Ali Hamza, un ressortissant libyen installé au Canada, a porté plainte devant un tribunal américain de Virginie contre Khalifa Haftar, l’un des maîtres du jeu libyen. Il espère réussir à le traduire devant la justice pour les crimes commis lors du siège de Benghazi en 2015 et 2016.
Cela aurait pu être la sombre histoire d’une famille dans la guerre, comme il en existe tant. Mais Ali Hamza a décidé qu’il en serait autrement. Ce Libyen qui vit depuis dix ans à Mississauga, en Ontario, a annoncé qu’il portait plainte contre Khalifa Haftar, l’un des hommes les plus puissants de Libye, révèle le journal canadien La Presse.
“‘Ce qu’on veut plus que tout, c’est que le processus de deuil puisse enfin être mené à terme’, a indiqué l’homme de 54 ans en revenant d’une voix tremblante sur les épreuves subies par ses proches aux mains des troupes de Haftar lors du siège de la ville de Benghazi”, écrit le journaliste de La Presse. Sa mère, deux de ses frères et deux de ses sœurs ont selon lui été tués à cause de Khalifa Haftar.
Alors que le pays est toujours en guerre, impossible de se tourner vers la justice libyenne. Alors, après avoir tenté en vain de porter plainte devant la Cour pénale internationale et les tribunaux du Canada, c’est finalement la justice de Virginie, qui a accepté de se saisir de l’affaire d’Ali Hamza.
Agent de renseignement américain
C’est l’un des aspects peu connus de la biographie de Khalifa Haftar. Dans les années 1980, “après être tombé en disgrâce” auprès de Mouammar Kadhafi à la suite d’un coup d’État avorté, l’homme s’est exilé aux États-Unis, et plus exactement en Virginie, là où se trouve le siège de la CIA. Il est en effet fortement soupçonné d’avoir été un agent américain. Il y possède toujours plusieurs propriétés et a la nationalité américaine. Une histoire qui fait de lui un justiciable.
Au journaliste de La Presse, Ali Hamza raconte le siège de Benghazi en 2015 et 2016, les bombardements incessants, l’“approvisionnement en nourriture, en eau, ou l’aide humanitaire venant de l’extérieur” coupés. Puis, “en février 2017, l’immeuble où vivait sa famille a été visé à deux reprises par des tirs de tanks. Un de ses frères a été tué et une sœur a perdu une jambe. Selon la police, elle est morte des suites de sa blessure, qui n’a pu être traitée correctement”. Autant de sévices qu’Ali Hamza impute aux troupes de l’armée nationale libyenne (ANL) commandées par le maréchal Haftar.
Revenu en Libye après la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, ce militaire a pris le contrôle de l’est du pays. Ces derniers mois, après avoir tenté en vain de mettre la main sur la capitale, Tripoli, il a néanmoins subi de nombreux revers. Longtemps “homme fort” de Libye, Khalifa Haftar semble de plus en plus marginalisé. Dans ce contexte, cette plainte pourrait l’inquiéter.