Par Gilles Munier
Ce matin la nouvelle du décès du chanteur kabyle Idir – que je savais malade depuis quelques mois – m’a touchée plus que je ne l’aurais pensé. Elle m’a tout de suite rappelé l’heure passée avec lui en 1975, du temps où j’étais permanent à l’Association de Solidarité Franco-Arabe (ASFA)* et où il recherchait un imprésario honnête, susceptible de l’introduire et de défendre ses droits dans le monde de la chanson.
Lucien Bitterlin, secrétaire général de l’association, ne se doutait pas que j’étais à l’origine de la venue du chanteur que connaissait un ami kabyle.
L’ASFA ne pouvait malheureusement pas grand-chose pour Idir, et moi non plus car je n’avais aucun contact dans les milieux du spectacle. Mais, Bitterlin m’avait demandé de l’entendre, sachant que j’avais vécu en Kabylie et que j’en gardais un peu la nostalgie.
La personnalité attachante, le talent, la simplicité et la sincérité du jeune Idir – je dis jeune car il avait 5 ans de moins que moi – ont fait qu’il s’est fort bien débrouillé ensuite. Il est devenu, tout naturellement, l’ambassadeur de la chanson kabyle et de l’amazighité (à l’époque on disait de la berbérité).
Idir n’est plus… Son message demeure… Paix à son âme…
Aujourd’hui, et comme à chaque fois que j’entends les premières notes de guitare de « A vava inouva », la chanson qui l’a lancé, revient, non sans émotion dans ma mémoire, le souvenir de mes années d’enfance – entre 1952 et 1956 – à El Flaye, sur les hauteurs de la vallée de la Soummam. J’en parlerai plus tard.
*Association créée pour promouvoir la politique arabe du général de Gaulle. Elle était présidée par Louis Terrenoire, gaulliste de gauche, ancien secrétaire général du RPF et ancien ministre de l’Information.
Vidéo (5’16) : « A vava inouva » chantée par Idir à la coupole d’Alger en 2018, après plus de 30 ans d’absence