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15 novembre 2024

CERTAINS ACQUIS DES GILETS JAUNES FRANÇAIS


CERTAINS ACQUIS DES GILETS JAUNES FRANÇAIS

par Équipe de l’édition

Un groupe de militants français

2020

Pour télécharger le manuscrit en version Word : Gilets-jaunes 2020

INTRODUCTION

 Un mouvement social de grande ampleur, le mouvement des Gilets Jaunes, a fait éclosion rompant la marche sans obstacles véritables, des contreréformes du gouvernement Macron.

Ce gouvernement s’est donné comme tâche de mettre la France au diapason des autres économies capitalistes. La course au profit, la concurrence oblige toutes les grandes entreprises capitalistes à chercher les moyens de distancer les autres groupes capitalistes. Les gouvernements sont le bras politique de la volonté générale des capitalistes.

Pour y arriver, pour triompher de leurs concurrents internationaux, ils réforment la société   et font payer aux classes laborieuses et la petite bourgeoisie artisanale et celle des petites PMI/PME, ses gains de compétitivité, l’assurance de leurs profits.

Nous, un groupe de Gilets Jaunes, des vieux militants politiques et syndicaux, qui participons à cette lutte depuis ses débuts comme à tant d’autres luttes ouvrières, politiques et syndicales depuis des décennies, avons entrepris la tâche nécessaire de donner une interprétation marxiste à ce mouvement.  Le mouvement des Gilets Jaunes, est par ses racines et composition profondément prolétaire tant dans sa démarche comme dans ces objectifs profonds et cherche, in fine, le changement de la société capitaliste.

Un mouvement qui s’est cru apolitique mais qui est l’expression politique de tout un secteur du prolétariat qui se trouve ou dans la misère, ou sans travail, ou précaire, que tout en travaillant n’arrive pas à joindre les deux buts et que ne peut trouver de réel changement à sa situation sans finir avec le système de concurrence exacerbée du capitalisme.

Nous pensons que ce mouvement a apporté non seulement un vent frais et une forme de lutte oubliée depuis des décennies, mais qu’on peut et on doit tirer les leçons politiques indispensables pour qu’à futur, d’autres mouvements sociaux se trouvent mieux armés que les Gilets Jaunes d’aujourd’hui.

Nous croyons que le seul outil d’analyse valable est encore le marxisme, la théorie de la lutte de classes plus tous ses développements postérieurs.

C’est aussi le travail de vieux militants qui ne sont pas des intellectuels et qui demandent, pour l’enrichissement des outils nécessaire à l’action future, la critique nécessaire de tous ceux qui se soucient des problèmes de l’émancipation de la classe ouvrière non pas à des fins de stérile polémique entre « intellectuels » mais comme force théorique qui doit devenir force matérielle, peut-être dans un avenir pas trop lointain.

L’instabilité du système capitaliste, les menaces de crise et/ou de guerre qui porte en soi, nécessite un outil théorique indispensable pour le comprendre et le changer. Puissent ces réflexions de vieux travailleurs et militants servir la cause de prolétaires de tous les pays et faire avancer la pensée des opprimés et exploités pour leur libération.

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QUELLES SONT LES BASES OBJECTIVES DU MOUVEMENT DES GILETS JAUNES ?

Le mouvement des Gilets Jaunes est une réponse spontanée des couches le plus exploitées de la population française à 40 ans d’offensive patronale par le biais des politiques mises en place par tous les gouvernements. Ceci dure depuis la deuxième année du premier mandat de Mitterrand, avec une accélération et aggravation depuis Sarkozy jusqu’à aujourd’hui.

Ce mouvement s’inscrit dans une situation internationale aggravée par des conflits entre l’impérialisme US, les autres impérialismes européens, les grands pays arriérés comme la Russie et la Chine, celle -ci encore en développement capitaliste et signalée comme le principal concurrent des US, tous les deux disposant des armes atomiques. La Russie et la Chine soumises à un processus continu d’encerclement, de politique de « changement de régime » et un écrasement de tous ses supports dans des petits pays encore pratiquant une politique quelque peu indépendante vis-à-vis de l’impérialisme US.

Une course aux armements effrénée se pratique partout. La France va dépenser 300 milliards en cinq ans, annonce l’envoi de son porte-avions en eaux de Chine, l’Allemagne revendique sa présence militaire hors de ses frontières et augmente son budget militaire ainsi que toutes les autres puissances concernées.

Le danger d’une nouvelle guerre mondiale est une réalité présente. Les nouvelles armes hypersoniques qui ne laissent que quelques minutes aux dirigeants des puissances en dispute, peuvent très bien donner lieu à un conflit atomique de proportions énormes dont « personne aura voulu » mais que la situation de tension et concurrence, le produit des intérêts capitalistes en concurrence, peut déclencher.

Cette question de la défense de la paix mondiale n’est pas encore traitée ni contrée par les travailleurs encore peu conscients de ces enjeux. Une nouvelle crise économique capitaliste menace encore une fois le système capitaliste, selon l’avis d’un nombre important d’économistes, au point que cela fait consensus et c’est seulement la date d’éclosion qui est sujet de discussion.

Les moyens pour la contrer se sont réduits d’autant par la résolution de la crise antérieure, étouffée sous des tonnes d’argent public. Aujourd’hui ces moyens existent bien moins qu’auparavant et les luttes des travailleurs partout dans le monde commencent à se faire entendre. Les gouvernements capitalistes devant ces deux alternatives durcissent leurs moyens de répression.

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PREMIÈRES FORMES DE LA CONTESTATION DU SYSTÈME

Les solutions politiques spontanés apparues dans d’autres pays, dirigés par la petite bourgeoisie salariée et les couches moyennes, Tsiriza, Podemos, a échoué ou par des capitulations honteuses comme en Grèce ou par la corruption de ses dirigeants comme en Espagne. L’impasse de ces « solutions moyennes » saute aux yeux.

C’est dans un tel cadre interne et international que la lutte des Gilets Jaunes, forme nouvelle et propre des traditions de lutte du prolétariat français a commencée, mettant à l’épreuve tous les acteurs politiques français. Personne n’a pu éviter ce test décisif.

Ce mouvement de masses dont la base réelle du mouvement sont les nécessités criantes des larges couches de la population appauvries par la politique capitaliste a explosé comme une mine souterraine dont personne prévoyait l’existence.

Car, il y a 9 millions de pauvres en France et la petite bourgeoisie salarié et même les petits entrepreneurs subissent le poids de la crise capitaliste, souvent sur la forme des taxes chaque fois plus élevées. Le pouvoir d’achat diminue, les conditions de vie, de travail et de vie dans les quartiers populaires aussi, et  » tout le monde  » attendait depuis de nombreuses années une réaction qui tardait à venir.

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LA SITUATION POLITIQUE ET L’APPAUVRISEMENT DES TRAVAILLEURS EN FRANCE

Les travailleurs organisés ont combattu d’une manière ou d’une autre les attaques sans cesse de la bourgeoisie contre leurs droits, mais ont été vaincus à chaque fois. Les organisations syndicales, même celles qui disent développer une lutte de classe, passent peu à peu à un « syndicalisme de proposition ».

Dans les faits elles capitulent et vivent des bénéfices qu’on leur accorde en tant que gestionnaires de certaines fonctions sociales, comme la Sécurité Sociale dans l’État capitaliste. Les gouvernements élus qui se proclamaient de gauche, ont fait la politique des conseils d’administration capitalistes.

Plus tard, avec Hollande, ils ont accéléré une politique totalement contraire aux intérêts des travailleurs. Les mêmes personnes qui l’avaient choisi pour arrêter l’offensive des patrons qui s’était aggravée avec Sarkozy, ont constaté que le gouvernement  » socialiste  » appliquait la politique de Sarkozy en l’aggravant encore.

La politique étrangère a été dès le début, celle de l’impérialisme français, d’appui au sionisme et à l’impérialisme américain. Déjà, le gouvernement Mitterrand avait non seulement démoralisé et démobilisé de larges secteurs de travailleurs, mais il avait aussi encouragé la montée d’un ennemi mortel des travailleurs, le Front National.

Les masses désorientées par la trahison de la gauche ont cherché un court moment dans  » l’extrême gauche  » une issue à la trahison des gouvernements ‘socialistes’, en votant d’abord pour elles d’une manière significative. Mais le sectarisme obtus et l’opportunisme ouvert de ses deux composantes, Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire, respectivement, ont renversé cette tendance que, si elle avait été traitée avec l’esprit d’un front politique et de lutte élargie, aurait été une alternative ou un point de rencontre pour les secteurs les plus avancés des travailleurs.

Il en résultera de leur part une tactique de proclamations générales abstraites pendant les campagnes électorales auxquelles ils participent, accompagnée d’une certaine activité syndicale sans perspective politique nationale. Le genre d’activité que toutes les organisations anarchistes pratiquent depuis des siècles sans aucun résultat.

Le Parti communiste n’avait pas d’autre politique que la préservation de ses représentants et ses fonctionnaires. Cela l’a forcé pendant de très nombreuses années à suivre la politique pro capitaliste des socialistes, ou à céder aux exigences de la bourgeoisie et de l’impérialisme. La chute de l’URSS n’a pas aidé du tout. Capitulant devant l’offensive idéologique réactionnaire, ils se sont ainsi débarrassés des cellules d’entreprise, liquidant leur soutient le plus sûr. Cette capitulation a provoqué à la fois la division interne et le départ de la plupart de ses militants. Le PCF a été réduit à l’ombre de lui-même.

Depuis trois décennies maintenant, comme manifestation de l’abandon par la gauche de ses revendications et de sa présence dans les quartiers populaires, un parti d’extrême droite, le Front National, s’est formé qui, en utilisant un nationalisme anti-immigrés, recueille les votes de certains secteurs des travailleurs.

La forte abstention que cela génère, le sectarisme ou l’insignifiance de l’extrême gauche ainsi que le mécontentement à l’égard de la politique du PS et de son âme damnée, le PCF, donnent automatiquement des pourcentages élevés tant au Front national, aujourd’hui rebaptisé Rassemblement National, qu’à tout aventurier politique poussé en première ligne par les capitalistes, comme c’est le cas de Macron.

 Mélenchon, un social-démocrate et ancien ministre et sénateur, a obtenu presque 20% des voix lors de l’élection présidentielle et son mouvement, La France Insoumise, a gagné des députés qui lui permettent de rester dans la sphère politique nationale. Une fois élu, Macron a développé un programme totalement capitaliste visant à aligner la société française sur le monde capitaliste le plus favorable au patronat et a adopté autant de lois anti-ouvrières que possible.

C’est à partir de cette nécessité urgente qu’il met en place d’importante contre-réformes destinées à prendre une part encore plus importante de la capitalisation sociale et même l’oblige à prendre des revenus directs et indirects des travailleurs pour contrer les effets de la crise.

Les gouvernements Sarkozy, Hollande s’y employèrent en accélérant une tendance déjà à l’œuvre sous Mitterrand, mais cela n’est pas encore suffisant aux yeux de la bourgeoisie qui elle-même se dispute le contrôle et la direction d’une inflexion encore plus prononcée qui touche le prolétariat mais aussi les couches petite-bourgeoises.

Le triomphe momentané des lobbies qui se trouvent derrière la candidature Macron, contre celle de Fillon le montre, même si tous les deux portent le même plan économique profondément anti ouvrier et qui érode les positions et les avoirs de la classe dite moyenne. On peut ainsi distinguer derrière Macron les figures de Jacques Attali, Alain Minc, Bernard Henry-Levy et d’autres. Les lobbies capitalistes de tout ordre nationaux et internationaux apparaissent très présents, l’OCDE.  Dans l’ombre travaillent, comme à l’accoutumé des « think tanks » et des Conseils d’Administrations de grandes entreprises.

Il s’agit donc de « réformer » de fond en comble le système capitaliste français pour le faire rentrer dans le modèle actuel qui domine de par le monde.  L’offensive capitaliste passe par la privatisation à outrance tant des entreprises comme des organismes qui gèrent le salaire indirect des travailleurs, leur Santé, leur Éducation, etc. Par la gestion ‘rentable’ des services publics qui se trouve en concurrence avec le privé.

Les mécanismes de transfert des richesses produites par les salariés vers les groupes capitalistes sont variés, multiformes. L’une de plus connues est l’inflation, la montée des prix. Un autre est la montée des prélèvements sociaux, des taxes.

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LA FORMATION DE LA CONSCIENCE POLITIQUE DES GILETS JAUNES

L’opposition à une telle politique prend aussi toute sorte de formes. Des aventuriers politiques d’extrême droite s’échinent à tromper de larges couches de la petite bourgeoisie salariée et des secteurs arriérés des travailleurs, pour apparaître comme des « alternatives » aux politiciens de droite comme de gauche tout en proposant avec quelques variantes trompe l’œil exactement le même programme capitaliste que la droite.

Simplement ils le déguisent comme un programme qui favorise « les petites entreprises écrasées d’impôts » mais leur vrai programme est d’accélérer les contre réformes du grand capital utilisant les lois et l’appareil policier et en prenant comme boucs émissaire une autre des cibles de diversion de la bourgeoisie, les immigrants.

La pensée capitaliste qui triomphait depuis les années 80, répandait l’idée qu’en dehors des privatisations et des restructurations il n’y avait pas de salut possible, faisant miroiter les « 30 glorieuses », illusion véhiculée même par une partie considérable de la gauche, qui a adopté ces idées et les a appliquées lors de son passage au pouvoir.

Aujourd’hui, la bourgeoisie abandonne ce leurre pour un austérité sans complexes fondée sur de nouveaux prétextes.

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LA CONSCIENCE DE CLASSES EN DEHORS DES PARTIS ET SYNDICATS

Tous ces éléments ont produit une conscience politique de masses assez complexe, contradictoire entre ses intérêts réels et le discours bourgeois qu’ils entendent souvent par la télévision et finissent par l’intégrer en surface comme les résidus de conscience de classe que leur expérience propre, les souvenirs de leurs parents et la propagande des secteurs le plus proches des idées sociales leur léguèrent.

L’élément principal est l’aggravation de leurs conditions de vie, le gel des salaires et pensions et par là, la diminution progressive de leur pouvoir d’achat, lente au début plus prononcé après, qui s’accélère aujourd’hui. On assiste à l’appauvrissement absolu d’importantes masses prolétarisées et à l’appauvrissement relatif de tous les travailleurs. Une phrase résume cette situation « Nos enfant vivront (et vivent déjà) plus mal que nous »). La première réaction des affectés contre cette réalité a été de se restreindre, de se serrer la ceinture, d’aider ses enfants, de réduire les dépenses.

Mais cela a provoqué des problèmes dans les familles, des difficultés, l’augmentation des conditions de vie dégradés dans les quartiers populaires, des cadences de travail terribles, un chômage de masse, des salaires qui n’augmentent pas et un état d’esprit d’attente, illusoire, que les « chose s’arrangent » pour revenir à l’époque d’un capitalisme en développement rapide.

Les masses abandonnées par les partis de gauche et loin des querelles sectaires ou sans portée de l’extrême gauche ont pris le chemin de l’abstention électorale ou ont cherché ailleurs une sortie à leurs problèmes. C’est la raison suffisante de la montée de l’extrême-droite dans certains secteurs populaires.

Il faudrait ajouter un facteur qui, non pour subjectif, ne prends pas une réalité bien objective et ce sont les traditions de manifestations et de combat de rues propres du prolétariat et des travailleurs français et immigrés vivant en France.

Les travailleurs en grève, ont tendance à faire partager leur mouvement aux autres. Ils sortent dans la rue, manifestent, parfois se battent contre la police. Ils savent tous, par leur expérience acquise par le souvenir de leurs anciens ou par l’agitation des plus conscients, qu’il n’y a pas d’acquis sans se battre.

Que tout ce que les travailleurs ont, congés payés, sécurité sociale, les rares droits du travail qui restent, le droit au chômage, la retraite malgré les reculs constants, est la conséquence des luttes qui ont couté des combats parfois du sang aux prolétaires, à leurs aïeux.

La première idée qui vient à l’esprit quand ils veulent protester est de faire une manifestation devant l’opinion publique pour faire connaître leurs revendications car ils savent instinctivement que c’est dans la solidarité des travailleurs, qui se trouve la plus sûre garantie de leur succès. Et la réponse est assez souvent positive, les luttes rencontrent la sympathie, plus ou moins active en fonction de l’état général de la dynamique sociale, c’est-à-dire, du rapport de forces de la lutte de classes.

Car ce dernier facteur, la dynamique sociale est fondamentale pour comprendre l’ensemble des mouvements de la classe ouvrière dont elle aussi en fait partie. La conscience politique des gros bataillons prolétaires est fonction de l’intensité de leurs combats.

Ainsi, la lutte des Gilets Jaunes peut être un premier pas puissant dans le réveil à la conscience politique de larges couches prolétaires qui ont vu, par expérience directe, la puissance d’une lutte déterminée. Le fait est que cette « dynamique sociale » ou le rapport de la lutte entre la bourgeoisie et le prolétariat a été défavorable depuis longtemps aux travailleurs. Et cela a aussi conformé, déterminé les mentalités au sein des travailleurs.

Mais il existe au même temps un processus souterrain, difficile à saisir, complexe, qui est une sorte de « inconscient collectif de défense et de lutte » qui se développe dans un sens contraire aux attaques constantes de la bourgeoisie contre les conditions de vie et de travail des masses.

A ces sources multiformes de la conscience de classe s’ajoutent les critiques de la part des intellectuels antisystème ou social démocrates et la rare propagande et agitation sociale (sous toutes ses formes et origines) toujours présente. Tous ces éléments ont façonné une mentalité contradictoire où se mêlent les éléments réactionnaires avec des éléments de lutte de classe chez ces travailleurs souvent isolés et individuels.  Ainsi cette conscience sociale primaire est le bagage des secteurs prolétarisés le plus arriérés.

Cette arriération est sensible aux appels du nationalisme bourgeois promu par le FN depuis longtemps, même par le PCF, et a permis le passage d’une partie des travailleurs les plus arriérés vers le Front National. La haute votation du FN dans des quartiers ouvriers trouve là une partie de son explication.

Cette conscience déformée tourne autour de la critique de la bureaucratie de l’Union Européenne, de la critique des niveaux d’imposition élevés, des formes que cette taxation prend (les radars, les augmentations de la CSG), les dépenses et salaires des parlementaires, du président, mais ne touche ni les patrons ni les exploiteurs.

Nous trouvons ici, en conséquence, une répulsion des partis social démocrates et des directions syndicales et de l’autre côté, des résidus d’une conscience de classe embryonnaire.  Une bonne partie de la classe, qui se démoralise et ne vote plus se trouve infectée d’idéologie d’extrême droite.

Au même temps, la nécessité les pousse inévitablement à accepter les revendications salariales, des pensions, d’augmentation du pouvoir d’achat qui vont à l’encontre des intérêts du patronat et de l’extrême-droite. Les leaders de l’extrême droite essaient de naviguer entre ces deux éléments contradictoires et, en temps de paix sociale ils arrivent à le faire lors des élections, en trompant une partie du prolétariat. Leur composition de classe, leur fortune, les gens qui entourent les dirigeants de l’extrême-droite n’arrivent pas à tromper tout le prolétariat.

Par contre, quand il y a des conflits sociaux, ils se terrent et ne disent pas un mot, ou assez rapidement apparaissent pour ce qu’ils sont, le parti extrême du patronat. Un patronat qui pour l’instant ne veut pas d’eux, car ils ne se trouvent pas confrontés à une montée des luttes ouvrières. Ils craignent aussi la réaction et l’opposition de tous les secteurs démocratiques, qui peut résulter de l’accès à la présidence de l’extrême droite.

D’autres travailleurs parmi le plus pauvres ne trouvent pas dans des organisations d’extrême-gauche qui avaient fait 10% de voix et aujourd’hui se trouvent à moins de 1% quelque chose de crédible, une force quelconque qui les attire … tout en cherchant une alternative sans pouvoir la trouver.

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LES PARTIS POLITIQUES DEVANT LA POLITIQUE DE MACRON ET LE MOUVEMENT QUI COMMENÇAIT

Mélenchon, social-démocrate qui, en peu de temps a réuni 18% des voix, a formé un parti ou mouvement essentiellement électoral, La France Insoumise. Ses militants s’engagent dans un certain nombre de luttes écologistes et sociales. Ce type d’organisation bonne tout juste pour des campagnes électorales s’est montré très limité lors du mouvement des Gilets Jaunes et, naturellement, il serait encore plus à la marge en cas des conflits sociaux plus aiguës.

La droite, est profondément divisée. Divers courants où se disputent les ambitions et les ambitieux, ont créé une telle situation que les meilleurs représentants politiques du patronat, ont été retirés du jeu politique momentanément. Il n’est pas étrange donc qu’ils soient assez effacés et maladroits. Wauquiez, leur nouveau leader, a commencé par « soutenir » les Gilets Jaunes car il a cru que la base du mouvement se trouvait parmi les petits patrons, mais dès qu’il a vu la véritable composition sociale des Gilets Jaunes et la nature de ses actions, il a abandonné le navire aussi vite qu’il a pu.

Du côté de Rassemblement Nationale (RN) on assiste aussi à d’étranges phénomènes. L’auteur intellectuel de ladite « dédiabolisation » des Le Pen, Philippot, a été obligé de renoncer au parti. Marine Le Pen, leader du mouvement, apparait souvent peu sûre d’elle-même ayant comme seul objectif manifeste, devenir le parti principal du patronat et gagner la présidence de la république.

Le centre est inexistant. Le PCF est réduit à pas grande chose. Le PS se trouve en décomposition.

Jusqu’au début de novembre 2018, le jeu politicien de la bourgeoisie et ses variantes faisaient la une des programmes de télévision tranquilles. Les masses prolétaires avaient « le choix » de s’amuser avec l’un ou l’autre de leurs options. L’offensive de Macron battait son plein et elle ne trouvait comme « opposition » que les promenades syndicales, une fois par mois jusqu’à fatigue des travailleurs engagés. La direction de la CGT expliquait après à sa base que « les gars ne nous suivent pas… »

La casse du Code du Travail était passée malgré une lutte de longue durée, mal dirigée. D’autres contre réformes se sont succédées et trouvèrent un passage aussi facile que les antérieures.  Ainsi l’augmentation de la CGS pour les retraités, le gel de salaires des fonctionnaires, l’élimination de l’Impôt sur la Fortune, les subventions de tout ordre pour le patronat.

Il fallait donc des ressources et il les a trouvés dans les poches des travailleurs. Les patrons ? L’objectif fondamentale de Macron est de rendre la compétitivité aux grandes entreprises. Les patrons sont intouchables.

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L’AVANT DÉBUT DU MOUVEMENT

Mais Macron, et personne d’ailleurs, n’a vu venir ce qui est arrivé par l’action d’une femme, Priscilla Ludowsky, qui fatiguée de payer son essence chaque fois plus chère a pris son clavier et à tweeté une pétition pour protester contre les hausses et pour paralyser le pays le 17 novembre. Au but de quelques jours la pétition était relayée et avait obtenu 500 000 signatures et bientôt 800 000 et toujours montant elle a dépassé le million.

C’est donc à ce moment précis que le mouvement des gilets jaunes a commencé. La poudre était sèche et cette étincelle a fait exploser le mouvement. L’idée de prendre le gilet obligatoire à disposer dans chaque voiture et pour chaque personne afin de se faire visible en cas d’arrêt sur la route, est venue par Facebook et tous l’ont adopté presque instantanément.

La conscience embryonnaire du mouvement et le désir d’accepter et de se réunir au-delà des clivages partisans était générée par une méfiance complète des partis politiques et des syndicats.  Tout le monde pouvait venir mais ils étaient contre la récupération politique ou syndicale, d’où elle vienne.

Cela correspondait au niveau politique du mouvement constitué surtout d’une défiance et d’une conscience réactionnaire comme ci-dessus expliquée, mais cela pouvait changer très vite car n’importe quelle revendication sociale s’opposait à la politique du gouvernement. Cette opposition, au début presque exclusivement contre les taxes et l’augmentation de l’essence et du diesel, est de nature politique.

La revendication même, traduite en termes claires parlait de la nécessité d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés, retraités et autres. Le plus affectés, étaient nécessairement les travailleurs que du fait de l’éloignement des lieux de travail, ou le manque de transports en commun, devaient utiliser leurs voitures.

Un terrain où les partis de gauche et les syndicats se doivent d’intervenir

Des secteurs du prolétariat le plus pauvre comme de petits entrepreneurs et exploitants agricoles très affectés par las hausses du carburant, se sont mis en ordre de bataille. Leurs revendications des petits patrons était la réduction des impôts et des taxes, de retrait des nouvelles taxes sur l’essence, mais pour la majorité des futurs manifestants c’était cela « mais pas que cela ».

C’est-à-dire il s’agissait tout d’abord une question de pouvoir d’achat, de salaires, pensions, des allocations trop basses.

La nature contradictoire des revendications correspond aux classes engagées dans le combat : le prolétariat et la petite bourgeoisie. Elles peuvent participer ensemble dans un même mouvement car leur ennemi, la grande classe capitaliste dominante qui règne par le gouvernement, par Macron aujourd’hui les attaque toutes les deux.

D’autres contradictions, cette fois-ci au sein de la classe travailleuse apparaitront et la lutte pour la direction du mouvement par des leaders ou des revendications interposées, a commencée immédiatement. Le poids dans le mouvement de la classe ouvrière la plus prolétarisée est majeur, la tendance même du mouvement le pousse vers les revendications qui frappent le patronat. Cependant quand elle ne compte pas avec un état majeur pour l’organiser, l’orienter et former ses cadres, sa course est lente et erratique.

L’extrême gauche qui critiquait la gauche parlementaire, a été ou incapable ou n’a pas voulu faire un travail organisé à l’intérieur de ce mouvement de masse spontané qui surgissait devant ses yeux. Leur conception dogmatique, est en fait, une collaboration objective avec le gouvernement, et la méfiance a été leur premier réflexe lors de l’appel d’une personne anonyme à manifester contre les hausses de carburant.

Dès le début, toutes les tendances politiques de gauche, comme les syndicats, se sont opposées ou ont hésité devant ce mouvement, à l’exception de quelques petits groupes et du POI qui revenait d’une crise et d’une division. Cette opposition a trouvé comme prétexte la participation de l’extrême droite et l’aspect confus des premières revendications avancées.

Ce qui était typique du début d’un mouvement d’augmentation du pouvoir d’achat des masses et d’un essai de positionnement politique tâtonné par certains des secteurs les plus négligés du pays était un argument pour observer avec méfiance ce mouvement spontané, une méfiance qui dure encore aujourd’hui, de la part des directions syndicales, des partis et de nombreux militants politiques de gauche.

Pourtant c’était un mouvement qui ne pouvait qu’être, par la nature même de ses revendications, qu’une menace au gouvernement de la bourgeoisie menée par Macron.

Dès son origine, il y a eu des clivages qui marqueront tout au long de cette magnifique incursion des secteurs les plus prolétarisés de la politique française. Ces clivages passent à la fois à l’intérieur du mouvement et entre les forces politiques qui le composent, ainsi qu’entre le mouvement et ses ennemis politiques, ouverts ou cachés.

Il ne pouvait en être autrement puisque le mouvement, hétérogène dès le début, était composé de masses qui se lançaient dans la politique sans autre préparation politique que la conscience de leurs besoins et ne pouvaient que refléter ce qui existe, à savoir la conscience transmise par tous les moyens de propagande de la bourgeoisie.

Cependant, ce mouvement des Gilets Jaunes, qui a amené à la lutte politique et revendicative les secteurs prolétariens les plus exploités, c’est aussi une école politique qui enseigne à pleine vitesse la politique de classe. Les Gilets Jaunes avancent par ce chemin même si parfois cela n’est pas suffisamment consciente dans leurs têtes.

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ORIGINE DE LA FORME ACTUELLE DE LA CONSCIENCE POLITIQUE DE MASSES

Cela fait facilement 30 ans que le marxisme, le socialisme, le communisme sont diffusés dans des cercles très étroits, loin de masses. Les seuls qui en font encore la propagande auprès des masses ou s’adressent très sommairement aux secteurs le plus arriérés de la classe ou le font par le biais des journaux peu lus.

Cette politique de s’adresser au niveau le plus bas de compréhension est assumée et même revendiquée. Les secteurs le plus avancés de la classe doivent se suffire de ce qu’ils connaissent déjà par la presse ou tout au plus avec des explications simples. S’ils décident d’aller plus loin, ils peuvent trouver quelques revues mais aucune polémique réelle, aucun travail idéologique, et restent à niveau de ce qu’ils peuvent glaner par eux même.

Ainsi les masses qui se révoltèrent, composés essentiellement par la frange du prolétariat la plus précaire, pauvre, composé des retraités, des travailleurs temporaires et non syndiqués, travaillant souvent dans des petites boites ou au chômage, ne pouvaient voir dans les problèmes qui les touchaient, au début, autre chose que la mauvaise gestion du président de la république.

Il y a un parallèle antérieur, quand les banlieues se sont rebellées, la gauche politique a profité des prétextes pour s’éloigner des luttes des secteurs les plus opprimés. Ce schéma sera reproduit presque sans variantes sur le fond.

De même, apparaît la première fracture qui est celle entre les secteurs de travailleurs et ceux qui sont soit marginalisés, soit dans la misère, même s’ils travaillent.

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CLIVAGE DU PROLÉTARIAT

Ce clivage réel aujourd’hui, mais qui est un processus qui tend à englober toute la classe des producteurs à terme, est la raison de fond de l’attitude de toute la gauche qui souvent ne représente que des secteurs de la petite bourgeoisie et de l’aristocratie ouvrière encore existante, ou des secteurs de travailleurs qui malgré des revenus faibles et des conditions de travail se dégradant, sentent que leur situation serait pire hors du système.

Ainsi aujourd’hui 30% des travailleurs, travaillent dans la fonction publique ou dans des grandes entreprises encore avec une certaine sécurité d’emploi et des salaires acceptables ou suffisantes, en tout cas pas dans la condition de précarité, bas salaires, manque total d’organisation syndicale, de sécurité d’emploi comme c’est le cas de 70% des prolétaires qui travaillent dans les PME/PMI ou sont précarisés ou au chômage et qui n’ont comme solution que la « démerde » ou des luttes comme celle des Gilets Jaunes.

Les Gilets Jaunes entrent ainsi objectivement dans la lutte contre tout un front politique bourgeois habitué à diriger le pays en alternance, une fois à droite, une fois par la coalition du Parti Socialiste- Parti Communiste Français mais sans que leurs politiques fondamentales pro-capitalistes ne changent.

A ce jeu institutionnel s’ajoutent des secteurs critiques de la gauche, certains prétendant être des révolutionnaires et/ou trotskystes qui, chaque fois qu’un grave problème social ne trouve pas d’expression dans ce cadre politique, reviennent contre les masses en lutte en prenant comme prétexte le niveau primitif de leur lutte.

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 L’EXTRÊME DROITE ET LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES

 L’extrême droite, Marine Le Pen, a vu une opportunité de se mettre comme référence politique d’un tel mouvement. Le laisser la place libre aurait été criminelle et par ricochet l’absence des partis de gauche signifiait un soutien objectif au gouvernement Macron et la voie libre à l’extrême droite.

Quand « la gauche », les syndicats et l’extrême gauche ont entendu que Marine Le Pen appuyait le mouvement ils ont déclaré avec plus ou moins de nuances que « le mouvement ouvrier n’avait que faire là-dedans » position absurde, gauchiste que certains comme la direction de la CGT et le POID maintiennent encore.

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AVANT LE 17 NOVEMBRE

 Entre le 9 novembre et la date convoquée, le 17 novembre, de plus en plus de signatures et des déclarations sur le Web montraient qu’il y avait la possibilité d’une manifestation très importante. Des très petites organisations de gauche, où se trouvaient pêle-mêle des « trotskistes » des « marxistes-léninistes » quelques fractions sorties du PCF, des sites progressistes , surtout Mélenchon, qui a voulu entrainer la France Insoumise sans réussir, s’est placé à faveur de ce mouvement en voyant que c’était un processus qui ne pouvait que dériver vers la gauche malgré la pollution venue de l’extrême droite ou le bas niveau relatif de conscience des masses qui voulaient participer.

De plus que la date approchait, de plus qu’on avait conscience de l’importance du mouvement, de plus se produisait un effet d’entrainement qui a amené des syndicats combatifs à appuyer le mouvement en passant par-dessus les directions qui freinaient des quatre fers.

Certaines tendances à l’intérieur du NPA se sont, presque dès le début, opposés à la direction et appuyé avec leurs faibles forces le mouvement. De même dans d’autres organisations politiques comme dans les syndicats, une partie de la base rouait dans les brancards et voulait participer à un mouvement de masses pour des questions qui touchaient fondamentalement les salariés.

Le gouvernement qui avait organisé un black-out de presse, a commencé à expliquer sa politique de hausse de l’essence et même on a vu l’essence baisser comme par miracle car « les prix du pétrole aurait baissé ». Il cherchera une fois le mouvement déclenché à fabriquer des leaders avec qui « dialoguer » pour liquider le mouvement.

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LES RÉACTIONS À CE MOMENT DES ORGANISATIONS DE GAUCHE

La confusion parmi la gauche et les syndicats régnait en maître. Lutte Ouvrière, organisation centriste qui se prétend « trotskiste » écrivait quelques jours avant le 17 novembre :

« Prix du carburant : réagir sur une base de classe (LO -Lutte Ouvrière 7 novembre) (…)  Il est juste que les militants des travailleurs ne veuillent pas se mobiliser pour que les patrons des transports puissent sortir les marrons du feu, ou pour que l’extrême droite puisse se faire de la publicité. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner le champ du défi politique du gouvernement. Si les travailleurs ne font pas entendre leur voix avec leurs revendications et leurs propres façons d’agir, d’autres seront à l’honneur. Et il est possible, si les propriétaires de camions réduisent le pouvoir sur les impôts, que cela puisse même se retourner contre les travailleurs. Pour ne pas laisser agir ces forces hostiles au monde du travail, nous devons offrir aux travailleurs la possibilité de se mobiliser sur leur propre terrain. »

Cette déclaration signe l’essence même de ce qu’on appelle le sectarisme gauchiste.

Ils ne se préoccupent pas de l’état de conscience réel de la classe ouvrière et des couches ouvrières intermédiaires inférieures qui se mettent en mouvement, ni des faits réels de la lutte de classe.  Ils attendent, ou « appellent » à quelque chose de « pur », sans trace d’opportunisme.

Le mouvement réel de la classe ouvrière les laisse indifférents ou hostiles, rêvant ce qu’il ne pourra jamais arriver : un mouvement ouvrier libre de toute « contamination bourgeoise ». « Travaillons pour un « vrai » parti ouvrier de classe… attendez qu’un « vrai » mouvement ouvrier ait lieu et un vrai parti totalement distant de ce qui est « bourgeois ». »

Ce gauchisme a été pratiqué partout en vain, inutilement, toute organisation qui l’a pratiquée, à la longue, a disparue. Au lieu de l’intégrer pour l’orienter, ils pointaient du doigt ses défauts inévitables par la forme spontanée qu’il a pris et d’un air réprobateur se repliaient à leur train-train quotidien. La seule façon d’avancer c’est de se tenir à la conscience politique réelle des masses ouvrières, un pas en avant comme disait Lénine, avec nos bannières, nos programmes mais avec la bonne attitude et avec la manière.

Lénine qui connaissait bien ces personnes, a écrit un commentaire qui vient parfaitement pour ceux qui, à la base, sont des braves militants et des camarades mais terriblement désorientés : « Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution. »

La révolution russe de 1905 a été une révolution démocratique bourgeoise. Elle a consisté en une série de batailles livrées par toutes les classes, groupes et éléments mécontents de la population. Parmi eux, il y avait des masses aux préjugés les plus barbares, luttant pour les objectifs les plus vagues et les plus fantastiques, il y avait des groupuscules qui recevaient de l’argent japonais, il y avait des spéculateurs et des aventuriers, etc. Objectivement, le mouvement des masses ébranlait le tsarisme et frayait la voie à la démocratie, et c’est pourquoi les ouvriers conscients étaient à sa tête.

« La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement – sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible – et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d’une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter, conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d’autres mesures dictatoriales dont l’ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne « s’épurera » pas d’emblée, tant s’en faut, des scories petites-bourgeoises. »

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LE MILITANTISME ET LES IDÉES DE GAUCHE

Pour compléter le tableau il faut dire que la confusion et démoralisation produite par de longues années passées dans des partis qui trahissaient ou se fourvoyaient, impose à certains militants, une période de recherche et des erreurs, de non militance.  Ces défaites et trahisons ont laissé un fond des sympathisants de gauche indisciplinés, peu militants, fatigués par une lutte sans réussite contre les déformations dans leur propre camp, infectés de libéralisme organique.

Cela fait qu’il n’y a presque plus de militants et ceux qui sont dans les partis traditionnels passent par le même processus. D’autres, militent dans des groupes organisés sous une discipline étroite, caporaliste qui empêche le développement des militants non sectaires, ouverts capables de naviguer dans des conditions nouvelles. Nombreux militants qui ont abandonné le PCF restent sur une nostalgie déplacée ou caressent l’illusion que le PCF pourrait revenir à un passé imaginé plus militant. Alors il y a des morceaux partout qui s’organisent mais ne peuvent pas sortir du niveau groupusculaire et se disputent sans fin entre eux, s’annulant les uns les autres.

Ceux qui restent au PCF ont aussi cessé de militer dans le sens d’une militance disciplinée, consciente et continue. C’est leur maison et ils la gardent et de temps en temps se mobilisent ou pour des élections ou pour des combats syndicaux.

D’autres s’organisent en tout petit groupes d’une ou trois personnes, ou un peu plus, pour publier de petites brochures, des blogs et vivoter parfois collés à des partis d’autres pays. Il arrive qu’une frange des militants voient clairement cette réalité mais, par cette même raison, ne font que des blogs, discutent entre eux, participent à toutes les luttes mais n’ont aucune prise sur les événements car non organisés. Ils ne peuvent donc rien proposer d’autre que des « idées » qui, naturellement, se diluent dans le néant.

Il reste néanmoins depuis de nombreuses années un courant de luttes partout même si elles ne se perçoivent pas toujours occultées et isolées car les syndicats ont tout fait pour les circonscrire à leurs lieux de travail. L’éparpillement et l’isolement des conflits et des luttes dure depuis fort longtemps et a contribué à la non-syndicalisation de masses et à la méfiance vis-àvis des syndicats. Il y a eu des luttes importantes et qui ont réussi comme Notre Dame des Landes qui a vu des formes de résistances qui se sont diffusées et gagné un certain succès parmi les secteurs prolétaires qui ne peuvent pas lutter autrement car le syndicalisme ne les touche pas. Il est important de constater que la lutte des classes, même à basse intensité continue.

Tout de même, la crise de la militance de gauche est profonde.

Du côté des idées, le champ est presque complètement dominé par des soi-disant intellectuels qui se trouvent sur le terrain de la « démocratie » et autres illusions ou que s’extasient sur toutes les questions de société et oublient complètement les idées traditionnelles du mouvement ouvrier. On pourrait les laisser à leurs absurdités dans leur monde télévisuel mais le problème est que le mouvement ouvrier nécessite encore des vrais intellectuels se mettant sérieusement au service des travailleurs.

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LA LUTTE DE CLASSE À SES DÉBUTS

Le 17 donc, il y a eu des barrages filtrants, des barrages totaux, des manifestations. Surtout, ils se sont établis plus de 2000 points de barrage partout. Dans certains endroits ils sont apparus des drapeaux nationaux et certains gilets jaunes ont chanté des Marseillaises qui n’étaient pas trop suivies. Mais il y avait aussi beaucoup de prolétaires venus des couches le plus exploités et pauvres du pays, des retraités, quelques militants, souvent de leur propre motivation, pas des partis mais on reconnaissait un certain nombre de partis, surtout d’ED plus de la F.I. mais silencieux, sans revendiquer rien d’autre.

L’activité, la dynamique était menée par des travailleurs pauvres, des retraités, la plupart pour ne pas dire tous des gens qui ne se mobilisaient pas pour d’autres motifs. On a observé aussi une participation plus importante dans les petites et moyennes villes que dans les grandes villes.

Il y a eu des comptes rendus partout et qui se trouvent sur des blogs et des sites avec une participation enthousiaste, sans direction aucune, totalement spontanée, qui cherchait la manière d’être présente et dont le mot d’ordre « Macron, démission ! » dominait tout. Au total plus de 300 000 personnes selon les calculs de la police, jusqu’à 4 millions selon les plus imaginatifs Gilets Jaunes avec une adhésion proche de 80% du reste de la population. Le nombre n’était pas trop important devant le type des manifestants, leur extension partout le pays, l’esprit « on ne lâche rien ! » et l’impact que le mouvement pouvait avoir sur l’économie, c’est-à-dire sur les revenus des patrons.

La presse parla beaucoup de mai 68 et même de 1789 car la forme hétérogène et spontanée de la manifestation faisait penser inévitablement à un soulèvement populaire massif. D’autres ont trouvé des similitudes avec la prise de conscience progressive des fédérés lors des mois antérieurs à la Commune de Paris.

A partir du 17 toute la vie politique française a été déterminée par le mouvement des Gilets Jaunes. Cette journée s’est déroulée assez pacifiquement si l’on pense que « pacifiquement » est l’irruption des masses qui bloquent la plupart des axes routiers, manifestent et réclament la démission du président de la république.

Des rares militants sont allés aux points de blocage où, les gilets jaunes allaient et venaient, inorganisés comme au début mis avec de l’initiative populaire qui supplée tout…au début. Ainsi, des Gilets Jaunes établirent des barrages et point de blocage Certains venaient pour une heure, d’autres venaient pour plus de temps et d’autres logeaient là, devant des policiers qui la seule chose qui faisaient au début, était d’éviter des blocages complets mais qui n’empêchaient pas les barrages filtrants. Il s’est établi un modus vivendi entre la Police Nationale et les GJ, avec des conversations, des offres de café, d’abord refusés mais après acceptés, des serrements de main, tout en sachant que les policiers ou d’autres pouvaient se transformer en CRS la matraque en l’air. Tout cela sans concertation, fait sans direction militante, par des discussions entre eux.

Il y avait aussi une assez grande solidarité des routiers qui klaxonnaient chaque fois qu’ils passaient près des points de blocages, s’arrêtaient pour prendre le café qu’on leur offrait, en laissant le camion au milieu de la route qui se bloquait ainsi, et des particuliers qui klaxonnaient aussi ou apportaient de la nourriture ou du bois à chauffer.

Quelques slogans où l’on insistait sur la révolte du peuple français mais quand quelqu’un leur indiquait que les immigrés étaient aussi dans le mouvement ils l’acceptaient sans problème. A côté des revendications sur la revalorisation des pensions, on soutenait le rétablissement de l’Impôt sur la Fortune.

Cependant, quelques explosions racistes eurent lieu de la part des secteurs très minoritaires influencés par RN et Marine Le Pen qui depuis des décennies déversent leur poison. Beaucoup d’illusions aussi sur la force du mouvement et sur les lois. On discutait des articles de loi qu’auraient pu forcer le président à partir. Si on leur disait que les lois étaient un moyen très lent car elles sont « interprétables », ils regardaient étonnés. Pour eux, la loi s’applique ipso facto. Ils se trouvaient à l’enfance d’un mouvement spontané ou la véritable question était la baisse du pouvoir d’achat qui se manifestait encore sous des formes diverses.

Peu de traces de véritable idéologie d’extrême droite, phénomène heureusement très minoritaire, plutôt des illusions sur la Loi et la Constitution …bourgeoises. Sur les ronds-points on pouvait, avec beaucoup d’écoute et de succès, parler « du concret » c’est-à-dire d’augmentation des salaires et des pensions. Pour faire cela de manière efficace il y aurait fallu des centaines de militants avec un plan et une orientation correcte faisant un travail de masses.

Il n’était pas nécessaire d’aller brutalement à l’encontre des préjugés des Gilets Jaunes le plus « apolitiques et a-syndicaux », pour orienter le mouvement sur des revendications sociales de gauche tout en évitant la véritable récupération, c’est-à-dire, la déviation d’un mouvement qui nécessitait encore du temps pour apprendre par lui-même et dans la lutte. Un travail presque impossible dans les conditions antérieurement décrites où tout semble s’être conjugué pour l’empêcher.

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LES VIRAGES POLITIQUES APRÈS LE 17 ET LA SUITE DU MOUVEMENT

Après le 17, le NPA a fait un demi-tour complet, LO a rectifié le tir et après avoir pesé le pour et le contre et n’avoir rien choisi, comme c’est son habitude quand elle est prise par son essence centriste, a fini par reconnaitre l’importance du mouvement et appeler à le soutenir, tout en avançant chichement ses ressources et ses militants car « ils ne pouvaient pas abandonner leurs tâches quotidiennes ».

Les autres partis, ont fait des déclarations de circonstances plus dirigés à leurs futurs électeurs car les élections européennes se profilaient à l’horizon. La semaine courait, le gouvernement était sonné, Macron silencieux, et dans son parti qui ne se caractérise pas précisément par leur indépendance ni la qualité de ses parlementaires, se faisaient sentir quelques voix dissidentes, vite étouffés. La presse aux ordres insistait sur « la violence » des Gilet Jaunes attirant ainsi justement ceux qui voulaient en découdre. Il y avait eu quelques morts et blessés dans les barrages et le Ministre de l’Intérieur, utilisait cela pour dissuader les Gilets Jaunes « pacifiques ». En attendant samedi prochain, il préparait son petit plan.

Car « l’Acte 2 » comme les Gilets Jaunes le dénommaient, avait commencé par un appel à « monter sur Paris », aller aux Champs Élysées et au Palais de l’Élysée, résidence officielle des Présidents de la République, où les syndicats n’ont jamais osé aller. La Préfecture sous les ordres de Castaner, déclara qu’on « ne permettrait pas d’entrer dans l’avenue la plus belle du monde ». Les Gilets Jaunes qui n’ont pas le sens des hiérarchies d’un « syndicat de dialogue » n’ont pas tenu le moindre compte et ils ont déclaré que, comme citoyens ils avaient le droit d’aller partout et qu’ainsi le feraient.

A Paris, le 24, ils ont donc marché pour arriver sur l’Arc de Triomphe occupé par les CRS qui jouaient au chat et à la souris avec les manifestants en jetant des bombes lacrymogènes dans toutes les directions. L’après-midi les Gilets Jaunes ont constaté que les cordons de CRS avaient reculé 500 mètres, laissant complètement libre le passage aux manifestants dont le nombre s’était accru. Les Gilets Jaunes ont occupé les Champs Élysées.

A 17 heures précises on a vu arriver des camions lance-eau, des centaines des CRS, un nuage encore plus dense des gazes lacrymogènes mais surtout la décision manifeste de dégager les Champs Élysées, opération qu’ils ont pu réaliser sans aucune sorte d’opposition.

On ne peut pas s’opposer à une armée de CRS, sans direction, ni coordination, ni éléments contondants, bref, avec la seule volonté et à mains nues. En 10 minutes tout était fini sauf la provocation de Castaner, ministre de l’intérieur, qui elle a continué par le biais des médias déchaînés contre « la violence » des …Gilets Jaunes !

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LA LUTTE POUSSE TOUT VERS LA GAUCHE ET LE MOUVEMENT SE RADICALISE

La CGT a commencé à subir la pression de la base et même plusieurs syndicats sont allés de leurs déclarations d’appui au mouvement des Gilets Jaunes. De même la contestation dans les partis de gauche a grandi. Les directions n’appellent pas à manifester avec les Gilets Jaunes bien qu’elle envoyait leurs militants au compte-gouttes plus pour observer le mouvement que pour y participer réellement.

Les blocages furent maintenus et des actions ponctuèrent la semaine avant « l’Acte 3 ». Mais Castaner ne s’endormait pas et il a « interdit les Champs Élysées aux manifestants » donc aux Gilets Jaunes. On lui a répondu qu’on marcherait aux Champs Élysées le veuille-t-il ou pas.

La presse déchainée a fait de gorges chaudes d’une telle réponse, les « forums », les « enquêtes », les « analyses » les « programmes avec des Gilets Jaunes » se multiplièrent avec comme seule question « êtes-vous favorables à la violence ? ». Alors Castaner a préparé une autre provocation. Comme les GJ allaient marcher, le veuille-t-il ou pas, le 1 er décembre, il fallait faire cette fois-ci une véritable scène de pillage et de casse.

La CGT à son tour avait eu la brillante idée d’appeler une manifestation le même jour, à la même heure mais aux antipodes de la manif des Gilets Jaunes craignant la convergence. Lutte Ouvrière et le Parti Communiste ont appelé à manifester …. avec la C.G.T.  Cette manif a fait un flop complet.

La base cegetiste n’a rien voulu savoir des manœuvres divisionnistes quand il y avait le combat et le défi des Gilets Jaunes aux injonction d’un ministre provocateur.  Il fallait se porter tous ensemble aux Champs Élysées et participer à cette lutte. Mais la direction CGT était déterminée à servir de soutient au régime et ainsi l’a fait depuis lors. Ce que faisaient là les partis de gauche est inexplicable car les travailleurs se trouvaient Champs Élysées et c’était prévisible.

Quand les Gilets Jaunes sont arrivés à la place de l’Etoile, il y avait déjà des types masqués qui cassaient, et une fois la bagarre commencée, ils ont fait de manière à que leur empreinte reste bien marquée détruisant des commerces et des voitures. Cette caractéristique, la « violence » montrée à la télévision, va imprégner le mouvement pendant de longues semaines à son détriment permettant l’action de la police, elle-même bien aidée par des groupes d’extrême droite et par l’infantilisme des groupes semi-anarchistes ou d’ultragauche.

Ces groupes serviront la politique de répression et d’éloignement des masses de manifestations. Elle servira aussi pour diminuer le soutient populaires et fut la seule politique possible du régime, c’est à dire, une répression violente.

Ces groupuscules sans aucune signification politique, se disputeront entre eux contribuant encore à éloigner les Gilets Jaunes qui voulaient manifester massivement. Ces bagarres polluèrent souvent les Assemblées Générales qui ne pourront pas s’occuper des perspectives du mouvement.

Ces semi-anarchistes qui ne voient que la répression et les fascistes et qui ne comprennent pas les pièges politiques tendus dans lesquels ils tombent toujours sans qu’ils avancent d’un pas, ne peuvent jouer un rôle que sous une direction consciente de l’ensemble de la classe ouvrière. Autrement ; ils font toujours le jeu de la bourgeoisie et de la répression. La répression qui s’en est suivi rencontra l’opposition des secteurs des manifestants renforcés par des éléments qui se sont défendues et ont transformé le lieu en champ de bataille où les policiers n’ont pas toujours eu la meilleur part.

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PREMIÈRES CONCESSIONS DU POUVOIR

Peu après, le Primer Ministre a donc promis que les taxes sur l’essence « allaient être gelées pendant six mois » une timide mesure qui a fait rire tout le monde spécialement les Gilets Jaunes. Macron se trouvait en Argentine où il a aussi « condamné la violence » qui avait provoqué son ami et ministre de l’intérieur.

La radicalisation du mouvement comme les revendications exprimées par les GJ de plus en plus concernant le pouvoir d’achat ne pouvaient pas plaire aux patrons et à leur expression politique, la droite, Wauquiez, abandonna le navire.

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RÉACTION DES PARTIS DEVANT LA NOUVELLE SITUATION

Rassemblement Nationale qui aspire à prendre cette place, ne peut pas non plus faire dans l’augmentation des salaires, tant par l’opposition du patronat comme pour sa base de petits bourgeois, des petits patrons bourrés d’idées réactionnaires. Alors, à la fin du mois, elle s’est dite opposée à l’augmentation du salaire minimum.

Le PCF est inaudible. Ses militants on ne les voit pas, tant qu’ils en restent car la politique des dernières années a détruit ce parti. Le NPA a retrouvé une nouvelle vie dans ce mouvement. Certaines de ses fractions ont soutenu les GJs dès le début. Hélas, la politique des anciennes directions ont produit de tels résultats qu’il n’était pas du tout en forme avant le mouvement.

LO, fait la même chose de toujours avec une légère participation discrète dans le mouvement à laquelle elle a mis fin au bout des quelques semaines. Elle s’est fait  remarquer surtout par ses autocollants et défend seulement la politique de son parti.

On voit les militants du POI dès le début mais semblent participent en tant que individus, on ne voit pas un travail politique. Personne ne semble comprendre qu’est-ce que c’est un véritable travail de masses.

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PREMIÈRES MANIFESTATIONS DE L’INTERNATIONALISATION DU MOUVEMENT

Avec ses batailles sur la Place de l’Etoile et des Champs Élysées, troisième journée déjà, le mouvement a traversé les frontières et un peu partout arrivaient des demandes pour savoir que-est-ce que se passait. De tous les coins du monde d’ailleurs et dans certains pays il y avait une certaine contagion. En Belgique il y a eu des combats des rues, en Bulgarie, même en Irak. Le dictateur d’Égypte a interdit la vente des Gilets Jaunes. De Brésil, Argentine, Chili et ailleurs des questions fusaient. A Lyon, il est arrivé pour manifester avec nous une délégation du syndicat COBAS italien.

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LA PRESSE AUX ORDRES, LES INTELLECTUELS ET LES « EXPERTS »

Le gouvernement que tout le long du conflit a essayé toute sorte de tactiques pour le finir a lancé une campagne à la Télé et les journaux pleine d’analyses politiques. C’étaient des commentaires hargneux contre la « violence » des Gilets Jaunes, sur ses « propos homophobes ou racistes », sur les opportunistes qui se mettaient en avant sans dire qu’ils étaient chassés illico presto, où l’on n’entendait qu’un seul son de cloche ou qui laissaient le passage à des savant « experts » qui affirmaient que « la chute de la croissance » ou la ruine du commerce étaient la faute des Gilets Jaunes.

Les Gilets Jaunes développèrent donc une conscience très claire de la manipulation de la presse par le gouvernement, rejet très salutaire de la presse capitaliste mais sans organiser une contre-propagande efficace. La conscience de classes avance souvent plus vite par l’expérience de la lutte.

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LA CGT ET LES PARTIS DE GAUCHE SOUTIENNENT DE FAIT LE GOUVERNEMENT

Ce qui a soutenu le gouvernement ces jours-là, ce ne sont pas ses propres politiques, l’une échoue après l’autre et la « stratégie » de Castaner est un échec complet. C’est la CGT et les autres syndicats qui retient les salariés, le pilier solide où tient le gouvernement.

Les manifestations « violentes » comme la détermination des Gilets Jaunes qui ne faiblit portent le mouvement et attirent tant les étudiants comme les travailleurs. La question donc des revendications comme de la jonction des luttes sont au centre des discussions entre l’aile droite et l’aile gauche du mouvement. La grande difficulté est qu’à ce moment du conflit il n’y a pas des réunions où l’on puisse discuter ces questions et les infos arrivent par Internet où s’imposent de leur propre poids.

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APPARAIT LE RIC

La quatrième semaine apparait dans la presse, comme une revendication d’un nombre des Gilets Jaunes le RIC Référendum d’Initiative Citoyenne qui semble sortie du programme de la France Insoumise. Cette revendication est aussi très proche du RIP Référendum d’Initiative Populaire du programme présidentiel de M.L/Pen. C’est une revendication démocratique qui dans les faits, mettra en sourdine pour plus d’un mois les revendications salariales, des pensions.

Le RIC devient très rapidement populaire parmi les Gilets Jaunes car il représente l’expression politique de ceux qui n’ont pas de voix et ne sont pas représentés par les syndicats ni les partis de gauche. Le RIC, en essence, est la voix des sans voix, ou devrait l’être dans la conscience des Gilets Jaunes. C’est aussi une forme primitive de la contestation du système de représentation bourgeois et par là du système capitaliste sous une forme très confuse, primaire, embryonnaire.

Les revendications politiques comme le RIC, apparaissent à un moment où les questions de pouvoir d’achat avaient pris le dessus et Macron va essayer de l’utiliser comme diversion.

La tactique correcte, avancée par certains Gilets Jaunes était de donner au RIC une perspective qui rappelle la Commune de Paris avec la révocabilité des élus, le contrôle par la base des élus, leur rémunération au niveau d’un salarié qualifié, le rendu de comptes périodique devant ses électeurs, l’initiative législative et administrative de la population.

En fait et encore, c’est le manque de cadres politiques de gauche en chaque lieu, capables d’expliquer et de convaincre pour arriver à unir dans les idées et les perspectives le mouvement, le porter sur les bons rails et travailler à faire la jonction avec les salariés en activité.

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LA RÉPRESSION SE DÉCHAINE

Ainsi les choses posées la manifestation du 8 décembre va se dérouler au milieu d’une campagne terroriste d’intimidation de la part du gouvernement, ce sera un effort répressif d’une magnitude presque jamais vue. La police mobilise 89 000 policiers pour, selon le ministère de l’

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