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22 novembre 2024

Washington veut reprendre les essais nucléaires


Publié par Gilles Munier sur 26 Mai 2020,

Par Philippe Chapleau (revue de presse : Lignes de défense – 23/5/20)*

L’administration américaine aurait discuté de la possibilité d’effectuer un essai nucléaire, le premier depuis le 23 septembre 1992, selon le Washington Post qui a donné cette information vendredi soir. L’administration américaine s’est abstenue de tout commentaire.

Le sujet aurait été abordé lors d’une réunion de hauts responsables représentant les plus grandes agences de sécurité nationale, après que l’administration Trump a accusé la Russie et la Chine de procéder actuellement à des essais nucléaires de faible puissance, écrit le Washington Post. La réunion n’aurait toutefois pas abouti à une position commune sur la question de lancer un tel essai, d’autres solutions pour répondre à la menace posée par la Russie et la Chine ayant été privilégiées.

Un sujet qui n’a rien de surprenant

Que le sujet soit abordé au sein des plus hautes instances politiques et sécuritaires américaines n’a rien de surprenant. Cela confirme que Donald Trump ne considère pas le recours aux armes nucléaires comme un tabou.

N’a-t-il pas rédigé des tweets menaçants envers la Corée du Nord faisant clairement allusion à l’emploi du feu nucléaire ?

N’a-t-il pas, en outre, souhaité la modernisation et le renforcement des capacités nucléaires, tant tactiques que stratégiques, des États-Unis, et la mise au point d’armes nucléaires miniaturisées.

Ce souhait avait été entériné par un document doctrinal de 2018 qui préconisait de doper la capacité de dissuasion nucléaire. Cette Nuclear Posture Review avait confirmé que le ministère américain de la Défense (le DoD) envisageait le développement d’un nouveau type d’arme nucléaire tactique, d’une puissance assez faible pour être employée sur le champ de bataille.

Il était aussi prévu « la mise au point d’une ogive mer-sol balistique stratégique de faible puissance […] afin de disposer d’une option de réponse rapide capable de pénétrer les défenses de l’adversaire ».

Ce qui fut fait. En février 2020, le DoD a confirmé l’installation à bord de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de missiles balistiques équipés de têtes de faible puissance (les low-yield nuclear warheads), comme le préconisait le document de 2018. Le sous-marin USS Tennessee (SSBN-734) aurait effectué une patrouille opérationnelle à la fin de l’année 2019 en étant équipé de telles ogives de faible puissance. Ces ogives étaient de type W76-2 de 5 kilotonnes (la bombe larguée sur la ville japonaise d’Hiroshima en 1945 était trois fois plus puissante).

Des essais ? Interdits pour les autres !

La Nuclear Posture Review précisait aussi que « les USA invitent tous les États possédant des armes nucléaires à déclarer ou maintenir un moratoire sur les essais nucléaires ».

Quelle rassurante déclaration mais il faut la compléter avec le reste du paragraphe : « Les États-Unis ne chercheront pas à obtenir la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Les États-Unis ne reprendront pas les explosions nucléaires expérimentales à moins que cela ne soit nécessaire pour garantir la sûreté et l’efficacité de l’arsenal nucléaire américain. »

Washington se réserve donc bien le droit de procéder à des tests.

*Source : lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr

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