Par L’Ouvrier. Paris.
Impossible d’y échapper : que ce soit à
travers les informations, les films, les livres, les
discussions, partout on nous dit que nous vivons
un moment nouveau dans l’histoire humaine :
nous courons à la fin du monde.
Ce n’est pas vrai. Déjà, l’idée de fin du monde
est une vieille idée dans plusieurs religions.
Des moments où les gens ont vraiment cru à la
fin du monde sont nombreux : en l’an mille, en
1347 avec la Grande peste, avec la Guerre de
Cent ans, jusque 1453.
Ce qui est vrai, c’est que la planète est
saccagée par beaucoup de grosses entreprises.
Comme Total qui n’arrête pas de fouiller partout
pour trouver tout le pétrole et le gaz possible. Ça
lui rapporte plus que de fermer ses usines et en
inventer de nouvelles, avec d’autres manières de
produire l’énergie. Car si elle commençait à le
faire, elle risquerait de perdre sa place parmi les
premiers dans le monde. Et les autres pétroliers,
ses concurrents, ont la même logique. Chacun
veut garder sa place, ou en gagner une plus forte
encore. Et ils vont donc, oui, continuer à nous
inonder de pétrole et de gaz. Même si on leur dit
que ça pollue, que ça réchauffe le climat.
On nous demande de faire le tri sélectif à la
maison, de remplacer les gobelets en plastique,
d’éviter de prendre l’avion – pour ceux qui en ont
déjà les moyens. Mais tout ceci ne changera
quasiment rien, tant que les grandes industries
continueront à mener le monde, en salissant la
planète, tout en peignant en vert leurs publicités.
Pour que Total, Esso, BP et les autres monstres
capitalistes de la planète se comportent
autrement, il faut une véritable révolution : il faut
que la concurrence entre eux soit supprimée et
qu’on la remplace par une entente ; et il faut pour
cela que ces entreprises cessent de vouloir apporter
des fortunes à leurs actionnaires. Actuellement,
les 1200 plus grosses entreprises du monde
leur versent 150 milliards d’euros par mois de
dividendes, sans qu’ils fassent le moindre travail.
Ces riches, même s’ils craignent eux aussi la fin
du monde, n’ont pas envie que ça s’arrête.
Ils sont là, les vrais responsables, eux et le
fonctionnement débile de leur monde. Leur
demander de changer est naïf, ou hypocrite.
On ne pourra changer les choses ni rapidement,
ni largement, tant que l’on ne touchera pas
à ces gros propriétaires, devenus surpuissants à
force d’exploiter le travail humain, en exploitant
d’autres pays aussi. Que des usines immenses,
des bureaux par milliers, qui servent à produire
ce dont nous avons besoin pour vivre, nous qui
sommes des millions, que cela puisse appartenir
à quelques personnes, c’est en fait un scandale
incroyable.
On nous y a habitués, mais c’est la cause
profonde de ce qui va mal. Leur concurrence est
une guerre économique qui fait de nous tous des
petits soldats : les uns s’en sortent, mais
combien sont victimes (licenciement, chômage,
misère, etc).
Certains parlent d’améliorer le système
capitaliste. Ils veulent mettre une petite taxe ici,
une autre là. Mais cela revient à donner encore
du temps aux grandes entreprises. Et elles continueront
de faire passer leur soif de profits avant
toute idée morale ou simplement humaine. On
parle aussi beaucoup des voitures électriques
comme d’une solution. Comme si les montagnes
de batteries qu’elle vont nécessiter ne seront pas
une nouvelle plaie. Là aussi, il faudrait une
révolution, qui donne une vraie place aux
transports en commun.
Ce sont ceux qui tiennent au système, tel
qu’il est actuellement, qui répandent l’idée qu’il
n’y a pas de solution, même si tout va mal. Avec
cette idée, ils aimeraient que nous devenions
complètement fatalistes, que nous acceptions
sans broncher les conséquences de ce qu’ils font.
C’est le fonctionnement même du système
capitaliste qui bloque les changements
nécessaires. C’est cela qu’il faut dire, et cesser de
tourner autour du pot, car ce pot est pourri.
27/10/2019 L’Ouvrier n° 327
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