Le SakerMoon of AlabamaDimanche 29 mars 2020 Par Moon of Alabama − Le 25 mars 2020 Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a profité de la crise du coronavirus pour perpétrer un coup d’État.Netanyahou est Premier ministre intérimaire depuis décembre 2018. Trois élections législatives se sont depuis terminées dans l’impasse. Les deux premières, en avril et septembre 2019, l’ont laissé, lui et son principal adversaire, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, sans soutien parlementaire suffisant pour former un gouvernement. Le Parlement israélien, la Knesset compte 120 sièges. Blue and White, le parti de Gantz a remporté moins de sièges que le Likoud, le parti de Netanyahou – 33 contre 36. Mais après le troisième tour, au début du mois, Gantz a réuni une étroite majorité de partisans au parlement et le 16 mars, le président Reuven Rivlin a chargé Gantz de former le prochain gouvernement israélien. Netanyahou est accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance et le procès contre lui devait s’ouvrir le 19 mars. Le dimanche 15 mars à 1h50, Netanyahou a annoncé que les tribunaux seraient fermés pour des raisons de santé publique. Son procès a été reporté à la fin mai. Il a également ordonné au service de sécurité intérieure de suivre secrètement les données des téléphones portables des personnes soupçonnées d’éventuelles infections. Son ministère de la Santé interdit tout rassemblement de plus de 10 personnes et demande au Parlement de respecter également cette règle. Le 16 mars, les membres nouvellement élus de la Knesset ont prêté serment, trois par trois devant le président de la Knesset, Yuli Edelstein. Mais deux jours plus tard, le président du Parlement, membre du Likoud de Netanyahou, a refusé de convoquer la session en citant les nouvelles directives sanitaires. Sans une séance à la Chambre, aucun nouveau président du Parlement ne peut être élu et ce dernier ne fonctionnera pas jusqu’à nouvel ordre. Pendant ce temps, Netanyahou utilise des réglementations d’urgence pour gérer le pays. Incapable d’utiliser sa majorité, Gantz a demandé à la Haute Cour israélienne d’intervenir. Ce lundi 23 mars, la cour a décidé, sans dissensions, que le président devait convoquer le Parlement pour un vote en séance plénière aujourd’hui. Mais cela ne s’est pas produit. Le président Edelstein a refusé de suivre l’ordonnance de la Haute Cour, il a démissionné publiquement et déclaré qu’il n’avait pas l’intention de demander un vote dans les prochaines 48 heures, au cours desquelles il est toujours formellement président. Vendredi, le législateur le plus âgé, le chef du Parti travailliste, Amir Peretz, deviendra président par intérim du Parlement, la Knesset. S’il convoquait une session parlementaire, le premier vote de la nouvelle Knesset serait pour élire comme président du Parlement un allié de Gantz, Meir Cohen, celui-ci est susceptible de remporter ce vote. Le vote suivant serait alors sur le Comité d’organisation qui planifie l’ordre du jour du Parlement. Ce n’est qu’alors que le Parlement pourrait commencer à exercer un certain contrôle sur les manoeuvres actuelles de Netanyahou. Mais pour l’instant, il n’y a pas de président du Parlement, pas de députés et pas de Comité d’organisation pour convoquer et ouvrir officiellement le Parlement. La coalition Gantz a demandé à la Haute Cour d’inculper Edelstein pour outrage, mais en tant que membre de la Knesset, Edelstein peut revendiquer l’immunité. Là encore, cette immunité ne peut être levée que par un vote du Parlement. Par une série de manoeuvres, Netanyahou a neutralisé les Tribunaux et le Parlement en plongeant le pays dans une crise constitutionnelle. Même les sessions du cabinet ne se tiennent que par téléphone et sans que les membres du cabinet ne reçoivent des propositions écrites sur lesquelles Netanyahou veut qu’ils votent. Pendant ce temps, Netanyahou publie chaque jour de nouvelles réglementations d’urgence qui deviennent de plus en plus sévères : Quiconque quitte son lieu de résidence pour des raisons non exemptées par la réglementation d’urgence est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 000 shekels. Une personne qui a dépassé la distance qui lui est autorisée [de plus 100 mètres] pourrait être condamnée à une amende de 500 shekels ou à six mois d’emprisonnement, tandis qu’une personne qui exploite les transports publics en violation de la réglementation peut être condamnée à une amende de 5 000 shekels ou à six mois de prison.Le règlement d’urgence a été approuvé hier soir par le cabinet. Dans quelle démocratie un cabinet peut-il prononcer des peines d’emprisonnement sans que le Parlement vote une loi appropriée ? Le plan actuel de Netanyahou semble être d’aller vers une quatrième élection. Tous les deux jours, il organise un briefing télévisé aux heures de grande écoute pour informer la population de la crise du coronavirus. Cela lui apportera probablement une popularité supplémentaire. Même pour Trump, le chiffre d’approbation pour sa façon de gérer la crise du coronavirus est à 60% malgré sa réponse bâclée. La majorité actuelle de Gantz dépend du soutien des partis arabes. Il aura du mal à former avec eux des coalitions stables. Sa seule alternative est de s’allier avec le Likoud et cela laisserait probablement Netanyahou à la barre. Si Gantz accepte de garder Netanyahou au sommet, son parti Blue and White pourrait bien s’effondrer. En bloquant les Tribunaux et le Parlement, Netanyahou gagne du temps pour rendre ce scénario plus probable. Pendant ce temps, le nouveau coronavirus affectera aveuglément les populations juive et palestinienne. Mais le racisme sioniste contre les Palestiniens garantit qu’ils obtiendront moins d’aide. Comme les deux populations ne peuvent pas être séparées, ce comportement augmentera probablement le pic et les conséquences de l’épidémie pour tout le monde. De plus, les membres du culte Haredim protesteront contre les mesures du gouvernement d’interdire les services religieux et les fêtes de la Pâque. Le mélange actuel de pressions politiques, raciales et épidémiques en Israël pourrait bien exploser à la face de tout le monde et provoquer de graves conflagrations. Moon of Alabama Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone Le sommaire Le Saker
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