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15 novembre 2024

Selon Edward Snowden, le Covid-19 pourrait conduire à une surveillance étatique étendue et durable


Publié par Gilles Munier sur 6 Avril 2020, 07:45am

Edward Snowden

Revue de presse : RT France (1/4/20)*

De nombreux pays ont déjà mis en place des systèmes de surveillance utilisant l’intelligence artificielle afin de lutter contre la pandémie de Covid-19. Edward Snowden alerte sur leur caractère potentiellement durable une fois la crise terminée.

Edward Snowden, ancien informaticien de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA) exilé en Russie depuis 2013, a une nouvelle fois lancé l’alerte sur la surveillance de masse omniprésente facilitée par les nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle, lors d’une interview par vidéoconférence pour le Festival du film documentaire de Copenhague, le 23 mars.

Cette fois-ci, le lanceur d’alerte américain a averti qu’une augmentation de la surveillance de masse par les structures étatiques, dans le cadre de la pandémie de Covid-19, pourrait demeurer après la fin de la crise sanitaire, et ainsi avoir des effets durables sur les libertés civiles.

«L’urgence a tendance à se pérenniser»

«Lorsque nous voyons des mesures d’urgence adoptées, en particulier aujourd’hui, elles ont tendance à rester», a estimé Edward Snowden au cours de cette même interview. Et de poursuivre : «L’urgence a tendance à se pérenniser. Ensuite, les autorités [étatiques] se familiarisent avec ce nouveau pouvoir [et] commencent à l’apprécier.»

Ils savent ce que vous regardez sur Internet, où votre téléphone se déplace, et maintenant ils sont au fait de votre rythme cardiaque

Le lanceur d’alerte a ensuite déclaré que les gouvernements pourraient étendre l’accès dont ils disposent déjà pour surveiller les informations personnelles des personnes en cas de crise. Pour éclaircir sa pensée, Edward Snowden a pris comme exemple des trackers de fitness qui peuvent mesurer le pouls et le rythme cardiaque, comme l’Apple Watch. Selon lui, la peur de la propagation du Covid-19 pourrait persuader des gouvernements à se connecter aux trackers de fitness et smartphones pour obtenir en retour des données sur votre santé.

«Cinq ans plus tard, le coronavirus a disparu, ces données sont toujours disponibles pour [les services de sécurité et agences de renseignements qui] commencent à chercher de nouvelles choses», a ensuite conjecturé Edward Snowden. Et de prolonger son raisonnement : «Ils savent ce que vous regardez sur Internet, où votre téléphone se déplace, et maintenant ils sont au fait de votre rythme cardiaque. Que se passera-t-il lorsqu’ils commenceront à mélanger [ces données] et à leur appliquer une intelligence artificielle ?»

Plus de sécurité pour plus de liberté… Vraiment ?

Dans le cadre de la pandémie de Covid-19, de plus en plus d’Etats ont émis «des propositions visant à surveiller l’épidémie en suivant les données de géolocalisation des téléphones portables. Cela pourrait s’avérer une méthode puissante pour suivre la propagation du virus et les déplacements des personnes qui en sont porteuses, mais ce sera aussi un outil tentant pour traquer les terroristes, ou tout autre ennemi potentiel des Etats», anticipe le lanceur d’alerte.

Israël a accordé à ses services d’espionnage le pouvoir de pirater les téléphones des citoyens sans mandat

Et pour cause, de nombreux pays sont d’ores et déjà capables de reconstituer les déplacements de personnes contaminées «via des images de vidéosurveillance, de leurs transactions bancaires et du bornage de leur smartphone», d’après Le Parisien.

En Europe, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne «ont conclu des accords avec des opérateurs télécoms pour utiliser des données anonymes agrégées afin de créer des cartes thermiques virtuelles des mouvements des personnes», relaie Business Insider, qui poursuit : «Israël a accordé à ses services d’espionnage le pouvoir de pirater les téléphones des citoyens sans mandat. La Corée du Sud a envoyé des alertes par SMS pour avertir les gens lorsqu’ils ont pu être en contact avec un patient atteint d’un coronavirus, en indiquant des détails personnels comme l’âge et le sexe.»

Les autorités singapouriennes utilisent également une application pour smartphone permettant de suivre la diffusion du Covid-19 en traquant chaque individu qui pourrait avoir été exposé. En Pologne, poursuit Business Insider, «les citoyens mis en quarantaine doivent télécharger une application gouvernementale qui les oblige à répondre à des demandes périodiques d’auto-identification. Taïwan a introduit un système de «clôture électronique» qui alerte la police si les patients mis en quarantaine sortent de chez eux.»

En Russie, le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a déclaré vouloir mettre en place un «système de contrôle intelligent», qui sera introduit «dans les prochains jours», après quoi les résidents ne seront plus autorisés à quitter leur domicile sans permis. L’édile de la capitale russe a assuré que ce système permettra «d’assurer un contrôle quasi-absolu sur les déplacements des gens».

Les autorités tchèques testent quant à elles un système informatique retraçant rapidement, grâce aux données notamment de téléphonie, les contacts qu’ont eus des personnes infectées par le Covid-19, afin d’enrayer sa propagation, a indiqué ce 31 mars une porte-parole du groupe à l’origine de cette initiative selon l’AFP. La solution proposée par un ensemble d’experts en informatique, Covid19cz, utilise les données des téléphones portables et des cartes bancaires des personnes testées positives, pour montrer leurs déplacements, toujours avec leur consentement.

Enfin, le gouvernement américain travaillerait avec Facebook et Google pour utiliser les données de localisation pour garder une trace de la concentration des cas de coronavirus, selon le New York Post.

«Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux», déclarait Benjamin Franklin, l’un des pères fondateurs des États-Unis. «La sécurité est la première des libertés. C’est pourquoi d’autres libertés pourront être limitées», martelait quant à lui Manuel Valls, alors Premier ministre, le 19 novembre à l’Assemblée nationale.

*Source : RT France

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