FRANCE
Remous licresques (et autres si affinités)
Étienne Chouard viré de Sud-Radio
Julien Michel – La lettre patriote – 23.6.2019
L’enseignant Etienne Chouard, promoteur du référendum d’initiative citoyenne(RIC), ne présentera plus son émission hebdomadaire sur Sud Radio après des propos « confusionnistes » sur l’existence des chambres à gaz, a indiqué le PDG de la station Didier Maïsto.
Didier Maïsto, qui avait recruté Etienne Chouard en mars parce qu’il « questionnait le réel », l’a écarté parce qu’il pratique le « confusionnisme », a-t-il déclaré, confirmant des informations du site Arrêt sur images.
Lors d’une interview début juin sur le site Le Média, Etienne Chouard avait souligné qu’il ne pouvait pas s’exprimer sur l’existence ou non des chambres à gaz, n’ayant « jamais rien lu » sur le sujet.
Etienne Chouard avait ensuite reconnu sur son blog qu’il avait été « maladroit » et souligné qu’il devrait « refuser de s’exprimer sur ces sujets, qui servent surtout aux puissants du moment à museler leurs opposants politiques ».
Il n’animera pas les deux dernières émissions prévues sur l’antenne de Sud Radio, a indiqué Didier Maïsto. « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour qu’il soit clair, il faut qu’il fasse son chemin. Si on n’a pas cette rigueur, ça disqualifie le reste », a souligné le PDG de Sud Radio et de Fiducial Médias (éditeur du magazine Lyon Capitale).
Le professeur marseillais d’économie-gestion était devenu célèbre lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005, devenant avec son blog une voix du « non », puis avec les Gilets jaunes, qui sont nombreux à partager ses propositions en faveur du RIC.
Etienne Chouard avait notamment déclenché une polémique en manifestant son intérêt pour l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, ou en se définissant lui-même comme « complotiste »sur France Inter, c’est-à-dire « méfiant envers les complots des puissants ».
Source : https://lalettrepatriote.com/etienne-chouard-vire-par-sud-radio/
Mais il n’y a pas que Chouard… il y a (entre autres) le quidam qui a passé le temps qu’il avait à perdre à brûler la binette imprimée de Botul au coin d’une rue !
La Licra vue par Israël Adam Shamir
Entre la plume et l’enclume – 23.6.2019
Voir d’abord l’excellent clip « Gilets gilets jaunes » (rap) en question ici:
Ca flambe et ça flamboie ! Face à ça, 6 assoc relevant du CRIF veulent la peau d’Alain Soral, et de nous tous qui sommes l’allumette et la termite, la thermite et la poutre, et la paille dans ton oeil, et la colère dans les coeurs.
Et voici l’apport d’un autre chevalier sans peur et sans reproche : Quenelle !
Laissez donc les juifs en dehors de tout ça !
Lettre ouverte d’Israël Shamir – 18 juin 2019
Une photo de M. BHL a été brûlée par des protestataires à Paris. Un évènement constaté et montré sur un site lié à M. Alain Soral. La LICRA a aussitôt accusé celui-ci d’antisémitisme, ce qui est un délit passible de la loi, sur la base de ce fait. Je trouve leur mauvais usage de la position juive dans la société française totalement inacceptable, pour les raisons suivantes.
M. BHL est un citoyen français qui a droit à ses opinions. Néanmoins, aucune de ses opinions ne saurait ou ne devrait être agréée en tant que « la position juive ». Les juifs français, et certainement les juifs du monde entier, manifestent une large diversité d’opinions, les uns sont d’accord avec BHL sur certains points et d’autres pas, et parfois même s’opposent vivement à ses vues. M. BHL a été un soutien fervent, voire un instigateur, de l’attaque de l’OTAN contre la Libye en 2011, attaque qui a fait de ce pays d’Afrique du Nord relativement prospère un Etat failli tenu par des gangs islamistes armés. M. BHL a été un soutien fervent, voire un instigateur, du coup d’Etat à Kiev en 2014, qui a renversé le président légitime de l’Ukraine et qui a amené au pouvoir des gens qui soutiennent le collabo nazi Stepan Bandera. M. BHL a tenté de pousser à la colère ses compatriotes français contre les Gilets jaunes. Ces choix, et d’autres également déclarés par Mr BHL, ont été un motif d’indignation de certains citoyens français qui ont exprimé leur indignation en brûlant sa photo. Ces actes de M. BHL et de ses adversaires sont parfaitement légitimes et rentrent dans le cadre de la liberté d’expression publique.
Ce qui ne saurait être légitime, c’est une tentative de la LICRA pour créer l’impression fausse que ces opinions et conduites de M. BHL étaient une expression de la position juive. C’est là un mensonge odieusement antisémite. Les juifs de France, d’Israël et du reste du monde ne voulaient nullement le bombardement de la Libye ou les émeutes de Kiev; les juifs n’ont pas de position politique unifiée sur les élections françaises ou sur les mouvements politiques français. Il y a des juifs français qui soutiennent les Gilets jaunes, et d’autres qui les rejettent. Les uns votent pour M. Macron et d’autres pour Mme Le Pen ou M. Soral. Il n’y a que des antisémites pervers pour prétendre que tous les juifs suivent et soutiennent M. BHL. Or cette assertion maligne, c’est la LICRA, autoproclamée « organisation de lutte contre l’antisémitisme » qui l’a brandie.
Permettez-moi de le redire: l’entité appelée LICRA ne représente pas les juifs français, car elle n’a pas été élue par les juifs français. Ni les juifs français ni d’autres juifs n’acceptent d’être dirigés par la LICRA. C’est une organisation politique qui a ses propres objectifs; objectifs qui ne se superposent pas à ceux de la majorité des juifs en France ou ailleurs.
Tandis qu’il est possible d’argumenter que dans certains cas la LICRA agit dans l’intérêt des juifs en combattant le préjugé anti-juifs, dans le cas particulier, la LICRA agit contre les intérêts juifs, dans la mesure où cette action contribue à renforcer le préjugé anti-juif selon lequel tous les juifs agiraient de concert pour quelque finalité douteuse telle que la destruction de la Libye ou la déstabilisation de l’Ukraine, ou d’autres objectifs controversés.
Les juifs en tant que juifs n’ont pas de position sur ces sujets. M. BHL n’est pas un représentant élu ni une autorité spirituelle des juifs en France ni nulle part ailleurs. Il ne s’habille pas comme un juif pratiquant, n’observe pas les lois juives ni les coutumes juives; sa famille est célèbre pour comporter des apostats; ses actions ont toujours été celles d’un agent libre; il n’a jamais consulté les autorités juives, spirituelles ou temporelles. Il a parfaitement le droit d’avoir ses propres opinions et points de vue; néanmoins il ne saurait prétendre qu’il agit dans l’intérêt des juifs ni qu’il représente les juifs. La LICRA en a donc d’autant moins de droit à prétendre qu’une protestation contre BHL soit un acte contre le peuple juif comme un tout, ni donc comme un acte relevant de l’antisémitisme. S’il y a bien quelque chose d’antiémite c’est la LICRA qui suggère qu’une attaque contre BHL est une agression contre le peuple juif. Si c’était le cas, devrions-nous considérer une condamnation du comédien noir M Dieudonné comme un acte de racisme anti-noir?
Il est parfaitement légal de brûler l’image de BHL en Israël; et j’ai l’intention de le faire demain à Tel Aviv sur la Gordon Beach. Aucun tribunal en Israël ne m’accuserait d’antisémitisme si je mettais le feu à sa photo; même chose avec un portrait de M. Netanyahou, qui est d’ailleurs un représentant élu de l’Etat juif d’Israël. Tandis que le drapeau israélien est protégé contre la profanation, l’image d’une personne d’origine juive ne l’est pas. On est libre de la brûler ou d’en faire ce qu’on voudra, selon ses envies.
Je suis certain que les citoyens français ne sont pas moins libres que les citoyens israéliens, et j’espère que le tribunal français rejettera le grief sans fondement du LICRA, entité auto-proclamée, contre Alain Soral. Ce serait une bonne chose si M. BHL trouvait le courage de soutenir M. Soral contre la LICRA en affirmant que cette entité n’a pas agi ni n’agit en tant que représentante légitime ou autorité spirituelle des juifs français. Encore mieux, si la République française accusait la LICRA d’encourager le préjugé anti-judaïque par des griefs sans fondement.
Si la République française trouve nécessaire de condamner M. Alain Soral pour une raison ou une autre, qu’elle le fasse sans prétendre agir au nom de la cause juive. Laissez les juifs en dehors de cette polémique! Nous et nous ancêtres avons assez souffert sans être utilisés comme une sorte d’argument suprême dans une dispute intérieure entre Français.
Source : https://plumenclume.org/blog/462-la-licra-vue-par-israel-adam-shamir
Pendant qu’on y est :
Une interview du même par Jean-Michel Vernochet, à propos de la sortie de son dernier livre :
Europe Insurrection Civique – 19.6.2019
Lors de cet entretien, Jean-Michel #Vernochet reçoit Israël Adam Shamir afin de commenter l’actualité en lien avec la sortie de son nouveau livre « Au Nom du Christ » et Maria Poumier, essayiste, dans le rôle de la traductrice pour cette entrevue.
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L’univers posthistorique est le premier où Javert n’est pas méprisé ; et où il se promène sous le surnom de Voltaire.
… écrivait Philippe Muray en 1999. On dirait, à voir les informations d’aujourd’hui, que c’est écrit de la nuit dernière.
Nous dédions les citations qui suivent à M.Didier Maïsto, de Sud-Radio, et à tous les traqueurs de malpensants, ses vertueux coreligionnaires.
[…]
Quand la réintégration par l’être humain du règne animal semble être devenue son unique projet, ainsi que la garantie de son bien-être futur, de sa protection et de sa sécurité, il est logique aussi qu’il consacre une grande part de son temps à éradiquer tout ce qui, sous de multiples formes, lui paraît hostile à ce programme.
La mort elle-même, la maladie et le risque, et encore bien d’autres choses comme le «vice », la corruption et même le doute, doivent être effacés de la nouvelle vie sur la nouvelle planète. Cette perspective de réintégration par l’être humain du règne animal, même si elle ne devait jamais être totalement réalisée, conduit à une sorte de monde idéal où Homo festivus, à l’opposé de son lointain ancêtre l’individu, ne conçoit plus ses ouvrages d’art, comme le disait Kojève, qu’à la façon dont « les oiseaux construisent leurs nids et les araignées tissent leurs toiles », où il n’exécute plus « des concerts musicaux» que comme le font « [les} grenouilles et [les} cigales », et où il ne joue plus que comme les «jeunes animaux ». C’est-à-dire qu’il peut y avoir encore des jeux, dans la post- Histoire, ainsi que des ouvrages d’art et des concerts, mais ceux-ci ne sont plus les produits, comme du temps de la période historique, de l’accident, de l’erreur, de la dialectique, de la lutte à mort ni de la négativité. Ils ne procèdent plus du désaccord des hommes avec le monde donné, autrement dit de ce qui les différenciait le plus radicalement de l’animal, mais au contraire de leur accord avec ce même monde transformé ou en cours de transformation accélérée. Et dont il ne reste plus alors qu’à chanter les louanges. Comme le confiait tout récemment à Télérama le directeur du Centre d’art contemporain de Vassivière (Limousin) : « En se familiarisant avec la présence de l‘art contemporain, les jeunes se préparent à un monde qui change. » On ne saurait mieux exprimer ce que devient, dans la post-Histoire (mais sans perdre le moins du monde son arrogance prétendument non conformiste), ce qui est encore abusivement nommé art: un système parmi d’autres de dressage ou de domestication, et l’un des bras armés du nouveau conditionnement. Ici comme partout, mais de façon encore plus étonnante qu’ailleurs, « l‘être coïncide enfin avec le concept» ; du moins y est-il encouragé de manière très pressante.
Pour que cet accord soit réalisé, et donc pour que la nouvelle animalité triomphe, il faut que les dissemblances ou les différences cessent d’être privilégiées, que l’accent ne soit plus mis sur ce qui sépare, et que le semblable ou le même rencontrant le même devienne le fondement d’un nouveau système de pensée, ou plus exactement de non-pensée à masque de nouvelle pensée.
Enfin qu’à l’opposé de tout ce qui avait eu lieu jusqu’à présent, l’indifférenciation soit désormais constitutive de l’identité; d’une identité toujours plus identique.
Et qu’en retour, bien entendu, ceux qui auraient encore l’effronterie de mettre l’accent sur ce qui sépare soient criminalisés à tour de bras.
Homo festivus revient en enfance comme on retourne à ses moutons, mais c’est pour chasser férocement les loups de sa bergerie. L’obsession des lois, la rage procédurière, le recours maniaque au droit, la passion de la justice et des tribunaux, la fringale croissante d’accusation et de délation, enfin la satanisation de tout ce qui ne contribue pas, ou pas assez, à accélérer le retour de tous dans le bercail de l’animalité indifférenciante. et doit en conséquence être traîné à la barre, accompagnent l’établissement du règne festiviste. Les individus non adaptés à la post-Histoire doivent être éliminés, et toute la démence pénalophile actuelle, camouflée généralement sous des revendications de « minorités» et de luttes contre « toutes les discriminations », n’est que l’équivalent de ce que fait la Nature quand elle produit par mégarde un « monstre» : elle le liquide sans hésitation. En même temps que notre époque réinvente le genre de la pastorale avec une ingénuité confondante, elle se signale par une apothéose irrésistible de pénalisation. Et tout ce qui se révèle en désaccord plus ou moins ouvert avec les nouvelles conditions d’existence est désormais un trouble à l‘ordre public.
Il y a quelques semaines, c’est avec une certaine impatience que le Monde, l’un des organes les plus autorisés par lesquels s’expriment quotidiennement les pontes du tout-puissant syndrome maniaco–répressif contemporain, se plaignait .« Lionel Jospin tarde à élargir à l‘alcool et au tabac la lutte contre les toxicomanies. » Et en effet, il y avait quelque scandale à traîner les pieds, s’agissant d’adopter un décret permettant d’appliquer à ce que, par escroquerie, on appelle maintenant les « drogues licites» (alcool, tabac, médicaments), afin de les rendre un de ces prochains jours tout aussi illicites que les autres, le « champ de compétences du Comité interministériel de lutte contre la drogue et la toxicomanie ». Le pieux albinos Jospin, qui se proposait par ailleurs, il y a peu de temps, et histoire de rendre la vie encore un peu plus rigolote qu’elle n’est déjà, de renforcer la loi contre le «harcèlement », avait-il soudain perdu la foi dans le harcèlement légalitaire comme méthode de gouvernement et comme avenir de l’individu posthumain ? Ce champion exemplaire des permanentes marathonades de la Vertu, qui avait déjà à son actif, parmi tant d’autres merveilles, la sinistre parité et l’étonnant pacs, allait-il décevoir, pour une fois, le troupeau aboyant des légalophiles, et toute la meute des petits savonaroles de la légifération perpétuelle dont on voyait déjà saliver les babines? Évidemment, non. Il y a eu, dans cette affaire, toutes proportions gardées, à peu près autant de suspense qu’à propos de l’issue de la récente « guerre» contre la Serbie. Et c’est sans étonnement qu’un peu plus tard le même journal triomphait, titrant cette fois avec allégresse: « L’alcool, le tabac et les psychotropes sont intégrés parmi les drogues ». La chasse, en somme, était ouverte. La bonne et juste chasse, évidemment, à ces substances psycho actives dont la « dangerosité sociale» n’est plus à démontrer, ne serait-ce que par les maladies qu’elles entraînent, ainsi que les morts prématurées, et le « coût global» que tout cela fait peser sur la « collectivité »
[…]
LA FÈTE CRACHE LA LOI
La fête crache la loi comme le dragon crache le feu; et elle n’avoue jamais mieux son désir le plus profond que dans ces occasions. C’est là, au milieu de l’effervescence et sous les bombardements de la musique, que la liturgie procédurière et le carnaval font le meilleur ménage à tous les points de vue ; et que la fête montre les dents contre ses dissidents. C’est ainsi que la Gay Pride de juillet dernier, ou plutôt la « marche de la fierté gay » comme l’écrit Le Monde, a été placée en toute logique « sous le signe du pacs et de la lutte contre l’homophobie ». Cette année, il s’agissait de marcher, comme renchérit Libération, pour « faire de l’homophobie un délit au même titre que le racisme ». Travestie en « combat démocratique » et non « identitaire » (toujours Libération),
cette nouvelle volonté liberticide, qui se développe au nom de la «protection des différences », et qui ose se légitimer d’un alignement de la « question gay» sur la « question juive », vise dans un délai relativement bref l’inscription de l’homo phobie dans le code pénal. Et, ainsi que l’annonce le redoutable Eribon : « Ilfaut évidemment que les propos homophobes soient passibles des tribunaux. » Ce qui promet par la même occasion une nouvelle grande purge du vocabulaire qui sera considérée comme un progrès; et une fructueuse entreprise d’épuration sémantique.
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Il y a quelques semaines, sans susciter en apparence le moindre étonnement, un très étrange « réseau Voltaire» réclamait lui aussi une loi contre l’homophobie. Et c’était exactement comme si l’association Bakounine demandait le renforcement des lois garantissant la propriété. Ou comme si le comité des amis de Lacenaire exigeait le rétablissement de la peine de mort. Et on attend avec impatience que le club Gandhi revendique la guerre
à outrance. Que le groupe Alfred-Jarry pétitionne en faveur du retour de la messe en latin. Et surtout que la fédération DAF -de- Sade prône une répression accrue des outrages aux mœurs. Tous ces gens qui traitent si légèrement, et à chaque occasion, les autres de réactionnaires se sont octroyé le monopole de la réaction ; mais désormais, pour ainsi dire, sous pavillon de complaisance; en espérant que personne, vraiment personne, ne les remarquera puisqu’ils ont le label.
Le ventre fécond de la civilisation qui commence est rempli de décrets punisseurs et persécuteurs qui ne demandent qu’à voir le jour; et qui le verront. Le désir de procès trahit le souhait d’un monde délivré de toute fantaisie et de toute liberté, et la perspective de ces destructions, avancées sous le masque de la « revendication d’égalité contre toutes les discriminations », représente le dernier plaisir qui puisse subsister dans un univers sans libido. Il revenait à notre temps, lequel se vante si fort d’avoir naguère proclamé qu’il était interdit d’interdire, de porter aux nues, et sans y voir malice ni contradiction, les demandeurs, les préparateurs, les réclameurs et les fomentateurs de lois ou de dénonciations.
Homo festivus, quand il ne fait pas la fête, s’illustre dans le métier de mouchard et il y excelle; et tout le monde l’applaudit. L’univers posthistorique est le premier où Javert n’est pas méprisé; et où il se promène sous le surnom de Voltaire. Toutes les autres sociétés avaient craché sur lui et sur ses semblable _
même s’il fallait bien qu’elles les utilisent pour leurs basses besognes; mais celle-ci est la première qui en vante les mérites et qui l’interviewe à longueur de temps. Les Javert innombrables d’aujourd’hui n’auront malheureusement pas l’excellente réaction du Javert de Hugo, lorsque ce dernier s’aperçoit que le monde qu’il s’était créé, partagé entre bons et méchants, n’était qu’un délire malfaisant, et qu’il choisit de se jeter dans la Seine. La persécution est pour eux un devoir, un plaisir, et aussi l’objet d’une compétition: c’est à qui, chaque soir, ramènera dans son carnier le plus de phobes possible. Car il ne s’agit plus, bien entendu, que de chasse aux phobes en général, et d’anéantissement de tout ce qui pourrait se manifester comme phobe, à quelque degré que ce soit, vis-à-vis des nouvelles conditions d’existence, nécessairement délectables dans leur ensemble comme en détail. C’est toujours le propre des totalitarismes de traiter de fous (et de traiter en fous) ceux qui ne succombent pas à leurs prestiges. Et en effet, est-ce qu’il ne faut pas être dérangé, névrosé jusqu’à l’os, perclus de peurs morbides, pour ne pas applaudir sans fin à ce qui est aujourd’hui proposé ?
Extrait de « Après l’Histoire -18 », « Le bloc-notes », Revue des Deux Mondes, septembre 1999
Disponible en kiosques – 18 €
De février 1998 à février 2000, sous le titre « Après l’Histoire » , Philippe Muray (1945-2006) a publié vingt-trois chroniques jubilatoires dans la Revue des Deux Mondes, pour dézinguer l’époque, les Tartufes, la médiocrité culturelle et intellectuelle, sans oublier la bien-pensance. Ce hors-série est l’occasion de découvrir ou redécouvrir, à travers une sélection de ses écrits de combat, ses analyses ciselées et son extraordinaire liberté de ton. Ce n° spécial est préfacé par Marin de Viry et Sébastien Lapaque, deux grands connaisseurs de Philippe Muray. Ils expliquent la postérité de l’auteur et ses liens avec la Revue.
Mis en ligne le 23 juin 2019