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23 décembre 2024

La guerre psychologique contre Julian Assange


New Matilda

2ème partie) : Le tribunal de l’opinion publique
et une histoire inédite à vous glacer le sang

Lissa JOHNSON

IMAGE : DJANDYW.COM, Flickr

Lundi 4 mars 2019

Vendredi 14 février, le rédacteur en chef du site d’information Consortium News, Joe Lauria, s’est rendu à Sydney pour organiser un événement ’Politics in the Pub’ : Whistleblowing, Wikileaks and the Future of Democracy [Lanceurs d’alerte, Wikileaks et l’avenir de la démocratie]. L’événement a eu lieu en prévision des prochains rassemblements pour libérer Assange, à Sydney ce dimanche 3 mars et à Melbourne le dimanche 10 mars.

Le journaliste et cinéaste de renom John Pilger prendra la parole au rassemblement de Sydney, dans l’amphithéâtre de Martin Place, à partir de 14 heures. Le journaliste Chris Hedges, lauréat du prix Pulitzer, a soutenu les manifestations en déclarant : ’J’implore tous ceux qui le peuvent d’assister aux rassemblements. Il est impératif que nous fassions pression sur le gouvernement australien pour que son citoyen, Julian Assange, soit protégé du non-droit de l’Empire américain.’

En inaugurant la soirée Politics in the Pub, Lauria a décrit la lutte pour la défense de Julian Asssange comme un ’cas historique de liberté de la presse. C’est pour cela que je me suis engagé davantage’.

Lauria organise des veillées hebdomadaires en ligne Unity4J en soutien à Julian Assange depuis décembre de l’année dernière, prenant la relève de Suzie Dawson, dans le cadre de la plateforme Unity4J. Parmi les invités, citons Daniel Elsberg, dénonciateur au Pentagone, John Kiriakou, Chris Hedges, John Pilger et bien d’autres.

La carrière journalistique de Joe Lauria est passée par les médias grand public et aussi indépendants, y compris en tant que correspondant de l’ONU pendant 25 ans, où il a couvert toutes les grandes crises mondiales qui ont traversé l’ONU. Au cours de sa carrière, Lauria a fait l’expérience directe de la répression contre les journalistes et comment les récits officiels étaient imposés, notamment avant la guerre en Irak. Il est donc particulièrement bien placé pour animer des discussions sur l’importance de Wikileaks et de Julian Assange.

Après avoir été nommé rédacteur en chef de Consortium News en avril 2018, lors d’un service commémoratif pour le regretté Robert Parry, fondateur du site Web et journaliste d’investigation chevronné, Lauria a expliqué comment il en est venu à écrire pour le site d’information indépendant de Parry en 2011.

Il a dit : « Si vous regardez les différentes conférences de Bob disponibles sur YouTube, vous verrez qu’on lui a souvent demandé pourquoi il avait créé Consortium News. Bob dit qu’il en a eu assez de la résistance qu’il rencontrait de la part de rédacteurs en chef qui refusaient ses articles, souvent d’une grande importance nationale. »

« Un rédacteur en chef de Newsweek lui a dit qu’ils supprimaient un article pour ’le bien du pays’. Les faits qu’il avait déterrés étaient allés trop loin en exposant le côté obscur de la puissance américaine. Son rédacteur en chef, bien sûr, voulait dire pour le bien des dirigeants du pays, et non de la population en général. »

« Comme John Pilger vient de le dire, Bob a créé un consortium pour les journalistes qui se heurtent à une obstruction similaire de la part de leurs rédacteurs en chef : un endroit pour publier ce qu’ils ne pouvent pas publier dans la presse dominante. »

Soit dit en passant, Chris Graham est devenu rédacteur en chef de New Matilda pour des raisons similaires : créer une plate-forme pour des articles sur les affaires Aborigènes qu’il ne pouvait pas publier dans les médias grand public.

Lauria a poursuivi en décrivant certains des actes spécifiques de censure qu’il avait lui-même vécus au cours de sa carrière. Il s’agit notamment d’avoir été licencié après avoir rendu compte de la dissidence au sein de l’ONU avant la guerre en Irak, du silence fait autour des 130 nations de l’ONU qui avaient reconnu la Palestine lors d’un vote sur le statut de la Palestine et de la censure d’un article ’sur un document déclassifié de la Defense Intelligence Agency (DIA) qui prévoyait dès 2012 la montée de Daech, et qui fut ignoré à Washington. Il disait que les États-Unis et leurs alliés en Europe, en Turquie et dans le Golfe soutenaient une principauté salafiste dans l’est de la Syrie qui pourrait se transformer en un État islamique’.

Censuré. Pour le bien du pays.

L’omission de telles informations jour après jour dans les journaux et à la télévision, dit Lauria, au fil des décennies… donne au peuple américain une vision déformée de son pays, un sens presque caricatural de la prétendue moralité de l’Amérique dans les affaires internationales’.

Sur l’importance de Wikileaks dans un tel paysage médiatique, lors d’une interview avec Chris Hedges, qui a également perdu son emploi principal après avoir critiqué la guerre en Irak, Lauria a dit : ’Nous avons vu au fil des ans… le déclin du journalisme américain… cette acceptation des positions et déclarations officielles, et le fait de simplement les relayer sans poser de questions’.

Julian Assange dans l’ambassade de l’Equateur en 2016
(IMAGE :
Cancillería del Ecuador, Flickr)

Hedges, ancien correspondant à l’étranger et chef du bureau du New York Times pour le Moyen-Orient, a ajouté lors d’une veillée en ligne pour Assange : « J’ai encore des collègues là-bas [au New York Times], qui sont très francs sur le fait que le journalisme d’investigation sur le fonctionnement interne du pouvoir a été complètement stoppé, grâce à une surveillance généralisée. Les représentants du gouvernement, parce qu’ils savent qu’ils sont surveillés, les journalistes, parce qu’ils savent qu’ils sont surveillés, ne peuvent plus faire la lumière sur les rouages internes du pouvoir. »

« Le seul mécanisme qui nous permet de comprendre les crimes commis par les puissants, par les élites, ce sont les fuites… Ôtez ce mécanisme et c’est la tyrannie et la corruption qui sévit. »

Ce que vous ne savez pas peut vous faire du mal.

Quand Lauria a repris les vigiles d’Unity4J pour Assange en décembre de l’année dernière, c’était une période mouvementée dans la lutte pour défendre Julian Assange.

Alors que 2018 touchait à sa fin, on craignait que l’extradition d’Assange vers les États-Unis ne soit imminente. Des protocoles de plus en plus stricts lui avaient été imposés à l’ambassade équatorienne, peut-être pour créer des prétextes à son expulsion. l’Ambassadeur et le ministre des affaires étrangères équatoriens avaient conseillé à Assange de quitter l’ambassade et de se rendre aux autorités britanniques, et six élus Démocrates avaient écrit une lettre au secrétaire d’État Mike Pompeo, lui recommandant d’inviter l’Equateur à ’résoudre’ le ’problème’ Julian Assange.

Si les efforts visant à expulser M. Assange de l’ambassade aboutissent, il sera probablement extradé vers les États-Unis pour faire face à des accusations pour ses activités d’éditeur.

Cette perspective a incité le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et 33 parlementaires de l’UE à faire des déclarations très fermes aux gouvernements britannique et équatorien en décembre de l’année dernière, mettant en garde contre le fait de faciliter des poursuites contre un journaliste, rédacteur en chef et éditeur, pour ’avoir publié la vérité’. Ces déclarations exigeaient la ’ libération immédiate d’Assange, ainsi que son passage en toute sécurité vers un pays sûr ’, et rappelaient au Royaume-Uni ses obligations légales ’ obligatoires ’ de garantir la liberté d’Assange.

Cependant, au début de l’année nous avons appris que le Fonds Monétaire International (FMI) avait offert à l’Équateur un plan de sauvetage de 10 milliards de dollars en échange de la remise de Julian Assange aux États-Unis. Cette prime s’ajoutait aux pressions et aux incitations américaines antérieures, dont l’augmentation des exportations de pétrole, la coopération militaire et 1,1 milliard de dollars supplémentaires en prêts du FMI, le représentant US du FMI ayant demandé à l’Équateur de ’résoudre’ ses relations avec Julian Assange afin de recevoir l’argent du FMI.

L’avocat australien Greg Barns l’a appelé le chantage exercé sur une nation. Le site d’information 21st Century Wire l’a qualifié de ’l’une des plus grandes affaires de corruption (ou d’extorsion) internationale de l’histoire’.

Les médias grand public ont dit que ce n’était pas grand-chose. Tout comme les faits qui auraient pu gêner le déclenchement de la guerre contre l’Irak, des détails tels qu’une prime de 10 milliards de dollars du FMI sur la tête de Julian Assange ont été occultées aux opinions publiques occidentales, et omis du récit général sur Wikileaks et Julian Assange.

En fait, dès le début, le récit officiel sur Assange et Wikileaks a été bâti autant sur des omissions que des diffamations.

Au sujet de la diffamation, John Pilger a déclaré lors du rassemblement l’année dernière à Sydney pour la libération Assange : « Je connais bien Julian. Je le considère comme un ami proche : une personne d’une résistance et d’un courage extraordinaires. J’ai vu un tsunami de mensonges et de calomnies l’engloutir, sans fin, avec vindicte, avec perfidie, et je sais pourquoi ils le calomnient.  »

« En 2008, un plan pour détruire Wikileaks et Julian fut présenté dans un document secret daté du 8 mars 2008. Le document fut rédigé par la Cyber Counter-intelligence Assessment Branch du Département de la Défense des États-Unis (DoD). Il décrit en détail combien il était important de détruire, et je cite, ’le sentiment de confiance’ qui est le ’centre de gravité’ de Wikileaks. »

Au cours de la décennie qui a suivi, comme nous l’avons vu dans la première partie, fidèle au modus operandi du contre-espionnage, qui cherche à ’tirer parti’ des connaissances sur les ’vulnérabilités’ de l’adversaire, chaque vulnérabilité majeure du système humain pour traiter de la réalité a été employée et exploitée afin de salir Julian Assange et Wikileaks.

Dans ce cas, l’adversaire dans la ligne de mire US n’a pas seulement été Julian Assange et Wikileaks, mais les populations mondiales que Wikileaks cherche à informer. Ce sont nos propres vulnérabilités – les vulnérabilités du système d’information de tout être humain – qui ont été manipulées et exploitées afin de saper et discréditer Wikileaks.

En outre, la perception de la réalité humaine, comme je l’examinerai plus en détail dans un article ultérieur, est intrinsèquement fragile. Elle est mue par une série d’influences psychologiques inconscientes qui ne demandent qu’à être manipulées.

L’une de ces vulnérabilités, dont dépend l’ensemble de la campagne de diffamation d’Assange, touche à la « nature narrative » des prises de décisions chez les êtres humains. Si les êtres humains se perçoivent comme des penseurs rationnels qui analysent soigneusement les éléments à leur disposition de manière logique, la vérité est que nous sommes enclins à comprendre le monde, et en particulier le monde social, à travers des histoires.

Par exemple, plutôt que de parvenir à un verdict en pesant soigneusement les faits et les preuves, il a été constaté que les jurés décidaient de la culpabilité ou de l’innocence en élaborant des récits. Avec l’information qui leur est présentée au tribunal, ils créent des histoires tissées à partir de ce qui leur a été raconté.

L’histoire qui relie le plus facilement les éléments de preuves pour en faire un récit cohérent, conforme aux connaissances et à la vision du monde des jurés, deviendra la version qu’ils sont les plus disposés à accepter. Comment l’accusé y sera perçu déterminera les verdicts d’innocence ou de culpabilité.

Les chances de réussite d’une campagne de diffamation auprès de l’opinion publique, comme celle contre Julian Assange, dépendent de sa capacité à tisser un récit de culpabilité. La clé est de présenter la victime comme quelqu’un d’antipathique, d’antagoniste.

Les faits qui rompent la cohérence narrative et interfèrent avec un tel récit, comme le cas des ’gentils’ qui placent une prime de 10 milliards de dollars sur la tête d’un journaliste, doivent être écartés. Il faut que la narrative occulte avec fluidité et cohérence les ’faits’ clés d’une affaire pour influencer le verdict.

Comme l’a dit le professeur Piers Robinson, titulaire de la chaire de politique, société et journalisme politique à l’Université de Sheffield, dans une interview sur la propagande moderne, « l’omission – ce dont on ne parle pas – est l’un des principaux éléments de la propagande et de la manipulation des opinions publiques  ».

Une tâche critique pour les propagandistes – comme ceux qui mènent une guerre psychologique contre Wilkileaks – est donc d’alimenter le public avec des données qui confirment le récit officiel et d’exclure tout ce qui va à son encontre. A cet égard, depuis sa création, la campagne de diffamation contre Julian Assange et Wikileaks a été remarquablement cohérente.

Les données omises dans le cas d’Assange ne sont pas seulement celles qui sapent, par des éléments factuels, le récit officiel (comme l’enquête suédoise et Russiagate), mais aussi tout ce qui pourrait donner à l’opinion publique occidentale des raisons de s’intéresser au sort de Julian Assange.

Si de telles informations étaient intégrées dans l’histoire officielle, le public risquerait de s’identifier à Assange. Ce dernier pourrait être perçu comme un simple protagoniste, dont le sort mérite notre attention. Et ça, c’est pas bon pour une campagne de diffamation, car les protagonistes sont difficiles à diffamer.

Cependant, le fait est que, que vous vous souciez ou non du sort de Julian Assange, il y a des raisons très importantes pour vous soucier du sort de Julian Assange. C’est pourquoi les grands médias ont travaillé dur pour ne pas vous donner envie de le faire.

A vous glacer le sang

Il était une fois le récit officiel selon lequel Assange s’était mis tout seul dans le pétrin en évitant de répondre à des questions de la justice suédoise sur des allégations d’agression sexuelle. Le message subliminal était « Il ne mérite pas votre sympathie ». Tout était de sa faute.

Une fois l’affaire suédoise classée, en 2017, le récit de ’l’évasion de la justice suédoise’ a cédé la place au récit de ’l’évasion de la justice britannique’. D’après ce nouveau récit, Julian Assange se serait ’terré’ à l’ambassade de l’Équateur pour échapper à un mandat d’arrêt britannique en raison de la concoction pseudo-légale d’une violation des conditions de sa liberté sous caution, elle-même liée à une enquête suédoise désormais close.

L’implication sous-jacente est toujours la même : Julian Assange s’est rendu lui-même coupable de son propre emprisonnement. Dans ce nouveau récit, il reste un fugitif, et non un journaliste qui a demandé l’asile contre une persécution des Etats-Unis.

Malgré leur inexactitude factuelle, ces récits ont survécu dans l’esprit de nombreuses personnes pendant des années, en grande partie grâce à une campagne concertée d’omissions, comme je vais l’expliquer.

Cependant, à la fin de l’année dernière, le ministère de la Justice (DoJ) a accidentellement confirmé ce que Wikileaks disait depuis au moins 2012 : que des charges secrètes attendent Julian Assange aux États-Unis s’il quittait l’ambassade équatorienne, très probablement pour des publications de 2010 relatives aux guerres en Irak et en Afghanistan.

En conséquence, le récit du ’fugitif de la justice britannique’ a maintenant été abandonné. Il est évident que les Etats-Unis visent Julian Assange, et qu’ils le font avec acharnement. Mike Pompeo l’a admis dans son premier discours en tant que directeur de la CIA l’année dernière.

Pour sa part, l’Equateur fait de son mieux pour pousser Assange à quitter l’ambassade équatorienne, après l’avoir coupé du monde extérieur depuis mars 2018, en lui imposant un isolement effectif, dans un effort pour ’le briser psychologiquement’ , selon l’ancien président équatorien Rafael Correa.

Julian Assange, dans l’ambassade équatorienne in 2014, avec Ricardo Patiño, alors ministre
des affaires étrangères de l’Equateur (IMAGE : David G
Silvers, Cancillería del Ecuador, Flickr)

Les conditions imposées à Assange sont ’essentiellement le genre de techniques de torture [utilisées] dans les sites noirs, à Guantanamo et dans les prisons irakiennes’, explique William Binney, ancien directeur technique de la NSA. ’C’est une technique que les psychologues ont développée avec la CIA afin que les victimes se sentent très isolées et qu’elles se retournent psychologiquement contre elles-mêmes.’

La santé physique et mentale d’Assange, telle que rapportée dans le British Medical Journal Opinion, fait l’objet d’attaques soutenues, équivalant à ’un traitement cruel, inhumain et dégradant’, mettant peut-être sa vie en danger selon l’ONU.

Son traitement a été dénoncé non seulement par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et des parlementaires de l’UE, mais aussi par Human Rights Watch, Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes et l’American Civil Liberties Union (ACLU). La mère d’Assange, Christine Assange, a qualifié son traitement d’’assassinat lent et cruel’. [notons au passage le silence de Reporters Sans Frontières – NdT]

Les récits officiels incitent le public occidental à l’indifférence. Bien que plus personne ne nie la détermination des États-Unis à s’en prendre à Julian Assange, quelque chose d’autre a été omis pour tenir à distance l’attention et les préoccupations de l’opinion publique.

Oui, il y a Russiagate, qui provoque de la colère face à la ’collusion’, que j’analyserai plus loin comme une illusion collective. Mais Russiagate s’appuie sur une omission critique, sans laquelle ses prétentions à ’défendre la démocratie’ s’effondreraient.

Quelle omission ? Qu’est-ce qui n’est pas inclus dans le récit officiel ?

Une omission essentielle pour maintenir le désintérêt du public envers Julian Assange (et maintenir son attention tournée vers Russiagate) concerne les implications juridiques plus larges si Assange devait être extradé et poursuivi en justice aux Etats Unis.

Quelles implications juridiques plus larges ?

Si des poursuites sont engagées aux États-Unis, Assange sera jugé soit en tant que conspirateur dans l’obtention de fuites, soit en vertu de la loi draconienne sur l’espionnage de 1917, adoptée pendant la Première Guerre mondiale dans le contexte de la première alerte rouge, lorsque ’des gens étaient littéralement jetés en prison simplement pour avoir envoyé une lettre à la rédaction d’un journal’, explique American Civil Liberties Union (ACLU).

Et ?

Ainsi, bien que l’administration Trump semble vouloir emprunter cette voie juridique autoritaire, les gouvernements US précédents n’ont jamais franchi la ligne, par crainte de criminaliser le journalisme.

Le Département de Justice d’Obama, par exemple, aussi désireux que quiconque de fermer Wikileaks, a examiné de près la possibilité de poursuivre Assange pour avoir publié des documents classifiés, mais a conclu qu’il était impossible de le faire sans faire subir le même sort à d’autres journaux, comme The New York Times. L’administration Obama a appelé cela son ’problème du New York Times’.

James Goodale, ancien conseiller juridique en chef du New York Times, devenu célèbre pour les Pentagon Papers, aujourd’hui professeur adjoint à la Fordham Law School, qualifie les implications juridiques des poursuites contre Julian Assange comme ’à vous glacer le sang’.

Goodale a déclaré au Columbia Journalism Review que ’le plus grand défi pour la presse aujourd’hui est la menace de poursuites contre WikiLeaks, et c’est absolument effrayant… Si vous poursuivez WikiLeaks, vous poursuivez le Times. C’est la criminalisation de tout le processus.’

L’avocat général adjoint actuel du New York Times a fait à peu près la même remarque lorsqu’il s’est adressé à un groupe de juges en juillet de l’année dernière. Il a dit que ’la poursuite de [Assange] serait un très, très mauvais précédent pour les journaux… D’après ce que je sais, il est en quelque sorte dans la position d’un éditeur classique et je pense que la loi aurait beaucoup de mal à faire la distinction entre The New York Times et WikiLeaks.

De même, le directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW), Kenneth Roth, a tweeté en 2018, qu’il serait « profondément troublant si l’administration Trump, qui a montré peu de respect pour la liberté de la presse, inculpait Assange pour avoir reçu d’un fonctionnaire du gouvernement et publié des informations confidentielles – exactement ce que font tout le temps les journalistes. »

En bref, si Assange devait être poursuivi de cette manière transfrontalière, extraterritoriale et en créant un précédent, n’importe qui, n’importe où dans le monde, pourrait être arrêté pour avoir publié de l’information qui génerait les élites américaines, quelle que soit son exactitude ou sa véracité.

Malgré cela, ou à cause de cela, en 2017, en tant que procureur général de Trump, Jeff Sessions a déclaré que l’arrestation d’Assange était une ’priorité’. Interrogées sur les implications pour le journalisme en général, Sessions a refusé d’exclure la possibilité de poursuivre d’autres médias dans le sillage de Wikileaks.

L’ancien juge et avocat Bill Blum écrit : ’Aucune publication ne serait à l’abri de la vengeance et de l’emprise de l’administration. Les petites agences de presse indépendantes – pensez à Truthdig, The Intercept, The Nation et d’autres à gauche – seraient particulièrement vulnérables.’

Pour que les intentions des Etats-Unis soient claires comme de l’eau de roche, Mike Pompeo, dans son premier discours en tant que directeur de la CIA, a promis de s’en prendre aux ’valeurs de liberté d’expression’ de Wikileaks, décrivant l’éditeur comme un ’service de renseignement non étatique hostile’. Pompéo a également confirmé que les États-Unis ’travaillent pour faire tomber’ Wikileaks, en le mettant dans le même sac qu’Al-Qaïda.

Ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo (IMAGE : Gage Skidmore, Flickr)

Pompeo a ajouté que les ’ennemis’ de sa CIA ne comprenaient pas seulement Wikileaks, mais aussi ’ceux qui accordent une plateforme’ aux fuites de matériel. En d’autres termes : les éditeurs, journalistes, médias indépendants, sites web, blogueurs. Les groupes visés par Pompéo ’peuvent être petits’, a dit Pompéo, mais ils représentent une ’nouvelle menace… et je suis sûr que cette administration les poursuivra avec une grande vigueur’.

Et l’administration les poursuit, avec l’aide d’un complexe médiatique bipartite, sans frontières, de renseignements militaires et de médias. La censure du ministère orwellien de la vérité et des campagnes de diffamation telles que PropOrNot ont été déployées, par exemple, par le biais du programme Integrity Initiative de l’Institute for Statecraft intitulée ’political smear unit’ [unité de diffamation publique]et, plus récemment, avec NewsGuard, un outil de censure intégrable à votre navigateur web et permettant de filtrer les informations alternatives.

Newsguard s’efforce d’imposer son système de classement à toutes les utilisations d’Internet aux États-Unis, et s’est associé à Microsoft, qui prévoit d’intégrer NewsGuard dans tous ses produits.

Le ’conseil consultatif de l’outil de censure se lit comme la liste des membres d’un groupe de réflexion néoconservateur’, écrit Caitlyn Johnstone, une journaliste indépendante et qui se définit comme telle. L’un des membres du conseil d’administration, par exemple, est un ancien sous-secrétaire d’État, qu’on peut voir ici en train de préconiser l’utilisation de la propagande contre les populations nationales. (La vidéo est vraiment révélatrice à 1m50).

NewsGuard a vu le jour dans un contexte politique où des hauts responsables de Google, Facebook et Twitter ont comparu devant une commission sénatoriale du renseignement en 2017, au cours de laquelle ils ont été invités à ’agir maintenant sur le champ de bataille des médias sociaux pour réprimer les rébellions d’information’. Il a été conseillé aux responsables techniques d’élaborer des ’énoncés de mission’ sur la prévention de la ’discorde fomentée’ par les internautes en ligne.

Les enquêteurs du gouvernement américain ont même demandé à Facebook et Twitter de transmettre des informations sur le profil, y compris éventuellement les noms, numéros de téléphone et adresses e-mail, des utilisateurs de médias sociaux affichant un contenu ’clivant’.

En d’autres termes, « nous voulons des noms ».

Oui, c’est vraiment arrivé’, écrit Caitlin Johnstone.

Il est clair qu’il est de plus en plus difficile de monter un récit diffamatoire par omission avec un Internet libre et ouvert. L’unité de diffamation de Integrity Initiative, financée par le gouvernement, a récemment fermé son site Web après qu’un groupe d’universitaires britanniques indépendants et de journalistes sur le Web l’eurent dénoncé.

Mais où trouve-t-on tout cela dans les médias sur la situation critique de Julian Assange ? Où sont les références aux mises en garde des avocats actuels et anciens du New York Times sur les implications juridiques de poursuites contre Assange qui ’vous glacent le sang’ ?

Où est la couverture de la promesse de Pompéo de poursuivre les ’petites’ plate-formes médiatiques dans le sillage de Wikileaks ? Ou les rapports sur les campagnes de diffamation orwelliennes et les campagnes de censure des entreprises d’État déjà en cours ?

Tout a disparu. Tout comme avaient disparu les voix dissidentes dans la période qui a précédé la guerre en Irak. Tout comme la voix de Julian Assange a disparu aujourd’hui.

Tout comme d’autres voix et ’plates-formes’ indépendantes et dissidentes, pour reprendre les mots de Pompeo, aussi ’petites’ soient-elles, disparaîtront à l’avenir si les Etats-Unis gagnent leur guerre juridique et psychologique contre Wikileaks.

Le but psychologique de cette guerre n’est pas simplement de fermer Wikileaks. Elle réussit à obtenir le consentement du public pour traiter le journalisme d’intérêt public comme l’ennemi public numéro un. Russiagate, avec son armée d’exécuteurs en ligne, fonctionne comme un outil psychologique dans cette guerre pour marquer des voix indépendantes comme des combattants ennemis.

Comme nous met en garde Chris Hedges, la mission est de ’criminaliser toute surveillance ou enquête journalistique sur l’État’ et de ’transformer les fuites et les dénonciations en trahisons’. Il note que ’la persécution d’Assange s’inscrit dans le cadre d’une vaste attaque contre les organisations de presse anticapitalistes et anti-impérialistes [faisant] des journalistes, écrivains, dissidents et intellectuels… des cibles de choix’.

L’observateur politique et auteur CJ Hopkins de Consent Factory conseille de boucler vos ceintures. Ce qui vient reléguera l’opération COINTELPRO à une œuvre d’amateur. Les médias d’entreprise néolibéraux, les psy-ops comme Integrity Initiative, les applications de censure sur Internet comme NewsGuard, ShareBlue et d’autres groupes de David Brock, et une légion de générateurs d’hystérie de masse nous bourreront le crâne avec de l’absurdité, de la désinformation et tout simplement des mensonges (comme leurs homologues à droite, bien entendu, si vous pensez que c’est une alternative). Ça va devenir extrêmement loufoque.’

Pacifistes, de la nourriture pour chats et une cuvette de WC à Guantanamo

Si la criminalisation imminente du journalisme est omise du récit sur Julian Assange et Wikileaks, quoi d’autre a été omis en cours de route ? Quelles preuves ont été exclues du tribunal de l’opinion publique afin de tisser un récit de culpabilité autour de Julian Assange, de le faire passer pour le méchant, de nous empêcher de nous en soucier et d’ouvrir la voie psychologique à la guerre en cours contre les médias indépendants ?

Il y a, bien sûr, le document de 2008 qui a fait l’objet d’une fuite de la Direction du contre-espionnage du ministère de la Défense et qui décrit un plan, depuis des années, pour détruire la confiance qui est le centre de gravité de Wikileak. Il va sans dire qu’il s’agit d’une information qui ne sera pas diffusée dans les médias de masse.

Deux ans plus tard, lors de la première attaque majeure contre la confiance du public dans Wikileaks, la couverture de l’enquête suédoise sur Assange, qui a commencé avec deux femmes lui demandant de passer un test de dépistage de MST, a omis un contexte et des détails extrêmement importants. Par exemple, le mois même où l’enquête suédoise fut lancée, un document de renseignement indiquait que ’l’administration Obama [avait] exhorté ses alliés étrangers à porter des accusations criminelles contre Assange’.

C’était peut-être une coïncidence. Peut-être pas. Quoi qu’il en soit, l’affaire du viol suédois se déroula de manière inhabituelle. L’enquête commença sous la forme d’une affaire ouverte et close en cinq jours, le procureur général de Stockholm ayant conclu qu’aucun crime n’avait été commis.

L’enquête fut rouverte quelques jours plus tard par une autre procureure, ce qui est ’très inhabituel’ selon le professeur de droit international et avocat principal à la retraite du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Alfred De Zayas.

Une fois rouverte, l’affaire fut traitée par le biais de procédures juridiques et policières ’inouïes’, écrit Naomi Wolf. En outre, les femmes dans cette affaire n’avaient pas accusé Assange de viol dans leur témoignage officiel, contrairement à ce qui est largement répété. En fait, la femme au centre de l’allégation de viol a dit, dans des SMS vus par les avocats d’Assange, qu’elle ’ne voulait pas accuser Assange pour quoi que ce soit’, que ’la police tenait à mettre la main sur lui’ et que c’était ’la police qui a fait les allégations’. Elle a également dit à une amie qu’elle se sentait ’manipulée’ par la police. Encore une fois, ces détails sont couramment absents des médias de masse.

Comme si cela ne suffisait pas à faire réfléchir, l’avocate de la femme était associée dans un cabinet d’avocats avec un ancien ministre de la Justice (ce qui n’est pas un choix habituel dans une affaire de viol, note Wolf), qui avait auparavant facilité le transfert d’un suspect de la Suède vers Égypte, à la demande de la CIA, entraînant la torture du suspect.

Il n’est pas étonnant qu’Assange ait exigé une garantie contre une extradition vers les Etats-Unis avant de retourner en Suède.

Au total, les représentants de Women Against Rape ont écrit en 2012 : ’Les autorités se soucient si peu de la violence contre les femmes qu’elles manipulent à volonté les allégations de viol… dans ce cas pour faciliter l’extradition d’Assange ou sa restitution aux États-Unis’.

En 2017, au moment de la clôture de cette affaire qui a traîné pendant sept ans, Assange n’a jamais été inculpé de quoi que ce soit. Rien du tout. L’affaire n’a jamais dépassé le stade de l’enquête préliminaire.

Pour clore l’enquête, il suffisait que les autorités suédoises garantissent la sécurité d’Assange contre une extradition vers les Etats-Unis ou qu’elles l’interrogent à l’ambassade d’Équateur. Le fait que la Suède ait proposé de le faire en 2013 ne figure pas dans le récit officiel. ’Le Royaume-Uni’, cependant, ’n’était pas d’accord’, écrit Sefania Maurizi, et ’l’affaire a traîné en longueur pendant encore quatre ans’.

Pourquoi le Royaume-Uni a-t-il prolongé inutilement l’enquête suédoise ? C’est une question que les grands médias ne posent pas.

Etait-ce dans l’espoir qu’Assange craque et sorte de l’ambassade de l’Equateur pour être extradé d’abord vers la Suède et de là vers les Etats-Unis ? Ou était-ce pour tirer le maximum de propagande de l’affaire ? Ou pour détourner l’attention de la vraie histoire qui se déroulait pendant ce temps à Washington ?

En juillet 2010, un mois avant le début de l’enquête suédoise, le FBI avait ouvert sa propre enquête sur Wikileaks, en partenariat avec le Département de la Défense et le Service de sécurité diplomatique du Département d’État. L’enquête est rapidement devenue une ’opération pangouvernementale’, englobant la DIA, le DoJ, la CIA, diverses divisions de l’armée, le Comité consultatif présidentiel du renseignement et de nombreuses branches de l’État de sécurité nationale.

Parallèlement à cette opération menée par le FBI, Julian Assange fut placé en 2010 par la NSA sur une ’liste d’individus recherchés’ et un Grand Jury fut convoqué dans le District Est de la Virginie. Une ’salle de guerre’ fut également mise en place, sous la direction d’un général de brigade de la DIA, composée d’une ’suite de bureaux gouvernementaux proches du Pentagone’, où ’120 analystes du renseignement, agents du FBI et autres’ travaillaient ’24 heures sur 24, sept jours sur sept – en première ligne de la guerre secrète du gouvernement contre WikiLeaks’.

Heureusement pour cette guerre secrète, tous les regards étaient tournés vers la Suède à l’époque.

Mais pourquoi une enquête pangouvernementale ? Qu’avait fait Wikileaks pour provoquer cela ? La vie ou la sécurité de quelqu’un était-elle en danger ?

Bien qu’il n’y ait « pas la moindre preuve » que les révélations [de Wikileaks] aient causé du tort à qui que ce soit, écrit la journaliste et auteure Nozomi Hayase, ce que Wikileaks a fait en 2010, c’est révéler des milliers de morts civiles en Irak et en Afghanistan qui n’avaient pas été signalées auparavant. Parmi ces morts, on peut citer l’assassinat insouciant d’enfants, de journalistes et de leurs sauveteurs, et d’autres violences aveugles… torture, mensonges [et] corruption’, écrit Chris Hedges. Selon Daniel Elsberg, dénonciateur des Pentagone Papers, les fuites ont révélé ’un camouflage massif pendant plusieurs années par les autorités américaines’.

Quelqu’un allait payer. Et ce n’était certainement pas les criminels de guerre.

Après ces publications, les calomnies ’terroristes’ contre Assange ont commencé à pleuvoir. Le vice-président Joe Biden l’a qualifié de ’ terroriste high tech’ bien qu’il ait déclaré quelques jours auparavant que les révélations sur l’Irak et l’Afghanistan n’avaient provoqué ’aucun dégât conséquent’ autre que d’avoir été ’embarrassants’.

Aujourd’hui, après toutes ces années de révélations embarrassantes, les charges secrètes qui ont été portées contre Assange se trouvent au même endroit que le Grand Jury 2010 : le District Est de la Virginie. Par conséquent, on s’attend à ce que les accusations soient liées à la révélation des crimes de guerre US en 2010, et non aux élections américaines de 2016.

Selon John Kiriakou, qui a dénoncé les tortures de la CIA, le district Est de Virginie est connu sous le nom de ’tribunal des espions’. C’est ’le foyer de la CIA, du Pentagone et de presque tous les sous-traitants privés du renseignement dans la région de Washington’, explique Kirakou. Aucun accusé en matière de sécurité nationale n’a jamais gagné un procès là-bas, dit-il.

Si Assange devait être extradé pour faire l’objet de poursuites aux États-Unis, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a jugé que la crainte d’une ’persécution politique et d’un traitement cruel, inhumain et dégradant’ et d’un ’préjudice physique’ était ’tout à fait fondée’.

Tout à fait fondée, en effet. En 2011, Fred Burton, alors vice-président de la société de sécurité privée Stratfor chargé de la lutte contre le terrorisme, en collaboration avec le FBI, le Service de sécurité diplomatique et le DoD, a annoncé publiquement que l’extradition d’Assange vers les États-Unis était ’de plus en plus probable’. En privé, dans une correspondance interne, Burton a écrit : ’ Assange va faire une belle épouse en prison. Au diable le terroriste. Il mangera de la nourriture pour chat pour le reste de sa vie.

Pourquoi ? Parce que, selon Burton, ’[Assange] est un pacifiste. Il a besoin de se faire plonger la tête dans une cuvette de WC pleine à Guantanamo.’

Un pacifiste.

Voilà, on y est. Le monde à l’envers de la guerre contre Wikileaks. Où les pacifistes sont des terroristes qui méritent tout ce qui leur arrive. Un monde loin du récit officiel.

Dans un univers moins inversé en termes de valeurs morales, le fait d’être un pacifiste justifie une nomination au prix Nobel de la paix en 2019, comme Julian Assange l’a été par la lauréate du prix Nobel Mairead Maguire. Ce qui paraît être beaucoup plus logique.

Pendant ce temps, au tribunal de l’opinion publique, après une décennie de narrations par omission dans le procès mené par les médias, Julian Assange est sur le point de se retrouver aux mains des Etats-Unis. Si cela devait se produire, ’la CIA et le FBI seront tous deux dans cet avion’, prévient John Kiriakou. ’C’est enchaîné qu’ils le ramèneront aux États-Unis.’

Si vous souhaitez prendre position contre un tel dénouement, vous pouvez faire passer le mot sur les rassemblements australiens pour la défense de Julian Asssange, ou y assister si vous le pouvez, qui se tiendront à Sydney à l’amphithéâtre Martin Place le 3 mars à partir de 14h, et à Melbourne à la State Library le 10 mars à 13h. Gardez un œil sur ce fil Twitter ou sur cette page Facebook pour les mises à jour.

Le mouvement pour faire libérer Assange, comme Joe Lauria l’a souligné lors de sa visite à Sydney, est d’une importance historique. A ce stade, exprimer son opposition à ce que le journalisme d’intérêt public soit considéré comme l’ennemi public numéro un est peut-être l’une des rares choses qui séparent la liberté d’expression et une cuvette de WC à Guantanamo.

Ensuite, avant de me pencher sérieusement sur l’arsenal de tactiques déployées dans la guerre psychologique contre Wikileaks, j’explorerai le phénomène par lequel des guerriers libéraux et soi-disant progressistes de la #Resistance™ et du RussiaGate se sont alignés derrière l’administration Trump pour s’en prendre au journalisme à travers Wikileaks, le rêve de tout autoritaire, note Glenn Greenwald.

Ce faisant, je me demanderai pourquoi quelqu’un – de gauche, de droite ou indifférent – ferait confiance aux services de renseignement US, alors même que certains des mêmes individus qui nous ont entraînés dans la guerre en Irak montrent du doigt Russiagate et Wikileaks, en s’exclamant ’faites-nous confiance’.

Dr Lissa Johnson

Traduction « moi aussi je suis tombé dans leur panneau » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

Source : »» https://newmatilda.com/2019/02/25/psychology-getting-julian-assange-pa…

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Source : Le Grand Soir
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