SIONISME : Covid 19 et virus de l’Occupation
6 mai 2020
Covid-19 et virus de l’occupation : pour les colons israéliens, le crachat est une arme de guerrepar lecridespeuples |
Propager le virus de l’occupation : cracher est devenu une arme entre les mains du colonialisme israélien
Par Ramzy Baroud
Source : Counterpunch, le 17 avril 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
Cracher sur quelqu’un est une insulte universelle. En Israël, cependant, cracher sur les Palestiniens est une toute autre histoire.
Maintenant que nous savons que le coronavirus mortel peut être transmis par des gouttelettes de salive, les soldats israéliens et les colons juifs illégaux travaillent très dur pour cracher autant que possible sur les Palestiniens, sur leurs voitures, leurs poignées de porte, etc..
Si cela vous semble trop surréaliste et répugnant pour être vrai, alors vous pourriez ne pas être aussi familier que vous le pensez avec l’engeance particulière du colonialisme israélien.
En toute honnêteté, les Israéliens crachaient sur les Palestiniens bien avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne s’exprime sur le caractère insaisissable de la maladie COVID-19 et sur la nécessité cruciale d’appliquer la « distanciation sociale ».
En effet, si vous recherchez sur Google l’expression « crachats israéliens » (Israeli spitting), vous serez inondé de nombreux résultats de recherche intéressants, comme « Un Juge de Jérusalem aux Juifs : ne crachez pas sur les chrétiens », « Les chrétiens de Jérusalem veulent que les Juifs arrêtent de leur cracher dessus ». Et plus récemment, « Les colons israéliens crachant sur des voitures palestiniennes suscitent des inquiétudes quant à la tentative de propagation du coronavirus ».
Il est intéressant de noter que la majeure partie de cette couverture au fil des ans a été réalisée par les médias israéliens eux-mêmes, tout en recevant peu d’attention dans les médias occidentaux dominants.
On pourrait facilement classer ces actes dégradants comme un autre exemple du faux sentiment de supériorité des Israéliens sur les Palestiniens. Mais la tentative délibérée d’infecter les Palestiniens occupés avec le coronavirus est en-dessous de tout, même pour un régime colonial colonisateur.
Deux éléments particuliers de cette histoire nécessitent qu’on s’y arrête.
Premièrement, des actes de crachats sur des Palestiniens et leurs biens, tant par des soldats d’occupation que par des colons, ont été largement signalés dans de nombreuses régions de la Palestine occupée.
Vidéo : https://www.dailymotion.com/
Cela signifie qu’en l’espace de quelques jours, l’armée israélienne et les cultures des colons ont très rapidement adapté leur racisme préexistant pour utiliser un virus mortel comme dernier outil pour soumettre les Palestiniens et leur faire du mal, que ce soit physiquement ou symboliquement.
Deuxièmement, il faut souligner le degré d’ignorance et de bouffonnerie qui accompagnent ces actes racistes et dégradants.
Le paradigme du pouvoir qui a régi les relations entre Israël colonial et les Palestiniens colonisés a, jusqu’à présent, suivi une trajectoire typique, où les mauvaises actions d’Israël restent souvent impunies.
Ces Israéliens racistes qui tentent délibérément d’infecter les Palestiniens avec le COVID-19 sont non seulement criminels dans leur façon de penser et leur comportement, mais aussi complètement stupides.
Lorsque des soldats israéliens arrêtent ou tabassent des militants palestiniens, ils sont aussi susceptibles de contracter le coronavirus que de le transmettre.
Mais, bien sûr, Israël fait beaucoup plus pour compliquer, sinon entièrement entraver, les efforts palestiniens visant à contenir la propagation du coronavirus.
Le 23 mars, un travailleur palestinien, Malek Jayousi, a été expulsé par les autorités israéliennes au poste de contrôle militaire de Beit Sira, près de Ramallah, après avoir été soupçonné d’être atteint du coronavirus. Une séquence vidéo du pauvre travailleur qui se blottit près du point de contrôle, après avoir été « jeté comme un déchet », est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Aussi choquante que soient ces images, elles se répètent dans d’autres parties de la Cisjordanie.
Bien sûr, les travailleurs palestiniens n’ont pas été testés pour le virus, mais présentaient simplement des symptômes pseudo-grippaux, suffisamment pour qu’Israël puisse s’en débarrasser comme si leur vie n’avait pas la moindre importance.
Deux semaines plus tard, le gouverneur palestinien de la ville occupée de Qalqiliya, Rafi’ Rawajbeh, a déclaré aux journalistes que l’armée israélienne avait ouvert plusieurs tunnels de traitement des eaux usées près de la ville du nord de la Palestine, dans le but de ramener des travailleurs palestiniens en Cisjordanie, sans coordination préalable avec l’Autorité palestinienne.
Sans tester des centaines de ces travailleurs clandestins, l’Autorité palestinienne, qui fonctionne déjà avec une capacité limitée pour faire face à la maladie, ne pourra pas contenir la propagation du virus.
Les allégations palestiniennes selon lesquelles Israël tentait délibérément d’aggraver la propagation du coronavirus en Palestine ont été confirmées par l’Euromed Monitor, organisme de défense des droits de l’homme basé à Genève, qui, le 31 mars, a appelé la communauté internationale à enquêter sur le « comportement suspect » des soldats israéliens et des colons juifs.
Lors des raids de l’armée israélienne sur des maisons palestiniennes, les soldats « ont craché sur des voitures garées, des distributeurs automatiques de billets et des cadenas de boutiques, ce qui fait craindre des tentatives délibérées de propager le virus et de provoquer la panique dans la société palestinienne», a déclaré EuroMed.
L’article 56 de la quatrième Convention de Genève ne dit rien sur la nécessité pour les membres de la puissance occupante de ne pas cracher sur les communautés occupées et soumises ; très probablement, car il est évident qu’un tel comportement sordide est totalement inacceptable et ne nécessite pas de référence textuelle distincte.
Cependant, l’article 56, comme l’a récemment souligné le Rapporteur spécial des Nations Unies pour la situation des droits de l’homme dans le territoire palestinien, Michael Lynk, oblige Israël, la puissance occupante, à « veiller à ce que tous les moyens de prévention nécessaires à sa disposition soient utilisés pour ‘combattre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies.’ »
Israël, cependant, manque à son mandat légal, et de manière horrible.
Même le maire israélien de Jérusalem, Moshe Leon, a lui-même souligné l’inégalité dans la réponse officielle israélienne à la propagation du coronavirus.
Dans sa lettre du 7 avril adressée au Directeur général du ministère israélien de la Santé, Moshe Bar Siman Tov, Leon a mis en garde contre « la grave pénurie de matériel médical dans les hôpitaux (palestiniens) de Jérusalem-Est (occupée), en particulier de matériel de protection et de matériel pour effectuer des tests de dépistage du coronavirus. »
Malgré les graves pénuries dans les hôpitaux de Jérusalem-Est et de Cisjordanie, la situation dans la bande de Gaza assiégée est tout simplement désastreuse, car le ministère de la Santé de Gaza a déclaré le 9 avril qu’il avait épuisé ses kits de test de coronavirus, qui ne se sont de toute manière jamais élevés à plus de quelques centaines d’unités.
Cela signifie que les nombreux habitants de Gaza qui sont déjà en quarantaine ne seront pas libérés de sitôt et que de nouveaux cas ne seront pas détectés, et encore moins guéris.
Nous avons averti à plusieurs reprises au cours des dernières semaines que ce scénario terrifiant allait se produire, d’autant plus qu’Israël utilise le coronavirus comme une opportunité pour isoler davantage les Palestiniens et pour troquer une aide humanitaire potentielle contre des concessions politiques.
Sans intervention immédiate et durable de la communauté internationale, la Palestine occupée, et en particulier Gaza appauvrie et assiégée, pourrait devenir un foyer de COVID-19 pour les années à venir.
Israël ne cédera jamais sans une intervention internationale. Sans être tenu pour responsable, même un virus mortel ne modifiera jamais les habitudes d’une occupation militaire abjecte.