exploser à tout moment ? Qui est coupable, et qui devra leur demander pardon? Qui doit répondre à la question d’un enfant: « Est-ce que je grandirai? Combien de temps pourrai-je vivre? ». Même si nous pourrons rentrer chez nous, nous ne pourrons pas retrouver notre ancienne vie tranquille.
Pendant les audiences, Mme A, qui s’est réfugiée avec ses trois enfants, a raconté d’une voix tremblante qu’à partir de ce jour-là l’enfer avait commencé. Mme B a perdu son mari pendant l’exode, Mme C a renoncé à avoir un bébé, Mme D était dans l’inquiétude, craignant que ses enfants ne soient pas acceptés par leurs camarades de classe à l’école…, tous les 137 plaignants ont raconté leurs difficultés; avec leurs jambes qui tremblaient et avec des larmes, ils expliquaient le danger de l’énergie nucléaire, se présentant comme des personnes sincères et fières, et ils demandaient que TEPCO et le gouvernement leur présentent des excuses.
A chaque audience, les dossiers augmentaient et s’entassaient sur la table des avocats. Toutes les paroles qui y figuraient montraient une accumulation de chagrins, de pertes et d’angoisses chez les habitants de Fukushima. Mais TEPCO et le gouvernement n’ont jamais accepté une seule page de nos plaintes. Au contraire les agresseurs se dressent avec arrogance au-dessus des agressés.
Ce que nous pouvons faire maintenant, c’est exiger un verdict juste, et serrer plus fort les mains de nos amis. Nous ne demandons pas l’aumône à TEPCO et au gouvernement, mais nous exigeons d’être indemnisés comme notre droit.
Il y a 60 ans, le gouvernement a officiellement reconnu que la maladie de Minamata avait été causée par la société Tshiso qui avait déversé du mercure dans la mer, et ce problème a reçu un commencement de solution, mais il y a encore des gens qui souffrent sans compensation et sans aide médicale. Notre bataille contre la radioactivité invisible, inodore et indolore, durera longtemps par delà les générations, avec la crainte d’une maladie qui pourra éclater à tout moment. Tous les malades disent: « Qu’elle n’arrive plus jamais, la souffrance qui est la nôtre actuellement ». Toutes les victimes de Fukushima sont d’accord.
Nous avons expérimenté le pire et le plus grand malheur, c’est pourquoi nous voulons faire ce que nous pouvons faire maintenant pour l’avenir, pour le monde à venir. C’est avec cette conviction que nous avons soumis notre affaire à la justice. »
Le tribunal rendra son verdict en mars 2017, mais ce sera seulement le début de notre lutte. TEPCO et le gouvernement feront appel sans avoir honte quand ils auront ici un verdict défavorable. Jusqu’à ce qu’ils acceptent leur culpabilité et nous demandent pardon et que nous retrouvions une vie tranquille, après avoir reçu une compensation suffisante, nous avons décidé de nous battre, et nous ne renoncerons pas à la bataille.
A vous, les avocats et les sympathisants, nous adressons nos remerciements chaleureux. Jusqu’à la victoire finale, marchons ensemble main dans la main.
Deux gouverneurs opposés à l’énergie nucléaire ont été élus
En juillet a été élu M. Mitazono Satoshi comme gouverneur du département de Kagoshima, dans lequel se trouve la centrale nucléaire de Sendai. Il a exigé l’arrêt de cette usine, bien qu’il n’ait pas le pouvoir de l’ordonner. La société Kyūshū, qui possède cette centrale, a rejeté sa demande. L’avis du gouverneur, c’est-à-dire l’opinion de ses administrés, est d’une grande importance, donc l’entreprise ne peut pas simplement l’ignorer. Dans le département voisin de Kagoshima ont eu lieu de grands tremblements de terre successifs en avril, de sorte que les habitants de Kagoshima ont une grande peur d’un accident de la centrale nucléaire dans leur département.
En octobre a été élu M. Yoneyama Ryūitshi à la tête du département de Nīgata. A Nīgata se trouve la plus grande centrale nucléaire du monde, à savoir celle de Kashiwazaki-Kariwa. Dans cette centrale, qui dispose de sept réacteurs, a eu lieu en 2007 un gros accident causé par un tremblement de terre. A présent, plus aucun réacteur ne fonctionne, mais TEPCO a l’intention de les remettre en route.
Le gouvernement va décider de démanteler le surgénérateur de Monju, qu’on a échoué à remettre en route au cours des 20 dernières années, bien qu’on ait dépensé 1000 milliards de yens (8,65 milliards d’euros). Le gouvernement a prévu de produire du plutonium à partir d’uranium usagé à Monju pour que le Japon possède éternellement un combustible nucléaire bon marché. Que ce soit pour garder Monju ou pour le mettre au rebut, nous aurons besoin de beaucoup d’argent et on ne sait pas comment le démanteler en toute sécurité.
Selon un sondage réalisé par le journal Asahi, 57% des Japonais sont opposés à la remise en route des réacteurs nucléaires, tandis que 29 % l’approuvent.
Les pays voisins
A Taïwan, le cabinet a décidé d’arrêter tous les trois réacteurs jusqu’en 2025. Après l’accident nucléaire de Fukushima, le mouvement contre l’énergie nucléaire a évolué, si bien qu’on a décidé de ne plus construire le réacteur n°4 qui est en cours de construction.
(Selon le journal Akahata du 24 octobre 2016)
Au Vietnam, beaucoup de gens sont opposés au fonctionnement de trois réacteurs chinois, qui sont situés à proximité du Vietnam. On avait prévu de construire une centrale nucléaire sous la direction du Japon, mais après l’accident nucléaire de Fukushima, la crainte a augmenté, si bien que le gouvernement a décidé de reporter la construction à 2020.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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23 octobre 2016
Où en est la situation à Fukushima ?
Texte de de HORI Yasuo du 27 août 2016 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN et Paul SIGNORET
Texte original en espéranto
Le premier Congrès International des Mères s’est tenu à Lausanne, en Suisse, en Juillet 1955, et y participaient 1060 personnes de 68 pays. L’année précédente, les États-Unis avaient expérimenté une bombe à hydrogène dans le Pacifique Sud. A cause de ces expériences, mille bateaux de pêche japonais avaient été irradiés et une pluie radioactive était tombée sur le Japon, et certainement sur l’ensemble du globe. En raison de leur crainte, des mères du monde entier avaient organisé ce congrès, mais malheureusement, il n’a plus jamais eu lieu dans le monde, sauf au Japon.
Seules les mères japonaises continuent d’organiser la conférence chaque année, et cette année c’était la 62ème. En raison de ces événements historiques, les mères qui participent aux congrès s’intéressent fortement aux questions nucléaires, ce qui fut le cas dans ce congrès également, où l’une des questions les plus importantes a été : comment supprimer les centrales nucléaires au Japon ?
La réunion dédiée à l’ « Energie et centrales nucléaires » avait lieu dans le département de Fukui, où se trouvent 15 réacteurs. A cette occasion, les mères qui agissent contre les centrales nucléaires dans leur département sont montées avec détermination sur le podium et elles ont fait un rapport sur leur action personnelle, parfois réussie, parfois difficile. Moi aussi, je voulais informer sur les rapports que j’écris en espéranto, mais malheureusement il ne m’a pas été permis de le faire. Peut-être n’avait-on aucune idée de ce qu’est l’espéranto, et en outre ma proposition était trop internationale pour les organisateurs.
Au cours de cette session, j’ai été étonné de l’énergie et de l’enthousiasme des mères. Le slogan du congrès était : » Mères, vous qui donnez la vie, protégez-la et prenez soin d’elle. » Vraiment les mères sont fortes.
Les mères du département d’Aomori racontent leur bataille contre la centrale nucléaire en construction à Ōma
A la fin de la session, M. Itō Tatsuya, qui vit à Iwaki, ville du département de Fukushima, et travaille en tant que membre du conseil du » Centre japonais des mouvements anti-nucléaires » a fait une conférence. Le thème en était : «Nous ne devons plus répéter les accidents nucléaires. »
- Maintenant, 5 ans après l’accident de Fukushima
(1) Dans 6 villes endommagées par l’accident, plus personne n’habite maintenant. La population de Fukushima a diminué de 5,7%. Ceci est la plus forte baisse au Japon.
(2) Même 5 ans après, des décès indirects dûs à l’accident se produisent encore (décès dûs à des soins insuffisants après la catastrophe, au changement et à l’appauvrissement, au désespoir, au suicide etc.). Le nombre de décès directs dûs au tsunami est de 1604, mais celui des décès indirects est de 2006 (jusqu’en décembre 2015).
(3) Il faudra plus de 40 ans pour une suppression complète de ces réacteurs endommagés. Nous ne savons toujours pas où, ni dans quel état, sont les combustibles nucléaires fondus. Si on couvre les réacteurs avec un « sarcophage de pierre », comme à Tchernobyl, on devra en prendre soin pendant les cent années à venir.
(4) Le gouvernement envisage de construire (c’est en partie commencé) un « dépôt temporaire de déchets nucléaires », qui se situera dans les deux villes d’Ōkuma et de Futaba, et il promet que, dans 30 ans, il transportera ces déchets en dehors du département de Fukushima, mais personne ne croit à cette promesse. Cela deviendra certainement un stockage éternel.
(5) Dans certaines villes polluées par les déchets radioactifs et ensuite « nettoyées », maintenant les habitants peuvent revenir, mais cela n’est pas facile en raison d’un manque d’hôpitaux, de magasins et d’autres fonctions indispensables, et à cause de la crainte de la radioactivité.
(6) Le gouvernement n’a pas de plan pour dépolluer les villes fortement contaminées.
(7) Nous avons trouvé 161 enfants qui souffrent d’un cancer de la thyroïde, et 42 chez qui on soupçonne cette maladie. Parmi les chercheurs et les médecins, il y a deux opinions. Certains attribuent cela à l’accident nucléaire, mais d’autres pas du tout. Quelles que soient les raisons de ces cancers, on doit s’occuper de ces enfants avec chaleur et persévérance.
(8) Une mésentente existe entre les victimes de l’accident. Le gouvernement a créé des divisions entre elles, en leur versant des indemnités différentes selon la distance entre leurs maisons et la centrale nucléaire, et selon la quantité de radioactivité dans leur région d’origine. Nous devons surmonter cette discorde et retrouver la solidarité entre les victimes.
- Mouvements contre les centrales nucléaires
(1) Avant le 11 mars 2011
· Nous nous sommes battus devant les tribunaux contre la construction de centrales nucléaires, mais nous avons échoué.
· « Le Centre japonais anti-nucléaire » a mis en garde le gouvernement et TEPCO à plusieurs reprises sur les dangers de grands tsunamis possibles, mais ils n’ont pas écouté nos conseils.
(2) De nouvelles perspectives après la catastrophe
· Le mouvement contre les centrales nucléaires est devenu un grand mouvement qui englobe tout le Japon , et tous peuvent y participer.
· Les groupes qui soutiennent la politique pro-nucléaire, soutiennent également la politique des armes nucléaires et essayent de changer l’article 9 de la Constitution japonaise, qui interdit la guerre et la possession d’une armée. Nous devons donc avoir une solidarité forte et une action commune entre nos trois mouvements, lesquels cherchent à protéger la vie du peuple, c’est-à-dire le mouvement contre les centrales nucléaires, le mouvement pour l’abolition des armes nucléaires et le mouvement pour protéger la Constitution Japonaise.
- Ce qui est important pour ne pas répéter les accidents nucléaires
(1) Mettons-nous mutuellement au courant des faits, expériences et leçons de l’accident nucléaire.
(2) Ayons une compréhension commune des dangers suivants :
a) Danger dû à un manque de technologie suffisante, en particulier danger des réacteurs à eau bouillante et danger en raison de réacteurs obsolètes.
- b) Danger dû au financement spécial des compagnies d’électricité. Grâce à ce système avantageux, elles peuvent librement prendre de l’argent dans les poches des gens quand elles en ont «besoin», et elles peuvent faire construire des centrales nucléaires à volonté et sans problème financier.
- c) Danger dû à la structure géologique de l’archipel japonais, où se produisent souvent des tremblements de terre et des éruptions volcaniques.
d) Danger dû à la géographie. Les centrales nucléaires sont situées à proximité des villes et des villages. Dans les centrales nucléaires, plusieurs réacteurs sont installés sur une petite surface. - e) Danger dû à un manque de règles au niveau mondial pour contrôler les centrales nucléaires. Il n’existe qu’un comité, appelé « Autorité de Régulation Nucléaire », et il est favorable au gouvernement et aux compagnies d »électricité.
f) Danger dû à la recherche de profit des entreprises électriques. Par exemple,
lorsque ont eu lieu les grands tremblements de terre à Kumamoto en avril 2016, la compagnie d’électricité Kjūŝū n’a jamais eu l’intention d’arrêter les réacteurs.
(3) Ayons un projet commun pour construire des villes non subordonnées à l’énergie nucléaire.
(4) Ayons un projet commun sur l’énergie recyclable. Partout dans le Japon, il y a des sources naturelles d’énergie recyclable, que nous pouvons utiliser en fonction des besoins de la région, qui nécessitent un faible investissement, et dont nous pourrons bénéficier.
- Avenir de Fukushima
(1) Toutes les villes dans le département de Fukushima exigent la suppression de tous les 10 réacteurs qui s’y trouvent, cependant TEPCO et le gouvernement se taisent.
(2) Fukushima vise à être le département de l’énergie recyclable. Ce sera la plus grande riposte au gouvernement et à TEPCO, et en même temps nous remercierons ainsi tous ceux qui viennent en aide à Fukushima.
Le grand salon est rempli de femmes venues de tout le Japon.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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11 octobre 2016
Deux centrales nucléaires de Fukui
Texte de de HORI Yasuo du 26 août 2016 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN et Paul SIGNORET
Texte original en espéranto
Dans le département de Fukui se trouvent 15 réacteurs nucléaires. Après avoir visité le musée de Maizuru, nous sommes allés voir deux centrales nucléaires, Takahama et Ōi. Voici une carte de celles-ci :
La centrale nucléaire de Takahama
Tout d’abord, nous avons visité la centrale nucléaire de Takahama. Dans celle-ci se trouvent les 4 réacteurs dont je vais parler. Dans la page internet de Takahama, l’entreprise explique ceci :
Takahama produit 20% de l’électricité totale de la compagnie d’électricité Kansai. En utilisant l’eau qui est chauffée dans le réacteur, nous faisons des essais d’élevage d’ormeaux et autres coquillages.
Cet élevage de coquillages m’a surpris. J’avais déjà entendu dire que, dans la mer, près des centrales nucléaires, la pêche était fructueuse à cause de l’eau chauffée. Ici dans la mer, se trouvaient des plateformes flottantes pour les pêcheurs. Les centrales nucléaires participent au réchauffement de l’environnement, en rejetant une énorme quantité d’eau chaude dans la mer, mais la compagnie ne se culpabilise pas pour autant. Au contraire, elle est en fière parce que, grâce à l’eau chauffée, elle contribue à une bonne pêche dans la mer.
Sur la photo suivante on voit 4 réacteurs : au milieu, on voit deux réacteurs à toits ronds. Ce sont les réacteurs numéros 3 et 4. Et les réacteurs cylindriques à droite sont les numéros 1et 2. Les coûts de construction ont été :
Réacteur 1: 65,6 milliards de yens (~ 573 millions d’euros),
Réacteur 2: 60,4 milliards de yens (~528 millions d’euros),
Réacteur 3: 280,3 milliards de yens (~245 millions d’euros),
Réacteur 4: 209,6 milliards de yens (~183 millions d’euros).
Les capacités de production de ces 4 réacteurs ne diffèrent pas beaucoup. Pourquoi les coûts de construction ont-ils été si différents ? En 1973 et 1974, il y a eu une forte inflation. Ce bond dans les coûts a-t-il été causé par l’inflation de l’époque ?
Les réacteurs des numéros 1 et 2 ont déjà plus de 40 ans, donc en fonction de la règle, ils doivent être démantelés, mais l’Autorité de Régulation Nucléaire en a approuvé le fonctionnement pour les 20 prochaines années à titre exceptionnel, et la société prévoit de les faire fonctionner après octobre 2019. Pour la première fois l’Autorité a approuvé la remise en route de réacteurs « obsolètes ».
A propos des réacteurs 3 et 4, le tribunal d’Ōtsu, dans le département de Shiga, a interdit leur remise en fonction, si bien que la société a commencé à retirer 157 barres de combustible du réacteur n°4 le 17 août, et en retirera également du réacteur n°3 à partir du 5 septembre.
La centrale nucléaire d’ Ōi
Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la centrale nucléaire d’ Ōi. Dans la ville d’ Ōi se trouvent de grands et luxueux immeubles donnés ou subventionnés par la compagnie d’électricité Kansai.
Dans le parc des sports (photo ci-contre) se trouvent deux salles de sport, un gymnase polyvalent, une piscine, un théâtre, un musée, une salle d’entraînement, des courts de tennis et un terrain de baseball. Sur le mur de chaque installation on trouve une plaque, sur laquelle est écrit « subventionné par l’argent destiné à développer les villes qui abritent une centrale nucléaire. »
A un autre endroit il y a un grand musée, où l’on peut profiter de spectacles sur la vie future. Evidemment il comporte un salon où est expliqué l’avantage de l’électricité nucléaire. Ces terrains de sport et le musée ont été construits pour acheter l’adhésion des habitants. Avec l’argent la compagnie a fait taire le mécontentement. Nous avons parlé avec un garde là-bas, et il a dit avec un air de satisfaction pour ces immeubles de luxe: « La compagnie d’électricité Kansai a de l’argent à volonté ».
Quittant la ville d’ Ōi, nous avons traversé le pont et sommes entrés dans la petite presqu’île et avons atteint la porte de la centrale nucléaire d’Ōi.
Les gardiens se sont précipités vers nous et ont agité les mains, en demandant que nous ne prenions pas de photos. Ici c’est une voie publique, nous avons donc le droit de photographier. Cependant il n’y avait rien qui vaille la peine d’être pris en photo. Un des gardes nous a dit qu’on avait construit les réacteurs dans un endroit caché.
La photo de gauche, que j’ai faite, montre le tunnel de la centrale électrique qui conduit aux réacteurs. La photo de droite, que j’ai prise sur Internet, montre les réacteurs cachés.
Au sujet de ces réacteurs, la compagnie annonce ceci sur son site internet :
La centrale nucléaire d’ Ōi peut produire 471 000 kW et elle est la plus grande centrale de la société. Elle est située dans le magnifique parc national de Wakasa, au milieu d’une nature magnifique. Nous agissons sans relâche pour protéger l’environnement afin de ne pas endommager la mer et les superbes espaces verts, et en même temps nous essayons de refaire pousser les forêts perdues.
Les coûts de construction :
Réacteur 1: 1843 milliards de yens (~16,10 milliards d’euros)
Réacteur 2: 1225 milliards de yens (~10,70 milliards d’euros)
Réacteur 3: 4582 milliards de yens (~40,04 milliards d’euros)
Réacteur 4: 2535 milliards de yens (~22,15 milliards d’euros)
Pour économiser de l’argent, ils ont mis deux réacteurs dans un même bâtiment. N’est-ce pas un risque, si l’un d’eux est sérieusement endommagé, qu’il vienne à endommager l’autre? Il y a deux dangers évidents:
- Une faille existe à 3 km dans le golfe de Wakasa.
2. La centrale est située sur la presqu’île, et par suite, lorsque arrivera un grand tsunami, elle sera isolée et sans secours possible.
Maintenant tous les 4 réacteurs sont au repos pour examen.
Toutes les centrales nucléaires japonaises sont situées le long de la mer et dans un endroit isolé, il est donc difficile pour les simples citoyens de les visiter. Cette fois, l’un de mes amis nous a conduits avec une voiture prêtée, donc nous avons pu voir deux centrales. Elles sont installées dans le parc national, là où les gens pourraient profiter de la beauté naturelle et se détendre. Dans ce lieu, le gouvernement a autorisé la construction de centrales nucléaires dangereuses. C’est une chose incroyable. En effet, il y a de belles plages touristiques et des endroits reposants autour de ces centrales, mais les gens peuvent-ils se divertir dans ces lieux? Les habitants d’Ōi sont-ils heureux avec les nombreux cadeaux de la compagnie d’électricité? Les centrales nucléaires donnent le maximum d’inquiétude aux Japonais, eux qui souffrent de fréquentes catastrophes.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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23 septembre 2016
Fukushima : conférence de Takashi Nakajima
Texte de de HORI Yasuo du 11 septembre 2016 traduit de l’espéranto par Paul SIGNORET et Ginette MARTIN
Texte original en espéranto
Le 11 septembre, M. Nakajima Takashi, habitant à Sōma, ville du département de Fukushima, a fait une conférence. Il a, depuis trente ans, une supérette dans Sōma mais, du fait de l’accident nucléaire, il souffre énormément.
Il est le principal représentant d’un groupe de plaignants qui compte 3865 personnes. Il exige que TEPCO et le gouvernement “leur rendent leur vie et leur région.”
Conférence donnée par M. Nakajima
du département de Fukushima
Pouvons-nous tolérer que TEPCO et le gouvernement nous abandonnent, nous et notre région?
À présent, dans le département de Fukushima, nous, qui sommes 3865 victimes de l’accident nucléaire, nous poursuivons TEPCO et le gouvernement devant la justice afin qu’ils nous rendent notre vie et notre région. Beaucoup d’entre nous ne peuvent plus ou ne veulent plus habiter dans leur ancienne ville et sont partis loger ailleurs. Les commerçants ont dû trouver là de nouveaux clients, les ouvriers ont dû chercher un autre employeur, mais cela a été très difficile. Le département octroie 60 000 yens (~ 527 euros) à chacun de ces réfugiés à titre d’aide au logement, mais c’est là le seul soutien financier qu’ils reçoivent du département et de l’État. Ces réfugiés doivent subvenir eux-mêmes à leurs besoins.
Une mer perdue
Je possède, depuis trente ans, une supérette dans la ville de Sōma. J’habite assez loin de la centrale nucléaire et je n’ai donc pas déménagé. Jadis j’étais fier d’être celui qui vendait le meilleur sashimi – du poisson cru – de ma ville (voir photo). Pour faire un sashimi savoureux, il faut marier des chairs de poissons de saveurs et de couleurs diverses, comme par exemple du saumon, du thon, des crevettes, de la barbue, etc. En raison de l’afflux des eaux du mont Abukuma, la mer de Sōma est poissonneuse. Grâce à sa fécondité, les poissons ont très bon goût. En particulier les barbues. Nous jouissions des bienfaits de cette nature.
Pendant longtemps on n’a pas pu pêcher les barbues à cause de la radioactivité, mais depuis le premier septembre, leur capture est à nouveau autorisée. C’est peut-être une bonne nouvelle, mais quand je recommande ces barbues à mes clients, à tout coup j’ai droit à cet échange :
Le client : Est-ce que ces barbues sont vraiment sans danger?
Moi : Oui, car le département fait examiner tous les poissons et les garantit sans danger.
Le client : Mais on ne mesure que le césium, n’est-ce pas? Qu’en est-il des autres produits nucléaires tels que le strontium?
Moi : Ça, je l’ignore.
Le client : Donc, je n’achète pas.
La conversation s’achève là-dessus, et moi je ne peux plus recommander l’achat de ces poissons.
À présent, c’est mon fils qui cuit les sashimis à ma place, car du fait que je me bats pour le procès et fais des conférences un peu partout, je ne suis plus à la maison. Au cours des quatre dernières années, il a fait beaucoup de progrès dans l’art de cuire le sashimi, et cependant le sien n’est pas, d’après moi, digne d’être acheté. La barbue joue un rôle important dans le sashimi, or à présent mon fils est contraint d’employer des barbues d’élevage, nourries avec des sardines, si bien que leur chair en prend le goût, tout à fait détestable. Parfois il peut acheter des barbues sauvages, pêchées dans d’autres départements, mais elles ne sont pas très fraîches. Avant l’accident nucléaire, je pouvais avoir des poissons d’une absolue fraîcheur, sur commande des clients, mais cela est devenu impossible.
Un an après l’accident nucléaire, on a capturé des poulpes, à titre d’essai, et j’en ai proposé un morceau à un jeune père accompagné d’un bébé. Mais il a refusé en disant : “Je pourrais en manger, moi, mais je ne peux pas en donner à mon fils.”. Je n’oublierai jamais ses paroles.
Et pourtant, les fonctionnaires gouvernementaux nous disent d’oublier l’accident. Un professeur va même répétant que nous ne devons pas craindre de nous exposer à une irradiation de cent millisieverts, si bien qu’on l’a surnommé “Monsieur-cent-millisieverts”. La quantité maximale d’exposition à l’irradiation admise au plan international pour les gens ordinaires est d’un millisievert par an, et les lois sont faites selon cet accord. Les habitants de Fukushima bénéficieraient-ils, eux, d’une immunité contre cent millisieverts ? Sûrement non, et je comprends donc le sentiment de ce jeune père. Il est naturel d’éviter de manger des aliments dangereux.
Oubliez et n’ayez pas peur
Savants et médecins ignorent quel est le degré de dangerosité d’une exposition à une irradiation de faible intensité. Le gouvernement et TEPCO disent que, comme nous ne le savons pas, nous ne devons pas avoir peur. Nous, au contraire, nous avons peur parce que nous ne savons pas, et de cette ignorance naît notre souffrance.
Le gouvernement et certains dirigeants d’une coopérative de pêche me critiquent en disant : “Cinq ans déjà ont passé. Pour effacer la mauvaise réputation de Fukushima et remettre sur pied le département, il ne faut plus parler de ses malheurs. C’est ce que nous nous efforçons de faire, mais vous, Nakajima, vous sapez nos efforts en claironnant les souffrances de la région.” et ils ajoutent “N’ayez pas peur de la radioactivité, mangez, buvez et profitez de la vie. Voilà quelle est l’attitude louable des gens qui aiment Fukushima et le Japon.”
En juin, le gouvernement a décidé d’annuler l’interdiction d’habiter les lieux dont la pollution est inférieure à vingt millisieverts. Immédiatement après, la compagnie TEPCO a dit qu’elle cesserait de verser aux réfugiés l’indemnité compensatoire à partir d’avril 2017, et presque aussitôt le département de Fukushima a annoncé que l’indemnité de logement passerait, en 2017, de 60 000 *(~ 527 euros) à 30 000 yens (~ 263 euros), puis à 20 000 yens (~ 176 euros) en 2018 et qu’après, elle ne serait plus versée.
Or cette indemnité est très utile aux réfugiés. Certainement Monsieur et Madame Tanji, qui se sont réfugiés ici, la reçoivent.
Du parterre, Madame Tanji crie : “Nous ne la touchons pas!”
Ah, vous ne touchez pas cet argent ! Bravo ! Vous avez votre fierté d’honnêtes gens ! Mais pour beaucoup, il est difficile de subsister sans cette aide. Sans elle, beaucoup de réfugiés devront, de gré ou de force, retourner dans leur ancienne ville. Le gouvernement les oblige ainsi à revenir. Mais le pourront-ils ?
Dans la ville de Naraha, où les gens ont désormais le droit de loger, seulement 7% de la population est revenue. La plupart de ceux qui sont rentrés sont des gens de plus de soixante ans et capables de conduire une auto. Aucune famille avec de jeunes enfants n’est revenue. Dans une telle ville, des commerçants ne peuvent venir s’installer, car ils ne pourraient vendre leurs marchandises aux sangliers. Les jeunes parents redoutent que leurs enfants ne soient contaminés par les radiations. Est-ce qu’ils vont revenir en un lieu pollué à vingt millisieverts ?
Les radiologues dans les hôpitaux et les chercheurs du domaine nucléaire dans les universités doivent se plier à des règles strictes. Ils peuvent s’exposer à 5,2 millisieverts par an, mais lorsqu’ils travaillent sur des matières radioactives en laboratoire, ils ne doivent ni manger, ni boire et quand ils en sortent, ils doivent ôter tous leurs vêtements et ne peuvent rien emporter. Lorsque le gouvernement impose un retour dans un lieu pollué à 20 millisieverts par an aux réfugiés, cela signifie que ceux-ci logeront dans un milieu quatre fois plus pollué que ces laboratoires de recherche et ces services de radiologie. Que le premier ministre aille lui-même habiter un endroit pollué à 100 millisieverts par an, mais je ne peux consentir, moi, à une telle contrainte illégale.
J’ai demandé un jour à des fonctionnaires gouvernementaux, s’ils avaient l’intention d’abroger cette loi et leur réponse a été “Non”. Le gouvernement, qui se doit de respecter la loi, agit lui-même illégalement. Cela signifie que pour lui l’économie compte davantage que la vie des habitants de Fukushima. Ces gens pensent que la progression économique est plus importante que la mort de cent mille personnes. Cette attitude du pouvoir est comme un glaive pointé sur tous les habitants, et pas seulement sur ceux de Fukushima. Le pouvoir prétend qu’il protège les Japonais, mais en même temps il veut faire refonctionner tous les réacteurs. Si d’autres accidents se produisent, il négligera et abandonnera les victimes, comme il le fait à Fukushima. Pour l’heure, cela nous sert de leçon et nous devenons plus sages.
En avril ont eu lieu cette année, dans le département de Kumamoto, de puissants séismes qui ont détruit un château de grand renom. Certains de mes proches ont avoué avoir perdu le courage de vivre, en voyant le château en ruine. Personne n’avait prévu ces deux énormes tremblements de terre de force 7. En 1995 un grand séisme eut lieu à Kōbe et la ville fut détruite et en 2004 à son tour le département de Nīgata a subi un tremblement de terre qui endommagea une centrale nucléaire. La compagnie TEPCO plaide que l’accident nucléaire de Fukushima a été provoqué par un séisme imprévisible, mais comme le Japon est situé sur un nid à séismes, à n’importe quel moment pourront s’y produire d’autres tremblements tout aussi “imprévisibles”. C’est pourquoi les compagnies électriques et le gouvernement doivent mettre en œuvre tous les moyens propres à éviter de graves accidents, or ils ne le font pas et ils essaient de remettre en marche le plus grand nombre possible de réacteurs. À Fukushima, le gouvernement a l’intention de liquider l’accident en cinq ans. Cela fournira un bon précédent pour d’autres accidents éventuels. Les futures victimes n’auront plus droit à l’aide gouvernementale cinq ans après l’accident, à l’exemple de Fukushima.
Notre combat
Nous menons notre combat devant la justice mais aussi hors des tribunaux. Les juges appartiennent à une élite. Bien sûr ils éprouvent de la compassion à l’égard des victimes, mais s’ils émettent un verdict défavorable au gouvernement, ils ne seront pas promus à un poste plus important. Ce sont des hommes, donc ils hésitent. Pour les soutenir, le combat hors du tribunal compte beaucoup. Nous agissons de deux manières.
La première consiste à regrouper un grand nombre de plaignants et sympathisants, lors d’une audience. La salle du tribunal ne peut accueillir que cinquante personnes, mais nous réunissons beaucoup plus de monde et nous manifestons hors du tribunal. Au début il y avait 150 personnes, mais ensuite il en vint 200, puis 250, et à présent se regroupent 400 personnes. Des fonctionnaires du tribunal en font le décompte. Bien sûr ils en informent ensuite les magistrats. Pendant l’audience, ceux qui ne peuvent entrer dans le prétoire, s’assemblent dans un autre bâtiment et s’informent. Nous invitons soit un économiste, soit un philosophe, soit un chercheur de renom, et nous écoutons leurs conférences. Le lendemain, des échos du jugement paraissent dans la presse. Ainsi nous encourageons les magistrats afin qu’ils n’hésitent pas à juger selon leur conscience.
L’autre mode d’action est de rendre visite à des associations diverses. Nous en avons déjà contacté deux cents. Fukushima est un département conservateur, dont les habitants ont assez tendance à croire que les plaignants sont des gens bizarres, s’opposant effrontément au pouvoir en place. Il y a, dans le département, une Association des entrepreneurs de Fukushima, à laquelle nous avons rendu visite et nous avons demandé, si leur association donnerait son accord à la proposition de TEPCO de cesser, dans deux ans, de verser des indemnités aux commerçants et aux compagnies. Les dirigeants de l’association comprennent à présent le sens de notre revendication. C’est un succès, petit mais certain.
Dans le département de Gunma également se déroule un procès concernant l’accident de Fukushima, devant le tribunal de Maebashi, chef-lieu de Gunma, procès durant lequel nous avons réussi à persuader les juges de visiter la région endommagée par l’accident nucléaire. Là, ils ont vu et ressenti la misère et les souffrances que ce dernier a causées. Ils ont visité des villes et des villages désertés, ils ont vu des maisons et des fabriques pourries et ont éprouvé le désespoir des éleveurs, dont les vaches abandonnées étaient mortes et alignaient leurs squelettes dans l’étable. Confronté directement au réel, les juges sans nul doute ont compris la culpabilité de TEPCO. Par la suite, des juges des départements de Chiba et de Fukushima ont aussi visité des villes sinistrées. Il est certain que des magistrats des vingt-quatre autres juridictions suivront l’exemple des trois premières. Je crois, que nos efforts réussissent à faire cesser leur irrésolution.
Combat pour la démocratie
Il y a deux ans, j’ai été invité par une église protestante de la ville de Francfort, en Allemagne, à donner une conférence. Après mon exposé sur l’accident nucléaire devant cent cinquante élèves d’un collège, une enseignante qui présidait la séance a dit : “À présent débute le débat. Je l’ouvre en vous demandant pourquoi on a construit la centrale nucléaire dans Fukushima.” Ma réponse fut la suivante :
“C’est parce que la région côtière est pauvre et peu peuplée. Même en cas d’accident grave, les victimes ou les morts seront au maximum cent mille. Si l’accident survenait à Tokyo, dix millions de personnes seraient atteintes ou tuées. Au regard du progrès économique, dix mille victimes ne comptent pas. La vie des habitants du département de Fukushima a moins de prix que celle des habitants du département de Tokyo. Dès l’origine donc, la construction de centrales nucléaires dans Fukushima portait atteinte au principe de l’égalité des hommes. Acceptez-vous cela?”
Si des enseignants organisaient une telle séance au Japon, immédiatement viendraient des critiques de la part des parents d’élèves. Ces derniers penseraient que ces enseignants sont des “rouges” et certains téléphoneraient au comité d’éducation. J’ai interrogé des enseignants de ma connaissance sur la possibilité d’une telle séance dans leur école et tous ont répondu négativement. Dans les écoles japonaises, il est très difficile d’aborder des thèmes politiques.
Nous avons commencé ce combat afin de protéger nos vies et nos droits, mais il a évolué et son but est devenu l’arrêt et la suppression de toutes les centrales nucléaires. Et désormais nous visons le changement d’une politique antidémocratique. La bataille se poursuit, non seulement dans le département de Fukushima, mais aussi dans celui de Maebashi et dans tout le Japon, et nous devons donc, en y travaillant tous ensemble, pousser plus avant notre combat.
Merci de tout cœur pour votre attention.
Un récit ridicule
Ensuite a eu lieu un débat au cours duquel M. Nakajima a raconté la “vie ridicule des propriétaires d’un bateau de pêche.” Ce récit prêtait vraiment à rire, mais il était aussi à pleurer. Le voici :
Les propriétaires d’un grand bateau de pêche reçoivent une énorme indemnité compensatoire, car ils ne peuvent pêcher. Ni eux, ni les membres de leur famille n’ont besoin de travailler. Un des fils, qui auparavant était pompier, a cessé de travailler et possède à présent une auto valant vingt millions de yens (~ 176 000 euros). Les épouses n’ont maintenant rien à faire et se contentent de bien manger, donc elles grossissent. Pour rester en forme, elles ont commencé à fréquenter un gymnase, vêtues de coûteuses tenues de sport. Des gens ordinaires, ne voulant pas les côtoyer, ont donc cessé d’y venir, mais c’est sans importance pour le gymnase car beaucoup de dames, comme elles bien en chair, s’y rassemblent.
Les possesseurs de petits bateaux de pêche reçoivent, eux aussi, des indemnités, mais le montant en est peu élevé, donc ils veulent recommencer le plus tôt possible à pêcher, mais les propriétaires du grand bateau ne veulent pas. Plus long est le temps où ils restent sans pouvoir pêcher, plus grande et plus pérenne est la somme des indemnités perçues. Ils savent gré à l’accident nucléaire et ne veulent pas changer leur actuelle “bonne” situation. Ces gens sont les dirigeants d’une société de pêche.
Selon le proverbe, l’argent est la source de tous maux. Cela est vrai pour ces pêcheurs. Dans Fukushima naissent des discordes diverses à cause de l’argent : certains en reçoivent beaucoup, d’autres, peu et d’autres encore, pas du tout, en fonction des catégories décidées par TEPCO et par le gouvernement.
* Les nombres en euros précédés de « ~ » montrent la dernière évaluation.
Publié par Ginette Martin dans Textes de HORI Yasuo
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