Le confinement pénitentiaire : arme de destruction psychologique
21 avril 2020
Le confinement pénitentiaire: arme de destruction psychologique et de neutralisation politiquepar Robert Bibeau |
Par Khider Mesloub.
La politique de confinement est l’ultime tentative désespérée d’un système capitaliste en déclin de freiner sa chute, accélérée par l’irruption du coronavirus, qu’il rend mensongèrement responsable de l’effondrement de l’économie. Pour juguler la pandémie, dans l’affolement et l’improvisation, de nombreux gouvernements affligés par ailleurs d’une une crise économique plus mortelle que le coronavirus, incapables d’aligner des équipements médicaux et une armée de médecins pour combattre efficacement et humainement la pandémie du COVID-19, ont, de manière
machiavélique, décrété de combattre stratégiquement leur population par confinement, cette arme psychologique de destruction massive censée anéantir le virus de la contestation populaire mondialement répandu ces récentes années, afin de conjurer l’amorce de soulèvements sociaux dans ce contexte d’effondrement économique marqué par les faillites d’entreprises, l’explosion du chômage et la crise sanitaire.
Aussi, dans cette crise du COVID-19, faut-il redouter la maladie ou le confinement ? L’internement des citoyens innocents en bonne santé, décrété au nom de la prétendue protection des personnes âgées et vulnérables, à notre époque hautement technologique censée être équipée d’infrastructures médicales de pointe, interpelle à plus d’un titre.
Sans conteste, le confinement, procédé « moyenâgeux », pour reprendre la formule du professeur Didier Raoult, constitue une mesure qu’aucun dictateur n’aurait désavoué. D’aucuns s’interrogent sur l’auteur étatique mystérieux de l’invention du virus concocté par quelque laboratoire malveillant. La vraie question à poser serait plutôt : les virus ayant toujours existé, connaissant leur taux de létalité (estimé à moins de 2 % de décès), pourquoi avoir suscité une telle peur panique parmi les populations sinon pour légitimer le confinement pénitentiaire, décrété, lui, pour des desseins initialement inavoués et inavouables. Mais, aujourd’hui, ces desseins se révèlent au grand jour, à considérer l’incessante activité ministérielle des différents gouvernements de la majorité des pays, illustrée par le nombre incommensurable d’ordonnances promulguées ces deniers jours. À l’évidence, chaque État, à la faveur du confinement, s’applique à blinder son pouvoir despotique par l’instauration de mesures sécuritaires et attentatoires à la liberté, sous couvert de pandémie du Covid-19. Sous prétexte de guerre virologique, les classes dominantes
mènent une guerre de classe aux classes populaires. Les dirigeants profitent de la pandémie pour aggraver les lois antisociales et la dictature étatique, renforcées par la militarisation de la société. Nous assistons, impuissants, à un véritable « coup d’état sanitaire » perpétré dans de nombreux pays. En lieu et place d’équipements médicaux et de personnels soignants, nous avons droit, en guise de médication politique, à une artillerie de lois répressives et au déploiement de militaires pour nous soigner contre notre virus contestataire létal.
Globalement, les premières retombées rentables surgies de ce confinement ne bénéficient qu’aux classes dominantes. En effet, profitant de notre frayeur et de notre tétanisation suscitées par la médiatisation terrifiante de la pandémie du Covid-19, de notre emprisonnement domiciliaire, de l’état de siège et de l’interdiction de rassemblement et de manifestation, les classes possédantes du monde entier ont fait voter par leur État, en l’espace de quelques jours, des dizaines de lois de régression sociale et de répression politique qu’aucun tyran n’aurait osé imposer.
Concomitamment, ces classes possédantes ont instauré, pour sauver leurs richesses aux moyens de renflouements des banques, de subventions aux entreprises, d’exemptions fiscales, de nationalisations de certains secteurs, le socialisme pour les riches, et ont perpétué en l’aggravant le capitalisme pour les pauvres. Comme on le relève, la gestion de la crise prétendument «sanitaire» confine davantage à une opération de sauvetage de la santé (momentanément) de l’économie des capitalistes mise sous perfusion alimentée par l’argent public, plutôt qu’à la protection de la vie des malades (qui en dépit du confinement partiel à géométrie variable ne cessent de décéder par milliers). Nonobstant la gravité de la crise sanitaire, les États ont débloqué mille fois plus d’argent public pour subventionner les trusts, les banques, les bourses que pour secourir financièrement et matériellement les hôpitaux et autres structures pour lutter contre le COVID-19. En effet, excepté les discours incantatoires, le volet sanitaire n’a bénéficié d’aucune mesure concrète matérialisée par l’acquisition d’équipements médicaux toujours cruellement défaillants dans les établissements de soin, ni dans la « société civile » où la population demeure toujours en butte à la pénurie de matériels de protection (masques, solutions hydro alcooliques, tests de dépistage, gants), livrée à elle-même sans protection ni soin, et, dans cette phase de confinement, sans approvisionnement alimentaire, en particulier dans certains pays pauvres où le confinement s’apparente à un véritable blocus.
Quoi qu’il en soit, en dépit des tentatives de neutralisation de la contestation sociale et politique par le confinement, les peuples ont déjà discerné la source du problème de la crise sanitaire et économique actuelle. Au-delà du mystérieux virus invisible agité comme un épouvantail par les classes dirigeantes pour terrifier les populations, le mystère de l’origine des crises sanitaires et économiques virales actuelles se dévoilent. Le «patient zéro» a été identifié par l’ensemble des peuples meurtris : il s’agit du capitalisme mortifère. Aujourd’hui, le virus capitaliste a muté en sa version périlleuse dont on observe les premiers symptômes létaux. Le grand capital fait déjà payer l’effondrement économique aux classes populaires, réduites au chômage et à la paupérisation absolue.
Une chose est sûre : le monde entier assiste à la faillite d’un système économique en déclin, à la débâcle de l’ordre social dominant, à l’échec historique d’une classe bourgeoise agonisante, à l’incurie criminelle des Etats, à la tentative de militarisation de la société impulsée par les classes dominantes aux fins de sauver désespérément leur système.
Heureusement, cette crise inédite de cette ampleur commence à déclencher de profondes mutations dans les consciences, des interrogations sur la pérennité du modèle économique dominant, de réelles aspirations à la transformation de la société. Certes, l’onde de choc suscitée par la désagrégation brutale de l’économie et par l’amoncellement de cadavres livrés cruellement à la crémation tétanise encore la population atterrée, enterrée. Mais la colère, souterrainement, gronde, fermente, monte.
En tout état de cause, si, historiquement, le capitalisme a constitué originellement une réponse économique progressiste aux limites stérilisantes du féodalisme, aujourd’hui il représente un obstacle, voire un danger, à l’évolution humaine, au développement des forces productives, contraignant les peuples opprimés, notamment les travailleurs, à devoir à leur tour le dépasser par l’instauration de leur mode de production supérieur fondé sur des rapports sociaux humains égalitaires. Particulièrement en cette période de pandémie du COVID-19, exigeant la mise en commun, à l’échelle mondiale, de toutes les ressources et connaissances scientifiques, par-delà les intérêts étatiques nationalistes (liés aux classes possédantes propriétaires des moyens de production et d’échanges) pour œuvrer collectivement au développement des ressources sociales collectives et à la conception rapide d’un vaccin en vue de l’administrer gratuitement à toutes les victimes dans le monde entier.
Mesloub Khider