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21 novembre 2024

Réécriture de l’histoire : quand les Etats-Unis s’attribuent la libération du camp d’Auschwitz par l’armée soviétique


Russie politics

Karine Bechet-Golovko

Jeudi 30 janvier 2020

Les tentatives de réécriture de l’histoire se multiplient ces derniers temps sous l’effet de la radicalisation du combat mené par le Clan atlantiste, pour faire passer les Etats-Unis d’une position dominante à un monopole. Afin de justifier les interventions militaires en dehors de tout cadre légal, les régimes d’occupation et d’expropriation menés sur les territoires étrangers en fonction des intérêts économiques et stratégiques des Etats-Unis, il est fondamental que le pays soit présenté comme le seul représentant du Bien, le reste ne pouvant alors qu’être le Mal (en l’occurrence la Russie). En ce sens, la Seconde Guerre mondiale doit être réécrite au profit des Etats-Unis et l’inculture grandissante actuelle facilite la tâche. Chaque symbole est attaqué, chaque épisode est retravaillé, patiemment et constamment, jusqu’à épuisement des résistances. Maintenant, c’est au tour de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau par l’armée soviétique, que les Etats-Unis eux-même s’attribuent. Et ce n’est pas une erreur, c’est une stratégie : face à la résistance de la Russie, les Etats-Unis doivent se mettre en situation de monopole – sinon le monde global ne peut être.

Comme nous l’avions écrit, les 75 ans de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau par l’armée soviétique, camp symbole de la barbarie nazie, pose de plus en plus de problème pour le système atlantiste global, en pleine phase de radicalisation (voir notre texte ici). Pour être global, ce système ne peut se permettre la concurrence politique des acteurs majeurs, en l’occurrence les Etats-Unis et la Russie. Sinon, le système n’est plus global, mais multipolaire et les Etats-Unis sont un centre comme un autre. Un centre plus puissant que les autres, certes, mais justement avec d’autres centres politiques. Ce qui tue alors le système global dans son essence même.

Jusqu’à présent, les Etats-Unis ne montaient pas trop au front de la réécriture de l’histoire, afin de ne pas perdre la face. Les instances européennes, docilement, déclaraient l’égalité entre le nazisme et le communisme pour finir par déclarer que l’URSS était responsable du déclenchement de la guerre, quand c’est elle qui s’est faite attaquée. En cause le fameux Pacte Molotov-Ribbentrop conclu par l’URSS en 1939 avec l’Allemagne nazie, passant aux trapes de l’histoire l’enchaînement des pactes conclus par les pays européens avec l’Allemagne nazie ou encore le refus de la Grande-Bretagne et de la France de s’allier à l’URSS pour lutter contre l’Allemagne nazie (voir en détail ici notre texte sur ces différents pactes et leur enchaînement). Rien de mieux que le confort de l’hypocrisie pour les élites politiques, qui finit par devenir inculture pour les masses. La Pologne et l’Ukraine, sans même parler des pays Baltes, sont sur le devant de la scène de la négation du rôle de l’URSS. Ils semblent avoir été libérés « malgré eux » et la résurgence du néonazisme pose des questions. Sans oublier que la Pologne a ouvert le bal des pactes, en 1934, ce qui a finalement, si l’on pousse le raisonnement européen sur le sujet, ouvert la voie à la Seconde Guerre mondiale. Autant que la faiblesse de la France et de la Grande-Bretagne face à la montée de l’Allemagne nazie, qui en 1933 entérinent le Pacte à Quatre. Leur veulerie a joué un rôle déterminant. Il est vrai, qu’alors, ils ont tous intérêt à cette vision atlantiste de l’histoire.

Par intelligence politique, les Etats-Unis sont longtemps restés en retrait de ce mouvement, qui ne peut s’appuyer que sur la dégradation intellectuelle et culturelle des populations, notamment grâce aux diverses et variées réformes de l’enseignement scolaire autant qu’universitaire, et au financement sélectif de la recherche dans le supérieur.

Mais un pas a été fait avec la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, que l’Ambassade américaine au Dannemark attribue ouvertement aux soldats américains :

L’ambassade russe aux Etats-Unis a déclaré qu’il s’agit d’une tentative indigne de réécriture de l’histoire par les Etats-Unis.

Le lendemain, l’ambassade américaine publie un autre post expliquant qu’elle a par « inadvertance » (à l’insu de leur plein gré?) attribué la libération d’Auschwitz aux soldats américains, que bien sûr ce sont les troupes soviétiques qui ont libéré Auschwitz. C’est très freudien finalement.

Une erreur ? Non, d’ailleurs le texte n’a pas été enlevé. Plutôt une stratégie: une tentative en ce sens a également été faite en Allemagne, par le très célèbre (et sérieux ?) magazine Spiegel :

Après les réactions choquées des lecteurs, le journal a rapidement réagi :

​L’hebdomadaire le plus lu d’Allemagne a rapidement présenté ses excuses, qualifiant cette erreur d’«extrêmement embarrassante» et jugeant que la capture d’écran qui circule sur les réseaux sociaux était une «punition juste».Dans ce cas, le texte a été modifié. Mais il est certain que ce ne sera pas la dernière tentative, face à la résistance de la Russie, le Clan atlantiste n’a plus le choix.

 

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Source : Russie Politics
http://russiepolitics.blogspot.fr/…
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