En vrac…
pour accompagner les Perséides
Une attaque contre l’Iran serait une attaque contre la Russie
Pepe Escobar – Entelekheia – 8.8.2019
Serguei Lavrov et son homologue iranien Mohammed Javad Zarif dans une conférence commune à Moscou
Moscou propose une vision diamétralement opposée aux sanctions, menaces et guerres économiques occidentales, qui la rapproche de Téhéran.
La Russie enchaîne méticuleusement des coups sur l’échiquier eurasien qui doivent être observés conjointement, car Moscou propose au Sud global une approche diamétralement opposée aux sanctions, aux menaces et à la guerre économique occidentales. En voici trois exemples récents.
Il y a dix jours, par le biais d’un document officiellement approuvé par les Nations unies, le ministère russe des Affaires étrangères a proposé un nouveau concept de sécurité collective pour le golfe Persique.
Moscou souligne que « le travail pratique sur le lancement du processus de création d’un système de sécurité dans le Golfe persique » devrait commencer par « des consultations bilatérales et multilatérales entre les parties intéressées, y compris les pays de la région et d’ailleurs », avec en outre des organisations comme le Conseil de sécurité des Nations Unies, la Ligue arabe, l’Organisation pour la coopération islamique et le Conseil de coopération du Golfe.
La prochaine étape devrait être une conférence internationale sur la sécurité et la coopération dans le golfe Persique, suivie de la création d’une organisation spécialisée – ce qui ne ressemblera certainement pas à l’incompétente Ligue arabe.
L’initiative russe doit être interprétée comme une sorte de pendant et surtout de complément de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui s’épanouit enfin en tant qu’organe sécuritaire, économique et politique. La conclusion inévitable est que les principaux membres de l’ Organisation de coopération de Shanghai – la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan et, dans un avenir proche, l’Iran et la Turquie – auront une influence majeure sur la stabilité régionale.
Cela ne va pas amuser le Pentagone.
Source : http://www.entelekheia.fr/2019/08/08/une-attaque-contre-liran-serait-une-attaque-contre-la-russie/
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/une-attaque-contre-liran-serait-une-attaque-contre-la-russie/
La Russie se retire du Traité FNI pour paralyser l’OTAN
Ljuba Luiko – Saker Italia – 11.8.2019
Le retrait de la Russie du Traité FNI paralysera l’OTAN, parce que l’incertitude sur la solidarité de ses membres est le plus grand défi que l’alliance pourrait devoir affronter.
Le 2 août, les États-Unis se sont retirés officiellement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (Traité FNI) après six mois d’ultimatum à la Russie.
« Le 2 août 2019, sur initiative américaine, il a été mis fin au Traité signé par l’Union Soviétique et les États-Unis d’Amérique le 8 décembre 1987 à Washington et portant sur l’élimination des missiles à moyenne portée », a déclaré le ministère des Affaires étrangères russe. Le 1er février, les États-Unis avaient entamé leur retrait de l’accord historique signé pendant la Guerre froide, en le reportant ensuite à six mois.
L’OTAN a officiellement approuvé la position des États-Unis, affirmant que le missile russe 9M729 viole le Traité FNI. Moscou a catégoriquement réfuté l’accusation, en insistant sur le fait que le nouveau missile a une portée maximale de 480 kilomètres.
Le 3 juillet, le président russe Vladimir Poutine a ratifié la suspension de la participation de la Russie au Traité FNI. Du fait de l’absence d’évolution dans les discussions, la Russie et les États-Unis se sont automatiquement retirés du Traité le 2 août.
À présent, les deux pays peuvent développer et fabriquer des missiles terrestres d’une portée de 500 à 5.500 kms. Le Pentagone a ainsi obtenu la possibilité de moderniser son arsenal pour affronter la Chine, qui vise selon lui la supériorité militaire en Asie.
Selon Thomas Mahnken, professeur et chercheur senior au Centre pour les études stratégiques Philip Merrill de l’université Johns Hopkins,
« …les États-Unis devraient déployer de nouvelles unités terrestres à portée intermédiaire sur le territoires des États-Unis et sur celui des pays alliés, tout le long des archipels du Pacifique occidental. Le déploiement de ces missiles aidera à prévenir les cauchemars qui empêchent les fonctionnaires du Pentagone de dormir. Ce genre d’armes, capables d’interdire à la Chine l’accès aux eaux littorales, serait un puissant moyen de dissuasion d’une agression chinoise. »
Pour ce qui concerne l’Europe, Washington a promis de ne pas y déployer de nouveaux missiles nucléaires, mais n’a rien promis concernant le déploiement d’armes conventionnelles. Les technologies modernes permettent le développement d’armes à moyen rayon d’action beaucoup plus précises par rapport à celles d’il y a 30 ans. « La technologie en est changée, au point de les rendre militairement attractives », a déclaré William Courtney, expert en contrôle des armements de la Rand Corporation.
Moscou a renouvelé aux États-Unis et à ses alliés de l’OTAN, sa proposition d’adopter un moratoire sur le déploiement de ce genre de systèmes. Ce moratoire signifierait que, si les États-Unis ne déployaient pas cette sorte d’armes dans des régions déterminées, la Russie n’en déploierait pas non plus.
Vendredi, le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a déclaré que la proposition de Moscou n’était pas crédible :
« Ce n’est pas une offre crédible parce que la Russie déploie des missiles depuis des années. Il n’y a aucune crédibilité à offrir un moratoire sur des missiles qu’on est déjà en train de développer. Il n’y a pas de nouveaux missiles US ni de nouveaux missiles de l’OIAN en Europe. Mais il y a toujours plus de nouveaux missiles russes » a-t-il déclaré dans sa conférence de presse de vendredi à Bruxelles.
Le scientifique et homme politique Nikolaj Platoshk a déclaré à Pravda.ru que ce sont les États-Unis qui bénéficient de la mort du Traité FNI, parce que la Russie ne serait pas en mesure de répondre de façon adéquate à une attaque de missiles contre Moscou en provenance de la Roumanie ou de la Pologne. En d’autres termes, si l’OTAN (c’est-à-dire Washington) attaque Moscou, Moscou n’aura pas assez de temps pour attaquer Washington.
En revanche, Moscou peut lancer une attaque par missiles contre toutes les capitales d’Europe excepté Lisbonne. Ceci soulève la question de la solidarité à l’intérieur de l’OTAN. Car la Pologne pourrait se demander si Washington lancerait ou non une contre-attaque, au cas où la Russie attaquerait la Pologne
Source d’origine : pravdareport.ru du 5.8.2019
Traduction du russe : Raffaele Ucci pour Saker Italia.
Traduction de l’italien : c.l. pour Les Grosses Orchades
DES AMIS INATTENDUS : la Turquie condamne l’embargo US contre le Venezuela
Paul Antonopoulos – FortRuss – 10.8.2019
ANKARA – « La Turquie s’oppose à la décision de Washington d’adopter davantage encore de mesures restrictives à l’encontre des avoirs des autorités vénézuéliennes » a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères turc Hami Aksoy.
.Jeudi, le président US Donald Trump a signé le décret présidentiel bloquant les avoirs du gouvernement vénézuélien dans la juridiction US, y compris ceux appartenant à la Banque Centrale du pays et à la compagnie pétrolière PDVSA. Ce décret autorise également les sanctions contre quiconque soutient le président du Vénézuela Nicolas Maduro.
« Nous désapprouvons le “décret présidentiel” qui ordonne de bloquer les avoirs du gouvernement vénézuélien, et prévoit des sanctions globales contre le Venezuela. Nous sommes préoccupés par le fait que ce décret va encore aggraver les épreuves économiques auxquelles doit déjà faire face le peuple vénézuélien et peser négativement sur les tentatives de trouver une solution politique au Venezuela. » a déclaré M. Aksoy dans son communiqué.
Le décret US a été signé le 5 août, alors même qu’étaient en cours les négociations entre le gouvernement vénézuélien et l’opposition, à la Barbade, arbitrées sous l’arbitrage de la Norvège.
La Turquie estime que, pour trouver la meilleure solution possible à la crise au Venezuela, toutes les parties doivent continuer à contribuer au processus de dialogue.
En même temps, Rafael Araújo, professeur en relations internationales à l’UERJ de Rio de Janeiro, expert en politique et en histoire vénézuéliennes, a dit que le Groupe de Lima s’efforce de jouer un rôle dominantl dans les négociations sur le Venezuela.
Pour cet expert, les sanctions US, imposées le jour précédant la rencontre, montrent bien que le Groupe de Lima veut obtenir la chute de Nicolas Maduro.
« Je ne dirais pas qu’il y a tentative, par le Groupe de Lima, de faire concurrence à la Norvège qui négocie bilatéralement avec le gouvernement et l’opposition, je dirais que c’est une tentative de plus. Suivant ce scénario, ce n’est pas par coïncidence que les sanctions US contre le Venezuela ont été annoncées ce jour-là », a-t-il expliqué.
Rafael Araújo a dit encore que, d’autre part, la Russie, la Chine, Cuba et la Turquie boycottent la conférence du Groupe de Lima, précisément parce que ce bloc représente la volonté de chercher une issue à la crise du Venezuela sans que Maduro reste au pouvoir.
« La position de ces quatre pays n’est pas de s’opposer à une tentative de paix, mais seulement de s’opposer à l’initiative du Groupe de Lima, qui représente des gouvernements radicalement opposés à Nicolas Maduro », a-t-il encore ajouté.
Le Venezuela subit une crise politique et humanitaire à grande échelle qui s’est aggravée en janvier lorsque, après avoir contesté la réélection de Maduro, le leader de l’opposition Juan Guaido s’est illégalement déclaré président par intérim. Les USA et quelques autres pays ont reconnu Guaido. La Turquie, tout comme la Chine, Cuba, la Bolivie, la Russie et d’autres nations continuent à ne reconnaître que Maduro pour président légitime du pays sud-américain.
Source : https://www.fort-russ.com/2019/08/the-unlikely-friends-turkey-condemns-us-embargo-against-venezuela/
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
Hong Kong, Cachemire : Histoire de deux occupations
Pepe Escobar – Saker.is – 9.8.2019
Avec la permission de Strategic Culture
Des lecteurs que j’ai sous toutes les latitudes m’interrogent beaucoup sur Hong Kong. Ils savent que c’est un de mes précédents points d’attache, et il est vrai que j’ai développé, avec Hong Kong, une relation complexe et multiforme, depuis la rétrocession de 1997, dont j’ai assuré la couverture en long, en large et en travers. Dans l’immédiat, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je préférerais aller plutôt à l’essentiel.
Malheureusement pour les néocons et autres impérialistes humanitaires, il n’y aura pas de répression féroce des manifestations de Hong Kong par la République Populaire de Chine, ni de « Tien An Men bis ». Pourquoi ? Parce que ça n’en vaut pas la peine.
Pékin a clairement identifié la provocation de type révolution colorée contenue dans ces manifestations, avec la NED jouant les CIA soft pour faciliter l’étalement de la Ve colonne jusque chez les fonctionnaires civils.
Il y a d’autres composantes, évidemment. Le fait, par exemple que les habitants de Hong Kong soient à juste titre furieux contre ce qui s’avère être de facto une oligarchie du genre Club des Magnats contrôlant les moindres coins et recoins de l’économie, la réaction locale plutôt violente contre « l’invasion des continentaux » et la guerre culturelle opiniâtre des Cantonais contre Pékin, du nord contre le sud, de la province contre le centre politique, etc.
Ce que ces récentes manifestations ont accéléré, c’est la prise de conscience du fait que Hong Kong ne mérite pas qu’on lui fasse confiance pour jouer le rôle de nœud-clé dans le projet massif d’intégration/développement de la Chine. Pékin n’a pas investi moins de 18,8 milliards de dollars dans la construction du pont Hong Kong-Zhuhai-Macao, qui fait partie de la « Greater Bay Area », et qui est destinée à intégrer Hong Kong au continent, pas à la traiter par-dessus la jambe.
Et voilà qu’une bande de crétins utiles vient d’archi-prouver qu’elle ne mérite assurément plus la moindre espèce de traitement préférentiel.
Mais la grosse affaire, à Hong Kong, ce ne sont pas les manifestations sauvages contre-productives (imaginez-les en France, où l’armée de Macron est occupée à estropier pour de bon et même à tuer les Gilets Jaunes !). La grosse affaire, le scoop, c’est la pourriture en train de dévorer HSBC, qui présente toutes les particularités d’un nouveau scandale du genre Deutsche Bank.
HSBC détient 2.6 trillions de dollars (=2.6 000 000 000 000 000 000) d’actifs, et une horde intergalactique de cafards dans ses caves, occupés à poser des questions sérieuses à propos de blanchiment d’argent et de toutes sortes d’opérations louches combinées par des élites mondialistes turbo-capitalistes.
Au bout du compte, Hong Kong sera abandonnée à sa lente dégradationt par ses systèmes de corrosion interne, jusqu’à ce qu’elle atteigne son état définitif de Dsneyland chinois sous placage occidental. À l’opposé, la croissance assistée de Shanghai devrait en faire bientôt le centre financier absolu de la Chine, et Zhenzhen est déjà le sanctuaire de sa haute technologie. Hong Kong ne sera bientôt plus qu’un vague souvenir.
Préparez-vous au retour de flamme
Tandis que la Chine identifiait correctement « Occupy Hong Kong » comme un complot instrumentalisé par l’Occident, l’Inde, pour sa part, y allait bille en tête de son « Occupy Cachemire »
Un couvre-feu a été impose dans la vallée du Cachemire. L’Internet a été coupé. Tous les politiques du Cachemire ont été rassemblés et arrêtés. En fait, tous les Kashemiris – loyalistes (à l’Inde), nationalistes, sécessionnistes, indépendantistes, apolitiques – ont été marqués du sceau « Ennemis ». Bienvenue dans la « démocratie » indienne sous les crypto-fascistes Hindutvas.
Le Jammu et Cachemire tel que nous le connaissions, n’est plus. Ce sont à présent deux entités distinctes. Le Ladakh géologiquement si spectaculaire sera directement administré par New Delhi. Un retour de flamme est certain. Des comités de résistance surgissent déjà un peu partout.
Au Cachemire, le choc en retour sera encore plus fort parce qu’il n’est pas question qu’il y ait des élections avant longtemps. New Delhi ne veut pas de cette sorte de nuisance, comme d’avoir affaire à des représentants élus et autres fariboles.
Dès le début des années 1990, je me suis rendu plusieurs fois dans les deux parties du Cachemire. Le côté pakistanais, on le sent bien, est véritablement le Cachemire Azad (« libre »). Le côté indien est indubitablement le Cachemire Occupé. On pourrait difficilement faire mieux que cette analyse, pour décrire ce que cela signifie de vivre au IOK (« Cachemire occupé par les Indiens »).
Les godillots du BJP (« Bharatiya Janata Party ») piaillent que le Pakistan a « illégalement » qualifié le Gilgit-Baltistan – ou région du Nord – de région administrée fédéralement. Il n’y a rien d’illégal là-dedans. J’ai fait un reportage en Gilgit-Baltistan à la fin de l’année dernière, pour suivre le Corridor Économique Chine-Pakistan (CPEC). Personne ne s’y plaignait d’aucune « illégalité ».
Corridor Économique Chine-Pakistan
Le Pakistan a officiellement déclaré qu’il « aurait recours à toutes les options possible pour parer aux démarches illégales de l’Inde au Cachemire ». C’est extrêmement diplomatique. Imran Khan ne veut pas la confrontation, tout en sachant très bien que Modi se plie aux exigences des fanatiques Hindutva, dont l’objectif est de faire d’une province à majorité musulmane une province à majorité hindoue. À la longue, pourtant, il est inévitable que quelque chose émerge : sous la forme d’une guerre de guérilla ou celle d’un front uni.
Bienvenue dans l’Intifada Kashmiri.
Source : https://thesaker.is/hong-kong-kashmir-a-tale-of-two-occupations/
Source d’origine : https://www.strategic-culture.org/news/2019/08/07/hong-kong-kashmir-a-tale-of-two-occupations/
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
L’Amérique, les tueries de masse et le néant
James Howard Kunstler – Entelekheia – 6.8.2019
Dans une nation affligée par des engouements de masse, des tocades, des passions et les dernières lubies-en-date-qui-font-fureur, le meurtre de masse est un jackpot pour nihilistes – ce qui soulève la question : pourquoi les USA en produisent-il autant ? Réponse : c’est l’exact résultat normal que vous obtenez forcément dans une culture où tout se vaut et où rien n’a d’importance. Videz notre séjour sur terre de tout sens et but, effacez autant de barrières que possible dans les coutumes et les comportements, et constatez ce qui se passe, en particulier parmi des jeunes hommes éduqués par des jeux de massacre vidéo.
Pour beaucoup, il n’y a plus de structures dans leur vie, plus de communautés, plus de pères, plus de mentors, plus d’initiation à la responsabilité personnelle, plus de principes d’organisation quotidienne, plus d’instruction dans des métiers utiles, plus d’activités productives, plus de possibilités d’amour et d’affection, plus de porte de sortie. Cet abîme d’absence de relations sociales est aggravé par un cadre physique de vie quotidienne qui ne repose sur rien : juste le terrain vague de parcs de stationnement à perte de vue que l’Amérique est devenue. Le mythe irrésistible du Nouveau Monde en tant que table rase est tel que nous nous sommes sentis obligés de la reconstituer, et d’en effacer même la nature, y compris la nature humaine, en particulier tout ce qui peut être noble et sacré dans la nature humaine.
Le vieux truisme reste : quand plus rien n’est sacré, tout est profane, et qu’est-ce qu’il y a de plus profane que massacrer vos semblables en masse sans raison valable ? Juste parce que vous en aviez envie à un moment donné ? Une autre fois, vous pourriez avoir envie de vous faire des tacos, ou d’aller faire un tour sur les sites pornos gratuits, ou encore de sniffer de l’oxycontin écrasé. Un message haut et clair de la culture du « tout se vaut » et « rien n’a d’importance » est : si ça vous fait plaisir, faites-le ! Et si vous sentez mal, faites quelque chose pour vous sentir mieux.
Ce qui est étonnant, c’est que notre mode de vie actuel n’ait pas poussé encore plus de gens vers la folie meurtrière, compte tenu du nombre de personnes qui se sentent mal dans ce paysage grotesque de voitures omniprésentes, de vies sans but et d’aspirations perdues – à moins que ces escarmouches sanglantes ne soient le prélude à une épidémie plus générale de chaos sanguinaire. Il n’est pas difficile de nos jours d’imaginer que l’animosité politique actuelle finira par déboucher sur quelque chose comme une nouvelle guerre civile. Si cela finit par se produire, ce sera l’événement politique le plus psychologiquement désordonné de l’histoire moderne.
Le Walmart est l’endroit parfait pour ces rituels de furie nihiliste. L’immensité de ces lieux fait que les « consommateurs » à l’intérieur se sentent petits, et leur rappelle à chaque pas qu’ils sont à la merci de forces colossales pour leurs pitoyables besoins quotidiens, leurs burritos micro-ondables, leurs couches jetables, leurs sprays anti-cafards. Le tireur n’est qu’un concentré momentané de tout le reste de ce qui broie toute dignité et tout sens dans la vie américaine. Le mauvais karma de cette dynamique oblige à un défoulement périodique. Inscrivez-y un jeune homme esclave de ses propres hormones et d’une conception des relations humaines de pouvoir tout droit sortie d’une bande dessinée.
Je ne suis pas persuadé qu’une interdiction des vente d’armes à feu fera quoi que ce soit pour prévenir le retour périodique de ces épisodes mortels, parce qu’il y a déjà trop d’armes à feu en circulation aux États-Unis. Mais il est probablement nécessaire de marquer les esprits, par exemple par une interdiction des armes de type militaire, et je m’attends à ce que cela se produise. Mais le processus politique de reconnaissance de ce qui afflige vraiment cette société est enlisé dans la mauvaise foi, l’idiotie et la névrose. Et les acteurs politiques signalent clairement leur incompétence, ce qui ne fait qu’ajouter à la démoralisation générale de tous les autres.
Nous attendons de leur part une restructuration de la vie américaine en véritables communautés de personnes travaillant ensemble à des choses importantes, et cela exigera la mise à bas de tout ce qui a travaillé si dur à détruire cela, à savoir la tyrannie des géants, les Walmarts qui tuent les villes, le monstre suffocant du gouvernement, les manipulateurs de réalité des médias, les banques « too-big-to-fail ». Par eux-mêmes, les gens ne se libéreront pas de l’emprise de ces monstres et, honnêtement, ils n’ont même pas la volonté d’imaginer la vie sans tout cela. Mais l’histoire le fera pour eux, d’abord sous la forme d’un crash financier qui bouleversera le sens de ce qu’est « l’argent » et de tous les instruments calibrés sur lui ; et ensuite avec un effondrement économique de l’approvisionnement, et des activités que nous ne pouvons plus nous permettre de mener.
Il se peut que les gens doivent être traînés de force dans cette nouvelle disposition des choses, simplement parce qu’il est difficile de lâcher ce à quoi on est habitué. Quelque chose de ce type semble être en cours dans le monde des affaires et sur les marchés mondiaux. Dans un premier temps, cela ne fera qu’ajouter à la confusion. La clarté est un effet retard.
James Howard Kunstler est écrivain, critique social et conférencier. Son travail a été publié dans Rolling Stone, le New York Times et The Atlantic Monthly. Il est enregistré au Parti démocrate.
Source : http://www.entelekheia.fr/2019/08/05/lamerique-les-tueries-de-masse-et-le-neant/
Article d’origine paru sur Kunstler.com sous le titre Hold the Teddy Bears and Candles – Traduction Entelekheia – Photo Pixabay
Une mort si surprenante…
Jeffrey Epstein était-il un pédophile ?
Régis de Castelnau – Vu du droit – 11.8.2019
Pour n’avoir pas suivi l’affaire Epstein depuis l’arrestation de celui-ci, je n’en savais vraiment pas grand-chose. Simplement qu’il était accusé d’un certain nombre d’infractions à caractère sexuel et qu’il avait fait une tentative de suicide en détention au mois de juillet.
J’ai appris avec stupéfaction qu’on l’avait trouvé mort dans sa cellule et que les autorités parlaient de suicide. Juste quelques premières réflexions, si le gars était suicidaire, la surveillance n’a pas dû être bien rigoureuse. Et il se dégage un drôle de fumet de tout cela.
Si j’ai bien compris, Epstein était richissime et semblait avoir de gros appétits sexuels qu’il assouvissait avec des mineurs en en faisant profiter ses riches et puissants amis. Le profil d’un gros porc s’est rapidement dessiné et comme pour Harvey Weinstein, la cohorte d’amis s’est instantanément dispersée comme une volée de moineaux.
La mort d’Epstein éteint l’action publique, il n’y aura par conséquent pas de procès, donc de grand déballage. Comme par ailleurs, des rumeurs insistantes parlent de réseaux de prostitution, et de personnalités de l’élite oligarchique impliquées, la thèse du suicide a eu tout de suite du plomb dans l’aile. La scénario de l’assassinat pour l’empêcher de parler fait florès et il est difficile d’accuser ceux qui y souscrivent de complotisme.
Source : https://www.vududroit.com/2019/08/jeffrey-epstein-etait-il-un-pedophile/
Le faux fantôme d’Epstein
Strategika51 – 11.8.2019
On a raté pas mal de choses cette semaine. Outre le retrait et la liquidation de Jeffrey Epstein, philanthrope, lobbyiste, espion, maître-chanteur et dispensateur de chair fraîche pour le gratin du grand égout Washingtonien, la crédibilité du monde dit libre ne vaut même pas celle d’une petite dictature exotique et tropicale fictive. Les faits sont trop flagrants.
L’affaire Epstein a beau être le plus grand scandale historique depuis l’assassinat du président John F. Kennedy à Dallas. Elle a fini par exposer les ressorts cachés d’un immense réseau de contrôle des élites basé sur le chantage sexuel et des moeurs. Dès lors on comprends mieux pourquoi le puritanisme d’une certaine Amérique pudibonde est exacerbé par les médias dominants et aux ordres. C’est un processus de contrôle des marionnettes propulsées au pouvoir par les maîtres-chanteurs. Évoquer les maîtres-chanteurs ne relève d’aucune théorie du complot : c’est l’une des bases du travail du renseignement humain (Humint).
Source : https://strategika51.org/archives/66488
Il n’est pas question, dans tout ceci, des fonds mirifiques par icelui collectés pour financer les recherches en biologie génétique d’Israël. Peut-être ne serait-il, dès lors, pas superflu de lire ou de relire ce qu’en disait Grasset « avant » le suicide réussi envers et contre absolument tout…
EPSTEIN, SERIAL-ILLUSIONIST
Philippe Grasset – DeDefensa.org – 1.8.2019
On aurait pu croire qu’on le qualifierait de serial-raper, à l’image des serial-killer, parce qu’ainsi on aurait eu l’impression de rester, disons dans le même domaine, la même spécialisation, et qu’ainsi l’on aurait conservé une certaine cohérence même si c’est celle du Malin comme dirait tel moine qui aurait fait vœu de silence et de solitude, sans crainte de l’acédie, devant l’étrangeté de la turpitude du monde de notre “étrange époque”. Mais non, le fameux quotidien de référence a d’autres projets, d’autres révélations.
Le New York Times, qui ne craint pas les aspects les plus croustillants et lunatiques dans cette affaire pleine de simulacres, choisit, pour qualifier Epstein, le terme de serial-illusionist. (C’est assez classe, non ?) Cette idée conduit la longue analyse-NYT du 31 juillet 2019 où l’on est informé des projets d’Epstein, de transgénisme, de transexualisme, de transfécondationnisme, de transcongélationnisme (j’aurais pu écrire cryogénisation, mais c’est un peu trop simple pour lui, et pas assez pour moi) ; ce dernier domaine est détaillé pour nous confirmer qu’il s’agit essentiellement de la congélation de sa tête et de son pénis (transpénisme ? transérectionnisme ?) qu’il importait de conserver, selon les projets à long terme d’Epstein, pour cette démarche toute entière consacrée au culte du transhumanisme sous toutes ses formes possibles. (Des amis, nous précise le NYT, auraient précieusement recueilli ces confidences lors d’élégants dîners que donnait le serial-illusionist.)
(A ce point, une précision : tout ce bavardage, sarcastique j’en conviens, implique qu’on me pardonnera l’emploi de nombreux néologisme, pléonasmes et tautologies diverses. Face à un Epstein et à ce qu’il révèle, non pas tant ou “pas que” [oups] des mœurs mais des intellects spasmodiques de nos élites zombieSystème mœurs comprises, on se fait un peu serial-neologist, ou quelque chose du genre… Damned, on n’a pas froid aux yeux !)
Source : https://www.dedefensa.org/article/epsteinserial-illusionist
Article qui avait été précédé – le 15 juillet – par un autre. À quoi bon lésiner !
EPSTEIN ET LA DÉCADENCE DE L’EMPIRE
Philippe Grasset – DeDefensa.org – 15.7.2019
Qui se souvient de l’“affaire Dutroux” qui, en 1996, avait failli faire littéralement exploser le royaume de Belgique ? Moi, je m’en souviens épisodiquement, sinon fortement par instant, cette sensation effectivement de la potentialité de l’explosion, de la possibilité de tout… Jeffrey Epstein est-il le “Dutroux-globalisé”, est-il au XXIème siècle commençant ce que Dutroux fut au XXème finissant ?
Rien à faire, depuis presque cinq-six jours, je n’arrive pas à me faire une religion sur la façon d’aborder cette affaire, et autant de difficultés par conséquent à prendre la plume pour aller au-delà de ce qui lui vient trop facilement dans l’encrier et qu’on retrouve un peu partout dans le système de la communication… Juste quelques paragraphes le 9 juillet 2019, on s’en rappelle, quelques images d’atmosphère :
Effectivement, atmosphère… « Le roi des “complotistes”, Alex Jones, se fait un délice sur Infowars.com de ressortir ses archives, lui qui a suivi Epstein depuis des années et en a fait, durant la campagne présidentielle de 2015-2016, un des arguments de son accusation concernant la dépravation satanique des élites progressistes et démocrates. La chose avait fait partie effectivement de la fiesta des rumeurs de USA-2016, notamment autour de Hillary Clinton et de ses supposées tendances sataniques, comme cela état rapporté le 6 novembre 2016 :
» “Drôle d’atmosphère, agrémentée de détails déplorables (The Deplorable, selon Hillary) sur les déplacements de Bill (une vingtaine) et même d’Hillary (six) vers une sorte de Sex Island (Orgy Island ou Sex Slaves Island, selon d’autres sources) fournie en mineures de bas âge et tenue par un pédophile notoire et confirmé puisque déjà condamné pour ce délit, Jeffrey Epstein ; la petite île faisant partie semble-t-il, – cela ne s’invente pas quoique restant à confirmer, – des Virgin Islands, ou Îles Vierges…” »
Il est vrai que cette affaire semble à la fois si sordide, si monstrueuse, si incroyable, si “globalisée”, si complètement “fait-divers” et si complètement “ultime décadence du simulacre de l’Empire” ; je l’avoue, je ne sais comment la prendre ; j’hésite, j’envisage une orientation, puis une autre, sans rien décider sinon décider qu’il va bien falloir me décider. S’il s’agit d’une “affaire Dutroux globalisée”, il s’agit aussi d’une “affaire Dutroux-bouffe”, et il s’agit encore d’une affaire qui pèse mille fois le poids de l’“affaire Dutroux”, de la différence qu’il y a entre la Belgique et les USA, de la différence qu’il y a entre ces années 1990 et notre si “étrange époque”.
Source : https://www.dedefensa.org/article/epstein-et-la-decadence-de-lempire